mardi 28 avril 2015

Fessées croisées (25)

29 juillet 2012



– Ah, te v’là ! J’avais qu’une trouille, c’est qu’il se lève avant toi Charles… Que je puisse pas te parler…
– Qu’est-ce qui se passe ?
– Il se passe qu’hier, là-bas, Ludo…
– A flanqué une fessée à Mélanie… Oui, ben ça je sais…
– Et que ça a donné des idées à Jaufret…
– T’es pas en train de me dire que…
– Ben si ! Oui…
– Et toi qui voulais pas en entendre parler ! Alors ? Comment t’as trouvé ?
– Bien, oui… Non, mais elle est pas là la question… La question, c’est qu’il s’en est aperçu hier soir Charles…
– Aïe !
– Comme tu dis, oui !
– Et qu’il l’a mal pris…
– Mets-toi à sa place ! Ça fait près de quinze jours qu’il crève d’envie de m’en mettre une… Ça fait près de quinze jours que je lui répète, sur tous les tons, qu’il en est pas question… Et résultat des courses…
– Comment t’as bien pu faire ton compte ?
– Comment j’ai… Non, mais t’en as de bonnes, toi ! Un homme, va lui dire non quand il en est de la comédie… Surtout s’il y a, comme hier soir, grande pantomine dans la chambre d’à côté…
– Je suis désolée…
– Oui, oh, de toute façon…
– T’as eu droit à un interrogatoire en règle…
– Ah, ben ça !
– Et alors ? Tu lui as dit ?
– Que ? C’était Jaufret ? Ça va pas, non ! Non… Je lui ai fait croire que c’était toi… Que je t’avais demandé… Pour voir ce que ça faisait… Que je m’étais dit que peut-être je pourrais le laisser m’en donner comme ça une fois que je saurais… Que c’était plus facile avec une femme la première fois…
– Et il t’a crue ?
– Il a eu l’air, mais bon… On sait jamais… C’est pour ça que je voulais te voir… Que tu saches quoi dire s’il t’interroge… Que tu te coupes pas…
– Il va vouloir t’en mettre maintenant du coup…
– Ben ça, ça y est… C’est fait… Parce que tu penses bien que c’était pas trop le moment que je refuse…
– Ah, oui ? J’ai rien entendu…
– Ben pourtant…
– Et alors ?
– Et alors par-dessus celle de l’après-midi tu parles que je l’ai senti passer… Surtout qu’il y est pas allé de main morte…
– Et t’as aimé…
– Dans un sens on peut dire ça comme ça, oui…
– Ah, tu vois… Je t’avais dit…



12 heures

Mélanie m’attendait devant la porte de la salle à manger…
– Attends ! Viens ! Viens un peu par là… Faut que je te parle…
– Toi aussi ! Décidément c’est le jour…
– Je croyais te voir tout à l’heure dans la salle de bains… Mais t’es pas venue…
– Non… J’étais à la plage… Avec Christine… Qu’est-ce qu’il se passe ?
– Il se passe que j’ai déjeuné avec Gilles et Charles ce matin… Tous les trois… Et que j’ai vraiment l’impression qu’ils se doutent de quelque chose…
– Comment ça ?
– Ils m’ont cuisinée, mais vraiment cuisinée, hein !
– C’est-à-dire ?
– Qu’est-ce qu’on faisait comme ça tous les après-midis ? Où on allait ? Si on voyait du monde… Tout ça… Ils arrêtaient pas de vouloir des tas de détails…
– Tu leur as pas dit au moins ?
– Ça va pas, non ! Tu me prends pour qui ? N’empêche qu’il va falloir faire hyper gaffe… Parce que tu les aurais vus… Et surtout entendus… Je suis sûre qu’ils se doutent…
– Je sais pourquoi…
– Ah, oui ? Pourquoi ?
– Attends ! Tais-toi ! Les v’là…

vendredi 24 avril 2015

Escobarines: Collègues…

– C’est pratique, hein, d’avoir accès à la caisse ?
– Pourquoi tu dis ça ?
– Ben, parce que… Comme ça quand la patronne a le dos tourné on peut se servir… On oublie de taper, on empoche la somme et le tour est joué…
– N’importe quoi ! Tu racontes n’importe quoi…
– Ah, non… Non… Je raconte pas n’importe quoi, non… Des dizaines de fois je vous ai vue faire… Des centaines de fois…
– Dans tes rêves… Et quand bien même ce serait vrai, qu’est-ce ça peut te foutre ?
– Ça peut me foutre que je suis honnête, moi !
– Oui, ben c’est sûrement pas une petite merdeuse de ton âge qui va me donner des leçons de morale…
– La preuve que si !
– File ! Va bosser ! Il y a la réserve à ranger… Va bosser et lâche-moi !

