lundi 27 avril 2020

Les fessées d'Aurélie (12)



Source de l’illustration : Grayhawk sur Pixabay



« Et maintenant ?
‒ Maintenant ?
‒ Ben oui, maintenant, oui. Qu’est-ce que tu veux qu’on fasse ? De quoi tu as envie ?
Je savais pas. Je savais plus. Il y avait eu cette fessée. Si différente. Si pleine. Plus jubilatoire que jamais. J’avais été à lui, puis à Clément. Encore à lui. Bloc de plaisir. Déferlement de jouissance. Non, je savais pas. Qu’il propose, lui ! Qu’il décide !
Il a souri.
‒ Tu es sûre ? Tu prends des risques.
Oui. Non. Je lui faisais confiance. Entièrement confiance.
Il s’est levé.
‒ C’est l’heure ! On va être en retard.
‒ Tu m’as pas dit…
‒ T’auras la surprise.

La surprise… C’était horrible de pas savoir. Délicieusement horrible. Je pouvais tout imaginer. Tout et le contraire de tout. Je ne m’en suis pas privée. J’y ai passé la nuit. Qu’est-ce qu’il avait en tête ? Qu’est-ce qu’il pouvait bien avoir en tête ? De me le faire à nouveau devant quelqu’un ? Oui, ça, sûrement. Forcément. Mais qui ? On avait parlé tous les deux. Je lui avais fait mes confidences. Des tas de confidences. La Baule, oui. Arcachon. Mais pas seulement… Je lui avais livré tout mon passé. Bribe par bribe. Mes ex. Norbert. José. Est-ce que ? Et puis Julien. Oh, là là ! Julien ! Il n’avait pas fait ça au moins ! Pas Julien. Si ! Il en était capable ! Il fallait que je sache. Que j’en aie le cœur net.
Je n’y ai pas tenu. Je lui ai fait signe de venir me rejoindre à la machine à café.
‒ Ce sera devant quelqu’un, hein, Ugo ?
‒ Peut-être.
‒ Qui ça ? Je le connais ?
‒ Oui.
‒ Julien ?
‒ Non, pas Julien. Mais tu me donnes une idée, là.
‒ José ?
‒ Non plus.
‒ Norbert ?
Il a souri.
‒ Continue à chercher.
Et il m’a plantée là.
Mais ça pouvait être tant de monde ! Tellement de monde.

lundi 20 avril 2020

Les fessées d'Aurélie (11)


Origine de l'image: StockSnap sur Pixabay


Et on y est allés. Tous les trois. Ugo, Clément et moi. La porte de la chambre s’est refermée et ils m’ont tenue sous leurs regards. Longuement. Tous les deux. Et puis Ugo s’est assis.
« Viens là ! Approche !
Je l’ai fait, le cœur battant.
Il m’a enserré les poignets entre ses mains.
‒ Demande-le-moi !
J’ai baissé les yeux.
‒ Mets-moi une fessée.
‒ Non, mais pas ça ! Autre chose.
Autre chose ? J’ai froncé les sourcils. Je voyais pas. Ah, si ! Si !
‒ Alors ?
‒ Fais-moi honte !
‒ Eh bien voilà !
Et il a dégrafé ma jupe. Il me l’a fait tomber sur les chevilles.
‒ C’est quoi, ça ?
Ça, c’était…
‒ Oui ?
J’ai murmuré.
‒ Je mouille.
‒ Et pas qu’un peu. Parce que ?
‒ À cause de ce qu’il m’a dit, lui, Clément, au café, tout à l’heure.
‒ Il t’a fait honte, lui aussi ?
‒ Oui.
‒ Et c’est pas fini.
Il m’a baissé ma culotte. D’un coup. Sans prévenir. Jusqu’à mi-cuisses.
D’instinct, j’ai ramené mes mains devant moi.
‒ Allons ! Allons ! Aurélie !
Et je les ai retirées. Et il y a eu leurs regards sur moi. Interminablement.

