lundi 28 juin 2010

Colocataires3 ( 1 )

- Si vous saviez comme je suis heureuse de me retrouver ici avec vous !… Ce que j’ai pu y penser là-bas… Laissez-moi voir !… Revisiter… Rien n’a changé… C’est fou, ça !… Non… Absolument rien… Tout est resté comme avant… Exactement comme la première fois que je suis venue… Et je vais ravoir ma chambre en plus !…
- Oui… Parce que Mélianne…
- Elle dort avec vous… Je sais… Elle le répète assez… Ca me regarde pas… Ca vous regarde, vous deux… Et que vous… Non… Du moment que vous êtes toujours d’accord pour ce qu’on a dit…
- Tu es toujours décidée ?…
- Plus que jamais… Faut que je m’en sorte… Faut absolument que je m’en sorte… Et il y a que comme ça que je pourrai y arriver… Mais alors vous ferez pas semblant, hein !… S’agira pas de me donner juste deux trois petites tapes comme ça sur les fesses à travers la culotte… Ah non !…C’est des vraies fessées que je veux… Mais vous savez… Vous m’en avez déjà flanqué…
- Ce que je ne sais pas, par contre, c’est à quelle occasion exactement tu les veux…
- Mais je vous ai dit !… Quand j’aurai plus d’un mec à la fois… Si, quand j’aurai un mec, je vais avec un autre. Même si c’est juste comme ça pour tirer un coup. Ca m’a amené beaucoup trop de catastrophes cette manie… Et même… Vous savez pas ce que je me demande ?… C’est s’il vaudrait pas mieux que je commence d’abord carrément par une bonne cure de désintoxication… Ca me ferait le plus grand bien… Trois mois sans y toucher… Trois mois sans mec… Ou deux mois… Peut-être que ça suffirait deux… Et même un… Oui, un mois… Mais alors là à fond !… Pas le moindre petit coup de canif dans le contrat… Vous serez là… Et au moindre petit écart paf !… Ca dégringole…
- Je peux quand même pas passer ma vie derrière toi à te surveiller !…
- Ah ben non !… Non !… Evidemment… Mais je vous dirai… Tous les soirs je vous raconterai ma journée et si je dois être punie…
- Tu ne me diras pas forcément la vérité…
- Ah ben si, si !… Faut que vous me fassiez confiance… Et si je la trahis votre confiance, si vous vous en apercevez, alors là double ration vous me mettrez… Triple ration… Comme vous voudrez…

- Alors comme ça tu vas te charger de son éducation à Victorine ?!…
- Qui c’est qui t’a dit ça à toi ?…
- Elle !… Elle a jamais su tenir sa langue…
- Son éducation… C’est un bien grand mot…
- Oui… A ce qu’il paraît tu vas l’empêcher de baiser… Essayer en tout cas… Parce que c’est pas gagné… Dès qu’il y a une queue en vue faut qu’elle se jette dessus… Elle a toujours été comme ça… Je la connais depuis le temps… Et c’est sûrement pas demain la veille qu’elle va changer…
- Apparemment c’est pourtant bien son intention…
- Ce que tu peux être naïf par moments !… T’y crois vraiment à ses salades ?… Tu parles !… Victorine se passer de mecs ?… Autant se passer de boire et de manger… Je te parie ce que tu veux qu’avant une semaine il y aura trois ou quatre mecs qui seront passés à la casserole… Tant mieux pour toi, remarque, dans un sens !… Parce que tu vas pouvoir lui tambouriner le cul tout ton saoul… A condition que tu t’en aperçoives, évidemment !… Mais ça !… Elle devrait faire ce qu’il faut pour… Et gagner sur tous les tableaux… D’abord elle continue à se taper autant de mecs qu’elle veut… Ensuite elle se ramasse des fessées… Elle adore ça… Et enfin elle te tient, toi, qui adores les donner… Elle est pas belle la vie ?…

- Fais-toi beau !… Ce soir c’est moi qui t’emmène au restaurant…
- Et Victorine ?…
- Quoi, Victorine ?…
- On la laisse toute seule ?… Elle vient d’arriver…
- La vie ne va tout de même pas s’arrêter sous prétexte que Victorine vient d’arriver… Ni se mettre à tourner exclusivement autour d’elle… Elle fait ce qu’elle veut de son côté… Et nous du nôtre… De toute façon là où on va ce soir on n’a pas besoin d’elle…
- On va où ?…
- Tu verras bien… C’est une surprise…

Il nous attendait dans un bar…
- Inutile que je fasse les présentations… Vous vous connaissez…
Inutile en effet… C’était le serveur du restaurant où on avait nos habitudes, elle et moi…
- Mais on va ailleurs, hein !…

- Eh ben dis donc !… Toi qui voulais pas en entendre parler… Tu y as sacrément pris goût, on dirait… Mais enfin c’est bien gentil de m’offrir le spectacle comme ça, mais faudrait peut-être que tu me laisses profiter un peu de lui aussi quand même… Il y en aurait que pour toi maintenant si on te laissait faire !…