– Vous avez vu ?
– Qu’est-ce que c’est que ça ?
– Une liste… Il y a la somme… L’article auquel elle correspond… Avec le jour et l’heure où vous avez opéré… Ça en fait, hein ? Il y en a pour un sacré pognon… Vous êtes vraiment une serial piqueuse, ça, on peut pas dire…
– Et toi une petite garce… Une infâme petite saloperie…
– Et encore il y a pas tout… Parce qu’il y a des jours j’étais pas là… Ou occupée ailleurs… Je voyais pas…
– Montre !
– Pour quoi faire ?
– Montre, j’te dis !
– Si c’est que vous avez l’intention de les déchirer, c’est pas la peine… J’ai fait des doubles… Et même des triples… Je suis pas née de la dernière pluie…
– Et ça va te servir à quoi ?
– Sûrement que Madame Ternier sera ravie d’apprendre que la vendeuse hors pair en qui elle a mis toute sa confiance la pille depuis des éternités…
– Elle te croira pas…
– On prend les paris ?
– C’est ta parole contre la mienne…
– J’ai des témoins… Des amis à moi… Qui vous ont également vue faire… Qui sont prêts à témoigner…
– T’as bien préparé ton coup, hein ?
– Faut reconnaître que je suis pas mécontente de moi…
– Jouons cartes sur table… Tu veux quoi ? De l’argent?
– Oh, non… Non… Mieux que ça… Bien mieux que ça…
– Mieux que ça ?
– Oui… Parce qu’à piquer comme ça, sous mon nez, c’est pour une conne que vous me prenez… C’est une façon de dire que je suis trop bête pour m’en rendre compte… Et ça, ça passe pas… Alors je vais vous punir…
– Et puis quoi encore ?
– Eh si ! Si ! Depuis le temps que j’en rêve… Depuis le temps que vous me prenez de haut… Que vous me traitez comme une moins que rien… C’est enfin le moment de solder nos comptes… Alors je vous attendrai chez moi ce soir… Et à une bonne fessée déculottée vous aurez droit… Et ce sera pas cher payé, avouez !
– Oui… Eh bien compte là-dessus…
– Comme vous voudrez… Mais si à neuf heures vous n’êtes pas passée, demain matin Madame Ternier sera au courant… Et les gendarmes aussi… Pour faire bonne mesure…

– Attendez ! Faites voir ! Non… Non… Restez comme ça… Que j’en profite un peu… C’est pas tous les jours que j’ai l’occasion… Pas mal, oui… De belles couleurs ça lui donne… Regardez ! Mais si ! Regardez ! Juste derrière vous elle est la glace… C’est très réussi, vous trouvez pas ? Même si… je suis sûre que ça peut encore être amélioré… Mais ça viendra… Avec l’expérience… Parce qu’on va pas s’arrêter en si bon chemin… D’autant que… j’ai aimé, moi… J’ai même adoré… Pas vous ?

mardi 21 avril 2015

Fessées croisées (24)

14 heures 30


– T’es sûre ? Tu viens pas ? Pas de regret ?
– Je viens pas, non…
– Bon, ben, à ce soir alors…
Elle a dévalé le perron… Rejoint Christine qui fourrageait dans le coffre… Qui s’est installée au volant…
J’ai hurlé…
– Mélanie ! Attendez-moi ! J’arrive… Je viens…

– Tu vas pas encore changer d’avis en cours de route ?
– Non… Non… Je vais régler le problème… Une bonne fois pour toutes… Qu’on n’en parle plus…
– Oui, oh, alors ça !

