jeudi 28 mai 2009

Aux délices d'Adeline ( 8ème jour )

J’ai frappé. Il n’y a pas eu de réponse. J’ai fait comme si. Il était enfermé dans la salle de bains Escobar. Il sifflotait sous la douche. J’ai pris tout mon temps pour aller déposer le plateau sur la petite table près de la fenêtre et j’en ai profité pour tout bien examiner en détail dans la pièce. Oui, ben il y a rien d’extraordinaire en fait. On dirait vraiment la chambre de n’importe qui. Même des dessins j’ai pas réussi à en voir. Il doit les planquer dans l’armoire. Ou dans sa valise. Elle a eu de la chance Coralie. Elle est tombée au bon moment. Juste quand il les avait sortis. Faudra que je demande à une des filles qui font le ménage où il les range. Parce que les regarder en vrai c’est quand même pas pareil que sur Internet. Et puis tu peux te dire que t’es la première à les avoir vus. Et le dire aux autres…




A la 116 le type était tout seul, assis au bord du lit. Il y avait pas sa femme…

- Posez-le là-bas, s’il vous plaît !…

Et il a recommencé. Recommencé à tendre la jambe chaque fois que je voulais passer…

- C’est peut-être aujourd’hui que tu vas faire ta maladroite, qui sait ?… Que tu vas t’étaler avec ton plateau… Peut-être aujourd’hui… Ou peut-être la prochaine fois…

Dix tentatives. Quinze tentatives pour l’enjamber. Auxquelles il a systématiquement fait obstacle. J’ai voulu poser le plateau à côté de lui sur le lit…

- Non… Non… Pas question… Là-bas j’ai dit…

Et, contre toute attente, il m’a enfin laissé passer...

- Là… C’est bien… Merci…

Il l’a fait au retour. Quand je ne m’y attendais plus. Et je me suis étalée de tout mon long le nez dans ses chaussures…

- Tu peux pas faire attention, non ?… C’est incroyable d’être empotée comme ça…

Il m’a aidée à me relever. Fermement. Par le bras. Qu’il n’a pas lâché. Sa voix en chuchotement à mon oreille…

- Tu aimes, hein que tu aimes qu’on te traite comme ça ?!…

Je n’ai pas répondu. Je n’ai pas cherché à me dérober non plus. Il a serré un peu plus fort…

- Réponds !

Encore plus fort…

- Oui… J’aime…

Dans un souffle…

- Non… Tu n’aimes pas… Tu adores…

Et il m’a congédiée d’une petite claque sur les fesses…




Sarah l’a regardée approcher…

- T’étais où ?

- Hein ?!… Mais nulle part !… Qu’est-ce que ça peut te foutre n’importe comment ?

- Avec Milàn t’étais !…

- Pas du tout… Jamais de la vie…

- Menteuse !…

Elle s’est levée. L’autre n’a pas reculé. Une gifle est partie. Aussitôt rendue. Une pluie de gifles. Basile et Félicien en ont tiré une en arrière. Les filles s’y sont mises à quatre pour entraîner l’autre. Qui se débattait tant et plus. Qui hurlait comme une possédée…

- Lâchez-moi !… Lâchez-moi !… Je vais lui faire la peau… Je vous dis que je veux lui faire la peau…

Ca s’est éloigné. Ca s’est tu. L’autre s’est rassise…

- Quelle conne !… Mais si elle compte avoir le dernier mot avec moi…




Toutes les deux. A la même table. La prof d’Histoire et celle d’Anglais. D’avant. La mère Mac Miche et Catherine de Médicis…

- Ben t’en fais une tête !… Ca te fait pas plaisir de nous voir ?

- Oh si, si !…

- Ca tombe bien… Parce qu’on est là pour un moment…

- Et on n’a pas l’intention de s’ennuyer…

Clémence a longé leur table, les bras chargés d’assiettes. Elles l’ont suivie des yeux…

- Regarde-moi ça !… Ca mérite pas qu’on s’en occupe un petit derrière comme ça ?

