– Tu le pensais pas vraiment,
hein ?
– Quoi donc ?
– Ce que t’as dit tout à l’heure quand
on la tournait la scène de la fessée…
– Peut-être que non… Peut-être que
je suis une excellente actrice… Qui fait totalement corps avec son rôle… Qui
devient vraiment le personnage qu’elle joue… Et puis peut-être que oui… Que je
vois clair dans ton jeu… Beaucoup plus que tu ne crois… Et que la façon inadmissible
dont tu te comportes avec Kevin…
– Mais non ! Mais pas du
tout ! Qu’est-ce que tu vas chercher ?
– Peut-être que ça fait des mois et
des mois que ça me démange de t’en coller une… Et carabinée… Que je me suis
entendue avec Sandra pour que ce soit moi qui te le chauffe ton petit derrière…
Et que ça m’a fait le plus grand bien… Que ça m’a défoulée…
– Mais non, hein ! J’te
jure ! J’te jure, Violaine… Il y a rien avec Kevin… Il y a rien du tout…
– Il y a rien, non… Mais tu crèves
d’envie qu’il y ait… C’est pas vrai peut-être ? Sois honnête !
– Kevin est quelqu’un que
j’apprécie beaucoup… Quelqu’un d’intelligent… Qui a du charme… Mais de là à…
– Il n’y a qu’un pas… Un pas que,
te connaissant, tu aurais vite fait de franchir si l’occasion se présentait…
Dès que l’occasion se présenterait…
– J’te jure…
– Encore ! Décidément !
Bon, mais n’importe comment te v’là prévenue… Pas touche Kevin… Pas touche…
Sinon…
– Il est passé au magasin Kevin hier…
– Ah, oui… Et alors ?
– Et alors… rien… Je te le dis… Que
t’ailles pas encore t’imaginer qu’il se trame des trucs derrière ton dos…
– Il voulait quoi ?
– Il cherchait une idée pour un
cadeau… Il a tourné un bon moment en rond…
– Il a pris quelque chose ?
– Non… Il a dit qu’il allait
réfléchir…
– Ah, oui, à propos… Je lui ai
raconté… Que tu t’étais pris une fessée… Je lui ai dit…
– T’as pas fait ça ?
– Ben si ! Pourquoi ?
– Mais parce que enfin ! Parce
que…
– Par contre, il sait pas de quoi
il retourne au juste… La version que je lui ai servie, c’est que deux femmes
que tu ne connaissais ni d’Eve ni d’Adam te sont tombées dessus dans un coin
désert, qu’elles t’ont déculottée et qu’elles y sont pas allées de main morte…
Que tu vas les garder longtemps les marques…
– Et il en a pensé quoi de tout
ça ?
– Ça l’a beaucoup amusé…
« Sabine ! Une fessée ! Oh, la la ! Comment j’aurais trop
aimé voir ça ! Orgueilleuse comme elle est… Ça a dû lui rabaisser un peu le
caquet … Ça lui fera pas de mal… »
– Il a vraiment dit ça ? J’te
crois pas…
– Et puis après, évidemment, il a
voulu savoir pourquoi… « Il y avait bien une raison… C’était quoi ?
T’as une idée ? » « Pas la moindre… À moins que… la femme de
Jean peut-être… Qui aurait découvert… » « Oui, oh ! La femme de
Jean ou d’un autre… Parce qu’apparemment elle en est de la comédie ta
copine… » J’ai voulu te défendre : « Il se raconte tellement de
choses ! Il se colporte tellement de ragots… » Il a éclaté de rire…
« Oui, ben en tout cas, Alexandre, je peux te dire que c’est pas des
ragots… On les a vus… Des collègues à moi… »
– Où ça on nous a vus ?
– Ah, parce que c’est vrai ?
– Non… Enfin si ! Oui… Oh,
mais juste comme ça… Mais où ça qu’on nous a vus ?
– Il m’a pas dit… Bon, mais alors je
suppose que pour Sébastien, c’est vrai aussi…
– Non, mais ils sont incroyables
les gens ! Ils ont vraiment rien d’autre à foutre que d’espionner ce qui
se passe ?
– En attendant, tu sais qu’il a drôlement
apprécié sa petite visite au magasin
Kevin ? « C’était trop de lui regarder les fesses et de me dire qu’elles
étaient toutes rouges là-dessous… Que je savais et qu’elle savait pas que je
savais… Ah, je peux te dire que j’y suis resté un moment… » Et moi je peux
te dire qu’il m’en a bien fait profiter en rentrant… Ah, il en était ! Et
qu’est-ce que ça aurait été s’il avait su que c’était moi qui te l’avais
flanquée la fessée ! Et du coup… Oui, je vais le mettre au courant
finalement… C’est une bonne idée, non, tu crois pas ?