lundi 26 septembre 2016

La coiffeuse et le pépé

Amis lecteurs, bonjour!

Je vous ai quelque peu délaissés depuis juin dernier. C'est que j'étais investi dans un projet éditorial chronophage dont voici un premier résultat:


La coiffeuse et le pépé


Autre chose, chez le même éditeur, est également en cours de préparation. J'y suis complètement immergé.

Quid alors de ce blog? Et des autres? Pas question, bien entendu, de les abandonner. Dès que j'aurai un peu plus de temps et la tête un peu plus disponible, je reviendrai les alimenter, c'est promis!

Bonne journée à tous!

lundi 27 juin 2016

La clef USB (15)

Le 8 rouge. Le 6 vert. À peine Laurent parti, le matin, je les faisais venir. Ils combattaient pour moi. Avec acharnement. Avec fureur. Je m’offrais au vainqueur. L’un. Ou l’autre. Ça dépendait. Je jouissais dans ses bras. Éperdument. Parfois, dans la journée, j’allais les retrouver. Et puis encore le soir. Avant que Laurent rentre… J’étais complètement accro…

J’allais quand même pas faire ça ! Non. Non. Je pouvais pas faire ça. C’était la dernière des choses à… J’ai tenu une semaine et puis, un beau matin…
– Allô… Antoine ? C’est moi, Christina…
– Qu’est-ce qui se passe ? Qu’est-ce qui t’arrive ?
– Rien, mais tu sais la vidéo que tu as faite, l’autre jour, sur ton portable ?
– Oui. Eh bien ?
– Je pourrais pas l’avoir ?
Son rire.
– J’en étais sûr ! Ça, j’en étais sûr. Ah, ça a dû y aller depuis dimanche, hein ! Bon, mais je te l’expédie. Dans cinq minutes, elle est dans ta boîte mail.

Je l’ai tout aussitôt lancée…
Gros plan sur mes fesses. Je suis absorbée dans la contemplation de quelque chose par la fenêtre. Quelque chose qu’on ne voit pas. Tout au plus perçoit-on des cris par moments. Des applaudissements. Je regarde, fascinée. Ma main s’engouffre dans mon pantalon, s’y active. On voit mon coude bouger. De plus en plus vite. Mon souffle s’accélère. Et je jouis. À grandes plaintes éperdues. C’est tout. C’est fini.

– Alors pas trop déçue ?
– Non. Enfin, si ! Un peu !
– Ben, oui ! Forcément. On les voit pas, eux. Bon, mais ça peut s’arranger… Il y a à nouveau match dimanche prochain…
– Les mêmes ?
– Les rouges, oui… Ils sont chez eux… Mais pas les autres…

Une petite caméra… Qu’il a fièrement arborée…
– Je peux faire à peu près tout ce que je veux avec ça… Et notamment des gros plans hyper précis. Suffit que tu me dises…
– Que je te dise ?
– Qui je dois cibler…
J’ai hésité. C’était mon secret, ça ! Mais, d’un autre côté, si je voulais pouvoir l’avoir longuement à ma disposition. Et de très très près…
– Le 8…
– Excellent choix ! Je m’en occupe !
C’étaient des blancs en face. Dont un 4 colossal qui s’élançait, tête baissée, à la rencontre de mon 8 à moi. Mais il ne cédait pas. Il l’arrêtait. Il le jetait à terre. Plus rien d’autre ne comptait pour moi. Que lui. Qu’eux.
Antoine a chuchoté à mon oreille.
– Imagine s’il te voyait ! Imagine qu’il te voie !
J’ai dégrafé ma jupe. Descendu ma culotte. Pour lui je l’ai fait. Mon huit. Il me voyait, oui. Il me regardait. Il me regardait le regarder. Il bandait pour moi. Il venait vers moi. Il m’ouvrait les bras. Je me jetais contre lui. Contre sa poitrine. Son désir palpitait contre mon ventre. Qu’il fasse de moi ce qu’il voulait. Tout ce qu’il voulait. Il l’a fait. Il m’a prise. Devant tous les joueurs. Qui s’étaient immobilisés sur le terrain. Qui s’étaient tournés vers nous… On a joui. Ensemble. Tous les deux.
– Eh ben, dis donc ! Non, mais quel spectacle tu viens de m’offrir là ! Sans la moindre pudeur. Sans la même retenue. Ah, non ! Ça mérite une bonne fessée, ça ! Oh, mais tu l’auras ! Tu l’auras, le moment venu…
Je n’ai pas répondu. Je n’ai pas remonté ma culotte non plus. J’ai continué à les regarder courir, alanguie… Derrière moi, il a continué à filmer.

On est restés jusqu’à la fin. Jusqu’à ce qu’ils quittent le terrain.
– Tu sais où ils vont, là, maintenant ?
– Ben, oui… Oui… Ils rentrent aux vestiaires.
– Quoi faire ?
– Se doucher, j’imagine !
– Se doucher, oui ! T’aimerais voir ça, hein !
– C’est pas possible n’importe comment !
– Ah, si, ça l’est, si !
– Comment ça ?
– T’aimerais ?
Le moyen de prétendre le contraire maintenant… Évidemment que j’aimerais…
– Alors on ira… Je t’y emmènerai…
J’ai frissonné…
– Quand ?
– Tu verras bien…

jeudi 23 juin 2016

Escobarines: Délit de fuite (2)

16 mai 2071


La porte de ma cellule s’ouvre. C’est elle. Narmine.
– Qu’on cause un peu toutes les deux quand même… Alors ? Contente d’avoir revu tes voisins ? Eh bien ? Réponds quand je te parle.
– Oui.
– On dirait pas ! Tu tires une de ces tronches ! Eux, en tout cas, d’après les échos que j’ai eus, ils étaient absolument ravis. Et ils n’ont qu’une hâte, c’est de te voir réinstallée là-bas. Oh, ça viendra, mais pas tout de suite. Que je profite un peu de toi d’abord. Ah, Valéa ! Si tu avais voulu… Je te demandais pas grand-chose. Juste de te laisser gentiment faire. Ça t’aurait coûté quoi ? Rien. Quelques caresses données. Quelques caresses reçues. Auxquelles tu aurais, toi aussi, trouvé ton compte. Tu as un corps de rêve, Valéa. Un corps que toutes les femmes t’envient. Qu’elles n’ont de cesse que de vouloir s’approprier…
Elle tend la main. Elle m’effleure un sein. S’en empare résolument. En fait dresser la pointe du bout du pouce.
– Ah, tu voudrais bien, hein, maintenant ! Mais trop tard, ma belle ! Tu as fait ton choix. Il va te falloir en subir les conséquences.


18 mai 2071


Encore elle…
– Tu te la coules douce, dis donc, en attendant ! Toute la journée à te prélasser sans rien faire… Tu sais que tes collègues de travail sont furieuses ? Non seulement il faut qu’elles fassent leur boulot, mais le tien par-dessus le marché…
– C’est pas de ma faute… S’il ne tenait qu’à moi…
– Pas de ta faute ! Non, mais alors là, c’est la meilleure ! Pas de ta faute ! Qui c’est qu’a disparu, pendant des semaines, au mépris affiché de toutes les réglementations en vigueur ? Pas de ta faute ! Non, mais cette fois on aura tout entendu ! Et reconnais que tu aurais au moins pu, depuis que tu es rentrée, passer leur dire un petit bonjour, non ? Et aller leur présenter tes excuses. C’était la moindre des choses !
– Comment j’aurais pu ? Enfermée ici…
– Fallait demander… Je t’aurais sans problème accordé l’autorisation…
– Je savais pas… Je…
– Tu savais parfaitement. Non, c’est de la négligence. Tout simplement. Tu as toujours été terriblement négligente… Oh, mais rassure-toi ! C’est un défaut dont on parviendra à te guérir. On va faire ce qu’il faut pour… À commencer par une bonne fessée… Ce qui est amplement mérité, avoue ! Qu’est-ce tu dis ?
– Rien…
– Ah, j’avais cru… Et c’est Rygreyne qui va s’occuper de ton cas cette fois-ci. La meilleure de nos fesseuses. Infatigable. À un bon quart d’heure sans discontinuer tu vas avoir droit. Et elle tape. Elle fait pas semblant. Non. Je peux t’assurer que, quand tu lui seras passée entre les mains, t’auras pas vraiment envie de remettre le couvert. Bon, mais allez ! Assez bavardé. Elle est prévenue. Elle t’attend.