- Et l’autre là-bas !… T’as vu comment elle le tortille ?… Quand il gigote sous les claques ça doit être un enchantement… Un véritable enchantement…

- Je sens qu’on va bien s’amuser…

- Oui… Ah, on va leur mettre de l’ambiance… Tu pourras leur dire à tes petites camarades… Beaucoup d’ambiance…




- Vous savez pas ce qu’il m’a fait Escobar ?…

On savait pas, non…

- Eh ben il a dessiné les deux filles des cuisines qu’en ont reçu une l’autre soir… Les fesses à l’air toutes rouges contre le mur du fond du resto il les a mises… A moitié retournées pour voir si ils regardent les gens… Evidemment qu’ils regardent… C’est dégueulasse, non ?… Parce que attends !… Moi, je lui propose gentiment de lui faire le modèle et lui il a rien de plus pressé que d’aller en croquer d’autres… Remarque, dans un sens, je le comprends aussi… C’est un artiste alors normal que ça le travaille… Faut que ça sorte… Et si moi j’ai pas un cul tout rouge à lui montrer qu’est-ce que tu veux que je l’intéresse ?… C’est pour ça maintenant faudrait vraiment que j’en prenne une… Et une bonne… Qu’il soit pas déçu… Et sans tarder en plus !… Parce qu’il va peut-être pas rester ici une éternité non plus… Pour bien faire c’est tout de suite qu’il faudrait que j’y aille avec les fesses toutes chaudes… Je suis sûre que ça le ferait craquer…

Elle nous a regardées l’une après l’autre…

- Vous voudriez pas me le faire, vous, les filles ?… Ca me rendrait drôlement service… Parce que vous voulez que j’aille demander ça à qui à part vous ?

- Oh, si il y a que ça pour te faire plaisir !

Elle s’est déshabillée. Elle s’est allongée sur le ventre…

- Allez-y carrément, hein !… Ayez pas peur de me faire mal… Faut qu’il soit content…

On y est allées carrément. Chacune son secteur. A grandes claques élancées de très haut. Elle a gémi. Elle a crié. On a arrêté…

- Merci…

Elle s’est précipitée dans la salle de bains. Au retour elle faisait la moue…

- Franchement c’est pas terrible… Il va être déçu… Vous voulez pas m’en remettre une couche ?

On voulait bien, si !

- Mais alors même que je gueule tant que je peux vous en tenez pas compte… Vous continuez, hein !… Jusqu’à ce que ce soit vraiment rouge de chez rouge…

Elle a gueulé tant qu’elle a pu. Et ça a vraiment été rouge de chez rouge…

lundi 25 mai 2009

Aux délices d'Adeline ( 7ème jour )

- Tu dors ?…

- Qu’est-ce qu’il y a ?… Qu’est-ce qui se passe ?… Quelle heure il est ?

- Deux heures du matin… Ca y est… Je suis revenue de sa chambre à Escobar… Tout ce temps-là on a discuté…

- Eh ben dis donc !… Et alors ?

- Et alors il les a trouvés pas trop mal mes dessins… Du moins c’est ce qu’il a dit… Mais je sais pas s’il le pense vraiment ou si c’était juste pour me faire plaisir…

- Pourquoi il le penserait pas ?… Ils tiennent drôlement la route…

- Il m’a dit qu’il me montrerait des trucs… Qu’il me donnerait des astuces… Et moi je lui ai proposé… Je lui ai dit comme ça que si il voulait je pourrais lui servir de modèle quand on me l’aura donnée la fessée… Tu crois que j’ai bien fait ?… Qu’il va pas se mettre à imaginer des choses ?

- Quelles choses ?

- Ben attends !… Une nana qu’il connaît ni d’Eve ni d’Adam… Qui se pointe comme ça dans sa chambre et qui veut se mettre les fesses à l’air il y a quand même de quoi se poser des questions…

- C’est pas ça qui doit l’émouvoir, tu parles !… Il a dû en voir des milliers des fesses depuis le temps qu’il dessine… Alors un peu plus un peu moins… Et si t’en avais pas parlé c’est lui qui te l’aurait demandé si ça tombe…

- Le mieux, évidemment, ce serait que ce soit lui qui me la mette la fessée, mais bon ça… Faut pas rêver…

- Ben pourquoi ?… Pourquoi ça se pourrait pas ?

- Parce que… Parce que je crois pas que ce soit ça qu’il aime… Regarde ses dessins : t’as jamais un mec qui la donne la fessée… C’est toujours des femmes…

- Ca veut peut-être rien dire…

- Oh ben si, si !… Forcément…




Elles étaient six – les quatre filles du box D et les deux lingères – engagées, à l’entrée du parc, assises à même le sol, dans une conversation animée qui s’est interrompue à mon approche…

- Je dérange ?

- Non… Bien sûr que non… Assieds-toi et excuse-moi pour hier… J’étais sur les nerfs… Mais reconnais que quand t’as l’impression qu’on te snobe…

- C’est pas ça… C’est pas ça… Mais personne nous l’avait dit à nous que tout le monde se retrouvait là l’après-midi…

- Elles ont pas voulu venir les trois autres ?

- Il y en a deux qui dorment… Elles sont crevées… Quant à Laurianne je sais pas où elle est passée… Mais je croyais qu’il y aurait ceux des cuisines aussi… Ils sont pas là ?

