jeudi 29 avril 2010

Escobarines: Le voisin






- Je l’ai encore croisé tout à l’heure… Il est beau, mais beau !… C’est pas possible d’être beau comme ça… Il est beau, mais il en a strictement rien à foutre de moi… Il me regarde jamais… Je suis sûre qu’il a seulement pas remarqué qu’on habite la même rue… Et juste en face l’un de l’autre en plus… Non… Faut vraiment que je trouve un truc pour attirer son attention…
- Oublie de tirer les rideaux et balade-toi en petite culotte… C’est imparable, ça !… T’as pas un mec qui laisse pas traîner un œil, le soir, par la fenêtre… Et s’il y a quelque chose à voir…
- J’y ai bien pensé, mais ça fait la fille sacrément délurée quand même !… Limite dévergondée…
- Ou sacrément distraite…
- Oui, mais s’il croit que je le fais exprès je suis grillée… Pour quoi il va me prendre ?… Non… Faudrait inventer autre chose…

- J’y ai pensé toute la nuit… J’en ai pas fermé l’œil… Et tu sais ce qu’on pourrait faire ?… Ce serait que tu me flanques une fessée à la fenêtre…
- Une fessée ?!…
- Oui… Dans quel état ça les met ça les types il paraît… C’est de la folie… Et là, moi j’y serais pour rien du tout… Il croira que c’est toi qui me forces… Parce que t’es ma tante ou quelque chose comme ça… Et que t’en as rien à foutre du tout qu’on me voie toute nue… Au contraire… Que ça fait partie de la punition… Pour que j’aie honte et que je recommence pas mes bêtises… Il a pas fini de se demander ce que j’ai bien pu faire pour que tu sois obligée d’en arriver là du coup… Elle sera piquée sa curiosité… Je vais me mettre à l’intéresser… Et alors après… après…

- C’est super comme on a fait… Moi, tournée vers la rue en cachant en bas avec mon tee shirt et toi en train de taper derrière… Il a rien pu voir vraiment … Juste deviner… Comment ça a dû l’énerver…
- A condition qu’il se soit trouvé à sa fenêtre…
- Il y est presque tout le temps… Il a son bureau juste dessous…
- Et qu’il ait levé la tête à ce moment-là…
- Oh, ben quand même !… J’ai pas osé regarder, ça aurait fait désordre, mais on a bien dû attirer son attention… On va pas avoir fait tout ça pour rien quand même !… Surtout que t’as tapé fort !…
- Oh, pas tant que ça !…
- Ben tiens !… On voit bien que c’est pas ton derrière à toi qu’a pris…

- Je l’ai vu… T’es où ?… Je viens de le voir… Et il m’a dit bonjour… Enfin !… C’est pas trop tôt… Avec un de ces petits sourires… Qui dit bien ce qu’il veut dire… Sûr qu’il était à sa fenêtre l’autre jour… Et qu’il a rien perdu du spectacle… Faudra qu’on lui refasse… Mais un soir cette fois… Dans le noir… Avec seulement les lumières de la rue en dessous… Et puis une autre tamisée là-bas derrière qui m’éclairera juste comme il faut… On va le rendre fou… Je te parie tout ce que tu veux que je vais le rendre fou…

- Que je te raconte !… J’étais complètement à la bourre ce matin… Je courais comme une dératée… Et au coin de la boulangerie sur qui je tombe ?… Je suis carrément rentrée dedans, oui… Mais alors là de bon cœur !… Comment je me suis trouvée con !… Et lui, en me menaçant du doigt… « - Il y a vraiment des fessées qui se perdent… »… Faut qu’on lui refasse… Faut vraiment qu’on lui refasse… Mais que je sois tournée de l’autre côté cette fois…

- Il en a eu pour son argent ce coup-là…
- En tout cas il a éteint la lumière… C’est vrai que pour voir c’est quand même nettement mieux…

- Figure-toi que sur le quai du métro il m’a rattrapée… Avec un air tout surpris… Tu parles !… Soi-disant qu’il a décidé de laisser sa voiture au garage maintenant… Parce qu’il perd trop de temps dans les embouteillages… Et qu’il veut protéger la couche d’ozone… Ben voyons !… Du coup on a fait un bout de trajet ensemble… On le fera d’autres fois… C’est dans la poche… Cette fois, si je manoeuvre bien, c’est dans la poche…

- Il est trop adorable… Trop mimi… Tout timide… Il ose pas vraiment encore me les dire les choses… Alors il tourne autour… Il me parle de tout un tas de trucs… De toi aussi… Il me demande qui t’es par rapport à moi… Qu’est-ce tu fais dans la vie… Si t’es accompagnée… Tout ça… Il fait semblant de s’intéresser… Ca lui fait un sujet de conversation… Mais en réalité… J’aime bien qu’il prenne son temps comme ça… Ca a son charme… Si, c’est vrai, beaucoup de charme…

- Qu’est-ce tu fais ?
- Ca se voit pas ?… Je m’casse… Je dégage… Parce que tu sais pas ce qu’il m’a demandé ?… De lui arranger le coup avec toi… Il en pince pour ta pomme que c’en est de la folie… Alors merci… Merci… C’est sympa… C’est moi qui me ramasse les fessées et c’est toi qui tires les marrons du feu… Ah, des copines dans ton genre !…
- Mais qu’est-ce que j’y peux, moi, s’il a flashé sur moi ?…
- Tu me feras jamais croire que t’as pas fait ce qu’il fallait pour… Ni que maintenant tu vas pas pousser tes avantages… Alors salut !… Mais je te préviens : le jour où l’occasion se présentera je te louperai pas…

lundi 26 avril 2010

Colocataires2 ( 12 )