Elle a été dans ses bras et elle a hurlé son plaisir. A pleins poumons… Sans me quitter un seul instant des yeux…

jeudi 24 juin 2010

Escobarines: La guêpe







Ce jour-là je portais un collant… Pourquoi un collant ?… Je ne me rappelle pas… Ce n’était pas dans mes habitudes et il faisait un temps – on était fin septembre – qui ne le justifiait absolument pas… Est-ce que Louis me l’avait demandé ?… J’en doute fort… Il n’éprouvait pas d’attrait marqué pour ce type de vêtement… Alors pourquoi ?… Le plus vraisemblable c’est qu’en m’habillant, le matin, j’avais trouvé mon tiroir à culottes vide et que j’avais pris ce qui me tombait sous la main…

Ce qui est sûr en tout cas, c’est que Louis était tout particulièrement en forme cet après-midi-là et qu’il m’avait infligé, pour mon plus grand bonheur, une fessée fort appuyée dont j’allais probablement garder trace longtemps… …

J’avais pris l’habitude, quand je redescendais de chez lui, d’aller longuement flâner par les rues. En général j’étais restée nue sous ma robe. L’air s’insinuait partout, me caressait voluptueusement et le frottement du tissu sur ma peau meurtrie l’agaçait délicieusement. A cela s’ajoutait que je croisais des gens, que j’effleurais des regards. Qui ne savaient pas. Qui ne se doutaient pas. C’était un enchantement. Intérieurement je jubilais…

Nue, c’était un délice, mais en collant ?… A ma grande surprise ce n’était pas si désagréable que ça finalement… Non, ce n’était pas désagréable du tout… Bien au contraire… Ca enfermait la fessée… Ca la concentrait… On aurait dit que ça luttait pour sortir, pour s’échapper… Que ça s’affolait de ne pas y parvenir… Les sensations s’en trouvaient incroyablement démultipliées…

Du coup j’ai voulu prolonger ma promenade… Des rues inconnues… Un quartier nouveau pour moi… Au loin des cris… Des appels… On jouait au foot… Des rouges contre des verts… Je me suis approchée, accoudée à la balustrade… J’ai regardé courir, tirer, transpirer… En bas ça me battait… Ca s’élançait… Ca irradiait… Derrière… Devant… S’ils avaient su !…

Il y en a d’abord eu une… Une guêpe. Que j’ai chassée, du revers de la main, du plus vite que j’ai pu… J’ai toujours eu, depuis toute petite, une peur panique – irraisonnée – des insectes volants. Elle est revenue, presque aussitôt, en compagnie d’une autre. J’ai battu l’air, mouliné. Je devais avoir l’air particulièrement idiote, mais personne ne semblait faire véritablement attention à moi. Elles se sont éloignées. Ont disparu…

Quelques instants de répit et elles sont repassées à l’attaque. En piqué cette fois. A trois. A quatre. Plus peut-être. Pas le temps de compter. Il y en a une qui s’est engouffrée sous ma jupe… Qui est venue buter, à l’aveugle, contre mes cuisses… Ah non !… Non !… Pas ça !… Non !… Je l’ai secouée, ma jupe, tant que j’ai pu, pour la faire sortir… Sans autre résultat que de l’affoler, que de la faire se jeter partout là-dessous en vrombissant tout ce qu’elle savait… J’ai brusquement réalisé : c’était la crème adoucissante que Louis avait absolument tenu à me passer sur les fesses qui les attirait… Mais alors ?!… Est-ce qu’elles allaient toutes ?… Prise de panique, ne sachant plus à quel saint me vouer, par réflexe, j’ai passé les deux pouces sous l’élastique du collant auquel j’ai imprimé un rapide mouvement de va-et-vient. Pour faire de l’air. Pour la chasser. Elle et toutes celles à venir. Qu’elles s’en aillent !… Mais qu’elles s’en aillent !… Mal m’en a pris : elle s’est glissée dans l’ouverture. Emprisonnée entre le collant et la peau, terrorisée, elle m’a piqué la fesse. Une fois. J’ai hurlé. Deux fois. J’ai baissé mon collant en catastrophe. Une troisième fois. Malgré tout... J'ai arraché ma jupe…

- Elle est partie ?…
- Non, elle est morte… Je l’ai écrasée…
Mon sauveur, c’était le numéro huit vert qui avait volé à mon secours en m’entendant crier. D’autres aussi avaient accouru. M’entouraient maintenant. Presque tous. J’ai voulu remonter mon collant. Une main m’en a fermement empêchée. M’a emprisonné le poignet…
- Attendez !… Lulu arrive… Avec la trousse de secours… Il va vous soigner ça…
- Non… Non… C’est pas la peine… Ca va aller…
Il n’a pas lâché prise…
- Vous êtes folle ?… Et si vous faites une allergie ?… Vous savez ce que vous risquez si vous faites une allergie ?…
Il y en a un qui a cru bon de préciser…
- Elle en est morte ma sœur…
- Surtout trois fois… Trois fois vous avez été piquée… Et c’est vraiment pas beau…
- Ca, c’est le moins qu’on puisse dire… Ca enfle à une allure… Vous pouvez pas le voir, mais nous…
- Faudrait peut-être qu’on la suce ?!…
- Mais non, idiot !… C’est pour les vipères qu’on suce… Pas pour les guêpes…

