mardi 30 juin 2015

Fessées croisées (34)

15 heures


– Bon… Et qui c’est qu’on attend ? Christine… Comme d’habitude…
– Elle va y retourner, tu crois ?
– Oh, ben oui… Oui… Il y a eu des tas de coups de téléphone tout-à-l’heure… Jaufret a dû lui jurer, la main sur le cœur, que ça se reproduirait plus… Qu’ils seraient tout seuls là-bas… Et comme elle avait très envie de faire semblant de le croire…
– Il y aura au moins toi… Avec Ludo…
– Non… Parce que, comme je te disais ce matin, Ludo, moi, maintenant, j’ai bien l’intention de prendre mes distances… Ce qui veut pas dire qu’il y sera pas… Avec Alexandre… Et les autres… Et tout ce petit monde-là va prendre profil bas… Et se la jouer discrète…
– Et nous deux ? On va faire quoi alors du coup ?
– On improvisera… Selon l’humeur du moment… Ou les circonstances…

Je les avais vus les deux types, là, à la terrasse du café ?
Bien sûr que je les avais vus… Ils étaient vieux…
– Oui… Non, mais c’est pas pour les draguer… Non… Le truc que j’aurais envie, ce serait que tu me menaces d’une fessée devant eux… Assez fort pour qu’ils entendent…
– S’il y a que ça pour te faire plaisir…
– J’aimerais bien, oui… J’aimerais vraiment…
– Eh bien allez alors…

On s’est assises… À la table juste à côté de la leur… On a commandé…
– Tu me fais la gueule ?
– T’as recommencé, Mélanie… T’as encore recommencé… Ça fait quatre fois…
– Je suis désolée…
– Oui, oh, c’est un peu facile, non, tu crois pas ?
– Je peux pas m’empêcher… C’est plus fort que moi…
– On peut toujours quand on veut… Bon, mais tu sais ce qui t’attend ?
– Ah, non ! Pas ça, hein ! Pas ça !
– Si ! Et celle-là je peux te dire que tu vas la sentir passer…
– Je le ferai plus… Je te promets…
– On sait ce qu’elles valent tes promesses… Non… Il y a que ça que tu comprends… Il y a que ça qui marche avec toi… Une bonne fessée déculottée… Et tu vas l’avoir… Je peux t’assurer que tu vas l’avoir… Et même… C’est tout de suite qu’on va aller le régler le problème… Viens !

– Ils réagissaient comment ? J’osais pas les regarder, moi !
– Géniale ! T’étais trop géniale… Toute penaude… Toute rougissante…
– Ben, attends ! Se faire menacer d’une fessée comme ça… Devant tout le monde… Mais alors, eux ?
– Ils en perdaient pas une miette… Avec un petit sourire en arrière-fond… Ah, ça doit y aller maintenant les commentaires…
– Ils y ont vraiment cru, tu penses ?
– Ah, ça… Vu ton attitude…
– Faut dire aussi… Comment ça faisait vrai… J’avais beau savoir… J’avais l’impression que tu m’engueulais pour de bon par moments…
– Je me suis prise au jeu, oui…
–Ils pensent que t’es en train de me le faire, j’parie…
– Ça, il y a toutes les chances…
– Et si ?
– Si quoi ?
– Ben…
– Si je t’en mettais vraiment une ? C’est ça ? Ce serait amplement mérité… Parce que aller perturber comme ça ces deux petits vieux qui demandaient rien à personne…
– C’est pas bien… Je sais, oui… Je mérite…
– Eh bien allez alors ! On rentre… Et direction la grange…

– Ouche ! Comment ça fait du bien…
– J’ai vu, oui !
– Je me demandais n’empêche… J’appréhendais… Parce que c’est la première fois que j’en reçois une par une femme…
– Et alors ?
– C’est complètement différent… T’as honte… Mais pas pareil qu’avec un homme… Plus dans un sens… Parce qu’elle te perce à jour une femme… Elle sait très exactement ce que tu ressens…
– Et c’est quoi que tu ressens ?
– Ah, non ! Tu vas pas m’obliger à le dire… En plus !

mardi 23 juin 2015

Fessées croisées (33)