* *
*

Ils se sont chuchoté quelque chose à l’oreille et Ugo m’a fait basculer en travers de ses genoux. Posé une main sur mes fesses. Qu’il s’est appropriées.
Et il y a eu, presque aussitôt, le visage de Clément. En face de moi. À ma hauteur. Tout près.
‒ Que je voie ton petit minois quand ça va tomber.
Et c’est tombé. Des coups rapides. Appuyés. Précipités. En grêle. Et le regard de Clément sur moi. Insistant. Pénétrant. Auquel je me suis efforcée d’échapper. En fermant les yeux. Auquel je suis inexorablement revenue. Malgré moi. Et il m’a vue grimacer de douleur. Et je l’ai vu me voir. Je l’ai vu attendre de m’entendre crier. Me regarder me mordre les lèvres et les joues pour ne pas le faire. Mais là-haut, derrière, il tapait fort. Si fort. Si cuisant. Mal. Tellement mal. Et pourtant tellement voluptueux. J’ai doucement gémi. De douleur. De douleur et de plaisir. Plus fort. Encore plus fort. J’ai crié.
Clément m’a, une nouvelle fois, soulevé le menton du bout du doigt.
Et j’ai joui. J’ai joui dans ses yeux comme une perdue.

lundi 13 avril 2020

Les fessées d'Aurélie (10)


Origine de l'illustration Jerzy Gorecki sur Pixabay


Il était en retard. Un quart d’heure. Plus d’un quart d’heure. Exprès. Il le faisait exprès. Évidemment qu’il le faisait exprès. Pour me mettre la pression. Et ça marchait. Ça courait, même ! J’étais sur des charbons ardents.
C’était qui cet ami qu’il avait décidé d’amener ? Devant qui il allait me mettre une… Non, mais c’était pas possible. C’était juste pas possible. Dix fois j’ai été tentée de me lever et de m’enfuir. Dix fois je suis restée.
Une demi-heure. Mais qu’est-ce qu’il fabriquait ?
Un type, accoudé au comptoir, s’en est lentement détaché, s’est approché de ma table. En me fixant droit dans les yeux. Un grand brun. La trentaine. Beau gosse. Oui, ben même ! C’était pas le moment ! J’étais pas d’humeur. Et j’allais l’envoyer sur les roses. Il allait voir ce qu’il allait voir.
Plus près. Encore plus près. Il s’est penché à mon oreille.
« Alors ? Prête pour cette fessée ?
Je suis devenue écarlate.
Il a tiré une chaise.
‒ Je peux ?
Il n’a pas attendu la réponse. Il s’est assis. A souri.
‒ Je viens de passer un délicieux moment à vous regarder, là, incognito, et à me dire que d’ici une heure, deux tout au plus, j’allais voir votre derrière rougir sous les claquées.
J’ai gardé les yeux obstinément baissés.
‒ Et que je n’allais pas voir que votre derrière d’ailleurs. Parce qu’Ugo m’a dit que vous gigotiez beaucoup. Énormément. C’est vrai ?
Je me suis agitée sur ma chaise.
‒ Je sais pas. Je…
‒ En sorte qu’on peut voir tout ce qu’on a envie de voir. Absolument tout.
Il a ri.
‒ Je vais me régaler.
Est redevenu brusquement sérieux.
‒ Mais quand il faut, il faut, hein ! Quand on a mérité… Et vous, vous faites fort, à ce qu’il paraît.
J’ai voulu me défendre.
‒ C’est-à-dire c’est des trucs d’avant. D’il y a longtemps.
‒ Ben, voyons !
‒ Si, c’est vrai, hein !
‒ Oui. L’histoire du cocufiage. Et celle du bateau, je sais. Mais il y a pas que ça ! Parce que Regardez-moi ! Regardez-moi, allez !
Je l’ai regardé.
‒ Parce que vous faites, aujourd’hui encore, des choses dont vous savez pertinemment qu’elles sont répréhensibles. Et vous en pensez d’autres. Non. Je me trompe ?
Je ne l’ai pas contredit.
‒ Et c’est ça, l’essentiel. Ce qui se passe aujourd’hui. Ce dont vous vous rendez coupable aujourd’hui. Et pour quoi vous méritez amplement d’être punie.
Par-dessus la table, il m’a soulevé le menton du bout du doigt.
Vous avez quel âge ?
‒ Quarante-deux.
‒ Et, à quarante-deux ans, vous vous comportez encore comme une gamine de quinze ans. Vous devriez avoir honte. Honte !
Mais j’avais honte ! Terriblement honte. Sa voix. Son ton. Son regard. Il m’a grondée. Comme une petite fille. Sévère. Intraitable. Ses mots. Que je n’écoutais pas vraiment, mais ses mots Une rivière de reproches. Interminablement. J’avais honte, oui. Comme j’avais honte ! Et honte, surtout, de ce que, entre mes cuisses, ce soit en train de devenir humide. De plus en plus humide.

