lundi 30 mai 2016

La clef USB (11)

– Tu nous as fait faux bond samedi soir…
– J’étais crevée, Antoine !
– Quand même ! Quand même ! T’aurais pu faire un effort. Pour une fois que j’étais là. Tu m’as apporté une vidéo au moins cette fois ? T’as pas oublié ? Ah, ben tu vois quand tu veux ! Donne ! Il y a quoi dessus ?
J’ai vaguement bredouillé quelque chose.
– On verra ça plus tard n’importe comment. Un autre jour.
Je me suis sentie profondément soulagée et, en même temps, terriblement déçue.
Il m’a tendu une petite panière en osier dans laquelle se trouvaient neuf billets pliés en quatre.
– Choisis-en un !
– Fais voir ! Sept. Eh bien en route pour la vidéo sept alors !
Il l’a lancée. J’ai fermé les yeux. Je la connaissais trop bien celle-là.
Il m’a rappelée à l’ordre.
– Ah, non ! Non ! C’est pas de jeu. Faut que tu regardes en même temps que moi. Ça vaut pas sinon.
Damien. Damien nu sur le lit.
– Ah, ben on peut voir bien en détail comment il est fait, lui, aujourd’hui. Beaucoup mieux que sur la vidéo de l’autre fois. C’est qu’il est sacrément bien outillé, dis donc ! Je comprends que t’aies craqué. Mais t’es où, toi, du coup ? Ah, te voilà ! Enfin ! Bien décidée à te pencher sur la question, on dirait. De très très près. C’est ça, prends les choses en mains. Oh, mais c’est qu’on sent tout de suite la nana d’expérience : tu me manipules ça avec une dextérité ! Il apprécie, dis donc, et pas qu’un peu ! Joli le petit coup de langue, là ! Et on remet ça. Je sais pas pourquoi, mais je sens que tu vas te l’enfourner dans la bouche. Tiens ! Qu’est-ce que je disais ? Il a bon goût ? Tu aimes ? Ça m’en a tout l’air. Vu comment tu t’acharnes dessus. C’est ça, mets-toi à genoux : tu seras plus à l’aise. Et puis cet aperçu que tu nous offres, le cul en l’air comme ça ! Ah, on n’ignore plus rien de tes petits secrets. Eh, mais c’est que tu grognes ! Ah, mais si, si ! Tu grognes. En sourdine. Écoute ! T’entends ? Même que c’est en train de s’emballer. T’avales, là, je suis sûr que t’es en train d’avaler. Non ? Eh bien, réponds ! Non ?
– Si !
– Allez, un dernier petit bisou dessus. Et on remballe. Jusqu’à la prochaine fois. Ah, il en a de la chance ce monsieur. Je suis sûr que Laurent…
– Laurent n’a rien à voir là-dedans.
– Ah, ben si ! Si ! Parce que je suis sûr qu’un tel traitement de faveur Laurent doit pas y avoir souvent droit. S’il y a jamais eu droit d’ailleurs… Faudra que je lui pose la question.
– Tu vas pas faire ça ?
– Ben, pourquoi ? Je pourrais. On est très libres ensemble tous les deux. On se raconte plein de choses.
– Écoute, Antoine…
– Te fatigue pas ! J’ai pas l’intention de parler de ça avec lui. Du moins dans l’immédiat. Par contre, tu sais ce qui serait bien ? C’est que tu remettes le couvert avec ce monsieur, mais le derrière rougi, cette fois, d’une fessée toute neuve. Tu t’en occupes ? Tu nous amènes ça pour la prochaine fois ?
– Oui, mais…
– Mais quoi ?
– Il va s’apercevoir.
– Il va faire plus que s’apercevoir. Parce que c’est lui qui va te la donner.
– Hein ? Mais…
– Tu lui expliqueras. Que c’est pour la bonne cause. Il sera ravi, tu verras. Et toi, ça te mettra en appétit.

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