– Vous
avez mauvaise mine, Mademoiselle Blanche, ce matin. Très mauvaise
mine.
Et
pour cause ! Elle n’a pas fermé l’œil de la nuit. À tout
tourner et retourner dans sa tête. Et à pleurer.
– J’ai
mes soucis, Sylvain.
– Si
c’est ce monsieur…
Elle
ne répond pas. Elle fixe quelque chose au loin. Très loin.
Il
insiste.
– Je
n’ai pas de conseils à donner à Madame, mais elle ne doit plus
aller le voir en ville. C’est beaucoup trop dangereux.
Elle
explose. Pas en ville ? Et il veut qu’elle le voie où alors ?
Où ?
– Ici !
– Ici ?
Vous êtes complètement fou, Sylvain.
– Ici,
oui ! Donnez-vous donc la peine de réfléchir… Monsieur
Pierre n’y met pratiquement jamais les pieds. Pas plus que qui ce
soit d’autre, d’ailleurs. Et, de toute façon, je veillerai au
grain. On connaît votre amour pour les chevaux. Personne ne
s’étonnera donc que ayez envie d’être avec eux. Quant à ce
monsieur, il lui suffira de passer par le bois, derrière. Personne
n’y verra que du feu. Et, au pire, on prétendra que c’est à moi
qu’il est venu rendre visite.
C’est
séduisant. Le moins qu’on puisse dire, c’est que c’est
séduisant. La seule chose…
– Mon
fils est parti. Sa chambre est donc libre. Et d’une propreté
impeccable.
– Je
n’en doute pas, Sylvain… Je n’en doute pas, mais…
– Mais ?
Elle
ne sait pas. Ça lui paraît trop simple. Trop facile. Et puis elle
redoute confusément quelque chose. Sans vraiment savoir quoi.
Il
se pique.
– Si
vous avez une meilleure solution…
Elle
n’a pas. Si elle avait…
Et
elle se décide d’un coup.
– Je
vais lui écrire un mot. Vous allez le lui porter, Sylvain. Lui dire
que je l’attends cet après-midi ici. Et lui expliquer comment y
venir.
Il
ne sait pas où donner de la tête.
– Oh,
mais c’est magnifique ! C’est à toi tout ça ? Combien
il y en a des chevaux ? Quatre ? Tu les montes tous ?
Et c’est quoi, là ?
– La
grange.
– Je
peux voir ?
Il
n’attend pas la réponse. Il pousse la porte.
– Tout
ce foin ! Ça sent bon en plus ! Tu sens comme ça sent
bon ?
Il
en ramasse une brassée qu’il lui jette au visage, par jeu. Une
autre qu’il s’efforce d’enfouir dans son corsage.
– Arrête !
Ça pique !
– Mais
non, ça pique pas !
Il
la fait chavirer. Tombe sur elle.
– Gontran…
– Comment
tu vas y attraper !
Il
la dépouille de ses vêtements. Avec impatience. Avec frénésie. De
tous ses vêtements. Qu’il rejette au loin. Le foin sous son dos.
Sous ses fesses. Doux. Piquant. Et ses mains sur elle. Sa bouche. Sur
ses seins. Sur son ventre. Partout. Si ardent. Si amoureux.
Elle
referme ses bras autour de lui.
– Viens,
Gontran ! Viens !
Il
vient. Il l’emplit toute. Et son plaisir déferle.
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