- Il s’est passé quoi avec Benoît ?…
- Avec Benoît ?…
- Avec Benoît , oui !… Fais bien l’innocent…
- Mais rien !… Il est venu avec Emilie et…
- Et ?…
- Et ils ont voulu me montrer… Comme ils savent combien c’est important pour toi que je fasse des choses, un jour, avec un autre homme ils ont pensé que le mieux c’était qu’ils me fassent sauter le pas… Une bonne fois pour toutes…
- Et t’appelles ça rien ?…
- Ben si !… Non !… Mais…
- Tu te fais sucer et tu suces… Tranquillement… Derrière mon dos… Tu veux que je prenne ça comment ?…
- C’est parce que…
- T’es quand même prodigieux, toi !… Il y a des choses tu les réalises tout de suite… Bien mieux que n’importe qui… Tu devines sans qu’il y ait rien besoin de t’expliquer… Mais il y en a d’autres alors là !… Un vrai béotien… Parce que l’essentiel, pour moi, tu crois que c’était de te voir à l’œuvre avec un autre mec ?… Ben non !… Non… Ce que j’attendais, moi, c’était de te voir faire POUR LA PREMIERE FOIS… Tu peux comprendre ça ?… C’est pas trop difficile ?… Seulement voilà maintenant t’as tout gâché… Tout… Ou presque… Parce que t’es quand même pas allé jusqu’au bout… Jusqu’au bout de deux mecs ensemble… Et ça t’as intérêt à me le réserver… A moi… Et à moi toute seule maintenant… Parce que sinon…

« Vous savez ce que je crois ?… Eh bien c’est qu’il est au courant que je le trompe. Qu’il sait avec qui. Qu’il sait tout. Et qu’il a décidé de faire comme s’il ne savait rien. De jouer avec moi comme le chat avec la souris… Qu’est-ce qui me fait dire ça ?… Je sais pas. Tout un ensemble de choses. Des réflexions à double sens qu’il arrête pas de faire. Et qu’il faisait pas avant. Une façon qu’il a de me regarder, pleine de sous-entendus. Il n’est plus le même avec moi. Plus du tout. Peut-être que je me fais des idées ? Que j’imagine ce que j’appréhende ?… Qu’il y a d’autres explications à un changement aussi radical d’attitude. Peut-être, mais je ne crois pas. Je suis intimement convaincue du contraire. Et c’est insupportable. Insupportable de passer son temps à s’interroger. A épier chacun de ses mots. Chacune de ses mimiques. Pour rien. Parce que ça va y changer quoi ?… S’il sait il sait… Et si je me fais des idées… Mais il sait… Je suis sûre qu’il sait… Alors pourquoi il fait celui qui sait rien ?… Il va me rendre folle… C’est peut-être ce qu’il cherche ?… Pourquoi il dit rien ?… Parce qu’il s’en fout ?… Parce que je peux bien aller me faire tirer par qui bon me chante il en a rien à battre ?… Ah, c’est agréable !… C’est gratifiant !… A moins que… il ait une idée derrière la tête… Oui, mais je vois pas laquelle… Me laisser m’enfoncer un peu plus ?… Ca tient pas la route… Ca l’avancerait à quoi ?… Ou alors il attend son heure… Parce qu’il m’a concocté une petite vengeance à sa façon qui va me tomber dessus au moment qu’il aura choisi, lui… Oh, et puis merde !… Je vais pas passer mon temps à me prendre la tête avec ça… Mais c’est de votre faute aussi !… Pourquoi vous m’obligez à en parler ?… J’avais dit que je voulais plus y penser… Bon, mais votre avis à vous c’est quoi ?… Qu’est-ce qu’il veut ?… Qu’est-ce qu’il cherche ?… Dites-moi !… Si vous saviez ce que vous pouvez être chiant des fois à être loin comme ça !…

Le pire dans tout ça, c’est que je suis perdante sur tous les tableaux. Parce que si au moins je m’éclatais un minimum avec l’autre !… Mais je m’emmerde avec lui !… Vous pouvez pas savoir ce que je m’emmerde… Et pas seulement au lit… Il est inintéressant comme c’est pas possible !… Non, mais qu’est-ce que je suis allé m’embarquer là-dedans, moi !… Et pas moyen d’en sortir !… Chaque fois que je fais mine de vouloir le quitter ça le met dans un de ces états !… Et il menace de me taper un scandale !… Il le ferait… Aucun doute là-dessus… Et le connaissant ça prendrait des proportions !… Je suis condamnée à le garder… A moins que… Il y a des jours je me dis que la meilleure solution ce serait que je mette moi les pieds dans le plat… Une bonne fois pour toutes… Je ne sais pas… Je ne sais plus… Je suis complètement paumée. Je vous embrasse, tiens… Victorine. »

- Je pensais que vous viendriez pas…
- Eh bien si, vous voyez !…
- Il y a tellement de fantasmeurs sur Internet… Et ce que vous proposiez là était tellement improbable… Invraisemblable…
- Comme quoi tout arrive…
- Ouais… Bon, mais alors c’est quoi le plan au juste ?…
- Ce que je vous ai dit… Ni plus ni moins… Vous arrivez… Vous sonnez… Et vous vous occupez aussitôt d’elle… Du mieux que vous pouvez… Cela va de soi… C’est un cadeau que je lui fais… Je lui offre un homme…
- J’ai toujours autant de mal à y croire…
- Si vous n’êtes pas vraiment tenté ou si vous redoutez un quelconque traquenard n’hésitez pas à le dire carrément… Je n’éprouverai aucune difficulté à trouver quelqu’un d’autre, vous savez…
- Oh non !… Non… Non… C’est juste que… Mais pourquoi m’avoir choisi, moi ?… Parce que je suppose que je ne devais pas être le seul en lice ?…
- Effectivement… Vous étiez très nombreux… Disons que vous êtes celui qui ressemble le plus à ce qui la séduit physiquement chez un homme… Pour autant du moins que je puisse en juger…
- Et elle ?… Je ne l’ai toujours pas vue… Vous deviez me la montrer… Apporter sa photo… C’est elle là ?… Oui ?… Elle est…
- Pas mal du tout, non ?…
- Oh oui… Oui… Oh oui… C’est quand ?… C’est quand que je dois venir ?…
- Bientôt… Très bientôt… Je vous dirai… Je vous ferai signe…

jeudi 22 avril 2010

Escobarines: La servante ( 2 )