– Alors ? Oui, hein ! Fais-moi voir ça ! Un véritable travail d’artiste, dis donc ! Ah, elle y est pas allée de main morte. Tu vas pas pouvoir t’asseoir d’un moment. Et t’auras tout intérêt à dormir sur le ventre. Te connaissant, t’as dû piauler tant et plus, non ? Elle me dira. Elle me racontera. Ce qu’il y a de sûr, en tout cas, c’est que tes collègues vont apprécier…
– Oh, non !
– Ah, ben si ! Si ! C’est la moindre des choses… Elles ont eu à souffrir de tes agissements. Il est bien normal qu’elles puissent constater, de leurs propres yeux, que tu as effectivement été punie pour ça. Elles t’attendent n’importe comment. Elles sont prévenues. Alors tu vas aller bien docilement te déculotter devant elles. Sans renâcler. Sans faire d’histoires. Sinon… Sinon c’est à tes collègues masculins qu’il te faudra aussi aller montrer ton derrière cramoisi. Tu voudrais pas ça quand même ? Eh bien alors !

Elles sont là. Elles sont toutes là. Immobiles. Silencieuses.
– Eh bien, allez ! Qu’est-ce que t’attends ?

Pas un mot. Pas une réflexion. Rien. Elles regardent. Intensément. Elles ne me quittent pas des yeux. Et ça dure. Une éternité.
– Bon, mais tu sais pas ? Finalement tes collègues hommes aussi on va aller leur montrer ça… Il y a pas de raison…
 (à suivre)

lundi 20 juin 2016

La clef USB (14)

Il m’a ouvert la portière, fait monter, s’est installé au volant.
– Où tu m’emmènes ?
– Là où tu vas pouvoir te rincer l’œil tout ton saoul. Parce que, si j’en juge par la dernière vidéo qu’on a regardée ensemble, c’est une activité que tu prises tout particulièrement.
– Écoute, Antoine…
– Oui ?
– Non. Rien.
– Comme tu voudras. Ah, oui, à propos, Laurent m’a dit qu’il t’avait parlé pour la Bretagne et que, contrairement à ce qu’il craignait, tu n’avais pas soulevé d’objections particulières. Mais ça, j’en étais sûr.
– Avec l’épée de Damoclès que tu me maintiens en permanence suspendue au-dessus de la tête, j’avais pas vraiment le choix..
– À qui la faute ?
– Tu vas jouer longtemps au chat et à la souris comme ça avec moi ? C’est quoi le but ? De m’avoir à ta merci, pieds et poings liés ? Ça te fait jouir ?
– Pas du tout, non. C’est d’arriver à la connaissance la plus intime et la plus complète de toi possible. Parce que tu n’en as pas forcément conscience, mais tu es quelqu’un d’absolument fascinant. Quelqu’un que je rêve de découvrir, peu à peu, jusque dans ses replis les plus secrets. Je veux avoir accès à toi. J’y parviens en partie par l’intermédiaire de ces vidéos secrètes que je regarde en ta compagnie, oui, bien sûr, mais c’est loin d’être suffisant. Non, ce qu’il faut aussi, c’est te mettre dans toutes sortes de situations qui t’obligent à te découvrir, qui te fassent remonter, de très loin, à la surface…
– Lesquelles ?
– Tu verras bien… Au fur et à mesure… Descends, en attendant. On est arrivés.

Une ruelle étroite… Un immeuble délabré…
– Monte !
Une petite pièce dont il avait la clef. Une petite pièce avec vue sur un terrain de rugby…
– Tu seras aux premières loges, là… J’ai même pensé à pousser le canapé sous la fenêtre… Tu diras que je suis pas aux petits soins pour toi après ça ! Mais installe-toi ! Fais comme chez toi ! Ils vont pas tarder…
Des joueurs. En rouge. En vert. Des joueurs qui se sont rués à la poursuite d’un ballon. Qui se jetaient les uns sur les autres. Qui se relevaient couverts de boue.
– Ils te plaisent pas ?
Si ! Je ne le lui ai pas dit, je ne lui ai pas répondu, mais évidemment qu’ils me plaisaient. J’aurais été difficile. Le 8 rouge. Un colosse, tout en muscles. Une force de la nature. Et le 6 vert. Si fougueux. Si déterminé. Qui se lançait dans de grandes chevauchées éperdues. Ils s’affrontaient tous les deux. Roulaient à terre. Se relevaient. Recommençaient. C’était pour moi qu’ils combattaient. Avec tant de hargne. Tant d’énergie. Pour m’avoir, moi ! J’étais l’enjeu. Un enjeu pour la possession duquel ils étaient prêts à aller jusqu’à l’extrême limite de leurs forces. Jusqu’à l’épuisement le plus total… Pour moi !
J’ai été tentée de… Non. Ne pas faire ce plaisir à Antoine. Ne pas lui offrir ce spectacle. Ne pas lui donner raison.
Le 8 est resté à terre. On s’est empressé autour de lui. Il s’est relevé. Il a jeté un coup d’œil dans ma direction et il est retourné au combat.
Je l’ai suivi des yeux. Lui. Que lui. Et j’ai pas pu m’empêcher… J’ai glissé une main dans ma culotte. J’étais trempée. Je me suis emparée de mon bouton. J’ai haleté. C’est venu. Vite. Très vite. Ça m’a emportée. Débordée. J’ai clamé mon plaisir. À pleins poumons.
Antoine a rangé son portable…
– Et voilà ! Un petit joyau de plus pour notre collection…

jeudi 16 juin 2016

Escobarines: Délit de fuite (1)

15 mai 2071


Le juge se penche sur son dossier…
– Je vous lis, pour mémoire, l’article 4 du Code de la Répartition : « À sa majorité, chaque citoyen se voit affecter, par décision administrative, un lieu de résidence dont il lui est interdit de s’éloigner plus de quarante-huit heures sans une autorisation expresse des autorités compétentes. Tout contrevenant s’expose aux sanctions prévues par le Code Maximus (articles 214, 356, 621 et sq.) » Or, quand les forces du maintien social vous ont arrêtée, vous aviez quitté votre domicile depuis plus de deux mois, sans le moindre exeatur. Est-ce exact ?
– Oui.
– Pour quel motif ?
– J’étouffais. J’avais besoin de changer d’air.
Il hausse les épaules.
– Changer d’air ! Votre comportement tombe à l’évidence, vous en conviendrez, sous le coup de la loi. Vous allez donc être remise entre les mains de la responsable du district dont vous dépendez. Elle prendra à votre endroit les dispositions qui s’imposent. Allez, affaire suivante !