L’homme à la trousse a surgi, s’est agenouillé à mes côtés…
- Ecartez-vous !… Laissez-la respirer… Tout le monde à dix mètres !… Sinon carton rouge… Et vous, allongez-vous !… Sur le ventre…
Il a pommadé en cercles concentriques réguliers. Doux. Apaisants… Il m’a chuchoté à l’oreille…
- Vous n’avez pas honte ?… Toute nue comme ça devant tous mes joueurs !…
- Mais si !… Mais non !… Mais c’est pas de ma faute… C’est parce que…
- Et la fessée ?… C’est pas de votre faute non plus ?…
J’ai voulu balbutier quelque chose… J’ai bredouillé… Bafouillé… Me suis tue…
- Vous mériteriez que je vous en mette une autre pour la peine… Devant eux tous… C’est peut-être ce que je vais faire d’ailleurs… Oui… Sûrement…

lundi 21 juin 2010

Colocataires2 ( 20 )

« - C’est imminent !… D’un moment à l’autre vous allez me voir rappliquer… Question de jours. Deux ou trois. Quatre tout au plus… Il est clair que maintenant j’ai vraiment intérêt à disparaître, moi aussi, avant que ça tourne mal. Parce que évidemment les deux autres imbéciles ils ont considéré que le champ était libre. Ils ont voulu occuper le terrain à fond et… ils sont tombés l’un sur l’autre. Ils étaient à deux doigts de s’écharper hier soir. Ce qui va forcément finir par arriver : ils sont remontés comme des pendules. Du coup la solution la plus sage c’est que je me rapatrie dans les plus brefs délais… De toute façon c’est ce que j’aurais fini par faire… Alors un peu plus tôt un peu plus tard…

Ca ne règle pas pour autant le problème de fond qui est que je sais pas comment je me débrouille, mais que j’arrive toujours à me mettre dans des situations impossibles… Enfin si, je le sais !… C’est que je suis incapable de résister à un mec qu’a vraiment envie de moi… Suffit qu’il soit bien décidé… Que je sente qu’il me désire comme un malade et je craque… C’est plus fort que moi, je peux pas m’empêcher… Seulement ce qu’il y a, c’est que des types qui veulent te sauter t’en rencontres tout le temps… Partout… S’ils disparaissent aussitôt qu’ils ont eu ce qu’ils voulaient encore c’est moindre mal, mais t’en as plein qui veulent te revoir… Ils insistent… Tu finis par céder… Et c’est là que les ennuis commencent… Parce qu’il sont mariés… Ou en tout cas ils ont quelqu’un… Ou bien alors tu tombes sur un qui veut que tu sois qu’à lui et à personne d’autre… Bref, à chaque fois c’est des tas de complications… Je me retrouve dans des histoires invraisemblables… Qui me prennent la tête… Qui me bouffent la vie… Qui me la foutent en l’air…

Donc… Donc faudrait que j’arrive à reprendre les choses par le commencement… C’est-à-dire à pas coucher avec le premier venu sous prétexte que ça lui dit et qu’il me plaît… Sauf que je me connais… Dix mille fois déjà je l’ai prise la résolution… Mais que le lendemain matin il y en ait un qui me fasse les yeux doux et il y a plus rien d’autre qui compte. Je n’ai aucune volonté. Et s’il y a pas quelqu’un qui m’oblige… Dans mon intérêt… Sinon un jour ou l’autre ça finira forcément mal tout ça et la seule chose que j’y gagnerai, au bout du compte, c’est que je me retrouverai définitivement toute seule… Parce que même quand c’est sérieux avec quelqu’un, même quand je suis amoureuse folle ça empêche rien du tout… Si vous saviez le nombre de types que j’ai perdus à cause de ça depuis que je suis en âge !… Alors cette fois ça suffit !… Ca suffit, ça suffit et ça suffit…

Ca suffit, mais faut absolument que vous m’aidiez… Vous et personne d’autre… Parce que vous êtes le seul à qui je peux tout confier… Absolument tout… Le seul à qui je peux demander ce que je vais vous demander… Et ce que je vais vous demander c’est que vous me laissiez revenir habiter là-bas avec vous et que vous me punissiez chaque fois que je ne tiendrai pas ma promesse… Chaque fois que j’irai coucher avec n’importe qui… Que vous me punissiez vraiment… Comment ?… Vous le savez bien comment. Vous me l’avez déjà fait. Sauf que cette fois ce sera pour de vrai. Du sérieux. Pour que je continue pas à tout gâcher comme je fais depuis des années. Pour que je me reprenne… Vous voulez bien ?… Mais oui que vous voulez bien… Vous pouvez pas me refuser ça… Vous pouvez pas me laisser continuer à faire n’importe quoi…

Vous savez quoi ?… Eh bien je sais ce qui vous embête, là, tout de suite en me lisant… C’est pas d’avoir à me donner la fessée… Non… Si vous prétendiez un truc pareil vous seriez un fieffé menteur… Non… Ce qui vous embête… ce qui vous embête vraiment, c’est de nous avoir toutes les deux chez vous en même temps, Mélianne et moi… Vous êtes en train de vous dire qu’on va se disputer pour un oui ou pour un non… Que la dernière fois que vous nous avez vues ensemble on pouvait pas se sentir… Oui, mais bon… On n’en est plus là… On a eu des hauts et des bas, c’est vrai… C’est pas moi qui vous dirai le contraire. Mais on s’est expliquées. On s’est réconciliées. Depuis le temps qu’on se connaît toutes les deux c’est forcé que de temps en temps on ait des coups de gueule… Mais ça dure jamais bien longtemps. C’est jamais bien méchant… Et là ça fait un moment qu’on s’écrit et c’est au super beau fixe… Alors !… Alors à bientôt… A très bientôt… Si vous saviez comme j’ai hâte de vous revoir. Je vous embrasse. Victorine… »