Ugo nous a rejoints.
‒ Ça y est ? Vous avez fait connaissance ? Oui ? Eh bien, on y va alors !

lundi 6 avril 2020

Les fessées d'Aurélie (9)




Origine de l’image : S.Hermann & F.Richter sur Pixabay


Il avait raison, Ugo : plus j’y pensais, et plus la perspective de recevoir la fessée devant des témoins attentifs et railleurs me troublait.
Ils envahissaient mes images. Des hommes. Des femmes. Des jeunes. Des vieux. Des connus. Des inconnus. Ugo me déculottait et me fessait devant eux. J’avais honte. Comment j’avais honte ! Honte d’être publiquement soumise à ce traitement mortifiant. Honte de mes cris. De mes pleurs. De mes mouvements désordonnés qui ne laissaient rien ignorer de mes replis les plus intimes. Et honte surtout de devoir admettre que cette punition était amplement méritée.

Par-dessus la table, Ugo a fixé ses yeux droit dans les miens.
‒ Méritée ? La Baule ?
‒ La Baule, oui, mais pas seulement.
‒ Quoi d’autre ?
‒ Je
‒ Quoi d’autre, Aurélie ?
Je me suis agitée sur ma chaise.
‒ Oh, ben, par exemple
‒ Par exemple ?
‒ C’était du côté d’Arcachon. L’année d’après. On passait notre temps à faire du bateau avec des copains.
‒ Regarde-moi, Aurélie !
‒ Oui. Pardon Seulement, ce jour-là, il y avait eu un avis de tempête. Dont j’étais bien décidée à ne tenir aucun compte. « C’est pas pour quelques vaguelettes, tu parles ! » Ils voulaient pas prendre de risques, les autres, mais j’avais tellement insisté, je les avais tellement traités de trouillards qu’ils avaient fini, de guerre lasse et à contrecœur, par accepter de prendre la mer. Et, évidemment, les sauveteurs ont dû venir à notre secours.
‒ Non, mais tu te rends compte des conséquences que ça aurait pu avoir !
‒ Je sais bien, oui ! Et ça a failli. Parce que, de trouille, il y a un des copains qui a fait un gros malaise. Et qui s’est retrouvé à l’hôpital. Où il a passé trois jours. Comment j’étais mal !
‒ N’empêche que tu n’as jamais été punie pour ça
‒ Jamais, non !
‒ Tu vas l’être
Mon cœur s’est emballé.
‒ Et devant un ami à moi. Ça portera plus.
‒ Devant…
‒ Oui. Tu n’as rien contre, j’espère ?
‒ Si ! Enfin non ! Non ! C’est comme tu veux. Je le connais ?
‒ Tu verras bien.
‒ Et ce sera quand ?
‒ Demain. Demain soir. Que t’aies le temps de bien y penser d’ici là…

Ah, ça, pour y penser, j’y ai pensé ! Toute la soirée. Et toute la nuit.
Avec horreur. Je n’irais pas. Pas question que j’y aille.
Et avec délices. J’irais. Bien sûr que j’irais. Et j’aurais honte. Tellement !