Elle jubile… Elle jubile littéralement…
– Tiens, tiens ! Valéa ! Alors comme ça on est revenue au bercail. Enfin ! Ça fait plaisir de te revoir… Si, c’est vrai, tu sais ! Même si tu ne t’es pas toujours montrée à mon égard aussi accommodante que je l’aurais souhaité… Mais on ne va pas revenir là-dessus. Le passé, c’est le passé. Parlons plutôt du présent. Et le présent, c’est qu’on m’a chargée de te remettre dans le droit chemin. Et de faire en sorte que tu ne sois pas tentée de récidiver. Je vais m’y employer. Et j’y parviendrai. J’y mettrai le temps qu’il faudra, j’utiliserai les grands moyens si nécessaire, mais j’y parviendrai. Je te jure que j’y parviendrai… En attendant, on va te ramener dans ta cellule… Demain il fera jour…

– Alors ? Bien dormi ?
– Pas vraiment, non.
– On s’en fiche ! Complètement… Bien… Alors programme du jour… Travaux d’intérêt collectif… Tu vas aller nettoyer ton quartier… Qui en a bien besoin… Avec toutes ces feuilles qui ne cessent de tomber… Tout le monde pourra ainsi constater de visu que Valéa Groyard est bien revenue à la case départ… Que ce ne sont pas seulement des bruits qui courent… Et en tirer les conclusions qui s’imposent… À savoir qu’on ne peut pas impunément braver les lois… Qu’on doit nécessairement finir par s’y soumettre… Bon gré, mal gré…

Il y a une autre fille dans la camionnette. Que je connais de vue. Qui raconte. Elle s’est, tout comme moi, « évadée ». Besoin de voir d’autres horizons. De vivre. L’escadron vert l’a rattrapée au bout de quinze jours.
On nous fait descendre. Juste devant la porte de « mon » immeuble. On nous donne des balais.
– Au travail !
La première à s’approcher, c’est Kamline, ma voisine du dessus. Elle est descendue exprès. Je mettrais ma main à couper qu’elle est descendue exprès.
– Valéa ! Ben alors ? Où t’étais passée ? On s’inquiétait, nous ! « Pourvu qu’il lui soit pas arrivé quelque chose ! » On a signalé ta disparition au ministère du maintien social du coup. On a bien fait. La preuve ! Ils t’ont retrouvée…
Et puis Valtaine…
– Eh, ben dis donc ! C’est bien la peine d’avoir fait toutes ces études pour, au bout du compte, en être réduite à passer le balai…
Et aussi Carmone…
– À force de rien vouloir faire comme tout le monde, tu vois où ça t’a menée… Je t’avais assez prévenue… Alors viens pas te plaindre !
D’autres encore… Beaucoup d’autres… Tellement d’autres…

– Vous n’avez guère avancé toutes les deux, à ce qu’il paraît…
– C’est que…
– Vous avez passé le plus clair de votre temps à papoter… Je sais, oui…
– C’est pas de notre faute… C’est parce que…
– Ben, voyons ! Bon, mais on va faire en sorte que vous preniez désormais votre travail beaucoup plus à cœur… Une bonne fessée que les gardiennes vont vous administrer sur le champ… C’est radical, vous allez voir ! Allez ! On se déculotte et on se dépêche ! Allez ! Allez ! Plus vite que ça !
Elles sont deux. Elles nous empoignent. Ça s’abat. À toute volée. Ça dure. Une éternité…

– Faites voir ! Montrez ! Parfait ! Ça va vous à ravir… Elles connaissent la musique… Et vous la chanson… C’est un vrai plaisir que de vous l’entendre pousser… Faudra remettre ça ! Ah, si ! Si ! Et sans tarder… En attendant, on va vous ramener à vos balais… Que vous allez, j’en suis sûre, manier avec beaucoup plus d’enthousiasme…

Elles sont revenues. Kamline… Valtaine… Carmone… Elles passent… Elles repassent… D’autres aussi… Beaucoup d’autres… On chuchote… On se pousse du coude… On cherche nos regards… Et puis des hommes… De plus en plus d’hommes…

(à suivre)

lundi 13 juin 2016

La clef USB (13)

Antoine a tendu la main, paume ouverte.
– Donne !
J’ai donné. Il l’a jetée dans un tiroir.
– Là ! Une pièce de plus pour notre petit trésor de guerre. Ça s’est bien passé au moins ?
– Oui.
– T’as pas l’air convaincue. Fais voir !
J’ai soupiré, mais je me suis exécutée. À quoi bon protester ? De toute façon…
Il a à peine jeté un coup d’œil à mon derrière, s’est penché sur son ordi. J’en ai profité pour entreprendre de me reculotter.
– Qu’est-ce tu fais ? Non, non… Reste comme ça, les fesses à l’air… T’es très bien comme ça… Bon, mais on fait quoi aujourd’hui ? T’as envie de quoi ?
Je savais pas, moi. Je…
– Une petite vidéo de derrière les fagots ? Oui, hein ! On a vu la quatre… La cinq… La sept… La logique voudrait qu’on fasse un petit tour du côté de la six maintenant, non ? Allez, la six ! J’adore ce moment-là quand on sait pas sur quoi on va tomber… Que tout est possible… Ah, ça y est ! Qu’est-ce tu fais, là, à genoux sur le canapé ? Qu’est-ce tu regardes par la fenêtre ? Ah, elle bouge ta main dans le pantalon. Et ça y va, dis donc ! Qu’est-ce qu’il y a de si intéressant dehors ? Un couple en train de baiser ? Non. On entend des engins. Il doit y avoir des travaux. Oui, c’est ça. À tous les coups. C’est ça, hein ? Tu regardes les ouvriers s’activer. T’en as tout un cheptel. Et t’imagines… Quoi, au juste ? Qu’ils te baisent ? Tous ? Les uns après les autres ? Une orgie d’orgasmes ils t’offrent. Et t’en redemandes… À moins que tu aies sélectionné. Oui. Plutôt ça. Tu les as fait défiler nus devant toi… Tu les as longuement examinés. Leurs fesses. Que tu as tâtées. Malaxées. Leurs queues dressées. Que tu as prises en mains. Dont tu as vérifié l’épaisseur. Éprouvé la consistance. Et tu as fait ton choix. Celui-là ! Entretien d’embauche réussi. Il va avoir l’insigne honneur de te faire jouir. Ah, ça vient ! Quand tu commences à haleter comme ça, c’est tout près. Qu’est-ce que je disais ! Holà ! L’orgasme de luxe ! Et qui n’en finit pas ! Génial ! Non ? Tu trouves pas? Ça te fait quoi de t’entendre comme ça ? Tu mouilles, je suis sûr ! Tu mouilles tant que tu peux. Non ?
Je n’avais qu’une peur, c’est qu’il veuille aller vérifier. Il ne l’a pas fait. À mon grand soulagement. Par contre, cinq fois de suite il a voulu se repasser la séquence. Nous la repasser. Six fois. Sept fois.
– On ne s’en lasse pas ! D’ailleurs tu sais ce qu’on va faire ? On va se la rejouer cette scène. Pas ici. Pas maintenant. Mais on va se la rejouer. Je m’occupe dans la semaine de nous trouver un site approprié. Bon, mais c’est pas tout ça ! Les vacances approchent à grands pas. Vous allez faire quoi avec Laurent ?
– On n’a pas encore décidé.
– Et si on partait tous les trois ?
– Hein ? Mais…
– Ce serait génial, non ?
– Écoute, Antoine…
– J’écoute rien du tout… Je connais un camping en Bretagne où on serait comme des coqs en pâte. Tennis, piscine, golf. Il y a tout ce qu’il faut. On s’éclaterait, Laurent et moi. Et toi, de ton côté, tu serais royale. T’aurais les coudées franches. Tu pourrais aller passer tes après-midis sur la plage à faire provision d’images de beaux mecs. Que tu ramènerais sous la tente. Dont tu pourrais faire ton miel tout à loisir. Je m’occuperais de Laurent, moi, pendant ce temps-là. Mais si, allez ! Demain je dois le voir Laurent. Je lui en parle. Toi, t’auras juste à appuyer derrière. C’est ton intérêt n’importe comment. Et sur tous les plans.