Elle a éclaté de rire…
- Qu’est-ce que j’ai de si drôle ?…
- Rien… Enfin si !… Tu te verrais !… T’es là à tourner autour du pot sans savoir comment me le demander…
- Te demander quoi ?…
- Fais bien l’innocent !… Ce que tu crèves d’envie de me voir faire… Depuis toujours… Maintenant que t’as tenu ta promesse à moi de tenir la mienne… Hein ?!… C’est ça que tu penses ?!…
- Ben oui!...
- Sauf qu’il faut que je sois un minimum motivée... Si c’est pour que ça reste purement technique je vais pas y trouver mon compte… Et toi non plus du coup… Non ?… T’es pas de mon avis ?…
- Ben si, mais… Ce sera quand alors ?…
- Qu’est-ce que tu veux que j’en sache ?… Ca se commande pas ça !… Faut qu’il y ait quelque chose qui te déclenche… Qui te donne tellement envie que tu peux pas résister… Ca peut être demain… Ou la semaine prochaine… Ou dans trois mois… C’est le genre de choses que personne peut savoir… Mais ça viendra… Ca viendra forcément…

jeudi 17 juin 2010

Escobarines: Confidences ( 3 )







- Tu dors pas ?…
- Non… Chut !… Le réveille pas !… Attends !… J’arrive… On va aller à côté… Et toi, Martin ?…
- Il en écrase… Quelque chose de bien !… Fais-toi voir !… Hou la la !… Il t’a pas loupée…
- Toi non plus…
- Faut reconnaître qu’ils y sont allés de bon cœur…
- Oui… Et que ça risque de nous chauffer un moment…
- T’as trouvé ça comment finalement ?…
- Ben !…
- Oui, hein !… J’aurais jamais cru…
- Moi non plus !… Je m’imaginais que ça faisait un mal fou…
- Ca fait quand même mal !…
- Oui, mais c’est justement ça qu’est agréable… Ce qu’est bizarre d’ailleurs… Plus ça pique, plus ça brûle et plus c’est agréable… T’expliques ça comment, toi ?…
- Tu sais ce que j’ai le plus aimé, moi ?… C’est de sentir comment ça lui faisait plaisir à lui de me la donner… Et de sentir qu’il sentait que je le sentais…
- Si on allait au coin ?… On serait mieux pour parler…

- Je finirais presque par y croire…
- A quoi donc ?…
- A ce qu’on croyait quand on était petites… Que le jour où on s’en prendrait une de fessée ça les ferait tomber amoureux de nous pour toujours…
- Je sais pas… Peut-être… Mais j’ai bon espoir quand même… Vu comment il a été toute la nuit avec moi… T’aurais vu ça !… A-do-ra-ble… Attentionné… Câlin… Ardent… Passionné… Tu peux pas savoir…
- Oh si !… Si !… Parce que Martin de son côté…
- Ca les avait mis en appétit la fessée…
- Pas qu’un peu… Et il y a pas qu’eux…
- Bon, mais faut pas s’emballer… Ca fait pas tout non plus… C’est pas parce qu’un type il a envie de toi comme un fou pendant des heures qu’il est amoureux pour autant…
- Non… Non… Mais ça vaut quand même mieux que l’inverse… Et puis je sais pas… Il y a des regards… des intonations… des caresses… Une femme ces choses-là elle sent tout de suite ce qu’il y a derrière… Elle peut pas se tromper…
- Ce qu’il faudrait quand même arriver à savoir c’est s’ils ont quelqu’un…
- Martin, je crois pas…
- Thibaud non plus… Mais pour être sûres…
- C’est le genre de question qu’il vaut mieux éviter de poser à un homme…
- Oui… D’abord parce que rien ne prouve qu’il va te dire la vérité et ensuite parce que c’est le meilleur moyen de le faire fuir…
- Il sera toujours temps de savoir, le moment venu…
- Finalement tout dépend de nous maintenant, hein !… Et que de nous !… Si on manœuvre bien, si on sait se faire légères, compréhensives… S’ils n’ont pas l’impression qu’on cherche à leur mettre le grappin dessus… c’est dans la poche… C’est forcément dans la poche…
- Ca me fout une de ces trouilles…
- Il y a vraiment pas de quoi… Au contraire… Plus tu vas te montrer sereine et détendue…
- Je sais bien… Mais j’arrive pas à y croire… C’est trop beau pour être vrai… Parce que voilà un type dont je rêve depuis que je suis toute petite… Auquel j’ai jamais cessé de penser… Sur qui je me suis caressée des centaines de fois… Et du jour au lendemain clac… voilà que ça m’arrive… Alors je me dis que c’est pas possible… Que c’est un rêve… Que je vais forcément me réveiller… Ou qu’il va se passer quelque chose… Et que tout va s’écrouler…
- Attends… Attends… Ecoute… Il bouge, je crois bien… Il se réveille… Jy vais…
- Oui, moi aussi… Voir si Martin dort toujours…