- C’est souvent qu’elles me demandent de tes nouvelles… « - Et cette petite serveuse que tu avais prise en extra, l’été dernier, pour l’enterrement de la vie de jeune fille de Clara qu’est-ce qu’elle devient ?… Tu sais pas ?… Faut espérer qu’elle a changé de métier… Parce que godiche et empotée comme elle était… En tout cas qu’est-ce qu’elle nous aura fait rire !… »…
- Tu leur as pas dit ?…
- Pas dit quoi ?…
- Que c’était un coup monté… Qu’on était de connivence toutes les deux pour que je ramasse des fessées devant elles…
- Ah ben non !… Non !… Faut qu’elles croient que c’en était des vraies… Ca perd tout son charme sinon…
- On pourrait peut-être…
- Quoi donc ?…
- Non… Rien…
- Recommencer ?… Ca te dirait ?… Je fête mes quarante ans le mois prochain…
- Avec les mêmes personnes ?…
- Les mêmes et d’autres… L’essentiel n’est pas là… L’essentiel, c’est…
- Qu’on se moque de moi… Et qu’on fasse pas semblant…
- Oh, ça, je sais… Tu vas pas être déçue, tu verras…
- On va faire quoi ?…
- Laisse-moi faire… Je m’occupe de tout…
- Il y aura des hommes ?…
- Evidemment qu’il y aura des hommes… Tu voudrais quand même pas que je fête mes quarante ans sans hommes ?!…

- Ah, c’est toi, Clara… Tu es la première…
- Oui… Je suis venue en avance… Si t’as besoin d’un coup de main… Mais qu’est-ce que c’est que ça ?…
- Ca, c’est…
- Ah, mais oui !… Oui… Je la reconnais… Elle s’est fait une couleur, mais je la reconnais… C’est celle de l’autre fois… Qui s’était mangé des fessées…
- Et je peux te dire que si elle continue comme ça elle va s’en ramasser d’autres… Elle se fiche carrément du monde, oui !… J’ai voulu lui donner une seconde chance après sa prestation calamiteuse de l’année dernière… J’aurais mieux fait de m’abstenir… Parce que ou bien elle est absolument incapable de faire quoi que ce soit – et même pas fichue de passer tout simplement une serpillière sur un carrelage – ou bien – et c’est le plus vraisemblable – elle a carrément décidé de se foutre de moi dans les grandes largeurs… Mais ça, avec moi, elle a pas fait le plus dur…

- Entrez !… Entrez !… Merci… C’est gentil… C’est magnifique… Oh, mais fallait pas… Allez-y !… Elle passe juste un coup par terre… Allez-y !… C’est juste en face… Vous connaissez tout le monde ?… Oui ?… Bon, ben je vous laisse bavarder un peu ensemble alors !… Je reviens…

- T’as pas encore fini ?… Mais qu’est-ce que tu fabriques ?… Tu traînes exprès… C’est pas possible autrement…
- Mais non, mais tout le monde piétine… Faut tout le temps que je recommence…
- Si tu y avais mis un peu plus de bonne volonté dès le départ aussi il y a longtemps que ce serait terminé… Et les invités ne seraient pas obligés de patauger à qui mieux mieux là-dedans… Bon, mais on va te le faire accélérer le mouvement… Relève ta robe…
- Hein ?!… Mais ils vont me voir comme ça les gens s’il y en a qui continuent à arriver…
- Tu as un excellent moyen pour éviter ça, c’est de te dépêcher… Tout en faisant en sorte que ce soit bien fait… Evidemment !… Cela va de soi… Allez, relève ta robe !… Plus haut !… Et au travail !…

- Non, vous n’êtes pas les derniers, non !… Tout le monde n’est pas arrivé… Bien loin de là… Oui, oh, faites pas attention !… Le personnel aujourd’hui !… C’est vraiment plus ce que c’était… Si on n’emploie pas les grands moyens !… Et encore !… La preuve !… Bon, mais tu te dépêches, toi ?… Tu sais ce que je t’ai dit !…

- Ben alors ?!… T’en es encore là ?!… Non, mais c’est pas possible, ça !…
- C’est pas de ma faute !… Ils arrêtent pas de revenir… De marcher… De passer… Et de repasser…
- Evidemment ! Quand on se donne en spectacle faut pas s’étonner qu’il y en ait qui veuillent en profiter…
- Je me donne pas en spectacle…
- Ah non, t’appelles ça comment ?…
- Mais c’est vous !… C’est vous qu’avez voulu…
- Que tu termines ton travail au plus vite, oui !… Il y a longtemps que ça aurait dû être fait… Seulement dès qu’il s’agit d’accaparer l’attention… C’est ça, hein ?!… Eh bien quitte à vouloir jouer les premiers rôles tu vas l’être le centre du monde… Vous allez l’être, toi et ton petit derrière… Et je peux te dire que vous allez vous en souvenir…

lundi 19 avril 2010

Colocataires2 ( 11 )

- Eh ben dis donc !… Pour quelqu’un qui n’arrive pas à croire que les compliments qu’on lui adresse sont désintéressés t’en passes un temps sur ton blog !…
- Comment vous le savez ?…
- Mon petit doigt est très bavard…
- C’est pas mon blog de toute façon…
- Ben voyons !… Il n’y a que toi dessus, en long, en large et en travers, mais c’est pas ton blog !…
- Vous les connaissez tous alors ceux qui y viennent ?…
- Personnellement, non… Aucun… Mais j’ai été longuement en contact avec chacun d’eux… Je ne voulais pas te faire courir le moindre risque…
- Ils sont gentils… Si, c’est vrai !… Et ils ressemblent pas à ceux qu’on rencontre d’habitude dans la vie de tous les jours… Il y en a même un qui m’a écrit… En privé…
- Pour te dire quoi ?…
- Oh, rien !… Enfin, si !… Qu’il adore mon visage… Que j’ai tout d’une Vierge florentine et que le contraste entre la pureté de mes traits et ma nudité alanguie procure au spectateur un sentiment d’extase quasi mystique…
- Fichtre !… Carrément… Et lequel c’est celui-là ?…
- Martial il s’appelle, je crois…
- Et tu vas lui répondre ?…
- Ca vous fâcherait ?…
- Non… Bien sûr que non !… Tu fais bien ce que tu veux…