mercredi 8 juin 2016

Escobarines: Prohibition

– Vous avez vos laissez-passer, Mesdames ?
– Mais certainement, sergent ! Tenez ! Voyez ! Tout est en règle.
– En effet… Et vous vous rendez où ? On peut savoir ?
– Dans l’Ouest. Porter la bonne parole. Ramener dans le droit chemin les brebis égarées.
– Louable initiative. Et dans toutes ces malles, vous transportez quoi ?
– De pieuses brochures. Que nous distribuerons en chemin. Et nos effets personnels.
– Voyons cela…
– Vous allez perdre votre temps, sergent, je vous assure ! Et nous faire perdre, de surcroît, le nôtre.
– Soldats ! Ouvrez ces coffres ! Oh, les belles brochures que voilà !
– Je vais vous expliquer…
– Expliquer ? Expliquer quoi ? Que vous transportez de l’alcool ? Ce qui est totalement prohibé. Vous n’ignorez pas, je suppose, quelles peines les juges prononcent s’agissant de ce genre de délit.
– C’est la première fois.
– Ben, voyons !
– C’est vrai. Je vous jure que c’est vrai. Nous avons exceptionnellement accepté de rendre service à un ami.
– Un ami qui avait très soif alors ! Toutes ces bouteilles ! Vous me prenez vraiment pour un imbécile, hein ! Bon, allez, la plaisanterie a assez duré. Suivez-moi ! Toutes les quatre !

– Il va se passer quoi, maintenant, sergent ?
– Que voulez-vous qu’il se passe ? On va suivre la procédure habituelle. Vous transférer au siège du tribunal. Où il sera statué sur votre cas.
– Je vous en supplie ! Nous avons une famille… Une réputation…
– Il fallait y réfléchir avant. Bon, mais il est tard. On s’occupera de votre cas demain. En attendant, une petite nuit en cellule vous fera le plus grand bien. Soldats, emmenez-les !

– Alors, Mesdames, bien dormi ?
– Je vous assure… C’était la première fois… Vraiment…
– J’ai décidé de faire semblant de vous croire…
– Oh, merci ! Merci !
– Mais vous conviendrez avec moi que votre comportement doit néanmoins être sanctionné. Dans votre intérêt…
– C’est-à-dire ?
– Que nous allons régler le problème ici. Et maintenant. Une bonne fessée déculottée… Et ce, devant la garnison rassemblée au grand complet…Ce ne sera pas cher payé… Et ça vous fera le plus grand bien…
– Alors ça, il n’en est pas question…
– À votre guise ! Si vous préférez le tribunal… Et les quelques années de prison qui vous y seront à coup sûr infligées…
– C’est ignoble ! Vous êtes ignoble…
– Vous décidez quoi ?
– Qui c’est qui nous le ferait ?
– Mais vous vous en chargerez vous-mêmes ! Deux d’entre vous – que je désignerai – la donneront et les deux autres la recevront…
– Dans ces conditions, nous allons nous résoudre, à notre corps défendant, à en passer par là…
– Sage décision ! Le spectacle va beaucoup amuser les soldats… Ils n’ont guère de distraction ici, les pauvres !

– Vous ! Et vous ! Mais que les choses soient claires ! Vous tapez ! Vous faites pas semblant… Vous tapez vraiment ! Sinon c’est le tribunal ! Pour toutes les quatre… Allez, action !

– Ça va pas, Maggie ? Non, mais t’es pas bien ! T’as vu comment t’as tapé ? Comme une forcenée…
– Oh, tu parles !
– Meredith aussi… Elle m’a mis le derrière dans un état !
– J’avais pas le choix : t’as bien entendu ce qu’il a dit ? Tu préférais le tribunal peut-être ?
– Pas le choix ! Tu parles ! Il y a taper et taper…
– Eh, Mesdames ! Où vous filez comme ça ? C’est pas terminé. Rebelote. Dans l’autre sens cette fois ! Les donneuses deviennent les receveuses. Et inversement.
– Ah, ben alors là, ma petite Maggie, je peux te dire que tu vas le sentir passer ! Chacune son tour… Allez, amène-toi !
– Toi aussi, Meredith ! Tu vas me payer ça ! Et cher ! Très cher !
– Allez-y, Mesdames ! Allez-y ! Lâchez-vous ! Nous, on se régale !

lundi 6 juin 2016

La clef USB (12)

Il m’a jeté un regard ahuri.
– Hein ? Une fessée ! Mais qu’est-ce que c’est encore que cette salade ?
– T’es incroyable, Damien ! T’es vraiment incroyable ! Ça fait dix fois que je t’en parle. Dix fois que je te dis qu’il a nos vidéos Antoine. Qu’il me menace de les montrer à Laurent. Seulement toi, ça te passe à dix mille au-dessus de la tête. Tu m’écoutes pas… Tu me crois pas…
– C’est pas que je te crois pas, c’est que je crois pas qu’il le fera.
– On voit que tu le connais pas…
– Arrête d’entrer dans son jeu, d’en passer par tout ce qu’il veut et tu verras que…
– Oui, ben alors ça, c’est un risque que j’ai vraiment pas l’intention de courir… Non, mais t’imagines si Laurent apprend une chose pareille ?
– Comme tu voudras… C’est toi qui vois après tout… Bon, mais alors du coup je suis censé faire quoi, moi, maintenant, dans cette histoire ?
– Je te l’ai dit… Me donner une fessée…
– C’est vraiment du grand n’importe quoi…
– Pour commencer… Parce qu’après…
– Après ?
– Tu verras bien… Allez ! T’es prêt ? Attends ! Que je démarre l’enregistrement…
– En plus !
– Ben oui ! Si je lui apporte pas des preuves… Que c’est bien toi… Que je me le suis pas fait faire par quelqu’un d’autre… Ou toute seule…
– En somme, c’est lui qui va gérer notre vie amoureuse maintenant, quoi !
Je me suis allongée en travers de ses genoux.
– Mais non ! C’est exceptionnel… Allez ! Vas-y !
Il m’a lancé quelques claques… De mauvaise grâce… Sans réelle conviction… S’est arrêté…
– Là ! T’es contente ?
– Mais c’est pas vraiment une fessée, ça, Damien, enfin ! Tu m’as à peine effleurée… Il y a pas la moindre marque, je suis sûre ! Non… Faut que tu tapes vraiment. Pas que tu fasses semblant.
– Ah, tu veux que je tape ? Eh ben, je vais taper ! Tu vas pas être déçue du voyage.
Et effectivement ! À toute volée. À grands coups réguliers, rapprochés. Une interminable grêle de claques qui m’ont fait battre des jambes, crier, me cramponner, de toutes mes forces, au montant du lit.
– Ça suffit, Damien ! Arrête ! C’est bon !
– Faudrait savoir ce que tu veux !
– Mais oui, mais…
Il m’a gardée contre lui… Plaquée contre son ventre… Sa queue durcie contre ma hanche…
– Mais ?
– Non, rien, Damien, rien…
Il m’a passé la main entre les jambes…
– Mais c’est que…
Je me suis ouverte plus au large. Il a introduit un doigt… Un autre… S’est fait plus précis… De plus en plus précis… Il allait avoir droit à un petit bonus Antoine… Oui, oh, au point où j’en étais ! Un peu plus un peu moins… Et je me suis abandonnée… Il a joui vite… On a joui vite… On est restés rivés l’un à l’autre… Quelques instants… Et puis il s’est relevé… Il a voulu se rhabiller…
– Attends, Damien, attends ! C’est pas fini…
Je l’ai fait revenir… Asseoir… Me suis penchée sur lui, les fesses en l’air, tournées vers…
– Je…
– Mais si, ça va revenir, tu vas voir ! En faisant ce qu’il faut pour…
Et je lui agacé la peau des couilles entre mes dents… Suis remontée tout au long de sa queue… C’est revenu…