- Ils devraient pas tarder… En principe…

Il s’est échangé des sourires gênés. Des regards entendus…

- Oui… Alors que je t’explique… Ce sera plus simple… Sarah – Sarah, c’est la fille qui est assise tout au bout là-bas en rouge – Sarah, elle est amoureuse folle de Milàn depuis le tout premier jour qu’on est arrivées ici… C’est aussi la meilleure amie de Caroline, l’une des deux filles qui s’est fait tambouriner le derrière au restaurant hier soir… Jusque là tu suis ?… Bon… Sauf que ce matin, aux cuisines, Caroline elle lui a fait du rentre-dedans comme c’est pas permis à Milàn… Et que là maintenant personne sait ce qu’ils sont devenus tous les deux… On peut imaginer tout ce qu’on veut… Quant aux trois autres ils se sont prudemment défilés… Pas question pour eux d’être mêlés à cette histoire… De devoir prendre parti… C’est courageux les mecs, mais seulement jusqu’à un certain point…




A la grande table du fond il y avait tout un groupe de jeunes. Qui commandaient bouteille sur bouteille. Qui parlaient fort. De plus en plus fort. Qui riaient haut. De plus en plus haut. Qui, chaque fois que l’une d’entre nous faisait son apparition avec un plat ou des assiettes, applaudissaient à tout rompre…

- C’est celle-là ?

- A poil !

- Bon alors ?!… C’est quand qu’on leur claque le cul ?… Ils vont se grouiller, oui ?

Monsieur Ménisson s’est approché, leur a dit quelque chose qu’on n’a pas entendu…

- Toi, le vieux, tu dégages !… On t’a pas sonné…

Le « vieux » l’a tranquillement soulevé de sa chaise par le col de sa veste. L’a laissé un bon moment gigoter en l’air, suspendu, sous les rires du reste de la salle. Et puis il l’a lâché. L’autre s’est étalé de tout son long, relevé et enfui sans demander son reste…

- S’il y a d’autres candidats…

Personne n’a plus bronché...




Là-haut, dans le box, Laurianne en riait encore…

- Cette tête qu’il faisait…Il est pas près de revenir s’y frotter… Mais tu sais que j’ai cru un moment que c’était lui qui allait s’en prendre une de fessée !… Ca pourrait arriver peut-être un jour, hein, que ce soit un client qui y attrape !… On n’aurait pas fini de rigoler… Qu’est-ce t’as, Clémence ?… T’en tires une tronche !

- Non, rien… Laisse !… Vous occupez pas !… Ca va passer…

- Mais si, dis !… On y est pour quelque chose ?

- Pas vous, non !…

- Qui alors ?

- C’est mon mari… Il se fout carrément de moi, j’ai l’impression… Parce qu’on s’était bien mis d’accord : je venais faire la serveuse ici et lui le client, sans dire qui il était, pour me voir en ramasser… Ca nous plaisait autant à l’un qu’à l’autre cette idée… Le 2 il devait venir… Et demain on est le 6… Et…

- Ben pour le moment il a pas perdu grand chose… T’en as pas eu…

- Oui, mais ça il pouvait pas le savoir… Non… Ce qu’il y a surtout c’est que chaque fois que je l’appelle il a toujours un bon prétexte pour pas arriver tout de suite… Il y a le voisin qu’a absolument besoin de lui pour sa gouttière qui fuit… Ou sa mère qu’est justement en train de faire les arrangements de famille et il veut pas laisser le champ libre à ses frères et sœurs… Il y a toujours quelque chose… La vérité c’est qu’il en profite que je sois pas là pour s’envoyer en l’air derrière mon dos avec son espèce de Nathalie… La v’là la vérité… Il m’a expédiée ici pour pouvoir la sauter tranquille… C’est cousu de fil blanc… Et moi, comme une conne, je suis tombée les deux pieds joints dans le panneau… Seulement s’il s’imagine que je vais le laisser me rouler comme ça dans la farine… Le jour où je vais dégoupiller il sera pas déçu du voyage…

jeudi 21 mai 2009

Aux délices d'Adeline ( 6ème jour )

- Tu vas où avec ça ?

Ses dessins. Qu’elle a précipitamment emportés…

- J’ai pas le temps… Je sers les petits déj… Je te raconterai… Mais si tu savais !… Si tu savais !…




La seule place libre sous la douche c’était entre Milàn dont il fallait bien avouer que la nature l’avait effectivement généreusement pourvu…

- Salut, Raphaëlle !

- Salut, Milàn !

et l’une des filles qui s’occupent du ménage…

- Salut, Raphaëlle !