1er Août 2012


– Et alors ? Il te l’a dit Charles finalement ce qu’ils sont allés faire tous les deux à Nice hier ?
– Non… Rien… Pas un mot… J’ai eu beau lui tendre des perches… Il a éludé… Il a éludé tant qu’il a pu…
– Oui, ben moi, Gilles, pareil… Il savait que me répéter, sur tous les tons : « Si on te le demande, tu diras que t’en sais rien… »
– Ça n’a pas vraiment d’importance de toute façon… Je le connais par cœur Charles… Je lis dedans à livre ouvert… Et s’il y avait quoi que ce soit… Non… Par contre il y en a un qui commence à me courir sérieusement sur le haricot, c’est Ludo…
– Ah, oui ? Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
– Il s’est passé qu’il a fallu qu’il se pointe là-bas avec l’inévitable Alexandre et deux ou trois autres types… Alors qu’il savait pertinemment qu’elle serait pas là Mélanie… Elle l’avait prévenu… Et à quoi ils ont passé leur temps, à ton avis ?
– À se rincer l’œil, planqués dans les fourrés…
– Planqués ? Oui, oh, si on veut… On les voyait pas, non, mais on les entendait… Ça rigolait tout ce que ça savait… Oh, mais il va y avoir explication… Déjà Jaufret, de son côté, il va leur passer au cul… Et puis moi, attends que je la croque Mélanie…



10 heures


– Ah, oui ? Elle a dit ça ? Oh, mais si elle veut ! Moi aussi, je l’attends… Non, parce qu’elle est bien gentille Christine, mais quand tu baises dans la nature, faut bien que tu t’attendes à ce qu’à un moment ou à un autre, il y en ait qui te tombent dessus et qui profitent du spectacle… Tu vas à l’hôtel sinon… Elle a les moyens, non ? Et puis bon… C’est pas la première fois qu’il y en a à la mater, planqués dans les fourrés… Elle est pas idiote… Elle le sait pertinemment… Et, jusque là, ça la dérangeait pas plus que ça… Au contraire : ça l’émoustillait… Ce qui lui va plus maintenant, c’est qu’elle peut plus faire semblant de pas se rendre compte… Ils se manifestent… Elle est bien obligée de réagir… Bon, mais ça va s’arranger… Jaufret va lui parler à Ludo… Moi aussi… Ils vont lui jurer leurs grands dieux que ça se reproduira plus… Elle en croira pas un mot, mais les apparences seront sauves… Et tout pourra reprendre comme avant… À la satisfaction générale… Et surtout à la sienne… Parce qu’elle te prend un de ces pieds à leur exposer son petit derrière rougi… Même si c’est pas ce qui se fait de mieux dans le genre ces types… Ils savent pas apprécier… Ça se savoure un cul qui vient de ramasser… Ça se déguste… Mais eux ! Sortis des réflexions à la mords-moi-le-nœud… Non… Ils sont complètement à côté de la plaque… C’est comme quand il s’agit de t’en coller une… Je vois bien avec Ludo… À part taper… Ah, ça pour taper, il tape… Comme un sourd… Mais c’est tout… Il y a pas de contexte… Or, pour moi, c’est ça l’essentiel… Le contexte…
– Oui, oh, ben ça… T’es pas la seule…
– Qu’il y ait quelque chose… Que j’ai fait de mal… Qu’on m’a interdit, mais que j’ai fait quand même… Qu’on me menace… De me la donner devant quelqu’un… Qu’on me la fasse attendre… Que j’aie honte ! Mais honte ! Avant… Pendant… Après… Gabriel il savait… Jacques il sait… Sauf que Jacques…
– C’est vrai, ça… Il te la donne plus… Plus du tout… Comment ça se fait ?
– Ben, j’en sais rien… Du jour au lendemain ça lui est passé… Comme ça… Sans explication…
– Peut-être qu’il considère ton cas comme désespéré…
– Peut-être… Ou peut-être qu’il s’est rendu compte de quelque chose… Ou elle… Et qu’elle a voulu qu’il arrête… Et puis peut-être que c’est complètement une autre raison… À laquelle je pense pas… Mais enfin, résultat des courses, c’est que je suis en manque, moi ! Et pas qu’un peu… Je t’envie, toi, avec Gilles… Tu peux pas savoir comme je t’envie…
– Oui, oh…
– Non ? C’est pas ça qu’est ça ?
– Si ! Oh, si !
– Eh ben alors ?
– Alors je dois être un peu folle… Parce que tu sais ce que je voudrais des fois ? C’est qu’il découvre Gilles pour Enzo… Et qu’il me punisse à cause de ça… Parce que je l’ai trompé… Parce que je le trompe… Rien que d’y penser tu peux pas savoir ce que ça me fait…
– Dis-lui ! Passe aux aveux…
– Ce serait pas pareil… Il me prendrait pas en faute… Et c’est ça l’important… Qu’il me prenne en faute… Sur le fait… Quand je te dis que je suis folle…
– Et t’as pas peur que…
– Que quoi ? Qu’il veuille divorcer ? J’y pense… Oh, si ! Si ! Bien sûr que j’y pense… Même si j’y crois pas… Parce que ça lui ressemble pas… Mais j’y pense quand même… Et ça me terrorise… C’est pour ça : il y a une part de moi qu’en crève d’envie… Et l’autre que ça épouvante littéralement…
– Oui, oh, ben de toute façon, vu la façon dont ça tourne avec Enzo, c’est pas demain la veille que ça risque d’arriver…
– Il se fiche de moi, tu crois ?
– Oui, oh, alors ça ! Il le sait sûrement pas lui-même… Mais ce qu’il y a de sûr, c’est que t’en tireras rien… Et que si tu passes pas à autre chose…
– Tu sais que j’y ai pensé ?
– Et moi donc ! Parce que Ludo j’en ai vraiment fait le tour…