jeudi 2 juin 2016

Escobarines: Machination

Elle était attablée, toute seule, devant son steak frites.
– Salut ! C’est bien toi, Cynthia ?
– C’est moi, oui. Pourquoi ?
J’ai tiré une chaise. Me suis installée, d’autorité, en face d’elle.
– Alors comme ça, tu me fais cocue ?
– Hein ? Quoi ? Non, mais ça va pas ? Qu’est-ce que c’est que cette histoire ?
– Te fatigue pas ! Je sais tout. Et j’ai des preuves. Matérielles, comme ils disent les avocats. Oh, mais rassure-toi ! J’en fais pas une maladie. J’ai l’habitude. T’es pas la première et t’es pas la dernière. Dès qu’il y a une meuf qui passe à portée de braguette, Chris, c’est plus fort que lui, il faut qu’il aille y tremper sa queue. Ben, t’en fais une tête ! Qu’est-ce qu’il y a ? Ah, je vois… Il t’a fait la grande scène du trois. Que t’es la femme de sa vie… Qu’il va divorcer pour toi… C’est ça, hein ?
– Mais non, mais…
– Oui, ben je te rassure tout de suite : en ce moment, à part toi, il y en a deux autres. Une Morgane et une Clémence. Alors j’ai pas de conseil à te donner, mais moi, à ta place, je me contenterais de me faire tirer sans trop me bercer d’illusions. Surtout que, faut dire ce qui y est, il baise bien. Oui, hein ? C’est pas parce que c’est mon mari, mais il assure ! Et le tien de mari ? S’il apprenait que t’as un amant, il en dirait quoi ? Il apprécierait pas du tout à ce qu’il paraît. Tu prendrais la porte avec armes et bagages, oui ! Ce qui te compliquerait singulièrement l’existence. Et c’est pas que je veuille te saper le moral, mais il risque de l’apprendre…
– Comment ça ?
– Je vais lui dire…
– Hein ? Mais c’est…
– Dégueulasse ? Alors toi, tu manques pas d’air ! Tu te tapes mon mari… Tu t’es même mis en tête de carrément me le souffler et c’est moi qui suis dégueulasse ! Vaut mieux entendre ça que d’être sourd ! Bon, mais tu sais pas ? On va jouer franc jeu toutes les deux. Que tu te fasses sauter par Chris, j’en ai strictement rien à battre. Quand il y en a pour une, il y en a pour deux et même, dans le cas qui nous occupe, pour toute une multitude. Je suis bonne fille. Je suis prêteuse. À condition qu’on m’offre, en échange, quelques dédommagements. C’est la moindre des choses, non ?
– Des dédommagements ? Quels dédommagements ?
– Mon truc à moi, c’est la fessée. Faire rougir un petit derrière à découvert, j’adore !
– Non, mais vous êtes complètement barrée dans votre tête, vous, hein !
– Question de point de vue…
– Oui, ben comptez pas sur moi pour un truc pareil. Alors là !
– Je n’oblige personne !
– Encore heureux !
– Mais enfin, pour info, j’ai fait la connaissance de ton mari. Au club rando. Où je me suis inscrite le mois dernier. On a sympathisé tous les deux. Et on discute. On discute énormément. Et franchement, quand je pense à la paire de cornes qu’il porte, le pauvre homme ! Ça me fend le cœur. Ça me fend littéralement le cœur. Non, je crois qu’un jour ou l’autre, je vais être obligée de tout lui déballer. Ce sera plus fort que moi. Je pourrai pas m’empêcher. À moins que…
Elle m’a fusillée du regard, s’est levée sans un mot.

Le surlendemain, c’est elle qui est venue me trouver. À ma table.
– Écoutez…
– Tu as réfléchi, c’est ça, hein ?
– Il est absolument hors de question que mon mari soit au courant.
– Dans ces conditions… Il y a un petit hôtel juste à côté. Je t’y attendrai ce soir. À six heures.
– Ce soir !
– Ben oui ! Oui ! Le plus tôt sera le mieux.

Elle y était.
– Il y a vraiment pas moyen de…
– Il y a moyen de rien du tout, non ! Allez, mets-nous vite ce petit cul à l’air ! Et serre les dents !

Chris m’attendait…
– Alors ?
– Alors ça y est ! Bien rouge je lui ai mis. Sur toute la surface. Comme tu aimes.
– Je t’adore.
– Va vite ! Va vite la rejoindre ! La fais pas attendre ! Et profites-en bien !
– Je suis curieux de savoir ce qu’elle va me servir comme explication.
– Ah, ça, moi aussi ! Tu me diras… Allez, file ! Laisse pas refroidir !

lundi 30 mai 2016

La clef USB (11)

– Tu nous as fait faux bond samedi soir…
– J’étais crevée, Antoine !
– Quand même ! Quand même ! T’aurais pu faire un effort. Pour une fois que j’étais là. Tu m’as apporté une vidéo au moins cette fois ? T’as pas oublié ? Ah, ben tu vois quand tu veux ! Donne ! Il y a quoi dessus ?
J’ai vaguement bredouillé quelque chose.
– On verra ça plus tard n’importe comment. Un autre jour.
Je me suis sentie profondément soulagée et, en même temps, terriblement déçue.
Il m’a tendu une petite panière en osier dans laquelle se trouvaient neuf billets pliés en quatre.
– Choisis-en un !
– Fais voir ! Sept. Eh bien en route pour la vidéo sept alors !
Il l’a lancée. J’ai fermé les yeux. Je la connaissais trop bien celle-là.
Il m’a rappelée à l’ordre.
– Ah, non ! Non ! C’est pas de jeu. Faut que tu regardes en même temps que moi. Ça vaut pas sinon.
Damien. Damien nu sur le lit.
– Ah, ben on peut voir bien en détail comment il est fait, lui, aujourd’hui. Beaucoup mieux que sur la vidéo de l’autre fois. C’est qu’il est sacrément bien outillé, dis donc ! Je comprends que t’aies craqué. Mais t’es où, toi, du coup ? Ah, te voilà ! Enfin ! Bien décidée à te pencher sur la question, on dirait. De très très près. C’est ça, prends les choses en mains. Oh, mais c’est qu’on sent tout de suite la nana d’expérience : tu me manipules ça avec une dextérité ! Il apprécie, dis donc, et pas qu’un peu ! Joli le petit coup de langue, là ! Et on remet ça. Je sais pas pourquoi, mais je sens que tu vas te l’enfourner dans la bouche. Tiens ! Qu’est-ce que je disais ? Il a bon goût ? Tu aimes ? Ça m’en a tout l’air. Vu comment tu t’acharnes dessus. C’est ça, mets-toi à genoux : tu seras plus à l’aise. Et puis cet aperçu que tu nous offres, le cul en l’air comme ça ! Ah, on n’ignore plus rien de tes petits secrets. Eh, mais c’est que tu grognes ! Ah, mais si, si ! Tu grognes. En sourdine. Écoute ! T’entends ? Même que c’est en train de s’emballer. T’avales, là, je suis sûr que t’es en train d’avaler. Non ? Eh bien, réponds ! Non ?
– Si !
– Allez, un dernier petit bisou dessus. Et on remballe. Jusqu’à la prochaine fois. Ah, il en a de la chance ce monsieur. Je suis sûr que Laurent…
– Laurent n’a rien à voir là-dedans.
– Ah, ben si ! Si ! Parce que je suis sûr qu’un tel traitement de faveur Laurent doit pas y avoir souvent droit. S’il y a jamais eu droit d’ailleurs… Faudra que je lui pose la question.
– Tu vas pas faire ça ?
– Ben, pourquoi ? Je pourrais. On est très libres ensemble tous les deux. On se raconte plein de choses.
– Écoute, Antoine…
– Te fatigue pas ! J’ai pas l’intention de parler de ça avec lui. Du moins dans l’immédiat. Par contre, tu sais ce qui serait bien ? C’est que tu remettes le couvert avec ce monsieur, mais le derrière rougi, cette fois, d’une fessée toute neuve. Tu t’en occupes ? Tu nous amènes ça pour la prochaine fois ?
– Oui, mais…
– Mais quoi ?
– Il va s’apercevoir.
– Il va faire plus que s’apercevoir. Parce que c’est lui qui va te la donner.
– Hein ? Mais…
– Tu lui expliqueras. Que c’est pour la bonne cause. Il sera ravi, tu verras. Et toi, ça te mettra en appétit.