– Toi ! Toi ! Enfin !
Et il a voulu me prendre dans ses bras…
– Non, Enzo ! Non… Attends !
– Attendre ? Mais pourquoi ? Attendre quoi ?
– Parce que… ça peut pas nous deux… Si je suis venue, c’est pour qu’on parle… Pour que je te dise… Il faut que tu m’oublies…
– Je pourrai pas, ça… Je pourrai jamais…
– On peut toujours quand on veut…
– Mais je veux pas ! Tout le temps je pense à toi… Tout le temps… J’arrête pas… Et toi, tu viens me dire que…
Les larmes lui sont montées aux yeux…
– Non… Pleure pas, Enzo ! S’il te plaît, pleure pas ! Je veux pas que tu pleures…
Et je me suis jetée dans ses bras…

– Qu’est-ce qu’on a fait ? Non, mais qu’est-ce qu’on a fait ?
– L’amour…
– Je suis folle… Je suis complètement folle…
– C’était fabuleux… Tellement doux… Et tellement déchaîné… En même temps…
– On n’aurait pas dû, Enzo… On n’aurait pas dû… J’y arriverai jamais, moi, maintenant…
– Et c’est tant mieux…
Il m’a couverte de baisers…
– Arrête, non, arrête !
Mais on a recommencé… Encore mieux…



18 heures


Elles ont klaxonné… Reklaxonné…
– Dépêche ! Que si on les fait attendre pour le repas là-bas, ça va pas le faire…
– Alors ? Ça s’est passé comme t’as voulu ?
– T’as de ces questions, toi ! Rien qu’à voir sa tête de crevée… Elle a baisé tout l’après-midi, oui ! Et c’est ce qu’elle pouvait faire de mieux… C’est comme moi… Ben, ça y est cette fois…
– Qu’est ce qui y est ?
– Ben, la fessée… Il m’en a flanqué une Ludo… Et pas piquée des vers… Faut dire que j’y avais mis du mien aussi… Que je l’avais provoqué… Et comme il faut…
– Et alors ?
– Il est pas mal doué… Pour dire que c’était la première fois… Qu’il a pas l’habitude…
– Il y en a qui vont avoir gagné leur pari du coup…
– Oh, ben ça ! Tu penses bien qu’il doit déjà être en train de leur faire un compte-rendu détaillé…
– Ils risquent de pas vouloir se contenter de ça… D’avoir envie de venir voir de près comment ça se passe… À mon avis t’auras du monde dans les fourrés demain…
– T’en avais déjà aujourd’hui…
– Ah, oui, Christine ? Qui ça ?
– Jaufret, tiens ! Vous faisiez un tel tintamarre tous les deux qu’il a absolument tenu à aller voir ce qui se passait…
– Oui, ben il a pas dû être déçu du voyage…
– Faut croire ! Vu le temps qu’il y a passé…



22 heures


– Punis-moi, Gilles ! Ce soir j’ai envie que tu me punisses…
– Pourquoi ? Tu as été vilaine ?
– Oui…
– Très très vilaine ?
– Bien pire que ça…
– Alors !

mardi 14 avril 2015

Fessées croisées (23)

28 juillet 2012


Christine s’est enfin extirpée de son long silence…
– Tu crois qu’il se doute de quelque chose Charles ?
– J’en sais rien, moi ! Comment tu veux ? Pourquoi ? Qu’est-ce qui te fait penser ça ?
– Rien de spécial… Juste une impression… Non… Ce que je me dis, c’est que si j’étais à sa place, il y a longtemps que j’aurais eu des soupçons… Et plus que des soupçons… Que j’aurais voulu en avoir le cœur net…
– Ils fonctionnent pas comme nous les mecs…
– Ah, ça, c’est sûr… Du moment que rien ne vient troubler leur sacro-sainte tranquillité… Il en a rien à foutre en fait que j’aille me faire tirer ailleurs… Du moment qu’il le sait pas… Ou qu’il peut faire semblant de pas le savoir…
– Ce qui t’arrange bien finalement…
– Oui, oh, si on veut… Dans un sens, oui… Mais dans l’autre… Parce que comment c’est exaspérant de vivre avec un mec aux yeux de qui t’existes pas vraiment…
– T’aurais un moyen…
– Lequel ?
–Ben…
– Oh, tu vas pas recommencer avec ça !
– Pourtant je t’assure… C’est du tout au tout qu’il a changé Gilles avec moi… Comme avant c’est redevenu… Comme au début… En mieux même… Sans compter que comment c’est agréable comme truc… Une fois qu’on y a goûté…
– Oui, ben très peu pour moi…
– Essaie au moins ! Au moins une fois…
– Non, j’te dis ! Arrête d’insister comme ça… C’est d’un pénible à force…
– Oh, tu sais, moi ce que j’en dis… Maintenant si ce que tu vis te convient…
– Oui, bon ben c’est bon… Ça va… N’en rajoute pas…