Des coups de sonnette impatients. Puis impérieux. Enfin rageurs…
- Ah, quand même !…
C’était Emilie. Avec Benoît. Emilie qui a jeté son sac et son manteau sur la petite chaise basse de l’entrée. Qui est venue s’affaler sur le canapé…
- On est un peu en avance…
- En avance ?!… Mais en avance pour quoi ?!…
- Ah, t’es pas au courant ?… Mélianne t’a rien dit ?… Elle aura oublié… C’est tout elle, ça… On fait une petite fête chez toi ce soir… Le même style que d’habitude… Avec les mêmes filles… Ou à peu près… Et un mec ou deux… Mais tu t’inquiètes de rien : elles vont amener ce qu’il faut… De toute façon toi, ça va se passer comme les autres fois, j’imagine… Tu vas finir dans ta chambre… C’est quand même malheureux d’être buté comme ça… Parce que franchement ça te coûterait quoi ?… C’est pas vraiment la mer à boire… Si ?!… C’est quoi qui te dérange ?… Juste l’idée je suis sûre… Je parie que t’as seulement jamais essayé… Hein ?… T’as essayé ?… Ah, tu vois!… C’est des préjugés que tu as… Et sacrément enracinés… Tu pourrais quand même essayer de passer par dessus… Au moins essayer… Ne serait-ce que pour faire plaisir à Mélianne… Après tout ce qu’elle a fait pour toi… Tout ce qu’elle continue à faire pour toi… Ce serait un minimum, non, tu crois pas ?… Elle est patiente… Très patiente… Mais peut-être bien qu’à la longue elle va finir par se lasser… C’est ce qui te pend au nez… Moi en tout cas, à sa place, il y belle lurette que j’aurais tiré les conclusions qui s’imposent…
- Elle en parle ?…
- Pas vraiment, non… Mais moi qui la connais bien, je ressens très nettement une lassitude… Comme si elle était arrivée au bout avec toi… Faut la comprendre aussi… C’est la seule chose qu’elle te demande… C’est la seule chose qu’elle attend de toi… Et toi, tu refuses obstinément de la lui donner… En tout cas moi je t’aurai prévenu… Tu viendras pas dire que je t’avais pas prévenu… Maintenant la balle est dans ton camp… A toi de voir – de savoir – ce que tu veux…
- Ben oui, mais…
- Il y a pas de mais qui tienne… Tu n’as aucune excuse… On n’est que tous les trois… Tu as Benoît sous la main… Qui ne demande que ça… Tu peux au moins tenter l’expérience… Juste qu’il te prenne dans la bouche pour commencer… C’est pas grand chose… Et ça t’engage à rien… Ca restera entre nous… Entre nous trois… Et au moindre signe de ta part tout s’arrête… Alors ?… Tu décides quoi ?…

- Eh ben voilà !… Tu vois que c’était pas bien sorcier… Il suffisait de te laisser faire… Et t’as bien pris ton pied en plus… Mais ça, c’était couru : Benoît est un orfèvre en la matière… Et faut quand même reconnaître qu’il y a rien de tel qu’un homme pour savoir s’occuper d’un autre homme… Ben oui, c’est normal… Il sait comment il est fait… Ce qu’il ressent… Comment faut s’y prendre… Tu lui fais toi maintenant ?… Il a bien mérité ça, non, tu crois pas, pour s’être occupé aussi savamment de toi… A moins que tu préfères nous garder ça pour tout à l’heure… Quand tout le monde sera là… Encore que… l’un n’empêche pas l’autre… Et puis un peu d’entraînement avant ça peut pas te faire de mal… Au contraire… C’est même indispensable… Quand on n’y a encore jamais goûté…

- Parfait !… Tu t’y es pas si mal pris que ça, moi je trouve, pour dire que c’est la première fois… Et Benoît a eu l’air d’apprécier… Je peux te dire qu’elles vont être ravies… Enchantées… Elles s’y attendent absolument pas… Elles sont même convaincues que tu y arriveras jamais… Ah ça, pour une surprise ça va leur faire une sacrée surprise… Pas ce soir… Il y a rien de prévu ce soir… Mais fallait bien que je trouve un prétexte pour essayer de te faire sauter le pas… Une bonne fois pour toutes… Et j’ai bien fait, avoue !… Non… Pas ce soir… Mais bientôt… Très bientôt… Et puis il faut aussi te laisser reprendre des forces… Que tu sois en pleine possession de tous tes moyens…

jeudi 15 avril 2010

Escobarines: La servante ( 1 )





- Ca fait combien de temps qu’on dialogue sur MSN toutes les deux ?… Quinze mois… Ca fait quinze mois que tu me répètes, sur tous les tons, que tu aspires à recevoir une vraie fessée, une qui fait mal, devant témoins… Que tu ne penses qu’à ça… Seulement maintenant que c’est possible, et pratiquement sans aucun risque, tu recules, tu tergiverses, tu sais pas quoi inventer pour te défiler… C’est ton droit… Tu fais ce que tu veux… Mais c’est aussi le mien que de vouloir en rester là… Et de ne pas avoir envie d’alimenter des fantasmes stériles qui ne débouchent jamais sur le moindre commencement de début de réalisation…

- Mais non !… Mais si, je veux bien !… Seulement s’il y avait quelqu’un que je connais !… On sait jamais après tout…
- On habite à 800 kms l’une de l’autre… Alors la probabilité pour que ça se produise…
- Mais il y aura que des femmes au moins ?!… Hein, tu me promets ?…
- Un enterrement de vie de jeune fille il y a pas d’hommes… Jamais…
- Et je ferai quoi, moi, là-dedans ?… J’aurai quoi à faire ?…
- Le service… Je te l’ai déjà dit… C’est bien ça que tu voulais, non ?… Et qu’on se moque de toi… Mais de ce côté-là je peux te dire qu’il y en a deux ou trois qui sont redoutables. Elles ne te louperont pas…
- Bon, alors je vais venir… Oui, je vais venir…

- Ca fait drôlement de bruit !… Il y en a beaucoup…
- Une bonne trentaine… Presque quarante…
- Et comment ça rigole !…
- Tu voudrais quand même pas qu’elles pleurent dans une circonstance pareille !…
- Elles ont l’air drôlement énervées en plus !…
- Après la remontée des boulevards qu’on vient de faire il y a de quoi !… Bon, mais va leur servir à boire plutôt que de rester là à bavarder. Elles doivent être complètement déshydratées…

- Ah !… Enfin !… Ben c’est pas trop tôt !… Champagne pour moi… Mais t’es qui, toi, au juste ?… La nouvelle bonne, c’est ça ?… Tu sors d’où ?… On t’a jamais vue ici… En tout cas t’es pas très causante… C’est le moins qu’on puisse dire…
- Et nous !… Et nous !… Pas tout pour les mêmes !… Nous aussi on a soif !…