- Tu sais pas ce qu’il voudrait maintenant ?… Non, mais alors là je te le donne en mille…
- Me mettre une fessée à moi …
- Comment tu le sais ?…
- Parce que Martin vient de me dire qu’il voulait t’en mettre une à toi…
- Ils ont de ces idées les mecs quand ils s’y mettent… Et tu lui as répondu quoi ?…
- Rien… Rien… J’ai fait celle qu’avait pas entendu…
- On peut quand même pas accepter une chose pareille…
- Oh ben non… Non… On peut pas… De quoi on aurait l’air ?…
- Mais d’un autre côté ils risquent de nous trouver vieux jeu… De penser qu’on est complètement coincées…
- Et ça ils sont pas du genre à apprécier… Pas du tout…
- Ce serait quand même idiot de les perdre alors qu’on vient juste de les retrouver…
- Surtout qu’une fessée c’est jamais qu’une fessée en fin de compte…
- Oui… Oui… Peut-être bien que la meilleure solution si on veut les garder…
- Oui, mais alors juste la fessée, hein !… Rien d’autre… On les laisse pas aller plus loin…
- Ah ben non… Non… On les laisse pas…
- Tu me promets, hein ?…
- Ah ben oui… Oui… Toi aussi ?…
- Evidemment…
- Bon, ben alors allez… On y va…

lundi 14 juin 2010

Colocataires2 ( 19 )

- Tous les deux ?… Les deux de l’autre fois ?… Tout à l’heure ?… Là ?… Comme ça ?… Evidemment !… Evidemment que ça me tente… T’as de ces questions, toi, par moments !… Ben rappelle-les… Dis-leur que c’est d’accord… Qu’on les attend… Et dépêche-toi de me rejoindre dans la salle de bains… On va tout juste avoir le temps de me préparer…

- Tu vois bien que c’était pas la mer à boire… T’as aimé ?… Ca t’a plu ?… Oh, le menteur !… C’est quoi cette grimace ?… Tu crois que je t’ai pas vu ?… Tu bandais comme un furieux… Et t’as joui… Même que t’as grogné… Et secoué la tête… Non, mais vous êtes trop, vous, les mecs, dans votre genre : vous avez beau avoir la queue de la souris qui dépasse d’entre les lèvres faut encore que vous disiez que vous l’avez pas bouffée… Non… Non… Non… Faut te rendre à l’évidence, mon cher !… Tu t’es ramassé un homme entre les fesses et t’as apprécié… Et pas qu’un peu !… Mais tu vas voir… Tu pourras plus t’en passer maintenant que tu y as goûté… Ca nous promet des soirées que je te dis pas ce que ça sera… Elles vont pas en revenir les filles quand je vais leur raconter… Il y en avait pas une qui y croyait que j’y arriverais… A part peut-être Emilie… Et encore !… Mais moi, quand j’ai décidé quelque chose, je finis toujours par l’avoir… Ca a toujours été comme ça… Depuis toute petite… N’empêche que maintenant j’ai tout eu de toi… Tout ce que je voulais… Tout ce qui m’intéressait… Alors peut-être que du coup moi aussi je vais aller voir ailleurs… Comme Mélissa… Me lancer un nouveau défi… Oh, mais fais pas cette tête-là !… Je plaisante… Emmène-moi au resto, tiens, plutôt !… Qu’on fête ça tous les deux… En vieux complices qu’on est…

- Je plaisantais tout à l’heure… Evidemment que je plaisantais… Mais pas complètement quand même… Parce que maintenant que tu l’as fait il y a quelque chose qui pourra jamais plus être complètement pareil nous deux… Avant fallait que je manœuvre… Que je calcule… Que j’avance mes pions juste ce qu’il fallait… Pas trop, mais assez quand même pour t’amener là où je voulais… Sans t’effaroucher… Sans que tu t’enfuies à toutes jambes… Parce que c’était quelque chose – je le voyais bien – qui te posait vraiment problème. Comment ça stimule ça !… Parce que si t’arrives à tes fins comment c’est gratifiant !… Mais maintenant ?… Oh si, si !… Ca va être amusant un certain temps… T’es encore tellement novice là-dedans, tu vas, au moins au début, te montrer tellement gauche et emprunté que ça va avoir un côté tout attendrissant… Et puis il y aura les filles… Et là t’as intérêt à te tenir prêt parce que dès qu’elles vont savoir elles vont absolument vouloir que tu leur montres ça… Avec Benoît ou un autre… Ca nous promet deux ou trois semaines de délire… Bon, mais après ?… Après faudrait vraiment qu’on trouve quelque chose parce que je me connais : si ça tombe dans la routine tous les deux tu vas perdre complètement tout intérêt pour moi… Ca va me faire culpabiliser en plus… Je vais devenir agressive à ton égard… Et arrivera ce qu’on ne voudrait ni l’un ni l’autre… Alors je vais essayer de voir ce qu’on peut faire… Mais toi aussi réfléchis-y… De ton côté…