vendredi 19 juin 2015

Escobarines: Duos (3)

– Ils ont pas dit non, hein !
– Tu parles qu’ils ont pas dit non… Des types qui viennent de te flanquer une fessée et à qui tu balances comme ça, tranquillement, que ça te déplairait pas qu’ils t’en remettent une autre… Et sans tarder… Vu que t’as pris ton pied…
– J’ai quand même pas dit ça comme ça ?
– Non, mais ça revenait au même…
– Ah, ouais ? Oh, mais tu peux parler, toi ! T’étais pas mal non plus dans ton genre… Tu t’es pas vue… Ni entendue… Rien que ton rire… Ça faisait… Ça faisait… femelle en chaleur…
– Oui, oh, de toute façon, ça sert à rien d’épiloguer là-dessus maintenant… Ce qui est fait est fait… Et puis n’importe comment rien nous oblige à y aller non plus…
– T’as plus envie ?
– Mais toi, si, apparemment !
– Tu vas pas me laisser y aller toute seule au moins ?
– Mais non ! Mais non !

– On est folles… On est complètement folles…
– Tu vas pas te dégonfler ?
– Non… Mais j’ai une de ces trouilles…
– De quoi ?
– Qu’ils veuillent pas se contenter de nous mettre la fessée…
– Ah, ben ça ! Après ce qu’on leur a raconté l’autre jour faut s’attendre à ce qu’ils aillent vérifier, au bon endroit, quel effet ça nous fait…
– Oui, ben ça, moi, c’est couru d’avance ce que ça va me faire… Déjà que l’autre fois…
– Et de fil en aiguille…
– Oui… On va y passer, quoi…
– Ça te pose un problème ?
– Un peu quand même…
– Il saura rien Olivier…
– Oui, ben alors là il y a intérêt… Parce que s’il apprenait un truc pareil…
– Bon, ben allez ! On y va… Vas-y ! Sonne !
– Non… Toi…

