Origine de l’image :
S.Hermann & F.Richter sur Pixabay
Il avait raison, Ugo : plus
j’y pensais, et plus la perspective de recevoir la fessée devant
des témoins attentifs et railleurs me troublait.
Ils envahissaient mes images.
Des hommes. Des femmes. Des jeunes. Des vieux. Des connus. Des
inconnus. Ugo me déculottait et me fessait devant eux. J’avais
honte. Comment j’avais honte ! Honte d’être publiquement
soumise à ce traitement mortifiant. Honte de mes cris. De mes
pleurs. De mes mouvements désordonnés qui ne laissaient rien
ignorer de mes replis les plus intimes. Et honte surtout de devoir
admettre que cette punition était amplement méritée.
Par-dessus la table, Ugo a fixé
ses yeux droit dans les miens.
‒ Méritée ? La
Baule ?
‒ La Baule, oui, mais pas
seulement.
‒ Quoi d’autre ?
‒ Je…
‒ Quoi d’autre,
Aurélie ?
Je me suis agitée sur ma
chaise.
‒ Oh, ben, par exemple…
‒ Par
exemple ?
‒ C’était du côté
d’Arcachon. L’année d’après. On passait notre temps à faire
du bateau avec des copains.
‒ Regarde-moi, Aurélie !
‒ Oui. Pardon…
Seulement, ce jour-là, il y avait eu un avis de tempête. Dont
j’étais bien décidée à ne tenir aucun compte. « C’est
pas pour quelques vaguelettes, tu parles ! » Ils
voulaient pas prendre de risques, les autres, mais j’avais
tellement insisté, je les avais tellement traités de trouillards
qu’ils avaient fini, de guerre lasse et à contrecœur,
par accepter de prendre la mer. Et, évidemment, les sauveteurs ont
dû venir à notre secours.
‒ Non, mais tu te rends
compte des conséquences que ça aurait pu avoir !
‒ Je sais bien, oui !
Et ça a failli. Parce que, de trouille, il y a un des copains qui a
fait un gros malaise. Et qui s’est retrouvé à l’hôpital. Où
il a passé trois jours. Comment j’étais mal !
‒ N’empêche que tu
n’as jamais été punie pour ça…
‒ Jamais, non !
‒ Tu vas l’être…
Mon
cœur s’est emballé.
‒ Et
devant un ami à moi. Ça
portera plus.
‒ Devant…
‒ Oui.
Tu n’as rien contre, j’espère ?
‒ Si !
Enfin non ! Non ! C’est comme tu veux. Je le connais ?
‒ Tu
verras bien.
‒ Et ce sera quand ?
‒ Demain.
Demain soir. Que t’aies le temps de bien y penser d’ici
là…
Ah,
ça, pour y penser, j’y ai pensé ! Toute la soirée. Et toute
la nuit.
Avec
horreur. Je n’irais pas. Pas question que j’y aille.
Et
avec délices. J’irais. Bien sûr que j’irais. Et j’aurais
honte. Tellement !
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