- Salut !

- Salut, qui ?…

- Je sais pas… Je suis désolée, mais je le connais pas ton prénom… C’est quoi ?

- Tu le connais pas, non !… Parce que vous, les serveuses, vous en avez strictement rien à foutre de nous… Sans doute qu’on n’est pas assez bien pour vous…

- Mais non, c’est pas ça, non, mais…

- Si, c’est ça, si !… La preuve !… Ca va bientôt faire une semaine qu’on est là et tu sais même pas comment je m’appelle… Et pourtant tu m’as croisée vingt fois… Dans les couloirs ou ailleurs… Tu m’as toujours dit poliment bonjour, toi et tes copines… Et ça s’est arrêté là… Jamais vous n’avez cherché à discuter avec nous… Jamais… Mais nous aussi on existe… Et on est là pour les mêmes raisons que vous…

Elle s’est rageusement essuyée et elle est partie furieuse. Milàn a ri…

- Elle mâche pas ses mots, elle, hein ?! Elle est comme ça… Faut pas lui en vouloir… Mais elle a pas tout à fait tort non plus… Parce que vous vous mélangez pas beaucoup avec les autres toutes les quatre…

- Il y a le boulot…

- Nous aussi on a le boulot… Ca nous empêche pas de nous retrouver, pendant nos heures de liberté, pour tailler une bavette et être un peu ensemble…

Il s’est enroulé dans sa serviette de bain…

- Ah oui… A propos… Elle s’appelle Claire…




- Vous le voyez, le type tout seul, là-bas, à la 8 ?

- Ben oui, on le voit, oui !… Qu’est-ce qu’il a ?

- Regardez-le bien !… Je vous dirai tout à l’heure…

Clémence a haussé les épaules…

- C’est quoi tous ces mystères ?




A la 15 le plus vieux des trois a poussé un cri scandalisé…

- C’est une honte !… Un scandale !… Qu’on m’appelle la direction…

Monsieur Ménisson s’est précipité…

- Il y a quelque chose qui ne va pas ?

- Regardez !… Non, mais regardez !… Voyez vous-même !… Des mouches à merde… Deux… Confites dans mon œuf en gelée… Ah, ça doit être beau dans vos cuisines… Bonjour l’hygiène !… Vous mériteriez que je vous déclenche un contrôle, tiens !… Et c’est ce que je vais faire d’ailleurs…

Clémence a murmuré…

- Il les a mises lui-même ce salaud !… Je l’ai vu faire…

- Ils viennent là pour nous voir prendre des fessées… Un peu logique qu’ils fassent ce qu’il faut pour, non ?

Monsieur Ménisson a envoyé Laurianne chercher Fournier. Qui s’est platement excusé… Il avait confié ce travail à deux jeunes apprenties qui, manifestement, ne s’étaient pas acquittées de leur tâche avec toute la rigueur et l’attention nécessaires… Oh, mais la coupable allait être punie. Sévèrement. Et sur le champ…

Il est revenu des cuisines avec elles. Qui baissaient piteusement la tête…

- Alors ?… Laquelle de vous deux ?

- C’est pas moi !…

- Ni moi !…

- J’y ai pas touché aux œufs… Je faisais la salade…

- Moi non plus !… Je mettais la crème anglaise dans les pots…

- Si je comprends bien c’est personne… Non, mais vous allez vous moquer du monde comme ça longtemps ?

Monsieur Ménisson a tranché…

- Assez perdu de temps… Si elles peuvent pas se décider ce sera celle-là…

Il en a attrapé une au hasard, l’a enserrée par la taille, courbée sur sa cuisse...

- Mais c’est pas juste !… C’est pas moi !…

Il lui a relevé la jupe, baissé la culotte. Avant même qu’il ait commencé à taper elle poussait des cris à ameuter tout l’hôtel. Il y a des gens qui ont ri. D’autres qui se sont levés et approchés pour mieux voir. Il a fait durer. Elle hurlait de plus en plus fort et battait l’air en mesure d’une jambe lancée de plus en plus haut… Les gens riaient de plus en plus ouvertement. De bon cœur…

- Ca t’a bien plu à toi aussi on dirait…

L’autre fille a protesté…

- Hein ?!… Mais non !… Non !… Pas du tout…

- C’est pas beau de se réjouir comme ça du malheur de ses petites camarades… Allez, viens ici !… A ton tour !…

Elle avait des fesses toutes blanches, fendues très haut, qu’elle a gardées soigneusement serrées, sans un gémissement, sans un cri, aussi longtemps qu’elle a pu. Quand il a enfin réussi à les lui faire entrouvrir il l’a laissée retomber, satisfait…

Le vieux a voulu du champagne…

- Et du bon !… Qu’on fête ça !…




- Oui, les filles, oui, alors le type de la 8, là, tout à l’heure, vous savez pas qui c’est ?