- Qu’est-ce qu’elles boivent !… Ca fait au moins dix fois que je les leur remplis les verres…
- En quoi ça te regarde ?… C’est pas toi qui paies… Bon, mais si on passait aux choses sérieuses maintenant plutôt ?!… Tiens, attrape-moi la pile d’assiettes là-haut… Elles sont moches… Elles sont vieilles… J’en peux plus de les voir… Pose-les sur le plateau… Et lève-le !… Plus haut !… Encore… Qu’elles entendent bien… Là… Vas-y !… Lâche !… Eh bien lâche !…

Un grand fracas de vaisselle cassée. Un hurlement. Le silence à côté… Que quelqu’un a rompu en applaudissant à tout rompre…
- Tu peux pas faire attention, non ?!… Espèce de petite maladroite !… Un service auquel je tenais comme à la prunelle de mes yeux… Que ma grand tante Sidonie m’avait rapporté du Laos… Ah ben oui, tu peux t’excuser, oui !… Tu vas me payer ça, ma petite !… Je te jure que tu vas me payer ça !… Cher… Très cher… Viens ici !… Allez !… Tu écoutes quand on te parle, oui ?… Là… Je vais t’en coller une que tu m’en diras des nouvelles… Que tu feras attention à l’avenir… Et à cul nu tu vas la prendre… A cul nu…
Il y en a trois qui se sont avancées jusque sur le pas de la porte…
- Enlève ta main !… J’ai dit : enlève ta main !… Oh, et puis arrête de brailler… Je t’ai à peine touchée… Attends que j’aie vraiment commencé à taper… Là au moins tu gueuleras pour quelque chose…

- Pour gueuler elle a gueulé… Elle a pas fait semblant…
D’autres s’étaient approchées. Regardaient par dessus les épaules avec de petits sourires ironiques et ravis…
- Oh oui, ça on peut pas dire… Elle a chanté…
- Pas seulement chanté… Elle a dansé aussi…
- Et elle y a mis tout son cœur… Comment elle se démenait !…
- En tout cas elle a pris des couleurs…
- Qui lui vont drôlement bien…

Elles sont retournées à côté. Il y en a une qui s’est égosillée en grands « Aïe » et en grands « Ouille » provoquant d’interminables éclats de rire...
- C’est bon la honte, hein ?!… Non ?…
- Si…
- Oh, mais c’est pas fini !… Parce que tu vas retourner les servir… Et maladroite comme tu es tu es bien fichue de t’étaler de tout long avec le plateau… Et c’est ce qui va se passer… Hein, que c’est ce qui va se passer ?…
- Oui…
- Et je serai encore obligée de te punir… Devant tout le monde… Allez, va vite !… Elles attendent… Elles ont soif…

lundi 12 avril 2010

Colocataires2 ( 10 )

- Il y en a qui viennent sur le blog où vous m’avez mis ?…
- Il y en a, oui… Mais ne t’inquiète pas : ils sont triés sur le volet… Et ils habitent suffisamment loin pour que le risque qu’ils te reconnaissent soit quasiment nul…
- Oh, mais je m’inquiète pas… Et ils disent quelque chose ?… Ils disent quoi ?…
- Viens lire toi-même… Ce sera plus simple…
- Ouais… Ouais… Et ils le pensent vraiment, vous croyez ?
- Pourquoi ils le penseraient pas ?…
- Parce que… Parce que en général quand ils te font des compliments les types c’est qu’ils ont une idée derrière la tête… Toujours la même… C’est jamais désintéressé…
- Dans le cas présent ça l’est forcément désintéressé… A part des mots, en réponse à leurs commentaires, ils peuvent pas espérer grand chose de toi…
- Oui, mais quand même !… Quand même !… J’arrive pas à y croire que ce soit vraiment sincère… On m’a déjà tellement fait le coup… Et puis je vois vraiment pas ce qu’on peut me trouver de plus que les autres…
- Alors finalement ça te fait pas plaisir ?!… Qu’on te trouve belle… Qu’on te désire… Qu’on te le dise… Ca te laisse complètement indifférente ?…
- Bien sûr que non !… Il y a aucune femme qui peut rester insensible à ça si elle est honnête avec elle-même, mais en même temps ça te rend pas forcément fière… Tu te dis que tu fais ton allumeuse… Et c’est pas forcément bien vu ça !…
- Oui, oh, tu sais, l’opinion des gens…
- Non, mais ce que je veux dire c’est que c’est pas forcément bien vu par toi-même… A l’intérieur…

- Oh non, non… Pas tous les soirs quand même !… Je finirais par saturer, moi, à force… Ca commence déjà… Parce que faut bien reconnaître que c’est toujours pareil… Les mecs changent, oui… Mais pas leur façon de faire… Ni l’excellente opinion qu’ils ont toujours d’eux-mêmes… T’en as neuf sur dix qui sont convaincus d’être les meilleurs amants du monde… Quant à celui qui reste en général il est tellement nul qu’on voit pas comment il pourrait ne pas s’en apercevoir… T’es un malin, toi, finalement, hein ?!… Parce que comme tu couches pas on peut pas savoir… On peut s’imaginer à peu près tout ce qu’on veut… Faudra que je demande à Mélissa comment tu t’y prends… Ca se fait souvent ça entre filles… Si tu savais tout ce qu’on se raconte !… Sauf que là Mélissa elle me répondra pas… Ou plutôt si !… Elle me dira que c’est merveilleux et tout et tout… D’abord parce qu’elle te porte aux nues… Et ensuite parce que si c’est le cas elle aura pas du tout envie qu’on sache qu’elle prend pas son pied… Bon, mais en attendant, je reste là, moi, ce soir… A discuter avec toi… J’ai quand même le droit de souffler un peu, non ?…
- Et Peter ?…
- Oh, Peter !… Il s’en fout Peter… Que je sois là ou ailleurs !… En principe je suis censée être en train de me faire sauter… Pour lui faire plaisir… Parce qu’il adore ça savoir sa femme dans les bras d’un autre… Mais il posera pas de questions… Il en pose plus… Quand je pense à l’importance qu’il y attachait au début !… Il voulait tout savoir… Tout !… Jusqu’au moindre détail… Ca lui est complètement passé… A peine s’il me demande deux ou trois trucs maintenant… Et encore pas toujours… T’as l’impression que c’est plus par politesse qu’autre chose… En fait ce qu’il voulait c’est que je le fasse… C’est l’idée qui l’excitait… Plus qu’autre chose… Et c’est con… C’est con parce qu’en étant complices à fond il y en a plein des trucs qu’on aurait pu faire…
- Quoi, par exemple ?…
- Qu’il me choisisse un mec, lui… Qu’il me l’offre… Sur un plateau… Bon, mais ça, c’est toi qui me l’offriras… T’as promis l’autre jour…
- J’ai rien promis du tout…
- Non, mais tu le feras quand même… Même que t’as déjà commencé à chercher… Pour me faire plaisir… Je te connais depuis le temps…

