jeudi 21 mars 2019

Les fessées de Blanche (20)


Flamboyant est couché dans son box, prostré.
Elle s’effraie.
– Qu’est-ce qui est arrivé, Sylvain ? Qu’est-ce qu’il a ?
– Je n’en ai pas la moindre idée. Il est dans cet état depuis ce matin. Le vétérinaire devrait arriver d’un instant à l’autre.
Elle marche de long en large. Elle lui caresse l’encolure. Elle lui prodigue des encouragements.
– Ça va aller… Ça va aller…
Elle va. Elle vient.Sur le pas de la porte de l’écurie, elle scrute le chemin tout au bout, là-bas.
– Mais qu’est-ce qu’il fabrique ?

C’est un nouveau. Il est jeune. Il a les yeux verts. Il l’y enferme quelques instants. Et puis il va droit à Flamboyant.
Il retire sa veste. Il ausculte. Il palpe. Il hoche la tête.
– C’est grave ?
– Sans doute pas.
– Mais ce peut l’être ?
Il hausse les épaules. Il sourit.
– Je ne crois pas.
Il dresse une liste de remèdes.
– Vous allez les chercher, Sylvain ?
– Mais certainement, Madame…
Il prend la feuille. Il s’éloigne.
Le jeune vétérinaire range posément, méthodiquement, son matériel dans sa trousse. Lève les yeux sur elle.
– Ne vous inquiétez pas trop…
Elle soupire.
– Ce n’est pas chose aisée.
– Je repasserai dans l’après-midi voir si son état s’est amélioré.
– Oh, oui, oui ! S’il vous plaît… Je serai plus tranquille.
Elle le raccompagne jusqu’à son attelage. Elle lui tend la main.
Il la serre. Il la garde dans la sienne. Un peu plus qu’il ne faudrait.

Il est là, penché sur Flamboyant. Il a tenu parole.
– Il va mieux. Beaucoup mieux. Demain il n’y paraîtra plus du tout.
Elle lui sourit.
– Vous êtes un magicien.
– Oui, oh…
Elle l’assaille de questions. Pour le retenir. Pour qu’il ne parte pas. Pas tout de suite.
Est-ce qu’il faut qu’elle lui change son régime alimentaire ? Qu’elle le nourrisse moins ? Plus ? Et pour l’activité physique ? Qu’est-ce qu’il lui conseille tant qu’il n’est pas complètement remis ? Une heure ? Deux heures ?
Il prend tout son temps pour lui répondre. Il entre dans les détails, multiplie les précisions, se perd en de longues digressions.
Quand il se résout enfin à partir, il lui retient la main un peu plus longtemps encore. Elle ne cherche pas à la retirer.

– Mademoiselle trouve ce vétérinaire très à son goût.
– Mais pas du tout, enfin, Sylvain ! Qu’est-ce que vous allez chercher ?
Il relève la tête. Il sourit.
– Je connais Mademoiselle. Et je sens que je vais devoir, sans tarder, la rappeler à l’ordre.
Elle ne répond pas. Elle rougit. Elle se détourne.

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