– Entrez ! Si, si ! C’est bien là… Entrez ! Ces messieurs ont eu un empêchement et m’ont demandé de me substituer à eux… Dans la mesure du possible, bien entendu… Mais asseyez-vous ! Restez pas plantées là… Qu’on discute d’abord un peu toutes les trois… Qu’on fasse le point… Donc… Laquelle c’est Roxane ? C’est toi ? Oui… Je m’en doutais un peu… T’as ce petit air de Sainte-Nitouche à qui on donnerait le bon Dieu sans confession… Et qui s’envoie en l’air avec le premier venu dès que l’occasion se présente…
– Hein ? Ah, mais non ! C’est pas ça… Absolument pas… Vous n’y êtes pas du tout…
– Ben voyons ! Bon… Mais résumons-nous… Pendant des mois et des mois tu t’envoies en l’air avec Maxime, le mec de Diane, ma meilleure amie… Qu’est au courant de rien… Qui s’aperçoit de rien… Jusqu’au jour où elle découvre les lettres… Tes lettres… Des centaines de lettres… Qu’elle me confie… Ce sont autant de preuves… Au cas où… Bien lui en prend… Parce qu’il y a explication… Orageuse… Maxime veut les récupérer… Il exige… Elle refuse… Il ne les aura pas… Elles sont en lieu sûr… Il se doute où… Ce n’est pas bien compliqué à deviner… Et il t’envoie courageusement les chercher… Sous prétexte que tu es autant en danger que lui… Ce qui n’est pas faux… Du coup tu rameutes une copine et tu te précipites… Vous foncez tête baissée… Pas de chance : mon frère vous tombe dessus… Avec un copain à lui… Ils vous surprennent la main dans le sac et vous infligent une bonne leçon… Que vous n’avez pas volée, c’est le moins qu’on puisse dire… Non… J’avoue : quand il m’ont raconté ça, j’étais littéralement aux anges… Vous l’aviez pas volé… Et la meilleure ? Je savais pas la meilleure ? Ils me le donnaient en mille… Ils s’étaient débrouillés pour que vous reveniez en chercher une autre… Faute de quoi vous alliez courir au-devant de graves ennuis… Une autre ? Quand ? Mais quand ? Bientôt… Et… Et s’ils me laissaient leur place ? Hein ? Ils auraient d’autres occasions, eux… Marché conclu… Et me voilà… Me voilà et je sens que je vais adorer… Pas vous ? Bon… Mais par qui on commence ? Roxane… Ça s’impose… La copine, on verra après, mais elle va quand même mettre, dès à présent, son petit derrière à l’air… Allez ! Exécution…

mardi 16 juin 2015

Fessées croisées (32)

14 heures


– Je l’ai eu au téléphone Charles… Je l’ai appelé…
– Et alors ?
– Normal il était… Comme d’habitude…
– Il t’a dit ce qu’ils faisaient à Nice ?
– Non… Juste qu’ils rentraient ce soir… Mais je suis un peu plus rassurée… Le ton de sa voix… Ses mots… S’il y avait eu quoi que ce soit… Non… Je suis soulagée… Bon, mais c’est pas tout ça… Je vais me préparer, moi ! J’en ai pour cinq minutes…
Mélanie l’a suivie des yeux…
– Qu’est-ce qui te fait rire ?
– Cinq minutes ! Tu parles ! Elle en a bien pour une demi-heure, oui… D’ailleurs rien que ça… Faut vraiment qu’il ait envie de s’apercevoir de rien son Charles… Parce que maquillée comme elle se maquille pour aller à la plage… Il y a plein de types à sa place… Mais non ! Lui, il se pose pas de questions… Bon, mais à part ça… Il se passe quoi, toi, avec Alexandre ?
– Avec Alexandre ? Mais rien du tout enfin ! Qu’est-ce tu veux qu’il se passe ?
– C’est pas ce qu’il raconte… D’après lui, ce serait quasiment dans la poche avec toi… Aujourd’hui… Demain au plus tard tu passes à la casserole…
– Oh, l’autre ! Non, mais ça va pas ! Il rêve, là…
– Ça m’étonnait bien un peu aussi… Te connaissant… Et puis il y a Enzo… Même si Enzo pour le moment…
– Oui, ben moi, en attendant, je remets pas les pieds là-bas… Alors là ! Tant qu’il y sera…
– Tu vas aller où cet après-midi alors ? Tu vas faire quoi ?
– Je sais pas… Me balader dans Toulon… Sûrement…
– Je viens avec toi… On discutera comme ça…
– Et Ludo ?
– Je vais l’appeler… Lui dire que j’ai un empêchement… Il en mourra pas de se passer de moi vingt-quatre heures…