mercredi 25 mai 2016

Escobarines: Le valet (5)

Toujours le même rituel dont il ne s’écarte pas d’un iota. Un à un il lui retire tous ses vêtements. Toujours dans le même ordre. Il les plie soigneusement, les dépose sur le fauteuil. Il prend tout son temps.
– Venez !
Le couloir. Comme d’habitude. Il l’arrête.
– Non, non ! Par ici !
Une autre porte.
– Si Madame veut bien se donner la peine !
Une toute petite pièce, meublée en tout et pour tout d’une chaise et d’une table sur laquelle se trouvent des feuilles de papier blanc, un stylo et des crayons.
– Monsieur regrette infiniment de ne pas avoir pu assister à la fessée que Jeanne et Victor ont administrée à Madame la semaine dernière. Aussi souhaite-t-il qu’elle lui en fasse le récit. Aussi circonstancié que possible. Faute de quoi…
Faute de quoi ? Il ne précise pas. Il sort.
Elle s’y essaie, pleine de bonne volonté. Elle écrit. Elle rature. Elle recommence. Les mots ne viennent décidément pas. Son regard se perd par la fenêtre. Elle lance des traits, au hasard, machinalement, sur le papier. Un dessin commence à prendre vaguement forme. Presque malgré elle.

Il revient, jette un coup d’œil par-dessus son épaule, hoche la tête.
– Madame n’a guère avancé.
Elle n’y arrive pas. Elle ne sait pas. Elle n’a pas l’habitude.
– Si Madame le permet… Qu’elle ne cherche pas midi à quatorze heures… Qu’elle se contente de relater les faits. Tels qu’ils se sont produits.
– Ben oui, mais…
– Qui a fessé Madame ?
– Jeanne… C’est Jeanne qui a commencé.
– Sans avoir besoin de mettre le derrière de Madame à l’air. Il l’était déjà. Et alors ?
– Et alors elle a tapé.
Elle dessine. Elle continue à dessiner. Une femme apparaît. Nue. De dos.
– Avec quoi ?
– La main.
– Vous étiez où ?
– En travers de ses genoux.
– Et Victor pendant ce temps-là ?
– Derrière moi il était.
– Il faisait quoi ?
– Il regardait. Et il parlait.
– Il disait quoi ?
– Rien.
– Si Madame veut que je l’aide… Il disait quoi ?
– Il voulait qu’elle tape plus fort. « Fais-la gigoter un max, Jeanne ! Que je puisse me rincer l’œil »
– Et elle l’a fait ?
– Oui.
– Et Madame a gigoté ?
– Ne m’obligez pas ! Je vous en supplie, ne m’obligez pas !
– Madame a gigoté ?
– Oui.
– Et crié, je suppose ?
– Un peu…
– Seulement un peu ?
– Ça faisait mal.
Elle continue à dessiner.
– Et ensuite ?
– Ils ont… Jeanne et Victor… Ils ont…
– Baisé ? Le mot gêne Madame ? C’est, à n’en pas douter, que le spectacle gracieusement offert par Madame les avait l’un et l’autre émoustillés. Madame a participé ?
– Vous êtes fou !
– Mais elle a été tentée de le faire. Bon, mais je laisse Madame rédiger. Elle a maintenant tous les éléments en mains.

Monsieur lit. Il sourit.
– C’est criant de vérité. Il y a également, paraît-il, un dessin.
Qu’elle lui tend.

Il s’en empare, le glisse dans un dossier.
– Pour solde de tout compte. Vous pouvez rentrer chez vous. Ce sera, en ce qui me concerne, un excellent souvenir.
Il sonne.
– Bastien va vous raccompagner.

Elle renfile sa robe. C’est fini. Il ouvre la porte.
– À titre personnel, je dois dire que je vais beaucoup regretter Madame. Infiniment.
Il s’incline. La laisse passer. Referme derrière elle.

* *
*

Elle sonne. Les pas sur le tapis se font attendre. Surgissent enfin, familiers, rassurants.
– Madame ? Madame désire ?
Elle ne répond pas. Il reste impassible.
– Madame aurait donc pris goût à la chose ? Je comprends Madame. Je vais voir si Monsieur peut recevoir Madame.
Elle fixe les volutes du tapis. Il revient.
– Monsieur est ravi de la surprise que lui fait Madame. Si Madame veut bien se tourner…
Et, d’un geste précis et sûr, il descend la fermeture éclair jusqu’au bas du dos.

lundi 23 mai 2016

La clef USB (10)

On était là, à table, tous les trois. On parlait de choses et d’autres. De tout et de rien. Et dire que le matin même il m’avait flanqué une fessée Antoine ! Cul nu ! Je ne pouvais pas m’empêcher d’y penser. Je ne pouvais penser qu’à ça. Je le regardais. Je regardais ses mains. Des images m’assaillaient. Que je ne faisais même pas mine de repousser. Elles me troublaient. Je les accueillais. Je les laissais s’installer. Elles m’étaient à la fois insupportables et douces. Et lui ? Est-ce qu’il y pensait aussi ? Évidemment qu’il y pensait ! Il avait beau paraître se passionner pour la conversation de Laurent, éclater de rire à chacun de ses bons mots, n’empêche qu’il y pensait. J’en aurais donné ma main à couper.

J’en ai eu la preuve quand, juste avant que j’apporte le dessert, le téléphone de Laurent a sonné.
– Qu’est-ce qu’ils me veulent encore ? Même un samedi soir tu peux pas avoir la paix. Faut que le boulot te rattrape. Allô ! Oui ? Évidemment que c’est moi ! Qu’est-ce qui se passe ?
Il s’est éloigné dans le couloir, a refermé derrière lui la porte de son bureau.
Antoine a sauté sur l’occasion.
– Elles ont dû changer les couleurs depuis ce matin, non ? S’approfondir. Se diversifier.
– Un peu…
– Tu fais voir ?
– Non, mais ça va pas, Antoine ! Tu te rends compte ? Et si jamais il revient ?
– On l’entendra arriver.
– C’est pas une raison.
– Allez, Christina ! Dépêche-toi ! Ça devient fatigant à force. Tu sais bien que…
J’ai soupiré. Baissé un peu mon pantalon. C’est lui qui a fini de me le descendre, en même temps que la culotte, jusqu’à mi-cuisses.
– Ah, oui, dis donc ! Je suis pas mécontent de moi sur ce coup-là. Un véritable travail d’artiste. Je suis doué. Et pas qu’un peu. Non ? Tu trouves pas ?
– Bon, allez ! Ça suffit !
J’ai voulu me reculotter.
– Attends ! Attends ! Il y a pas le feu. Qu’on en profite !
Et il a épousé les contours de sa fessée. Du bout des doigts. Avec des retours. Des remords. Il a appuyé ici. Pincé là. Enfoncé ailleurs.
– On recommencera. Et sans tarder. J’ai vraiment beaucoup aimé. Non ? Pas toi ?
– Le v’là, Antoine ! V’là Laurent !
Et je me suis enfuie dans la cuisine en m’efforçant de remonter, aussi vite que possible, tant bien que mal, culotte et pantalon.