Elle a soupiré. S’est tournée. Retournée. Longtemps. S’est finalement silencieusement levée. Dirigée vers la salle de bains . Enfermée. A l’intérieur, de l’autre côté de la cloison, elle a respiré plus vite. Haleté. Ca s’est emballé. Un gémissement. Un autre. Un cri étouffé. C’était fini…

- Tu dors pas ?… Non, tu dors pas… Tu m’as entendue alors ?… Oui… Evidemment que tu m’as entendue… Tu sais ce qui m’a donné envie ?… L’idée du type que tu vas m’amener un jour… Tu peux pas savoir dans quel état ça me met… Il y a des moments où je voudrais que ce soit tout de suite… Qu’il soit là derrière la porte… Et d’autres où je voudrais que ça dure au contraire, mais que ça dure !… Pour pouvoir y penser longtemps… L’imaginer à l’avance… Et toi, tu te l’es fait aussi du coup alors ?… Non ?… Alors ça ça m’étonnerait… Fais voir !… Laisse-moi toucher… Non… T’as pas dû le faire… Non… Pourquoi ?… Je t’ai pas donné envie ?…
- Si !… Oh, si !… Mais j’aurais moins bien profité de toi… Je me serais parasité… C’est mieux de se le faire après… En y repensant… En savourant…
- T’es un sacré pervers, toi, finalement dans ton genre… Le pire que j’aie jamais connu… Et tout ça rien qu’en écoutant… Ben qu’est-ce que ça serait si tu pouvais regarder !…

jeudi 8 avril 2010

Escobarines: Hou... La menteuse... heu...





- Bonjour… Excusez-moi de vous déranger… Mais vous vous y connaissez en informatique à ce que mon mari m’a dit…
- Il paraît, oui…
- Ca vous ennuierait de venir jeter un œil ?… Parce que je suis en rade… Mon écran s’est bloqué sur un truc, je peux plus rien faire et j’ai absolument besoin d’aller sur Internet…

- Voilà… Le malheur est réparé… C’était pas grand chose… Mais faudrait aussi penser à défragmenter de temps en temps… Et à effacer les fichiers temporaires… L’historique aussi… Parce que si quelqu’un vient sur votre ordi il peut voir tous les sites que vous avez visités…
- On peut ?… C’est vrai ?… Oh la la !… Mais faut effacer… Vite… Comment on fait ?…
- Outils… Options Internet… Supprimer… Voilà… Comme apparemment c’est la première fois il va y en avoir pour un petit moment…
- Et plus personne pourra savoir… Vous êtes sûr ?…
- Certain… Il vaut mieux, hein ?!… Parce que vous avez des intérêts très… ciblés…
- Oui… Oh , non… C’est à dire… C’est pas pour moi… C’est pour une amie… Qui en a entendu parler… Elle voulait savoir ce que c’était… Et comme je lui avais promis… Mais vous en parlez pas à mon mari, hein, surtout, quand vous le verrez… Déjà qu’il a très mauvaise opinion d’elle… Ce serait le bouquet !…
- Mauvaise opinion ?!… A cause de la fessée ?… Il y a vraiment pas de quoi…

- Vous pourriez pas me dépanner de quelques pommes de terre ?… Je sais pas comment je me suis débrouillé… Je me suis laissé totalement démunir…
- Oh si, si !… Bien sûr… Là, c’est bon ?… Vous en aurez assez ?…
- Largement… Merci… Et votre amie ?… Elle a trouvé ?…
- Trouvé ?… Trouvé quoi ?…
- A assouvir sa passion…
- Ah… Oh, je sais pas… Je crois pas… Je crois pas que ce soit vraiment son but… Elle voulait se renseigner… Savoir de quoi il retourne…
- Oui… En somme c’est juste une fantasmeuse… Qui s’enfuit à toutes jambes dès qu’il s’agit d’affronter la réalité en face…
- Oh non, non !… Elle est pas comme ça… Non…

- Bon, mais alors finalement elle cherche ou pas ?…
- Un peu, oui, quand même…
- Et elle s’y prend comment ?…
- Elle discute… Ici ou là… Sur des sites… Des forums…
- Et elle a encore trouvé personne ?…
- Oh si, si !… Les types qui sont prêts à… C’est pas ça qui manque… Seulement…
- Seulement il y en a encore aucun qui lui ait inspiré suffisamment confiance… Et au moment de sauter le pas elle a toujours reculé…
- Voilà, oui…
- Peut-être qu’elle va chercher très loin ce qu’elle a à portée de main ?…
- Peut-être…

- C’est quoi qui l’attire alors dans la fessée ?… Vous savez ?…
- Ca, c’est à elle qu’il faudrait le demander…
- Parce que vous en avez jamais parlé toutes les deux ?…
- Un peu, si… mais pas tellement… Presque pas…
- Et ?
- Ca dépend… Plein de choses en fait… Mais surtout ce qu’elle aimerait – à ce qu’elle dit – c’est être traitée comme une gamine infernale… Qu’on punit comme elle le mérite quand elle le mérite… En lui faisant tout un tas de reproches qu’elle écouterait tête basse en rougissant… Et sa punition elle serait obligée d’aller la chercher elle-même jusqu’au bureau… De frapper à la porte… En coupable… Il ne répondrait pas tout de suite… Il la ferait attendre… Et il aurait une voix, mais une voix !… Comment elle la ferait trembler sa voix !… Et pour la circonstance elle porterait – c’est lui qui l’aurait exigé – un pyjama tout d’une pièce, dont l’arrière aurait été découpé et rabattu pour que seules les fesses soient à découvert… Elle y tient beaucoup… Vous savez qu’elle l’a déjà dans son armoire ?… Tout en dessous… Elle me l’a montré… Pour le cas où… Pour le jour où…