10 heures



Mélanie se prélassait dans la baignoire…
– Grouille ! Ça commence déjà à refroidir… Et dis-moi… T’en as pensé quoi d’Alexandre ?
– D’Alexandre ? J’ai rien à en penser d’Alexandre… Rien du tout…
– Il est sympa, non ?
– Mouais… Mouais… Je peux te dire quelque chose ?
– Vas-y !
– Il se prend des paris sur ton dos, là…
– Ah, oui ? Quel genre ?
– Que Ludo arrivera à te flanquer une fessée…
– Non ? Mais c’est trop génial, ça… Oh, mais c’est quand il veut, hein ! Je demande pas mieux, moi… Et c’est qui ?
– Les paris ? Ses copains…
– Ce qui veut dire qu’ils sont au courant… Tout le monde est au courant en fait, hein ?
– Peut-être pas tout le monde… Mais beaucoup de monde… Sûrement…
– Alors ça, c’est un truc, tu peux pas savoir comment ça me remue… C’est bizarre d’être comme ça, non ? Normalement je devrais être morte de honte… Avoir envie d’aller me cacher dans un trou de souris… Eh ben, c’est tout le contraire qui se passe… J’adore… C’est complètement fou, non, tu trouves pas ?
– Oui… Oui et non… C’est souvent qu’on a du mal à se comprendre soi-même…
– En attendant, moi aussi j’ai quelque chose à te dire… À propos d’Enzo c’est… Il y aurait moyen si tu veux…
– C’est gentil, mais non… Non…
– Il est malheureux d’une force de pas pouvoir te voir ! Il s’en rend malade… Ils ont mis un truc au point les types alors du coup, à ce qu’il m’a dit Ludo… Il y en a un qui va l’emmener passer l’après-midi à Marseille l’Aurélie… Vous aurez le champ libre comme ça… Pas de risque qu’elle vous tombe dessus…
– Écoute, Mélanie…
– Et même ce qu’il propose Ludo, c’est que vous retrouviez chez lui… Vous serez tranquilles… Il y aura personne… Lui, il sera à la plage avec moi…
– Oui… Oui, mais non… Je viendrai pas…
– Ben pourquoi ?
– Parce que… C’est beaucoup trop dangereux…
– À cause ? De Gilles ? Il le saura pas…
– C’est pas ça, non… C’est que ça a aucun avenir tous les deux…
– Qu’est-ce t’en sais ? Et qu’est-ce tu t’en fous… Faut prendre les bons moments quand ils se présentent dans la vie… Et puis voilà…
– N’insiste pas ! S’il te plaît, n’insiste pas ! C’est déjà assez compliqué comme ça…
– Comme tu veux… Mais il va être déçu Enzo… Ce qu’il va être déçu…

vendredi 10 avril 2015

Escobarines: Fiancée…

– Vous savez quoi, les filles ? Je vous le donne en mille…
– Qu’est-ce qu’il y a ? T’as gagné à l’Euromillions ?
– Ça aurait pu, mais non… Non…
– George Clooney t’a invitée à boire un café ?
– Non plus…
– Bon, ben accouche ! On va pas y passer la soirée…
– Agathe se marie…
– Noooooooooooooooon !
– C’est une blague ?
– C’est tout ce qu’il y a de plus sérieux…
– Avec qui ?
– Un fils de notaire… Futur notaire lui-même…
– La garce ! Faut croire qu’elle a su y faire…
– Ah, ben ça !
– Il sait pas où il met les pieds, le pauvre !
– Parce que pour la supporter Agathe…
– Sans compter qu’avec les cornes qu’elle va lui mettre…
– À ce qu’il paraît que, de ce côté-là, elle est décidée à se ranger…
– Oui, ben alors là je demande à voir…