- Ben vas-y !… Accouche !

- C’est Escobar…

- Escobar !!??… C’est pas vrai !…

- Qui c’est ça, Escobar ?

- Tu viens de Belgique et tu sais pas qui c’est Escobar !

- Ben non !…

- C’est un type qui dessine des lapins…

- Mais non !… L’embrouille pas… Il dessine des fessées… Que ça… Que de nanas… Et que par des nanas… Ou plutôt il dessine presque rien que des filles qui viennent de s’en prendre une… Quand t’as le cul tout rouge et que ça te chauffe un max… Et il y en avait un de dessin comme ça – pas fini – sur sa table quand j’y ai posé le petit déj… J’ai tout de suite reconnu que c’était lui, tu parles !… Et, comme une conne, je me suis plantée là, près du lit, les yeux écarquillés… Lui, ça l’a fait rigoler… Et tout ce que j’ai trouvé à dire, c’est… « - Moi aussi, je dessine, vous savez ! » Plus nunuche on fait pas… Et j’en ai rajouté une couche… « - Vous voulez que je vous montre ?… - Si vous voulez… » Je me le suis pas fait dire deux fois… Il y a jeté un œil comme ça vite fait et il m’a dit de repasser ce soir après mon service… Qu’on en parlerait…

- Et tu vas y aller ?

- Evidemment que je vais y aller… T’as de ces questions… Je suis morte de trouille, mais je vais y aller…

lundi 18 mai 2009

Aux délices d'Adeline ( 5ème jour )

Clémence – c’était son tour – était partie servir les petits déjeuners. Coralie, elle, s’était précipitée sous la douche dès qu’elle avait entendu que ça commençait à bouger dans le box des garçons. Laurianne s’est levée, est venue s’asseoir au bord de mon lit. Avec des mines de conspiratrice. Et un sourire radieux…

- Tu sais quoi ?… Eh bien ça y est…

- Qu’est-ce qui y est ?

- Le monsieur, là, qui s’occupe de tout…

- Monsieur Ménisson…

- Oui… Il voulait me voir hier pour remplir des papiers et m’expliquer des trucs… Eh ben comment il m’a engueulée d’être arrivée en retard et de pas avoir été là pour l’ouverture…

- Il avait pas complètement tort, non ?

- Il y a longtemps qu’on m’avait pas engueulée comme ça… Et aussi longtemps… Et il y a pas que ça… Parce que à la fin il m’en a mis une… Et une bonne…

- Ca aura pas traîné, dis donc !…

- Il m’a obligé à la réclamer… A dire que je l’avais méritée… A demander pardon… Et à enlever ma culotte… J’étais morte de peur… Mais comment j’ai aimé !… A ce point-là j’aurais jamais cru…

- Bon, ben tu vois finalement… C’aurait été un peu idiot de rentrer en Belgique, non ?

- Et comment !… Mais c’est quand que je vais en avoir une autre, tu crois ?… J’ai trop envie maintenant…

- Oh, pour ça t’inquiète pas… Ca viendra… Et peut-être bien plus vite que tu l’imagines…

- Il faut faire quoi ?…

- Même si tu fais rien… Les clients s’occuperont de t’en faire avoir… Il y en a de tout particulièrement motivés ici…

- Devant tout le monde on me la donnera ?

- Evidemment devant tout le monde…

- Dis, s’il te plaît, tu le dis pas aux autres filles que j’en avais jamais eu avant, hein !… J’aurais bien trop honte…




- Mademoiselle Ternat demande que tu lui montes un thé…

Adeline était allongée de tout son long sur le divan dans le bureau…

- Merci… Alors ?!… Raconte un peu !… Comment ça se passe ?

- Oh, il y a pas grand chose à raconter…

- C’est toi qui as pris la toute première il paraît ?