- Et vous ?
- Moi ?… Quoi, moi ?…
- Elle vous attire la fessée ?…
- Oh, non, non !… Alors là !… Non… C’est vraiment la dernière des choses qu’il me viendrait à l’idée de…
- Et menteuse en plus !… Vous savez que c’est pas beau du tout ?!… Regardez-moi !… Et que vous mériteriez d’être punie pour ça ?… Vous allez l’être d’ailleurs… Chez moi… Dans mon bureau… Où je vais de ce pas aller vous attendre… Et où vous vous présenterez vêtue du pyjama « aménagé » qui dort dans votre armoire… A tout de suite…

Toc… toc…

lundi 5 avril 2010

Colocataires2 ( 9 )

- Hein ?!… Mais c’est nul !… On voit pas ma tête… Pourquoi on voit pas ma tête ?… C’est vous qui l’avez cachée ?… Oui ?… Pourquoi vous avez fait ça ?…
- Parce que… N’importe qui se promène sur Internet… Tu imagines si quelqu’un d’ici arrivait dessus par hasard et te reconnaissait ?…
- Oh, quand même !… Ce serait vraiment pas de chance… Avec le nombre qu’il y en a des blogs…
- Oui, mais ça peut arriver… C’est déjà arrivé… Ca arrivera encore…
- Je serais pas la première fille qu’ils verraient à poil sur Internet…
- Non… Mais la première de leur entourage immédiat… Ils te côtoient au quotidien… Ils te croisent… Ils te parlent… Tu es la fille de… Tu connais la mentalité d’ici… On ne va plus parler que de ça… Les photos vont faire le tour du pays… On va se les arracher… Avec toutes les conséquences que ça peut avoir pour toi… Les ricanements sur ton passage… Les réflexions au boulot… Les sous-entendus à répétition… Sans compter les propositions… On va en tirer la conclusion que tu es une fille facile… Que tu demandes que « ça »… Que tu n’attends que « ça »
- C’est nul… Les gens sont nuls…
- Malheureusement on est obligés de faire avec…
- Oui, mais en attendant ça n’a aucun intérêt des photos comme ça… Parce que qu’est-ce qu’on voit ?… Un cul… Des seins… Tu parles !… On sait même pas à qui ils sont… C’est humiliant, même, moi, je trouve… C’est comme si il y avait plus qu’avec ça que je comptais… Que j’avais rien d’autre d’intéressant…
- Tu sais bien que non…
- Oui, mais ça revient à ça si on y réfléchit bien… Vous y tenez vraiment beaucoup ?…
- A quoi donc ?…
- A ce qu’il y ait le plus de monde possible qui me voie… Non… Parce qu’on peut aussi le mettre en accès restreint un blog… Ne donner le code qu’à qui on veut… Et à ce moment-là vous pourriez les choisir les types… Voir ce qu’ils ont dans le ventre avant de les laisser venir… Et être sûr qu’ils habitent suffisamment loin pour qu’il y ait aucune chance qu’ils me connaissent…

« Qu’est-ce que j’apprends ?… Mélianne se serait réinstallée chez vous ?… Comment je le sais ?… Ah ça !… J’ai mes informateurs… Vous voyez qu’on peut être au fin fond de la Guyane et au courant malgré tout de ce qui se passe dans votre appartement… J’ai presque envie de dire « notre appartement »… Parce qu’il faut quand même pas oublier que j’y ai été la première et que si je n’avais pas réussi à vous convaincre de m’héberger personne n’y aurait jamais mis les pieds. Ni Mélianne ni qui que ce soit… Vous savez que j’y pense souvent à là-bas ?… Il me suffit de fermer les yeux et j’y suis et je revois tout comme c’était « de mon temps » avec une incroyable précision… Et… et je dois bien reconnaître que c’est là que – jusqu’à présent – j’ai passé les jours les plus heureux de ma vie…

Bon, mais à part ça j’ai rompu. Ou du moins j’ai essayé. Pas avec mon officiel, non. Avec l’autre. Parce qu’à force de réfléchir je me suis dit que c’était suicidaire cette histoire. Que ça m’apportait strictement rien. Et qu’à terme ça allait forcément m’amener tout un tas de complications. Sous une forme ou sous une autre. Sauf que… l’autre animal il veut pas en entendre parler. Rien à faire. Pas question que je le quitte. J’ai eu droit à tout. Aux crises de larmes. Aux serments d’amour éternel. Au chantage. Aux menaces. Il s’est mis en tête de rendre notre liaison publique. De divorcer. Et de faire sa vie avec moi. J’ai gagné du temps comme j’ai pu. Mais je le sens si déterminé, si exalté qu’un jour ou l’autre, forcément, ça va revenir sur le tapis… Et ce jour-là !… Je préfère ne pas y penser… Non, mais j’ai vraiment le don de me mettre dans des situations impossibles, moi !… Me voilà condamnée à tout faire pour que ça continue avec un type qui me sort complètement par les yeux maintenant que je l’ai percé à jour… Et tout ça pourquoi ?… Pour éviter le scandale… Pour éviter que sa femme ne me hache en menus morceaux… Et que de mon côté… Parce que je ne sais toujours pas comment il réagirait, lui, mon mien à moi… Je ne peux que hasarder des suppositions… Et si je devais le perdre par ma faute – par ma bêtise – je crois que je ne pourrais jamais me le pardonner. Parce que c’est moi qui suis responsable de tout. C’est moi qui ai déclenché tout ça. Par ennui. Par désoeuvrement. Pour tenter le diable. Pour qu’il se passe quelque chose. N’importe quoi. Et maintenant je ne redoute rien tant que de voir bousculer ma petite tranquillité. Compliquée la fille, hein ?!… Carrément inconséquente, oui… Dites-le !… Dites-le puisque vous le pensez… J’ai peur… Je plaisante, mais si vous saviez comme j’ai peur… Vous vous occuperez de moi, hein, s’il me fout dehors ?!… Vous me reprendrez là-bas ?… Et vous recommencerez mon éducation. Depuis le début. A zéro. Pour mon bien. Vous me promettez, hein ?… Je vous embrasse. Victorine. »