– Salut tout le monde ! Je passe vite fait… Parce que je sais plus où donner de la tête… Mais quand même… Je voulais vous dire… Je vais me marier…
– Oui, on sait…
– Comment ça vous savez ?
– Il se parle plus que de ça en ville…
– Même que t’aurais tiré le gros lot…
– Vincent est un amour… Jamais j’aurais cru m’entendre comme ça un jour avec quelqu’un, moi !
– Et il niche où cet oiseau rare ?
– À Paris…
– En plus ! Vaut mieux pour toi, remarque…
– Oh, ben oui… Oui… Vous imaginez… Tous ces magasins… Ces cinémas… La ville, quoi !
– Et puis surtout personne te connaît là-bas… Tu vas pouvoir te refaire une virginité…
– Oui, parce qu’il y a des trucs, s’il les apprenait ton Vincent…
– Par exemple, la fois où, dans les toilettes de la boîte, tu t’es fait ramasser par trois mecs à la file…
– Sûr que s’il l’apprenait, ça, il te verrait d’un tout autre œil…
– Et le coup de la banque… Quand t’étais à 4 pattes sous le bureau en train de lui faire une pipe au directeur…
– Et quand tu t’es fait tringler par Benoît sur le parking… Avec tous les mecs autour de la bagnole… Qui mataient tant qu’ils pouvaient…
– C’est bon, les filles ! Ça va ! Ça va ! C’est du passé tout ça…
– Justement ! Sûrement que ça l’intéresserait ton petit notaire de savoir ce que t’as vécu avant lui…
– On peut pas bâtir quelque chose de sérieux sur des mensonges n’importe comment…
– Oui… Faut le mettre au courant… Ça coule de source…
– Vous allez pas faire ça !
– Bien sûr que si ! Dès que les bans seront publiés… Qu’on aura son adresse…
– Mais c’est dégueulasse !
– Ah, parce que piquer les mecs des copines, c’est pas dégueulasse peut-être !
– On peut pas dire que ça te dérangeait vraiment à l’époque…
– Deux fois tu m’as fait le coup à moi… Deux fois…
– Et moi ! Il comptait pour moi Antoine… Tu le savais… C’est pas ça qui t’a empêchée… Tu nous as tout bousillé… Juste pour le plaisir de t’envoyer en l’air avec…
– Et Aline ! T’avais fait fort pour Aline…
– Je suis désolée…
– C’est un peu facile, ça !
– Non… Tout se paye… Un jour ou l’autre tout se paye…
– Il comprendra jamais Vincent…
– Ça, c’est ton problème…
– Je suis fichue… Jamais il voudra qu’on se marie après ça… Déjà que…
– Que quoi ?
– Non… Rien… Mais le dites pas ! Vous le direz pas, hein ? Tout ce que vous voulez je ferai…
– Tout ? À poil !
– Non, mais ça va pas !
– À poil, j’te dis ! Une bonne fessée je vais te coller… Ça fait des années que j’en rêve…
– Ah, ça, moi aussi !
– Et moi donc !
– On se relaiera, les filles ! On va te lui mettre le cul dans un état…
– Et encore ! Ce sera pas cher payé… Après tout ce qu’elle nous a fait…
– Bon, alors tu te décides ? On compte jusqu’à dix… Et si à dix t’es pas à poil… Un !
– Deux !
– Trois… Quatre…
– Cinq… Ah, ben voilà ! Voilà ! Tu vois quand tu veux…

mardi 7 avril 2015

Fessées croisées (22)

