Il est là, derrière
elle. Au-dessus d’elle. Tout près.
Et il y a sa voix.
Grave. Posée. Chaude. Envoûtante.
– Vous pouvez
vous occuper de ce dossier, Mélanie ?
Sa
voix qui la saisit aux épaules. Qui lui ruisselle le long de
l’échine. Qui va se perdre au creux de ses reins.
– Mais
certainement, monsieur.
Il y
a ses mains, qui déposent les documents devant elle. Ses mains à la
peau tannée par le soleil. Aux longs doigts effilés. Ses doigts…
Et
aussi son parfum, âcre, entêtant, qu’elle aspire à pleines
narines et dont l’air, autour d’elle, reste longtemps imprégné.
Il
va. Il vient. Il donne ses ordres. Il lui en donne à elle. Il en
donne à Jasmine. À Clotilde. À Émilie. À elles toutes. Des
ordres qui sont tout aussitôt exécutés. Avec empressement. Des
ordres qu’il ne viendrait à l’idée de personne de discuter. Il
décide. Il choisit. Il impose. C’est rassurant. C’est apaisant.
De
temps à autre, elle lève la tête. Le suit des yeux. Et les baisse
aussitôt qu’elle rencontre les siens.
* *
*
Elle
est seule. Dans sa chambre.
Elle
est seule mais, malgré tout, il est là. Avec elle.
– Qu’est-ce
que c’est que ce torchon que vous m’avez pondu, Mélanie ?
– Je…
– Vous,
quoi ? Vous vous fichez carrément du monde, oui !
– Mais
non, mais…
– Vous
n’êtes pas à ce que vous faites. Vous avez constamment la tête
ailleurs. Alors évidemment…
Elle
ne répond pas.
– Regardez-moi
quand je vous parle.
Elle
relève la tête.
– Et
reconnaissez que votre travail, depuis un bon moment déjà, laisse
énormément à désirer.
– Je
suis désolée.
Il
hausse les épaules.
– Vous
êtes désolée… Vous êtes désolée… Et vous vous imaginez
vraiment que je vais me contenter d’une excuse comme celle-là ?
Il
pose ses mains sur ses épaules. Les y laisse.
– Non,
Mélanie, non ! Vous en prenez beaucoup trop à votre aise ces
derniers temps. Des sanctions s’imposent à l’évidence. Dans
l’intérêt de l’entreprise, mais, également, dans votre intérêt
à vous. Non ? Vous ne croyez pas ?
Elle
plante brièvement ses yeux dans les siens.
– Si !
Dans
un souffle.
– Ah,
vous voyez ! Et, dans votre cas, une bonne fessée déculottée
serait, à n’en pas douter, le châtiment le plus approprié. Non ?
Elle
frémit. Il l’a dit. Il a dit le mot. Son souffle s’accélère.
Ses mains se font moites.
– Eh
bien ? Répondez !
– Je
ne sais pas.
– Bien
sûr que si ! Évidemment que vous savez ! Et je veux
l’entendre. De votre bouche.
Elle
se trouble. Elle balbutie.
– J’ai
mérité.
Ses
mains descendent s’installer sur ses hanches. Se les approprient.
Elle frissonne.
– Tu
as mérité quoi ?
Il
la tutoie. Il l’a tutoyée. Elle chancelle.
– Une
fessée.
– Une
fessée comment ?
– Cul
nu.
– Cul
nu, oui.
Et
il se glisse sous l’élastique de la culotte. Il la descend.
Lentement. Si lentement. Ses doigts se précipitent à la rencontre
des siens. Les rejoignent. S’enlacent à eux.
– Oh,
c’est bon… C’est si bon !
C’est
trop. Elle ne peut pas attendre. Elle ne peut plus. Tout chavire. Ça
la traverse. Ça la transperce. Ça la transporte. Un plaisir comme
jamais.
(à
suivre)