- C’est moi, oui !… Enfin je crois…

- Fais voir, ça me rappellera des souvenirs… Eh bien fais voir !… Qu’est-ce que t’attends ?… Non, mais désape-toi… Carrément… Oui… Oui… C’est pas franchement terrible… Tu marquais beaucoup plus l’année dernière… Ou alors c’est Ménisson qui manque de conviction… Faudra que je lui dise qu’il se montre un peu plus explicite… Les clients seront déçus sinon… Qu’est-ce que tu fais ?… Mais non, te rhabille pas !… Reste comme ça… Ca me passera un moment… Parce que si tu savais ce que je peux m’emmerder… Je suis pas faite pour ça, moi, passer mes journées à rien faire… C’est encore une idée à Ménisson, ça… « Vous avez tout intérêt à ne pas trop vous montrer, à rester inaccessible si vous voulez jouir d’un certain prestige, d’une autorité sans faille. Surtout sachant que vous avez occupé auparavant des fonctions beaucoup plus subalternes… » Tu parles !… A mon avis ce qu’il a surtout voulu Ménisson, c’est me mettre au placard pour pouvoir régner sur tout ça comme bon lui semble… Mais j’ai pas dit mon dernier mot… C’est moi la patronne, oui ou non ?… Alors le jour où je vais débouler là-dedans et prendre vraiment les choses en mains il aura qu’à bien se tenir… Lui aussi, comme les autres… Tu sais que s’il apprenait que je t’ai fait venir il serait furieux ?… Déjà qu’il supporte tout juste que Félicien me rende visite de temps en temps… S’il ne tenait qu’à lui Félicien serait confiné aux cuisines comme les autres et ne mettrait jamais les pieds ici… Faut tout de même pas exagérer… Parce que sans Félicien je serais pas là… J’aurais pas tout ça… Alors qu’il vienne se ramasser sa fessée de temps en temps je lui dois quand même bien ça… Même si pour moi, maintenant, c’est devenu une corvée beaucoup plus qu’autre chose… Au début, oui, je prenais mon pied… Et pas qu’un peu !… Mais à force… Il est trop prévisible Félicien… Trop répétitif… Il manque d’imagination… Et il bave beaucoup trop d’admiration devant moi… Tu t’enfonces dedans comme dans du beurre… C’est gonflant à force… Non… Le seul sur qui ça me motiverait vraiment maintenant c’est Fournier… Pour plein de raisons… Je t’ai déjà dit… Mais surtout parce que la fessée c’est pas du tout son truc… Et j’y arriverai… Je me suis juré d’y arriver… Mais pour ça encore faudrait-il que je puisse aller et venir ici comme bon me semble, Ménisson ou pas Ménisson…

Elle a soupiré…

- Ca va être son heure à celui-là… File !… Parce que s’il te trouve là je vais encore avoir droit à tout un tas de réflexions sur mon rang à tenir… File !… Je te rappellerai un de ces jours… On discutera… Ca me fait du bien…




- Tu fais voir ?

Elle a précipitamment dissimulé la feuille sous son oreiller…

- Oh, mais fais voir, quoi !

- Oui, mais alors vous en parlez pas aux autres, hein !… Vous me promettez…

- Pourquoi on irait faire une chose pareille ?… Ca regarde personne…

Elle nous l’a tendue. Elle s’était dessinée, elle, sous la douche qui coulait, couchée en travers des genoux de Milàn, le petit jeune des cuisines, qui la fessait. Il y mettait tout son cœur. Il la fessait et, en même temps, il assistait à sa fessée. Il était le seul spectateur, cloné en une dizaine d’exemplaires qui observaient la scène avec une attention soutenue, la mine surprise, ravie, scandalisée, gourmande, moqueuse, indifférente, effrayée ou compatissante, selon les cas. Plusieurs d’entre eux se masturbaient, les uns frénétiquement, les autres avec une retenue inquiète…

- En tout cas t’as un sacré coup de crayon…

Et on a voulu voir ses autres dessins qu’elle ne s’est pas fait prier pour nous montrer. Elle en était systématiquement l’héroïne principale. Et elle y était systématiquement fessée. Dans les endroits les plus peuplés qui soient : Au Stade de France juste avant la finale de la Coupe du Monde 98. Place de La Bastille à la fin d’une manifestation unitaire. Sur les remparts de Carcassonne au milieu d’une foule de touristes éberlués…

- C’est fou comment t’arrives à donner une impression de foule sans vraiment la dessiner…

- Il y a pas de risque qu’un jour ça t’arrive vraiment devant autant de monde. Ou alors tu finiras en taule… Et le type avec…

Laurianne a fait mine de s’enfuir avec la pile de dessins…

- Eh !… Où tu vas ?

- Les montrer à Monsieur Ménisson… Histoire qu’il t’en colle une bonne…

- Ca va pas, non ?

Elles ont lutté mi-joueuses mi-sérieuses. Quelqu’un a donné des coups dans la cloison…

- Oh, les filles, c’est fini ce boucan ? Il y en a qui voudraient dormir…

C’était la voix de Milàn…

jeudi 14 mai 2009

Aux délices d'Adeline ( 4ème jour )

- Entrez !