14 heures 30


– Elle est où Mélanie ?
– Là-bas derrière… Elle téléphone…
– Oui, ben elle a intérêt à se grouiller si elle veut que je l’emmène… Je suis pas à sa disposition… Déjà que…
– Que quoi ?
– Qu’à cause d’elle Charles m’a sauté dessus à peine on était sortis de table… Comme si c’était le moment…
– J’y ai eu droit aussi avec Gilles…
– Je sais, oui… J’ai entendu…
– J’en étais sûre qu’on allait pas y couper…
– Si elle les ameutait pas en braillant comme un cochon qu’on égorge aussi…
– Faut quand même reconnaître qu’il tapait fortJacques… Elle a dû déguster…
– Oui, mais oh… T’en fais pas qu’elle en a rajouté tant qu’elle a pu, va ! Je la connais… Dès qu’il s’agit de faire son intéressante… Ah, la v’là ! Ben, c’est pas trop tôt…

– Il m’a appelée…Il sera là-bas Ludo… Au voilier…
– Ah, ben je viens pas, moi, alors… Que vous soyez tranquilles…
– Et il y aura aussi Alexandre…
– Raison de plus ! Je le connais pas ce type…
– J’aimerais mieux que tu viennes… Parce qu’il va se retrouver tout seul sinon Alexandre… Et je sais comment ça va se passer… C’est un mec… Il va pas arrêter de mater… Un coup Christine et Jaufret… Une coup Ludo et moi… Tandis que si t’es là il osera pas… Vous discuterez tous les deux… Ça l’occupera… Il est très sympa, tu verras…

– Alors comme ça, c’est toi la copine d’Enzo…
– Oh, sa copine !
– Ben si ! Si !
– Je suis mariée, Alexandre…
– Ça empêche rien… Ça a plus vraiment d’importance, ça, maintenant… Non… Son erreur, ça a été de la larguer aussi sec son Aurélie… Il aurait dû l’enfumer plutôt… Le temps que ça se décante tout ça… Mais bon ! C’est quelqu’un de tout d’une pièce Enzo… Il sait pas tricher… Et maintenant il arrête pas de s’en mordre les doigts… « Elle va repartir… Dans quinze jours elle sera repartie… Et je l’aurai seulement pas revue… » Ah, il t’a dans la peau, ça, c’est sûr… Écoute ! T’entends ? Il y en a une qui prend son pied… De là-bas, à gauche, ça vient… C’est Mélanie… Elle est trop cette fille dans son genre… Tu sais garder un secret ?
– En principe, oui…
– Elle se ramasse des fessées des fois… C’est Ludo qui me l’a dit… Et c’est pas des histoires… Il l’a vu… Un jour qu’ils étaient ensemble tous les deux… Écarlate elle l’avait… Ah, je peux te dire que ça les a fait causer les types… Et que ça les fait encore causer… Ils ont même parié du coup… Qu’il arriverait à lui en mettre une lui-même Ludo un jour… Et Jaufret une à Christine…
– Oui, alors ça ! C’est sûrement pas demain la veille…



21 heures


– Qu’est-ce vous faites toutes les trois tous les après-midis comme ça ?
– Mais rien, Gilles… Rien de spécial… On se promène dans Toulon… On entre dans les magasins… On regarde… On boit un coup en terrasse…
– Et vous matez les types qui passent…
– Non… Enfin si… Oui… Des fois… Un peu… Mais juste comme ça…
– Et vous vous faites vos confidences… Vous parlez fessées…
– Ça arrive, oui…
– Mélanie et toi en tout cas… Parce que Christine…
– C’est pas son truc…
– Il tiendrait qu’à vous que ça le devienne… À toi en particulier…
– Je suis pas sûre…
– Bien sûr que si ! Seulement t’y mets beaucoup de mauvaise volonté…
– Je t’assure, Gilles…
– Charles t’avait pas demandé quelque chose ?
– Si ! Oui…
– Quoi ?
– De la convaincre Christine… J’ai bien essayé… Seulement…
– T’as rien essayé du tout… Tu t’en fiches complètement…
– Ah, non… Non…
– Moi, contrairement à toi, je tiens toujours mes promesses… Et ce que je lui ai promis à Charles, c’est que tant que tu n’auras pas obtenu, auprès de Christine, de résultats probants, tu recevrais, chaque soir, une retentissante fessée…
– Gilles…
– Quoi ?
– Non… Rien… Vas-y ! Je t’aime, Gilles…

vendredi 3 avril 2015

Escobarines: Rencontre (2)

