jeudi 7 mars 2019

Les fessées de Blanche (18)


Le beau temps aidant, on se presse en foule autour des bacs.
L’abbé Maurel se démène comme un beau diable.
Il se frotte les mains. Il les joint.
– C’est un succès ! Un véritable succès. Qui va nous permettre de porter secours à nos déshérités.

Elle, elle sourit. Elle emballe. Elle tend. Elle sourit encore. Elle encaisse.
Ses fesses lui font mal. Une douleur sourde. Pénétrante. Continue. Mais qui, tout compte fait, n’est pas vraiment désagréable. Qui s’avère même, par moments, – allons, ne te voile pas une fois de plus la face – particulièrement agréable.

Il y a des femmes. Qui vont. Qui viennent. Beaucoup de femmes. Surtout des femmes. Qu’elle connaît, pour la plupart. Qui la saluent. Avec lesquelles elle échange quelques mots. Des femmes qui ignorent que son cocher la fouette, qu’elle en porte les marques, profondément ancrées, et qu’elle jouit éperdument sous ses coups. Des femmes qui sont à cent mille lieues de se douter. Et elle en éprouve une intense jubilation.

– Je suis moulue, mon ami. Ce bruit… Cette chaleur… Dînez sans moi !
Et elle regagne sa chambre.
Elle se dévêt, se jette, au passage, un regard dans la glace. Les marques sont toujours là. En longues traînées parallèles. Violacées. Boursouflées.
Elle soupire. Elle sourit. Elle les parcourt, du bout du doigt.

Et puis, elle s’étend. Elle glisse ses mains sous ses fesses, s’endort.
Et les femmes sont à nouveau là. Avec elle. Devant elle. Sous le soleil. Anne Saintonge. Claire Delalande. Émilie Deshouraies. D’autres encore. Beaucoup d’autres.
– C’est un scandale !
Elle a surgi d’un coup. Alice Maurepas, la mère de Gontran.
– Un scandale, oui ! Cette traînée a couché avec mon fils.
Le silence. Tous les regards convergent vers elle. Réprobateurs. Haineux. Le silence s’éternise. Un silence qu’elles finissent par rompre. Toutes en même temps.
– Avec un gamin. Vous n’avez pas honte ?
– Oh, mais avec elle, on peut s’attendre à tout.
– Dévergondée !
– Catin !
Une gifle part. Une autre.
Elle s’efforce, tant bien que mal, de se protéger le visage de son bras replié.
Anne Saintonge suggère.
– On devrait la fouetter.
Les autres font chorus.
– Oh, oui ! Oui. Que ça lui en fasse passer l’envie. Une bonne fois pour toutes.
Et il y a leurs mains sur elle. Des dizaines de mains. Qui la dépouillent de ses vêtements. Qui les lui arrachent.
Elle est nue. Entièrement nue. Sous les yeux des hommes. Qui ne bougent pas. Qui ne la défendent pas. Qui regardent.
Quelqu’un constate.
– Il y a son cocher, là-bas.
On l’appelle. On la fait mettre à genoux. On la maintient solidement. On pèse, de chaque côté, sur ses épaules.
Et Sylvain cingle.

Le cri qu’elle pousse la réveille en sursaut. Elle est en nage.
Et c’est trempé entre ses cuisses.

4 commentaires:

  1. Pauvre Mlle Blanche! Il ne lui reste peut-être que aller se confesser auprès de l’abbé xD

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  2. Ou pas. Il y a peut-être d'autres solutions. :)

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  3. Mais il me semble que les préjugés de Blanche aussi bien que ceux de Sylvain ne leur permettent donner une suite plus “normale” à leurs jeux ...

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  4. Vous avez tout à fait raison. Et cette suite-là ne sera pas donnée à leurs jeux. Il faut chercher dans d'autres directions.

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