15 heures 30


– On sera bien là…
En terrasse… Cernées par les lauriers-roses…
Elle a planté sa paille tout au fond de son sorbet… A longuement aspiré…
– Cette fessée que tu lui as flanquée à Christine ce matin ! Ah, comment ça y allait ! J’hallucinais complètement, moi !
– Ce qu’est complètement fou, c’est qu’il y a seulement huit jours elle voulait pas en entendre parler… Et maintenant c’est elle qui réclame… Ou c’est tout comme…
– N’empêche que, par-dessus l’autre, elle a dû le sentir passer… Et que ça va la brûler un sacré moment…
– Il y a des chances, oui…
– Elle t’en donne pas, elle… C’est toujours toi… Ça te tenterait pas l’inverse ?
– Si je sentais qu’elle a vraiment très envie de me le faire, sûrement, oui… Mais c’est pas le cas… C’est juste recevoir qui l’intéresse…
– En douce que ce que j’aimerais savoir, c’est à quoi elle pense quand tu lui fais… Quelles histoires elle s’invente… Peut-être qu’elle t’a piqué ton mec et que tu la punis pour ça… Ou d’autres trucs… Qu’on aurait même pas idée d’aller s’imaginer… À moins que ce soit à cause de Jaufret… Parce qu’elle trompe Charles avec… Qu’elle a besoin qu’on la fasse payer… Et que ce soit toi… Vu que toi, t’es au courant…
– Oui, oh… Elle donne pas vraiment l’impression d’avoir des tonnes de scrupules à le tromper Charles…
– Ben, justement… C’est souvent quand on donne pas l’impression que ça compte le plus… Parce que ça te bouffe à l’intérieur… T’en penses quoi, toi, de Christine avec Jaufret ?
– Qu’ils font ce qu’ils veulent… Et que je serais mal placée pour leur jeter la pierre…
– Non, mais pas là-dessus… On s’en fout de ça… Non… Ce que je crois, moi, c’est qu’elle est en train de s’attacher grave Christine… Et que ça va pas le faire… Parce que Jaufret il en a pas grand chose à foutre d’elle… Pour pas dire rien du tout…
– Tu crois ?
– C’est pas que je crois… C’est que je suis sûre… Les mecs, t’arrives à lire entre les lignes quand ça cause et que t’as l’habitude… Et faut pas rêver : on est des bons coups de vacances pour eux… Toutes autant qu’on est… Et rien de plus… Même si c’est de très bons coups vu qu’on se prend des fessées… Ça rajoute une bonne dose de piment… Mais au-delà de ça… Une fois qu’on sera parties… Enfin si ! Si ! Ils vont nous ménager… On aura peut-être droit à un petit coup de fil de temps en temps… Histoire de garder le contact… Pour pouvoir reprendre les choses, l’été prochain, là où ils les auront laissées… À condition qu’on soit pas trop chiantes… Pas trop collantes… Qu’on soit pas allées se faire tout un film… Bon, mais moi, cela étant, ça me gêne pas plus que ça… Ils se servent de moi… Je me sers d’eux… Un but partout… La balle au centre…
– Je vois pas du tout Enzo comme ça…
– Oh, mais Enzo ! Il est compliqué Enzo… Le jour où il saura vraiment ce qu’il veut, lui… Et ce qu’il est…

mardi 9 juin 2015

Fessées croisées (31)