– N’empêche… comment on est devenues enragées maintenant toutes les deux avec ça… La fessée… La fessée… La fessée… Il y a plus que ça qui compte…
– Ah, ça ! La précédente a seulement pas eu le temps de s’effacer qu’on en a déjà remis une autre par-dessus…
– Jamais j’aurais pensé apprécier à ce point-là, moi !
– Et moi, donc !
– Faudra bien qu’on finisse par essayer un jour avec des mecs quand même ! Histoire de voir ce que ça donne…
– Oui, oh !
– T’as plus envie ? C’était pourtant le but au départ… Tester ce que ça donnait toutes les deux pour se lancer ensuite avec eux…
– Oui, mais bon… Les types on sait jamais comment ça va tourner… Il y a toujours un risque… Et j’ai vraiment pas envie de tenter le diable… On est mariées, attends ! Non… Et puis on est sur la même longueur d’ondes toutes les deux… On a trouvé le ton juste… Je sais pas toi, mais moi, je suis comblée…
– Oh, oui… Si ! Moi aussi…
– Eh bien alors ! On serait vraiment idiotes d’aller chercher des complications ailleurs, non ? Déjà que…
– Que quoi ?
– Que Thierry commence à se poser sérieusement des questions… Des migraines qui durent des semaines…
– Moi, j’ai pas ce problème… Il y a belle lurette que Vincent n’est plus demandeur…
– T’as bien de la chance… N’empêche que si je veux pas qu’il découvre le pot-aux-roses, il va quand même bien falloir qu’on finisse par faire un break…
– Oui, ben parle pour toi, hein ! Parce que moi…
– Oui, ben c’est bon… C’est bon… J’avais compris…

– Tu discutes plus avec Serguino alors du coup ? Vu que tu veux pas les mecs…
– Un peu, si ! Mais juste comme ça… Sans plus… Il me gave en fait… Ce qu’il peut être lourd quand il s’y met…
– Il parle toujours de t’en coller une ?
– Il parle que de ça, oui !
– Envoie-le promener…
– Il finira par se lasser tout seul… Vu comment je lui réponds… Et toi, Léonard 41 ?
– Oui, oh, je crains pas grand’chose avec lui… C’est tout dans l’imagination… Et alors là, par contre, je peux te dire qu’il en a… Tu verrais ces histoires qu’il invente…
– Quel genre ?
– Un peu de tout… Lui, son truc, c’est pas tellement d’en flanquer des fessées, c’est d’en voir donner… Ou qu’on lui raconte celles qu’on a reçues…
– Tu lui as pas dit au moins pour nous deux ?
– Bien sûr que non…
– C’est sûr, hein ? Parce que ça regarde personne… Que nous…
– Mais oui, oh !

– Et si je t’en collais une dehors ? En extérieur ?
– J’y ai bien pensé, mais c’est vachement risqué quand même…
– Oh, pas tant que ça ! Suffit de bien choisir l’endroit…
– Même… On sait jamais… Il peut toujours passer quelqu’un…
– C’est ça qu’est génial…
– Oui, mais bon…

– Là… Ici…
– Tu crois ?
– La probabilité pour qu’il passe quelqu’un… On entendra le moteur n’importe comment… Claquer les portières… Tout ça… Allez, amène-toi ! Que je te mette le cul à l’air… T’en crèves d’envie n’importe comment… Là… Et celle-là je peux te dire que tu vas la sentir passer… Parce que qu’est-ce qu’on avait dit ? Pas un mot à Léonard41… Et toi, à peine j’avais le dos tourné…
– Mais non… Je t’assure… J’ai rien dit… À personne…
– Et menteuse avec ça ! Oh, mais tu vas me le payer, ma petite… Je peux te dire que tu vas me le payer…
– C’est pas de ma faute… C’est parce que…
– Mais bien sûr !

– Ouche !
– Oui, hein ! Celle-là, tu t’en souviendras… Et puis ça te fera quelque chose à raconter à ton Léonard comme ça ! Quoique… Ce sera pas trop la peine… Il a tout vu…
– Hein ? Comment ça ?
– Tu vois le petit muret, là, à droite… Il est derrière… Et Serguino aussi… Tant qu’à faire…