Quand je suis revenue, avec mes îles flottantes, ils s’étaient lancés dans une conversation passionnée sur les mérites comparés de Nadal et de Federer. De Tsonga et de Gasquet. Puis il a été interminablement question de breaks, d’aces, de revers, de smashs.
– Bon, les garçons, vous m’excuserez… C’est pas que je m’ennuie, mais je tombe de sommeil.
J’ai regagné la chambre. J’en ai laissé la porte ouverte. Leurs voix me parvenaient, longue mélopée ininterrompue, me berçaient. J’ai un peu somnolé. J’étais bien. Des images se sont approchées. Celles du matin. Chez Antoine, puis ici, dans la salle de bains. Je me suis laissée vaguement errer, avec le pouce, sur mes seins. Dont les pointes se sont dressées. Je me suis pianotée tout au long de ma fêlure. J’ai effleuré mon bouton, m’en suis éloignée, y suis revenue. Toujours ces images qui se sont faites plus précises, plus présentes. La douche. La pomme de la douche. Le jet sur moi. Et, brusquement, j’ai voulu me voir. Il fallait que je me voie. Impérativement. Ma tablette. J’ai lancé la vidéo et je me suis regardée. Entrer dans mon plaisir. Le faire venir. Doucement le psalmodier. Et je me suis accompagnée. Voluptueusement. Il y avait toujours leurs voix en bas. Qui se relayaient. Qui s’entremêlaient. J’ai étouffé ma jouissance dans l’oreiller.

jeudi 19 mai 2016

Escobarines: Le valet (4)

Il vient de la déshabiller. Elle est nue. Elle attend.
– Que Madame m’excuse, mais Monsieur exige qu’aujourd’hui Madame se présente à lui la chatte rasée…
– Alors ça, il n’en est pas question !
Ça lui a échappé. Le cri du cœur.
– Est-ce que Madame préfère que Monsieur renonce à tenir ses promesses ? Que Madame réfléchisse ! Elle ne va quand même pas avoir accompli tout ce chemin pour rien.
Elle soupire. Elle hausse les épaules. Au point où elle en est !
– Alors que Madame veuille bien me suivre ! Monsieur m’a chargé d’œuvrer. « Je suis sûr que vous allez nous réaliser ça à la perfection, Bastien. »
Elle veut protester. Elle ne dit rien. À quoi bon ? Il lui faudra de toute façon inéluctablement en passer par là. Et elle le suit.
– Que Madame veuille bien s’allonger là !
Elle obtempère. Elle ferme les yeux.
Il l’enmousse généreusement. Sur toute la surface.
– Si je puis me permettre, je crois que Madame ne sait décidément pas s’y prendre avec Monsieur.
Elle rouvre les yeux. Il est penché sur elle, attentif, absorbé.
Il précise.
– Quand Monsieur conseille, il s’agit, en réalité, d’un ordre. Madame aurait incontestablement dû choisir de se laisser fesser par Victor. Monsieur n’a guère apprécié. « Après tout ce que j’ai fait pour elle, Bastien ! Les femmes sont d’une ingratitude ! » Que Madame s’attende donc à ce que Monsieur se montre aujourd’hui très exigeant avec elle.
– C’est-à-dire ?
Il ne répond pas. Ses gestes sont précis et sûrs. D’une main il étire la peau entre le pouce et l’index, de l’autre, il rase.

Il se recule, satisfait.
– Là ! Ça va très bien à Madame. Vraiment très très bien. Monsieur sera content. Il va beaucoup apprécier.
Il la précède dans le couloir, se retourne, tarde à frapper.
– Monsieur a en tout cas incontestablement raison. Madame est vraiment très bien foutue.
Il s’incline.
– Si Madame veut se donner la peine d’entrer.

Monsieur la contemple. Longuement.
– Bastien est un véritable artiste.
La fait passer à côté. Asseoir.
– Vous ne m’avez toujours pas dit. C’est quoi ces rêves que vous tenez tant à le voir réaliser votre ami ?
– Ce sont les siens et je n’ai pas le droit de…
– Vous êtes sûre qu’ils tiennent vraiment la route au moins ?
– Je ne sais pas. C’est un domaine que je ne connais pas. Mais ce n’est pas ça l’essentiel. L’essentiel c’est que ses rêves le portent. C’est qu’ils soient sa raison de vivre. C’est que rien d’autre ne compte pour lui.
– Et vous êtes sûre qu’ils nécessitent des sommes aussi considérables ? Qu’il ne les utilise pas pour autre chose ? Pour faire la fête avec ses copains par exemple ?
Elle le regarde droit dans les yeux.
– Je suis prête à en prendre le risque.
Il sourit.
– Il baise bien au moins ?

Il sonne. Jeanne apporte le thé. Dépose le plateau entre eux sur la petite table basse.
– Asseyez-vous, Jeanne ! Aujourd’hui, c’est notre invitée qui va faire le service. Elle vous doit bien ça. Après la façon tout-à-fait remarquable dont vous vous êtes occupée d’elle l’autre jour. Eh bien ? Qu’est-ce que vous attendez, vous ?
Elle se lève. Elle le sert, lui d’abord. Et puis elle, Jeanne.
– Mets-moi un peu de lait !
Pendant qu’elle le verse, Jeanne lui envoie une grande claque sur les fesses. Qui la fait sursauter. Quelques gouttes se répandent dans la soucoupe.
– Tu peux pas faire attention, non ?
Monsieur rit. De bon cœur.
– Jeanne semble avoir très envie de vous en remettre une couche ! Il faut dire que la correction qu’elle vous a infligée l’autre jour l’avait considérablement émoustillée et que ses ébats avec Enrique, la nuit suivante, ont fait trembler les murs de la villa. Mais peut-être souhaiteriez-vous tester d’autres mains que les siennes ? Celles de Victor par exemple, non ?
Elle ne sait pas. Elle…
– Mais oui ! Celles de Victor… Vous ne le regretterez pas, vous verrez ! Emmenez-la, Jeanne ! Allez vous occuper tous les deux d’elle. Moi, j’ai à faire.


lundi 16 mai 2016

La clef USB (9)

Une fessée ! Comme à une gamine de huit ans ! Une fessée ! Il l’avait fait. Il me l’avait vraiment donnée, ce salaud ! Quel salaud ! Oh, mais il allait me payer ça ! Et cher. Je savais pas encore comment, mais j’allais trouver. Alors là, sûr que j’allais trouver !
En attendant, dans la voiture, en rentrant, je me suis mentalement vengée. Copieusement. J’ai commencé par lui expédier un escadron de fesseurs à gages qui se sont relayés pour lui mettre le derrière dans un état, mais dans un état ! Il avait beau crier, supplier, ils ne voulaient rien entendre. Ah, j’en avais pour mon argent ! Et puis je l’ai obligé à se déculotter devant une centaine de filles qui riaient, qui commentaient, qui applaudissaient à tout rompre au spectacle de son postérieur violacé, qui hurlaient chaque fois qu’il voulait remonter son pantalon « Non ! Encore ! Encore ! », qui l’en empêchaient. J’ai imaginé des situations en pagaille. Je lui ai fait flanquer fessée sur fessée. Ça m’a fait un bien fou.

