Mon
voisin a une copine. Ça m’en a du moins tout l’air. Une brune,
maquillée à outrance, la trentaine largement sonnée. Une fois ou
deux par semaine, elle passe l’après-midi avec lui. Chez lui. Elle
ne reste jamais la nuit. Parce qu’elle est mariée ? Qu’est-ce
qu’il y a au juste entre eux ? Il faut que j’en aie le cœur
net. Parce que c’est mon voisin. Ça me donne des droits sur lui.
Il est à moi avant d’être à qui que ce soit d’autre.
Elle
est là avec lui. Je l’ai vue entrer. Sans sonner. Comme chez elle.
Je ferme les yeux. Je les imagine. Il la pousse vers le lit. Leurs
lèvres se joignent. Je ferme les yeux. Je les vois. Et c’est
insupportable. Il faut que j’arrête. Il faut que j’empêche. À
n’importe quel prix. Et je suis là-bas. Je m’approche de la
chambre. À pas de loup. Je colle mon oreille à la porte. Des
chuchotements. Des murmures. Je m’accroupis pour être à hauteur
du trou de la serrure. Et patatras ! Je fais dégringoler, en me
penchant, dans un bruit d’enfer, une potiche en étain posée en
équilibre sur un guéridon.
La
porte s’est brusquement ouverte.
– Encore
vous ! Non, mais c’est pas vrai, ça ! Sophie, je te
présente Lucie, ma voisine.
– Ah,
oui ! Celle que t’as trouvée, un jour, couchée dans ton lit.
– Elle-même.
– Et
à qui t’as flanqué une retentissante fessée. Ce qui n’a pas
suffi apparemment. Moi, je serais de toi…
– Oui ?
– Je
lui ferais une petite piqûre de rappel.
– Ça
semble indispensable en effet.
Il
m’attrape par le coude, fermement.
– Venez
par là…
– Non,
attendez…
– Que
quoi ?
– Non,
rien.
– Vous
avez mérité, avouez !
Je
baisse les yeux. Je ne réponds pas.
Il
m’entraîne jusqu’au milieu de la chambre. Il déboutonne ma
robe. Dans le dos, un bouton après l’autre. Il la fait glisser.
Elle me tombe sur les chevilles.
– Venez
là !
Il
s’assied. Il me fait basculer en travers de ses genoux. Il me
plaque une main dans le dos et, de l’autre, il tape. Par-dessus la
culotte. Pas très fort au début. Elle, elle a passé ses deux bras
autour de son torse. Elle se serre fort contre lui. Et elle regarde.
– Plus
fort, mon chéri. Tu la caresses, là…
Alors
ça tombe. Ça tombe à plein régime. Et elle, elle sourit. Elle ne
cesse pas de sourire.
– Qu’est-ce
qu’elle gigote !
Il
accélère encore la cadence. Elle a sa tempe posée contre la
sienne. Dans son pantalon, sa queue est dure, dressée toute droite
contre ma hanche.
– Tu
devrais la déculotter, mon chéri ! Qu’elle ait bien honte…
Il
le fait. Résolument.
– Mets-lui
bien rouge, hein ! Écarlate.
Il
tape. Il tape. Il tape encore. Sans se soucier le moins du monde de
mes gémissements et de mes plaintes. Sa queue palpite contre moi. Il
va jouir. Il jouit. Elle se rend compte.
– Oh,
ben non ! Non.
Elle
se détache de lui. Elle est furieuse.
C’est
le moment que je préfère. Le moment où, dans mon lit, je déferle,
noyée de plaisir, les yeux plongés dans ses yeux à elle.
Je me disais, aussi, elle est entrée quand chez son voisin ?
RépondreSupprimerLucie fait son miel du moindre incident de la vie quotidienne pour nourrir sa vie fantasmatique.
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