Ils y pensaient. Tous. Dès qu’ils voyaient que c’était moi…

- Bonjour, Messieurs dames… Le petit déjeuner…

Ils y pensaient. Ils ne pensaient qu’à ça. C’était dans leurs yeux. C’était dans leurs sourires. C’était dans leurs voix. C’était dans leurs silences. Dans leurs regards – je les sentais – posés avec insistance sur mes fesses dès que je leur tournais le dos pour regagner la porte…




A la 116 c’était eux. Le couple du croche-pied…

- Je vous mets le plateau où ?

- Là… Sur le lit… Entre nous…

Il ne m’a pas laissé le poser. Il s’est emparé de mes poignets… Les deux…

- Et si tu le renversais ?… On sait jamais… T’en serais bien capable, maladroite comme tu es… Tu imagines ?… Tu imagines les dégâts que ça ferait, là, sur le lit ?… Il serait pas content l’autre pingouin… Tu te ramasserais encore un de ces panpan cucul… Comme hier soir… Pire même… C’est une bonne idée, non ?… Parce que… qu’est-ce qu’on a apprécié, nous !… Quelle belle vue panoramique – et délicieusement approfondie – tu nous offrais sur tes replis les plus secrets !… Tu le faisais exprès ou tu pouvais pas t’en empêcher tellement il tapait fort ?… Tu veux pas le dire ?… Ca fait rien : on la connaît la réponse… En tout cas on en redemande… Encore !… Encore !… Il suffirait de pas grand chose, hein, regarde !… Que je te fasse un peu pivoter les poignets et tout basculerait… La catastrophe !… Ca viendra… En temps voulu… Faut jamais abuser des bonnes choses… Mais ça viendra…

Il m’a lâchée…

- Pose !… Vas-y !… Pose !… Mais tu trembles !… Qu’est-ce qu’il y a ?… C’est nous ?… On t’intimide ?… Il y a vraiment pas de quoi…

J’ai filé vers la porte. Sa femme lui a chuchoté quelque chose à l’oreille…

- Ah oui… Attends !… Attends !… Te sauve pas comme ça… T’es bien pressée…

Il a ouvert le tiroir de la table de nuit…

- Tiens !… Ta culotte… Tu l’as oubliée en bas hier soir…

Il me l’a lancée. Elle est tombée à mes pieds…




La quatrième serveuse – Laurianne – il a fallu aller la chercher à la gare…

- Tu t’en occuperas, Raphaëlle…

Elle était affalée sur un banc au milieu de ses sacs…

- Je crois pas que je vais venir…

- Ah bon !?… Pourquoi ?… Qu’est-ce tu vas faire ?

- Rentrer chez moi… Là-haut… En Belgique…

- C’est toi qui vois… Mais avoir fait tout ce voyage pour rien !…

- Non, je viens pas… Non…

- Bon, ben salut alors !… Moi, je retourne là-bas… Il y a du boulot en pagaille…

Elle m’a rattrapée dans le hall…

- Non… Attends !… Attends !… Je sais pas en fait… J’en sais rien… J’ai envie, mais en même temps je t’ai une de ces trouilles…

- Ca, c’est normal, tu connais personne… Mais tu seras vite dans le bain, tu verras…

- C’est pas ça qui me fait peur…

- C’est quoi alors ?!… T’en es quand même pas à ta première fessée ?

- Ben si !… Justement !…

- C’est pas vrai !… Mais ils recrutaient que des serveuses vraiment expérimentées, ils avaient dit…

- J’ai menti…

- Ah !

- Oui… Je lui ai raconté des tas d’histoires à la femme pour qu’elle me prenne… J’ai beaucoup d’imagination…

- Mais pourquoi t’as fait ça ?

- Parce que j’avais envie que les trucs que j’inventais ils m’arrivent en vrai… De loin comme ça ça me paraissait tout simple… Ca allait de soi… Mais au fur et à mesure que l’échéance approchait… Et ça fait un mois que je sais plus où j’en suis… Il y a des jours où je suis super excitée, où j’ai hâte qu’on y soit… Et d’autres où je me dis que c’est une connerie monumentale, que je suis complètement folle… Hier soir encore je me jurais de ne jamais mettre les pieds ici… Et ce matin, à la première heure, je prenais le train… Et maintenant…

- T’as plus qu’une idée, c’est de t’enfuir… Bon… Tu vas rentrer chez toi… Il va se passer quoi ?… Tu vas t’en vouloir à mort… Tu vas te traiter de tous les noms… Et tu vas te remettre à en rêver… Nuit et jour… A danser d’un pied sur l’autre… Des occasions se présenteront… Que tu ne saisiras pas… Jusqu’au jour où tu finiras enfin par te jeter à l’eau… N’importe où… N’importe comment… Avec n’importe qui… Ici au moins on sait où on va… On ne court pas de véritable danger… Et une fois qu’on y a goûté…

Elle a repris ses sacs…

- On y va… Je te suis… C’est par où ?