Laurent n’était pas à la maison. Je me suis mise aux fourneaux. En décidant que j’allais penser à autre chose. Qu’il fallait que je pense à autre chose. C’était impossible. Sans arrêt ça revenait. Par bouffées. Et la honte me submergeait. Comment j’avais crié ! Ce qu’il n’avait pas manqué de me faire remarquer : « Quelle jolie voix, Christina ! Surtout quand elle grimpe, comme ça, dans les aigus. » Et quel spectacle je lui avais offert ! Malgré tous mes efforts, je n’avais pas pu m’empêcher de battre des jambes et de gigoter. « Allons, Christina, allons ! Je sais bien que ce n’est pas la pudeur qui t’étouffe, mais tout de même un peu de décence ! »

Et puis ça a tout doucement émergé. Progressivement. Un sentiment différent. Qui a mis du temps à s’installer. Que j’ai mis plus de temps encore à accepter. Comme une sorte d’apaisement. De soulagement. Dont je n’ai tout d’abord pas compris la cause. Ça a flotté, tardé à se mettre en place. Antoine… Laurent… Que je trompais. Que je ne pouvais pas m’empêcher de tromper. C’était plus fort que moi. Laurent que je culpabilisais de tromper. La fessée… Ma honte… Encore Antoine. Encore Laurent. Tout ça s’est mélangé. Et puis, d’un seul coup, ça a été évident. Ce n’était pas pour avoir douté de la discrétion d’Antoine que j’avais été en réalité punie. C’était pour avoir trompé Laurent. C’était pour continuer à le tromper. J’avais payé. Je payais. Ça m’ôtait un poids énorme de la poitrine. Ça me remettait, au moins en partie, en ordre avec moi-même. Et j’ai éprouvé à l’égard d’Antoine un brusque élan de reconnaissance.

Une sorte de bien-être. De sérénité que je n’avais pas ressentie depuis fort longtemps. Et l’irrépressible envie d’être heureuse avec moi-même. La salle de bains. J’ai installé ma caméra. Je l’ai mise en route. Il voulait une nouvelle vidéo Antoine ? Il l’aurait : je lui devais bien ça. Je me suis assise. Au même endroit. Dans la même position. Le contact du carrelage avec mes fesses endolories m’a arraché un petit cri. La pomme de la douche. Le jet. Fort. Le plus fort possible. Sur mon clito. C’est venu vite. Très vite. Profond. Intense. J’ai regardé la caméra. Tout le temps que j’ai joui. J’ai repris tout doucement mes esprits. Et j’ai recommencé. Plus calme cette fois. Plus tranquille. Du bout des doigts que j’ai fait courir encore et encore tout au long de mon fendu, que j’y ai introduits, que j’y ai lentement fait aller et venir.
Deux petits coups légers à la porte.
– Christina ? Tu es là ?
J’étais là, oui !
– Antoine vient d’arriver.
– Je descends. J’en ai pour deux minutes.
Et je me suis voluptueusement finie.

jeudi 12 mai 2016

Escobarines: Le valet (3)

– Madame fait déjà beaucoup moins de difficultés on dirait… Madame a bien raison… Ça l’avancerait à quoi ?
Il la déshabille. Méthodiquement. Consciencieusement. Cela fait partie de ses attributions. Il ne laisse rien paraître de ce qu’il peut éprouver. Il ne s’autorise sans doute d’ailleurs pas à éprouver quoi que ce soit
– En tout cas Monsieur a trouvé Madame très à son goût… Cela ne fait pas l’ombre d’un doute : « Tu as vu ce cul, Bastien ? Et cette avant-scène ! Ah, il y en a une belle paire, là ! Et ils ont sacrément de la tenue… Jamais tu lui donnerais 50 ans ! Jamais… Je regrette pas… Je regrette vraiment pas… Certes elle me coûte cher… Très cher… mais ça en vaut la peine… »
Il dépose la culotte bien à plat sur le tas des vêtements.
– Mais, si je puis me permettre de donner un conseil à Madame… Monsieur est un peu déçu par la réserve de Madame… Qui devrait se laisser davantage libre cours… Crier et se lamenter tout son saoul quand on la fesse… Monsieur est maître du jeu… Il peut faire venir Madame autant de fois qu’il lui plaira… Et il la fera venir aussi longtemps qu’il n’en aura pas eu pour son argent… Alors si Madame ne veut pas que cette situation s’éternise Madame devrait se résoudre à s’exprimer davantage… Quoi qu’il doive en coûter à sa petite fierté.
Il s’efface pour la laisser passer.
– Je… Je peux vous demander quelque chose ?
– Tout ce que Madame voudra…
– Il y aura encore cette fille, là ?
Il pince les lèvres.
– Je ne saurais vous dire… Clarisse est quelqu’un de totalement imprévisible… Un jour ici, l’autre là…
Il baisse la voix.
– Quelqu’un avec qui Monsieur s’offre l’illusion de s’encanailler… Au grand dam de Madame sa mère…
Il soupire.
– Je crains que Monsieur n’aille, avec elle, au-devant de bien des désillusions…
Il la précède dans le couloir.
– C’est encore cette dame…
Il la fait entrer…

– Vous ne m’avez toujours pas dit…
Jeanne leur sert le thé. Avec les mêmes gestes immuables. Jeanne lui tend sa tasse en la fixant d’un regard qui ne la voit pas. Jeanne s’éloigne.
– Oui… Vous ne m’avez toujours pas dit ce qui vous avait poussée à détourner des sommes aussi considérables…
– Oh, vous avez vu juste… L’ennui… Parce que ma vie… On me jalouse : j’ai soi-disant tout pour être heureuse… Si on savait ! Et je n’ai même pas la ressource d’incriminer qui que ce soit… Tout est ma faute… Quand on renonce à ses rêves…
– Le piano ?
– Le piano, oui !
– Quand vous décidez de vous désennuyer, ça vous revient cher à vous, dites donc !
– C’est que… J’ai aidé quelqu’un… J’aide quelqu’un… Qui les vit ses rêves… Qui n’existe que pour eux… Qu’à travers eux… Qui les réalisera, j’en suis sûre… Grâce à moi… Quoi qu’ils doivent me coûter… Il faut qu’ils me coûtent… Le plus possible… Il faut… Pour qu’il les réalise…

– On passe à côté ?
Elle s’assied au piano. Elle joue. Plus rien d’autre ne compte. Plus rien d’autre n’a d’importance. Elle joue. Il tourne les pages au fur et à mesure. Elle joue. Elle joue enfin. Elle joue encore. Encore… Encore… Elle est heureuse. Elle s’arrête. Une salve d’applaudissements éclate derrière elle
Il la fait lever, se tourner, saluer.
Il y a là Jeanne.
– Que vous connaissez déjà…
Et trois autres personnes. Qu’il lui présente tour à tour.
– Enrique, mon chauffeur… Pamela, notre cuisinière… Et Victor le jardinier… Vous n’avez plus qu’à faire votre choix…
– Mon choix ? Quel choix ?
– Votre choix, oui… Par lequel d’entre eux souhaitez-vous, cette fois-ci, être fessée ?
Hein ? Mais par personne ! Par aucun. Elle ne sait pas. Elle n’y a pas réfléchi. Elle…
– Personnellement, pour mon plaisir personnel, je vous conseillerais Victor… C’est un solide gaillard qui n’a pas conscience de sa force et qui ne vous ménagera pas… Le spectacle devrait valoir son pesant d’or…
– Non ! Non ! Jeanne plutôt… Oui, Jeanne !
Jeanne s’avance, l’agrippe solidement par le bras, l’entraîne jusqu’au canapé.