31 juillet 2012


– Christine ?
– Hein ? Quoi ?
– Ça va pas ? Depuis dix minutes qu’on est là t’as pas desserré une seule fois les dents… Et tu contemples ton bol de café au lait comme si t’en attendais la révélation…
– Oui… Non… Il y a un truc qui me tracasse… Un truc qu’il m’a dit Charles hier soir…
– Ah…
– Tu sais ce qu’il m’a sorti ? « Recevoir des fessées, c’est une chose… S’arranger pour qu’on voie qu’on en a reçu, c’en est une autre… » Et c’est tout… Il s’est tourné de l’autre côté et il s’est endormi… T’en penses quoi, toi ?
– Que c’est quand même bizarre…
– Je te le fais pas dire…
– Faudrait pas que…
– Que des trucs lui soient revenus aux oreilles ? J’ai bien peur que si ! Parce qu’il y a bien trop de monde qu’est au courant… Déjà il y a Ludo… Et cette histoire de paris avec Mélanie… Et puis cet Alexandre… Qu’on a tout le temps par les pieds… Qui me plaît pas vraiment…
– Et qui se contente pas d’être au courant… Qui se prive pas d’aller jeter un œil à l’occasion…
– Oui, ben ça ! Évidemment… Et il est sans doute pas le seul… Parce qu’ils parlent ces garçons… Ils racontent… Et il y en aurait d’autres à l’affût dans les fourrés que ça m’étonnerait même pas… Je suis peut-être particulièrement conne, mais ça m’a seulement pas effleuré l’esprit tout ça… Ou plutôt, si ! Mais c’est resté en arrière-fond… Parce que je voulais pas le savoir… J’étais sur mon petit nuage avec Jaufret… Il y avait plus rien d’autre qui comptait… Et pendant ce temps-là ça se répandait comme une traînée de poudre par tout le pays notre histoire… Tu m’étonnes que ça ait fini par lui revenir aux oreilles à Charles…
– Oui… Enfin… D’un autre côté le pire n’est jamais sûr… Si ça tombe, on est en train de se lancer dans toute une interprétation, là, et c’est tout-à-fait autre chose qu’il a voulu dire Charles…
– Je vois pas quoi…
– Parce que ça te vient pas à l’esprit… Moi, à ta place, je me prendrais pas la tête à l’avance… Tant que je sais pas au juste… D’autant que si Charles apprenait que tu le trompes, ça m’étonnerait qu’il se contente juste d’une réflexion comme ça avant de se tourner de l’autre côté et de dormir… Ça lui ressemble pas du tout, moi, j’trouve…
– T’as peut-être raison… Oui… T’as sûrement raison même…



10 heures

Mélanie nous a arrêtées sous la glycine…
– C’est où que vous allez ? Non, parce que si c’est à la grange, c’est pas la peine… Ils sont pas là Charles et Gilles… Ils sont partis…
– Partis ? Comment ça partis ? Partis où ?
– À Nice…
– À Nice ! Mais qu’est-ce qu’ils sont allés foutre à Nice ?
– Je sais pas… J’ai juste entendu ça… Que le mieux, c’était d’aller voir sur place… Et que c’était à Nice…
– Je préfère qu’ils soient partis par là…
– Ah, ça, oui… Moi aussi…
– Parce qu’on connaît rien ni personne là-bas, nous…
– Ce qui veut dire que ça n’a sûrement rien à voir avec nous…
– N’empêche que j’aimerais quand même bien savoir de quoi il retourne…
– Sûrement encore une de leurs histoires de notaires… Depuis le temps qu’il traîne cet héritage du cousin machin-chose…

Bon, mais qu’est-ce qu’on faisait ? On y montait quand même à la grange ?
– T’as envie, toi ?
C’était pas qu’elle avait pas envie Christine…
– Ah, non… Non… Au contraire… Mais j’ai déjà le derrière dans un de ces états…
– Ben, justement ! T’es plus à quelques claquées près…
Elle a soupiré… Souri…
– Faudrait pas que t’insistes… Non… Parce qu’avec Jaufret, c’est une chose… Avec Charles c’en est une autre… Mais avec toi ça me rend complètement folle ce truc… Sans arrêt j’y pense… J’ai qu’une envie, c’est que ça recommence…
Je l’ai prise par le bras…
– Bon, ben allez alors !
Mélanie nous a suivies…
– Je voudrais louper ça pour rien au monde…

vendredi 5 juin 2015

Escobarines: Duos (2)



– Ça te brûle ?
– T’as de ces questions ! Parce que ça te brûle pas, toi, peut-être ?
– Ben si ! Oui… Ils ont tapé fort, hein !
– Ça ! C’est le moins qu’on puisse dire…
– Surtout le brun, là… Comment il y allait ce salaud !
– Oui, oh ! Le frisé, c’était pas mal non plus…
– Parce que tu l’as eu en dernier… Alors forcément par-dessus l’autre… N’empêche que je sais pas toi, mais moi…
– Eh bien ?
– Ça brûle, oui… Mais c’est pas si désagréable que ça finalement tout compte fait…
– Tu trouves ?
– Oui… Je sais pas vraiment comment expliquer… C’est la façon dont ça irradie un peu dans tous les sens… Des sensations bizarres ça donne… Et pas déplaisantes du tout… Ça te fait pas ça à toi ?
– Non… Enfin, si… Peut-être… Je sais pas… Moi, c’était pendant plutôt… De me dire qu’on était en train de me donner une fessée… Comme à une gamine de huit ans… Et que j’étais obligée de me laisser faire… Que j’avais pas le choix… C’était hyper vexant… Mais en même temps que ce soit vexant, ça me plaisait dans un sens… C’est bizarre, non ?
– Oh, pas tant que ça, non… Parce que tu sais à quoi j’ai pensé, moi, à un moment, pendant… Aux trois types qui sont sous mes ordres, là-bas, au boulot… Qu’ils étaient là… Que devant eux ça se passait… Ils rigolaient, mais ils rigolaient ! Comment j’avais honte !
– Et ça te plaisait…
– Ben !