- Chiche que je lui raconte au serveur ?!…
- Que tu lui racontes quoi ?…
- Ce qui s’est passé tout à l’heure avec les types…
- Tu vas pas faire ça ?!…
- Ben pourquoi ?… Ca n’a rien d’illégal des hommes entre eux…
- Je le sais bien, mais c’est pas une raison…
- Qu’est-ce qui te fait peur ?… Faut que t’assumes, hein, maintenant… Que tu t’acceptes comme tu es… Et tu vas pas me dire qu’à ton âge t’en es encore à te soucier du qu’en dira-t-on !… Si ?…
- Non… Bien sûr que non, mais…
- Eh bien alors ?!… Allez !… Je l’appelle…
- Attends !… Attends !…
- Attendre quoi ?!… Voilà un type qu’a envie de toi depuis le premier jour qu’on est venu ici… Depuis qu’on a passé la porte tous les deux… Ca saute aux yeux du premier imbécile venu…
- C’est toi qui te l’imagines…
- Ah ben ça, c’est ce qu’on va voir… S’il vous plaît… S’il vous plaît…

- Ah, t’as vu ?!…
- Ce que j’ai surtout vu, c’est qu’il avait l’air plutôt gêné…
- Evidemment !… Comme ça à brûle-pourpoint sur son lieu de travail… N’empêche que j’ai trop aimé le regard qu’il t’a jeté… S’il m’était resté le moindre doute… Tu me laisses faire… Tu me donnes carte blanche et je te parie qu’avant huit jours il est dans ton lit… Et que moi je suis au spectacle… Ca marche ?…
- Si je te laisse faire j’ai pas fini… C’est trois types par jour que tu vas vouloir me ramener…
- Oh, tout de suite !… Non, mais pour qui tu me prends ?… Je sais être sélective quand même !…
- En somme faudrait que je te donne un blanc seing sur ma vie privée ?…
- Plains-toi !… T’en trouveras beaucoup des nanas prêtes à se mettre en quatre comme ça pour t’apporter sur un plateau de quoi te satisfaire…
- Il semblerait que tu espères y trouver toi aussi ton compte…
- Encore heureux !… Manquerait plus que ça !… Non, mais ce que vous pouvez être égoïstes, vous, les mecs, quand vous vous y mettez !…

jeudi 10 juin 2010

Escobarines: Confidences ( 2 )






- Ca y est !… Je les ai retrouvés… Tous les deux… Tu vois que ça n’a pas traîné…
- Et alors ?… Eh bien raconte, quoi !…
- Ils sont absolument ravis. J’ai passé trois heures au téléphone avec Martin et à peu près autant avec Thibaud…
- Ils seraient d’accord pour qu’on se revoie ?… Tu le leur as demandé ?…
- Non… C’est eux qui me l’ont demandé… Qui ont insisté tant et plus… Et tu sais ce qu’ils proposent ?… Qu’on se retrouve pour une partie de gendarmes et de voleurs… Comme quand on était gamins… Au même endroit…
- Comme ça ?… D’entrée de jeu ?… Sans s’être revus ?… Sans même s’être un peu parlé avant ?…
- Oui…
- Et tu leur as répondu quoi ?…
- Qu’on était d’accord… Evidemment…

- Ils iront sûrement pas le chercher là le butin… Sûrement pas…
- Plus que dix secondes… Cinq… Top… Allez !…
A course folle… Echevelée… En sauts par dessus les broussailles… En mollets mordus de griffures… En battements de cœur tonitruants dans la poitrine… Le petit pont là-bas… Le petit pont à atteindre absolument… Le petit pont et le salut… Mais eux… Eux derrière déjà… Eux à grandes enjambées… En chevauchée-cavalcade… Leurs souffles tout près… Le petit pont… Le petit pont… Trop tard… Leurs bras qui empoignent. Leurs rugissements de victoire. Prisonnières…

- Et vous restez là pendant qu’on cherche, hein !… Pas question de vous enfuir… Comme dans le temps… Sinon…
- Sinon vous nous rattrapez et vous nous ligotez… On sait…
- Non… Vous êtes bien trop grandes pour ça maintenant… Non… Sinon on vous flanque une fessée et on vous confisque vos culottes…
- Ooooohhh !…
Ils se sont éloignés sans se retourner…

- Ils le feraient, tu crois ?…
- Ils en seraient bien capables…
- Comment ils ont changé !… C’est de la folie… Ils font hommes maintenant… Vraiment hommes…
- Normal… Ils ont 30 ans… Nous aussi ils doivent nous trouver changées…
- Comment il est devenu beau Martin !…
- Et Thibaud donc !… Si je me retenais pas je crois bien que je retomberais follement amoureuse…
- Personne t’oblige à te retenir… Et d’ailleurs moi aussi je crois bien que je vais me laisser aller…

- Qu’est-ce qu’on fait ?…
- Comment ça ?…
- On s’évade ?…
- Ils vont nous mettre une fessée…
- Peut-être que oui… Sûrement même… Et puis après ?… Qu’est-ce que ça peut faire ?… Au contraire… Rappelle-toi !… Le jour où on s’en prend une ils tombent amoureux de nous pour toujours… Et si en plus c’est eux qui nous la donnent alors là je te dis pas !…

- Vous étiez prévenues… On vous avait pas prévenues ?…
- Mais si, mais…
- On croyait que vous nous attraperiez pas…
- On en était presque sûres même…
- Eh bien vous vous êtes trompées… Bon… Mais vous savez ce qui vous attend…
- C’est pas juste…
- On recommencera plus… On promet…
- Oui, oh, vos promesses !… On sait ce qu’elles valent depuis le temps…
- Si, c’est vrai, hein !…
- Mais oui !… Mais oui !… Venez donc par là… Allez, hop, confisquées les petites culottes…