- Tu faisais quoi ?…
- Rien…
- Si !… Un truc que tu voulais pas que je voie… T’as vite cliqué sur la croix pour fermer en haut quand tu m’as entendue… Tu me cherchais un cadeau, c’est ça ?… Oui, je suis sûre que tu me cherchais un cadeau… C’est quoi ?… Attends !… Laisse-moi deviner… Tu me cherchais un mec… Oui, c’est ça !… Oh, mais c’est vraiment super comme idée… On est là, un soir, tous les deux… Il y a quelqu’un qui sonne… Tu m’as fait la surprise… Un mec… Jeune… Beau… Un de ces petits canons !… Et puis qui sait y faire avec les femmes… C’est rien de le dire… Tu me l’as choisi avec amour… T’y as passé des heures et des heures… Pour qu’il soit juste exactement à mon goût… Que je sois pas déçue… Que je te prenne un pied comme jamais… C’est quand qu’il arrive ?… Comment je vais être impatiente maintenant !…

jeudi 1 avril 2010

Escobarines: Sortie de bain





En vacances il était absolument hors de question que nous échappions, ma cousine Joséphine et moi, à la sacro-sainte sieste du début d’après-midi. Malgré notre âge tante Alice en avait décidé ainsi et on ne s’élevait pas – jamais – contre les décisions de tante Alice. Nous ne dormions évidemment pas – nous n’avions pas le moins du monde sommeil – mais nous en profitions pour nous faire nos confidences et rêver tout haut à un avenir tout enrubanné de bonheur.

Ce fut par un bel après-midi de Juillet. Le temps était si radieux, le ciel si bleu que nous n’avons pas pu y tenir : nous nous sommes discrètement faufilées dans le parc. Pour peu que nous ayons regagné notre chambre à quatre heures personne – nous en étions convaincues – ne s’apercevrait de rien. Au-delà du parc c’était la forêt. Et au-delà encore s’étendait un petit lac que nous avions entraperçu une fois ou deux en accompagnant oncle Gontran au cours de sa traditionnelle promenade matinale. Il nous était formellement interdit de franchir seules les limites de la propriété, mais qui le saurait ?

- Et si on se baignait ?…
- Hein ?… Oh non, non !… C’est bien trop dangereux… Si jamais quelqu’un arrive !…
- Qui veux-tu qui vienne ?… Il passe jamais personne par ici… Moi, j’y vais…
Et elle s’est déshabillée. Complètement. Elle est entrée dans l’eau. Elle a disparu derrière un petit mur de roseaux…
- Allez, viens !… Si tu savais comme l’eau est bonne…
Je l’y ai rejointe…

Nous étions séchées, rhabillées et rentrées à temps. Personne ne s’était rendu compte de rien. Personne ne saurait rien. C’est en tout cas ce dont nous étions toutes les deux persuadées…

L’orage a éclaté le lendemain un peu avant midi. Toute la matinée il y avait eu des coups de sonnette, des allées et venues auxquelles nous n’avions pas prêté la moindre attention. C’est Sylvaine, la femme de chambre, qui est venue nous chercher juste comme nous finissions de nous apprêter pour le déjeuner…
- Madame vous attend dans le petit salon…
- Dans le petit salon ?!… Hein ?… Mais pourquoi, Sylvaine ?…
Elle ne savait pas. Ou elle n’a rien voulu dire. Le petit salon, ce n’était pas bon signe. C’était même, le plus souvent, très mauvais signe…

- Où étiez-vous hier ?…
Tante Alice, manifestement furieuse, ne nous a seulement pas laissé le loisir de répondre…
- Et dans le plus simple appareil !… C’est une honte !… Un scandale !… Ah, vous pouvez être fières de vous : vous êtes totalement perdues de réputation… Est-ce que vous vous rendez seulement compte que tout le monde fait des gorges chaudes de la façon inqualifiable dont vous vous êtes comportées ?… J’ai un rang à tenir, moi, ici… Et je ne tolérerai pas que ma propre fille… que ma propre nièce me fassent ouvertement honte devant toute la ville… Je vais vous en faire passer l’envie, moi, mes petites, vous allez voir… Déshabillez-vous !… Eh bien ?!… Qu’est-ce que vous attendez ?… Vous ne faisiez pas tant de manières hier quand il s’agissait de vous dénuder au su et au vu de tout le…
- Mais il y avait personne !…
- La preuve !… Et quand bien même il n’y aurait eu personne !… Est-ce ainsi que je vous ai éduquées ?… Sont-ce là les principes de pudeur que je vous ai inculqués ?…

Elle a commencé par Joséphine. Qui s’est laissé basculer sur ses genoux sans mot dire. Sa tête a brinquebalé en cadence. L’une de ses jambes a battu éperdûment la mesure sur le plancher…

- A ton tour, toi !…
Sa main s’est posée sur mon postérieur, ne s’est pas élancée tout de suite…
- Quand je pense à ta pauvre mère… A qui j’ai juré, sur son lit de mort, de te donner la meilleure éducation qui soit… Ah, elle serait contente !… Elle serait fière de toi !…
La première claque m’a arraché un gémissement… Les suivantes des cris…

- Venez !…
Sans nous laisser nous rhabiller elle nous a entraînées dans le jardin. Jusqu’au portail qui donne sur le petit chemin derrière… Elle l’a ouvert… Elle nous a poussées dehors…
- Oh, non !… Pas comme ça !…
- Comme ça, si !… Je veux qu’on sache que vous avez été punies… Et comment… Je ne veux pas qu’il puisse se dire que vous n’êtes pas sanctionnées comme il se doit quand vous l’avez mérité… Ni que je porte la moindre part de responsabilité dans le comportement inacceptable qui a été le vôtre… Allez, en route !…
Elle nous a saisies chacune par un coude. Fermement. On s’est dissimulées comme on a pu. De nos bras. De nos mains. Au loin quelqu’un a appelé son chien. Après le tournant, à hauteur du grand chêne, l’église et les premières maisons étaient là, tout près. J’ai frémi. Elle s’est arrêtée…
- Bon, mais pour cette fois, la leçon sera suffisante… Pour cette fois…
Et elle nous a fait faire demi-tour…