– Tu crois qu’ils sont là ? Derrière nous ?
– Ah, ben ça ! Forcément… Où veux-tu qu’ils soient ?
– On les entend pas…
– C’est pas une raison, ça, qu’on les entende pas…
– Je commence à m’ankyloser, moi ! Ils vont nous laisser longtemps au coin comme ça ?
– Qu’est-ce tu veux que j’en sache ! Le temps qu’ils voudront… Ils sont maîtres du jeu…
– Si on leur avait pas tendu les cordes pour se faire battre aussi !
– Faut reconnaître qu’on a fait fort… Non, mais franchement ! Qu’est-ce qui nous est passé par la tête ?
– On avait des tas d’autres solutions pour régler le problème… Mais non ! Il a fallu qu’on aille se mettre dans notre tort…
– C’était quand même pas une raison pour nous flanquer une fessée…
– Ah, ça ! Quoique, dans un sens, je les comprends quand même… Mets-toi à leur place…
– En attendant, on sait même pas qui c’est ces types…
– L’un des deux, c’est le propriétaire de la maison… Sûrement… Il y a toutes les chances…
– Faudrait pas qu’ils aillent le chanter sur tous les toits qu’ils nous en ont mis une…
– Normalement, non… T’as bien entendu ce qu’ils ont dit… « Pour solde de tout compte » C’était on ne peut plus clair… Cela étant, on sait pas ce dont ils sont capables… On les connaît pas plus que ça…
– Et probable qu’on les reverra jamais… Ce qu’est peut-être dommage d’ailleurs…
– Comment ça ?
– Ils sont peut-être très bien ces types, va savoir…
– Qu’est-ce t’es en train de me dire, là ? Que ça te tenterait de faire plus ample connaissance avec eux, c’est ça ?
– Non… Bien sûr que non… Mais quand même… Peut-être qu’ils sont vachement intéressants finalement comme mecs… Et qu’on loupe quelque chose…
– Des fessées, ça, c’est sûr…
– Oh, tout de suite ! C’est pas parce qu’ils nous en ont collé une une fois – qu’on avait bien cherchée, avoue ! – que c’est pour autant des acharnés du truc…
– Oui, oh, alors ça ! J’en mettrais pas ma main au feu…
– Et quand bien même… C’est pas non plus la mer à boire… On en est pas mortes…
– En clair, tu détesterais pas qu’ils t’en remettent une autre, quoi !
– J’ai pas dit ça… Mais je me demande… Franchement je me demande… Pas toi ?
– Un peu, si ! Mais le meilleur moyen de savoir… Je les appelle…
– Non ! Attends !
– S’il vous plaît ! Vous pouvez venir voir là ?

(à suivre)

mardi 2 juin 2015

Fessées croisées (30)