- Wouah !… Ce cul !… Non, mais ce cul qu’elle a !… La tienne aussi, Thibaud ?… Oui… La tienne aussi… Vu d’ici… Oh la la !… Ces culs qu’elles ont !… Non, mais ces culs qu’elles ont !… Jamais je vais oser taper, moi !…
- Va bien falloir pourtant !… Dans leur intérêt…
- On va le leur abîmer…
- Mais non !… Avec de la couleur… des couleurs profondes et chaudes… ils seront tout aussi ravissants… Sinon plus…
- Tu crois ?…
- Mais bien sûr !… De toute façon si on essaie pas on saura jamais…
- Oui, mais attends alors !… On attend… Pas tout de suite… Le temps d’en profiter… Le temps de… Et dis ?!… Si on les lâchait et qu’on les laissait d’abord un peu rester comme ça… Le derrière à l’air… Hein ?… Qu’est-ce t’en penses ?…
- Qu’on n’est pas pressés… Qu’il y a rien, mais vraiment rien qui nous presse…
( à suivre )

lundi 7 juin 2010

Colocataires2 ( 18 )

- Ils ont pas donné signe de vie les deux autres…
- C’est peut-être ce que, de leur côté, ils attendent de toi…
- Oui, oh, tu parles !… Ils sont comme tous les mecs… Une fois qu’ils ont eu ce qu’ils voulaient ils disparaissent dans la nature… On se demande de quoi ils ont peur… Qu’on les colle ?… De plus pouvoir se dépêtrer ?… On n’en est plus là aujourd’hui… On est comme eux… Exactement pareilles… On se prend pas la tête… On fait ce qu’on a envie… Comme on a envie… N’empêche que c’est con… Parce que je suis quand même presque sûre qu’ils sont homos tous les deux et que j’aurais pu faire avec eux des choses qu’on peut pas faire avec d’autres…
- Quoi par exemple ?…
- Par exemple qu’il y en ait un des deux qui ait l’autre en lui pendant qu’il est en moi… Je sais pas si tu peux comprendre… Faudrait que tu sois une femme pour ça… Mais c’est quelque chose tu peux pas savoir comment ça me remue !… Presque autant que la belote…
- La belote ?!…
- Oui… J’appelle ça comme ça parce que faut forcément être quatre… Ce serait que je sois avec un mec pendant que mon officiel il se ferait prendre par un autre juste à côté… En même temps… Sauf que c’est pas demain la veille que ça m’arrivera… Vu que j’en ai pas d’officiel… C’est pas que je pourrais pas… Non… Il y en a toute une flopée qui demanderait pas mieux… Seulement je vois pas pourquoi je choisirais celui-là plutôt qu’un autre… Ils ont chacun ses qualités… Et les défauts qui vont avec… Ce qu’il faudrait c’est pouvoir s’en fabriquer un de type en prenant une portion de celui-ci, une pincée de celui-là, one once d’un troisième… Seulement ça !…

- Faut qu’on parle… Faut vraiment qu’on parle…
- Je t’écoute…
- Vous savez ce que je vous ai dit l’autre jour…
- Quoi donc ?…
- Que je peux pas être avec quelqu’un et en même temps avec quelqu’un d’autre…
- Oui… Eh bien ?…
- C’est vrai, vous savez…
- Je n’en doute pas le moins du monde…
- Alors c’est pour ça… J’ai beaucoup d’estime pour vous… Infiniment… Vous m’avez apporté beaucoup… Beaucoup plus que n’importe qui…
- Mais ?…
- Mais… Comment c’est dur à dire !… Mais…
- Mais il y a Martial… Martial que tu as revu… Martial dont tu es follement amoureuse… Martial qui est follement amoureux de toi… Ou qui croit l’être… Ou qui prétend l’être…
- Qui l’est… Qui l’est… J’en suis sûre…
- Et donc… Donc ça peut pas continuer tous les deux… Toi et moi…
- Forcément… Vous comprenez ?…
- Evidemment que je comprends…
- Vous êtes pas fâché ?… Si, vous êtes fâché… Je le vois bien…
- Je suis pas fâché, non… Juste un peu triste… Tu le serais pas, toi, à ma place ?…
- Si !… Si… Sûrement…
- Et puis en même temps, malgré tout, je suis heureux pour toi… Très… C’est ce qui pouvait t’arriver de mieux… Quelqu’un de ton âge… Avec qui tu te sentes en harmonie… Qui puisse te rendre heureuse…
- Je le suis… Tellement… Je le serai… J’en suis sûre… Mais vous savez ce qu’est drôle quand même, ce que je me dis souvent, c’est que si vous aviez pas été là, si vous aviez pas fait ce blog, si je vous l’avais pas laissé faire, je l’aurais jamais rencontré Martial… C’est à vous que je le dois finalement…
- Je dois m’en réjouir ?… Peut-être… Peut-être que c’est ce qui pouvait t’arriver de mieux… Bon, mais raconte… Raconte-moi… Vous avez des projets ?… Vous allez faire quoi tous les deux ?…
- Plein de choses… Il voudrait monter son entreprise… Un truc d’informatique… Mais pas ici… Plutôt dans le Midi… Au soleil… Pas trop loin de la mer… Moi, dans un premier temps, je me chercherai du boulot, mais si ça marche, lui, sûrement que j’ouvrirai un magasin. De sapes. J’en ai toujours rêvé. Et puis aujourd’hui ceux qui réussissent ce sont ceux qui prennent des initiatives… Qui osent entreprendre… D’ici quatre cinq ans vous verrez qu’on aura notre maison à nous… Notre petit nid d’amour comme on dit… Faudra venir nous voir, hein…
- Je ne suis pas sûr que ce soit une très bonne idée…
- Oh ben si, si !… Pourquoi ?…
- Parce qu’à ce moment-là tu n’en auras pas forcément envie… J’appartiendrai pour toi à un lointain passé… lointain et révolu…
- Oh, mais non, non !… Faut pas dire ça !… On va rester amis…
- Je ne suis pas sûr que ce soit une très bonne idée non plus…
- Alors comme ça vous allez me laisser tomber !… Complètement…
- S’il y en a une qui laisse tomber l’autre…
- C’est pas une raison… On peut bien quand même continuer à se voir… Juste comme ça… Sans qu’il y ait…
- Je ne suis pas sûr d’en avoir vraiment envie… Ca me ferait trop de mal… Bon, mais allez !… Va vite le rejoindre…
- Je peux vous embrasser ?…
- Bien sûr !… Au revoir, Mélissa… Sois heureuse !…

