lundi 26 août 2019

Apaisement



Tableau de François Boucher

Elle était désolée.
– C’est ma faute.
– Ça fait rien.
– Oh, mais si, ça fait. Si ! T’as perdu beaucoup ?
– Encore pas mal, oui.
– Si j’avais su ! Parce que c’est un placement sûr, il m’avait dit, mon frère. Il y a pas le moindre risque. Et comme il est de la partie…
– C’est un domaine où il n’y a jamais rien de sûr. La preuve !
– Ça partait d’une bonne intention, tu sais ! Depuis le temps qu’on est amis tous les deux, je voulais te faire profiter de l’aubaine.
– Ben, c’est raté.
– Je m’en veux ! Tu peux pas savoir ce que je m’en veux. Si seulement je pouvais te dédommager ! Au moins un peu… Financièrement, je peux pas. Il faut que je trouve une autre solution.
– Ce n’est pas nécessaire.
– Ah, si ! Si ! J’y tiens. Je me sens bien trop coupable à ton égard. Je vais y réfléchir. Passe ce soir. J’aurai bien trouvé quelque chose.

Elle était dans sa chambre, couchée sur le ventre, les fesses dénudées. Offertes.
– Mais qu’est-ce que tu ?
– Fouette-moi !
– Hein ? Mais…
– Si ! Fouette-moi ! Je l’ai mérité. J’aurais dû me douter. Y penser. C’est pas la première fois qu’il se trompe, mon frère. J’ai manqué de prudence. Je suis coupable. Fouette-moi ! Que je puisse te regarder à nouveau en face.
Le martinet était par terre, près de la petite table basse.
– Allez ! S’il te plaît !
Elle a enfoui sa tête dans l’oreiller.
– Allez !
Puisqu'elle y tenait…
Et j’ai cinglé. Une fois. Deux fois.
– Plus fort !
J’ai lancé mes coups de plus haut.
– Encore plus fort !
Avec plus d’énergie.
– Comme ça, oui. Et plus vite.
Elle a accompagné chaque coup d’un petit soubresaut du derrière. Et d’une petite plainte étouffée.
– T’arrête pas surtout ! T’arrête pas !
Ça rougissait. Ça boursouflait.
Et ça bondissait. De plus en plus haut. De plus en plus impudique.
Et elle criait. De plus en plus éperdu.
– T’arrête pas ! J’ai mérité ! J’ai mérité ! J’ai mérité !

Il a bien fallu finir par mettre un terme pourtant.
Elle ne s’est pas retournée.
– Tu m’en veux plus ?
– Bien sûr que non !
– Merci. Laisse-moi maintenant!

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