À la première heure, le lendemain, Océane m’a appelée.
– Parce
que tu dois te demander comment ça a réagi hier soir, j’imagine,
non ?
– Un
peu, oui.
Valentin
lui avait fait un rapport circonstancié. Plus d’une heure durant.
– Il
ne m’a fait grâce d’aucun détail. Et tu te doutes bien que ça
s’est terminé en feu d’artifice, mais ça, je m’y attendais.
Elle
ne s’en plaignait pas. Bien au contraire.
– Une
bonne partie de jambes en l’air, moi, je suis toujours partante.
Plutôt deux fois qu’une. Surtout que lui, quand il en est, il en
est. T’y trouves sacrément ton compte.
Ça
l’amusait également beaucoup.
– Parce
que si tu l’écoutes, ça n’a rien à voir avec toi ni avec la
fessée que tu as reçue, ce brusque regain d’ardeur à mon égard.
Rien du tout. Tu parles ! Prends-moi bien pour une idiote !
Mais bon, je vais pas le lui reprocher. Moi aussi, des fois, il y a
des trucs qui me mettent en appétit sans qu’il y soit pour rien.
Et je suis bien contente alors de l’avoir sous la main. Enfin,
bref ! Tout ça pour arriver à cette conclusion que tu lui as
fait sacrément de l’effet.
– Il
a dit quoi au juste ?
– D’abord
que t’es sacrément bien foutue. Il en revenait pas. « C’est
impressionnant ! Pour dire qu’elle a l’âge qu’elle a ! »
Mais il s’est pas trop étendu là-dessus. Il sait que ça m’agace
quand il vante un peu trop les charmes des autres nanas. Il en
pensait pas moins, n’empêche. Et, à mon avis, il espère
ardemment que tu vas pas tarder à en mériter une autre. Parce que
t’aurais entendu toutes ces questions qu’il m’a posées. Mine
de rien. Sans avoir l’air d’y toucher. « Ça la tient, non,
la passion du jeu ? » Pour autant que j’avais pu en
juger, t’étais pas mal accro, oui. « Il y a des chances
qu’elle remette ça alors ? » Peut-être. Et puis
peut-être pas. Qu’est-ce qu’il voulait que j’en sache ?
« À un moment vous avez bien joué ensemble toutes les deux,
non ? » Il a pas vraiment insisté, il a pas osé, mais le
message était clair. Si seulement je pouvais avoir la bonne idée de
jouer les démons tentateurs…
– Oui,
ben ça ! Dans ses rêves. Que dans ses rêves. Tu pourrais bien
les jouer tant que tu veux, les démons tentateurs, il y a plus le
moindre risque que je rechute. Alors là ! Pourquoi tu souris ?
– Parce
que j’ai déjà entendu ça. Et que je l’ai déjà dit, moi
aussi.
– Oui,
mais cette fois…
– C’est
tout le mal que je te souhaite…
– Non,
mais tu sais pas ce que c’est, toi, Océane, de se faire fesser
devant trois types qui se repaissent tant et plus du spectacle que tu
leur offres.
– Et
j’espère bien ne jamais le savoir. Surtout que…
– Que
quoi ?
– Tu
sais jamais ce qu’ils vont bien pouvoir aller imaginer, les types.
Ce qu’ils vont aller se mettre dans la tête.
– Comment
ça ?
– Ben,
je suis passée vite fait chez Bérengère, hier soir. Et il y a
Clément qu’est arrivé. Il revenait de chez toi. Il venait
d’assister. Du coup, il en a parlé, évidemment, tu penses bien !
D’autant qu’elle voulait savoir, Bérengère. Qu’elle s’est
mise à le presser de questions.
– Et
alors ?
– Et
alors il est persuadé que tu le faisais exprès de gigoter dans tous
les sens. Pour bien tout montrer. « Elle est exhib ! Et
pas qu’un qu’un peu ! On m’ôtera pas de l’idée qu’elle
est exhib, alors là ! »
– Non,
mais je voudrais l’y voir, lui ! S’il croit que c’est
facile, quand on s’en prend une sévère, de rester impassible,
cuisses et genoux bien serrés. C’est pas possible. Même avec la
meilleure volonté du monde, il arrive un moment où c’est pas
possible.
– C’est
bien ce que je lui ai dit. Mais il y a jamais eu moyen de lui faire
entendre raison.
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