13 heures 30


Mélanie savait pas trop comment me tourner ça…
– Je viens d’avoir Ludo au téléphone… Tu vas pas pouvoir le voir Enzo aujourd’hui…
– Ah, oui ? Qu’est-ce qui se passe ?
– Toujours la même chose… Son ex… Elle a encore pété les plombs… Elle lui a rayé sa voiture…Crevé les pneus… Rempli la piscine de produit vaisselle… Elle est complètement déchaînée… Alors le mieux, pour le moment, c’est que tu restes un maximum à l’écart de tout ça… Que vous preniez pas de risques tous les deux… Elle est à l’affût de tout ce qu’il fait… Et elle vous louperait pas… T’imagines si elle déboulait ici comme une furie et qu’elle déballait tout ? T’aurais bonne mine…
– Ça va peut-être te paraître bizarre, mais ça m’arrange dans un sens… Parce que j’étais en train de me tâter, là… Et de culpabiliser… Par rapport à Gilles si j’y allais… Et par rapport à Enzo si j’y allais pas… Il peut pas venir ? Ouf ! Ça me soulage… Sauf que c’est reculer pour mieux sauter… Je vais le retrouver le problème… Sous une forme ou sous une autre… Tôt ou tard… Non… Je suis allée m’embarquer dans une de ces histoires, là… Mais c’est tout moi, ça… À croire que les complications j’aime ça… Je l’envie Christine, tiens ! Ce qu’elle a à vivre avec son Jaufret, elle le vit dans l’instant… Sans se poser tant de questions… Moi, c’est plus fort que moi… Faut que je scrupulise à tout va… Que je coupe les cheveux en quatre… Bon, mais c’est pas tout ça… Je vais faire quoi de mon après-midi, moi, maintenant ?
– Vaudrait quand même mieux que tu viennes…
– À cause de Charles ? Et de Gilles ?
– Oui…Ça peut peut-être leur paraître bizarre que tu nous fasses faux bond comme ça d’un seul coup… Après tout le mal qu’on vient de se donner pour endormir leurs soupçons, ce serait quand même un peu idiot d’aller leur remettre la puce à l’oreille, non ?



15 heures


Il y avait Alexandre…
– Ah, oui, c’est vrai… Je t’avais pas dit…
Et Mélanie a aussitôt disparu dans les ajoncs avec Ludo… Christine-Jaufret, eux, dans le petit bois derrière… Il m’a souri…
– Toi non plus tu voulais pas rater ça ?
– Hein ? Mais non… Pas du tout… C’est pas ça… C’est que…
– Ça risque de valoir sacrément le coup… Surtout s’il y a des panpans-cucul… Et va y avoir… À gauche, c’est sûr… Il l’a dit Ludo… “Elle en veut ? Elle va en avoir…” On pourrait évidemment se dépêcher d’aller s’installer dans les fourrés, là, juste à côté… On serait aux premières loges et on profiterait du spectacle de A à Z… Sauf que si, pendant ce temps-là, ça démarre derrière, ça nous passera sous le nez… Ce qui serait dommage, avoue ! Parce que Christine, c’est Christine… Alors le mieux, c’est de rester là, aux aguets… Et dès qu’on entend que ça commence, d’un côté ou de l’autre, hop ! On se précipite… Non ? Tu crois pas ?
– Oh, moi, tu sais…
– Ça t’intéresse pas ? Oui, oh, alors là ça m’étonnerait… Ça intéresse tout le monde quand il y a une occasion comme ça qui se présente… Non, je le sais ce qu’il y a… C’est que t’es dégoûtée qu’Enzo soit pas venu… Et, du coup, t’as décidé qu’il y aurait rien qui t’intéresserait… Mais il y a pas qu’Enzo dans la vie, hein ! Surtout que…
– Que quoi ?
– Non… Rien…
– Mais si ! Dis !
– Il s’en dépêtrera jamais de sa Nathalie… Ça a toujours été comme ça eux deux… Je t’aime… Je te déteste… Ils se déchirent tout ce qu’ils savent, mais, à l’arrivée, ils peuvent pas se passer l’un de l’autre…
– Tu m’avais dit…
– Qu’il tenait à toi… Ben oui… Évidemment qu’il tient à toi… Comme à toutes celles qui t’ont précédée… Dont il a espéré se faire une planche de salut… Ça n’a servi à rien… Il en est toujours au même point… Et il les a déglinguées… Toutes… Alors moi, j’ai pas de conseils à te donner, mais, à ta place, je me tirerais de là-dedans vite fait… Histoire de pas y laisser trop de plumes… Bon, mais qu’est-ce qu’ils foutent ? Je vais jeter un œil quand même… Voir ce qui se passe… Tu viens pas ? T’es sûre ?

Il est presque aussitôt revenu…
– Je comprends pas tout, là… Parce que tu verrais son derrière à Christine… Il est dans un état ! Et on n’a rien entendu…
– Parce que ça date d’avant… De ce matin…
– Ah, ben d’accord… Et tu pouvais pas le dire ? C’est quoi qui s’est passé ? Attends ! Écoute ! Ça commence de l’autre côté… T’entends ? Oh, j’y vais, moi ! J’y vais…