jeudi 3 juin 2010

Escobarines: Confidences ( 1 )






- Roxane !…
- Justine, ma chérie !…
- Fais-toi voir !… C’est que tu es toute belle !…
- Et toi donc !… Tu n’as pas changé…
- Oh, depuis le CM² quand même !… Ca fait un bail !…
- Je t’aurais reconnue entre mille…
- Si tu savais ce que j’ai pu te chercher !… Les Facebook et compagnie ça a quand même du bon finalement…
- En tout cas maintenant qu’on s’est retrouvées on reste en contact, hein, on se perd plus…
- Et, pour commencer, on passe la journée ensemble. Toutes les deux. Rien que nous deux. Sans personne d’autre…

- Tu te rappelles monsieur Tissandier ?…
- Un peu que je me rappelle !… Ce qu’on a pu le faire enrager !…
- Les deux pies il nous avait surnommées… Il passait son temps à nous envoyer au coin… A tour de rôle… Ou ensemble… Mais alors, dans ce cas-là, chacune à un bout de la classe… Le plus loin possible…
- Ce qui ne nous empêchait pas de nous faire tout un tas de simagrées et de mimiques derrière son dos…
- En attendant il nous y avait fait sacrément prendre goût au coin !…
- On y passait le plus clair de notre temps…
- Et le soir ?… Tu te rappelles le soir ?… Quand on dormait l’une chez l’autre… On s’y mettait toutes seules au coin, de nous mêmes, côte à côte, et on se faisait nos confidences tout bas…
- T’étais amoureuse de Martin…
- Et toi de Thibaud…
- Des heures et des heures on pouvait parler d’eux…
- Ca nous avançait pas à grand chose… On les intéressait pas…
- Les garçons, à 11 ans, les filles c’est pas vraiment ce qui les préoccupe…
- On était folles d’eux pourtant…
- Jusqu’à passer des après-midi et des après-midi à jouer aux gendarmes et aux voleurs rien que pour être avec eux…
- C’est plus souvent qu’à notre tour qu’on l’était prisonnières…
- Et qu’on s’évadait…
- Pour qu’ils aient le plaisir de nous rattraper…
- Et de nous ligoter…
- Comment ils serraient fort !… On avait les poignets tout bleus…
- Qu’est-ce qu’ils ont pu devenir tous les deux ?…
- Mariés sûrement !… Avec trois ou quatre gamins…
- Oh, tu crois !?… Je les vois pas du tout dans le rôle…
- Suffirait de les retrouver pour savoir… On pourrait…

- Huit heures déjà !… Ca a passé à une allure !…
- On t’attend, toi ?…
- Non… Et toi ?…
- Je peux m’arranger…
- Eh bien alors !…On dîne ensemble… Et on peut même rester dormir quelque part si on veut…

- On le fait ?… On se met au coin ?… Comme avant ?…
- Allez…
- Tu te rappelles le livre ?…
- Comme si ça pouvait s’oublier…
- On le prenait toujours…
- Et on en tournait les pages la moitié de la nuit…
- On l’avait eu où ?…
- Je sais plus… On l’avait trouvé, je crois…
- Comment ça nous fascinait tous ces derrières tout rouges !…
- Ce qu’elles devaient avoir mal !…
- Peut-être qu’un jour ce serait notre tour ?…
- Tu te rappelles ce qu’on était allé se mettre dans la tête ?…
- Oui… Que pour que Martin et Thibaud tombent amoureux de nous il fallait absolument qu’on s’en prenne une… Que si ça arrivait ils seraient à nous pour toujours… Sans jamais pouvoir se désamourer de nous…
- Et on se mettait le derrière à l’air… Et on attendait…
- On savait pas quoi…
- Que quelqu’un – un enchanteur ou une fée peut-être – surgisse dans l’obscurité et nous en colle une bonne…
- On était bien un peu folles…
- Peut-être pas tant que ça finalement !…
- Tu crois que ça vaut toujours et que si on s’en ramassait une…
- Qui sait ?…
- Faut les retrouver alors… Faut absolument les retrouver…
( à suivre )