Il a recommencé. A tendu la jambe dans l’allée. Mais plus mollement. Et en me laissant largement le temps de l’éviter…

- Qu’est-ce tu croyais ?… Que j’allais encore te faire tomber ?… Mais non !… Je suis pas comme ça… Faut savoir varier les plaisirs… Et puis il faut bien que tes petites camarades s’amusent, elles aussi. Il a fait signe à Coralie. Qui s’est approchée…

- Alors ?… Paraît que c’est ton tour aujourd’hui ?… Qu’on te réserve une jolie petite surprise pour le dessert…




- Pourquoi il a dit ça ?… T’es au courant de quelque chose ?…

- Rien… Non… Rien… Mais de toute façon faudra bien que t’y passes un jour ou l’autre…

- Oui, mais de savoir qu’il y a un truc qui se manigance derrière mon dos… Qu’est-ce ça peut bien être ?

- Tu verras bien…



- Mademoiselle, s’il vous plaît…

- Oui…

- Une petite question… C’est encore tout rouge d’hier soir ou ça a déjà commencé à s’estomper…

- Excusez-moi !… J’ai du travail…

Mais ils sont revenus à la charge. Trois types. Deux vieux, mais vraiment vieux. Et un jeune…

- Vous nous avez pas répondu…

Chaque fois que je passais à leur hauteur…

- C’est très désagréable… On est en droit de savoir…

- Si ça continue on va se plaindre au majordome là-bas…

- Il vous le fera bien dire… Ou il en remettra une couche…

- Mais qu’est-ce que vous voulez savoir au juste ?

- Ben ça !… Dans quel état c’est…

- Ben oui, c’est rouge !… Evidemment que c’est rouge…

Ils ont paru se satisfaire de la réponse, se sont lancés dans une longue conversation animée à voix basse…




Au dessert il ne s’était rien passé. Coralie a soupiré…

- C’est sûrement pour demain alors… Mais qu’est-ce que ça peut bien être ?

lundi 11 mai 2009

Aux délices d'Adeline ( 3ème jour )

Coralie en avait encore les yeux tout brillants d’excitation…

- Vous savez quoi, les filles ?… Eh bien je viens de prendre ma douche avec les quatre types du box d’à côté…

- Ca t’arrivera d’autres fois…

- J’étais dessous quand ils ont déboulé… « Salut !… Bien dormi ?… » Et ils se sont désapés…

- Parce que tu voulais qu’ils se lavent tout habillés ?

- Ben non, non, mais…

- Mais quoi ?…

- Non… Rien… Mais n’empêche que c’est des conneries ce qu’on raconte sur le patron… Que c’est un obsédé tout ça… Parce qu’il m’a même pas regardée… Enfin si !… Quand même un peu… Mais de l’air de celui qu’en a vraiment rien à foutre…

- Et ça t’a vexée…

- Ben pour être franche… quand même un peu, oui… Quand t’es à poil et que t’as l’impression de faire aucun effet c’est pas vraiment agréable… Ca vous fait pas ça à vous ?… En tout cas il en avait pris une aussi… Comme Basile… Et une belle… A tous les coups c’est mademoiselle Ternat qui la lui a flanquée… Ca peut être qu’elle… Comment c’était trop rigolo de les voir comme ça tous les deux l’un à côté de l’autre avec leurs derrières tout rouges… On aurait dit qu’ils faisaient un concours… Mais quand même !… Faut pas avoir honte !… Quand t’es patron !… Comment tu veux avoir de l’autorité après ça ?…

- Il en a pas besoin… Il compte pas…

- Je sais pas comment ils font… Je pourrais jamais, moi, vivre avec un mec qu’aurait aucune importance pour moi… Et encore moins coucher… Mais peut-être qu’ils couchent pas ?

- Qu’est-ce que tu veux que j’en sache ?… Je tiens pas la chandelle…

- On s’en fiche d’eux n’importe comment… C’est leur vie… Ils se débrouillent… Mais alors, à part ça, les filles, il y en a un !… C’est le petit jeune… Comment il est super mignon, super craquant et tout et tout… Et je peux vous dire – j’ai eu tout le temps de voir – qu’il a tout ce qu’il faut là où il faut… Pas la peine que je vous fasse un dessin…

- Je croyais que t’avais un copain ?

- Oui, oh !… De toute façon je me fais pas d’illusions… On est douze nanas – dont quelques-unes plutôt canons – pour quatre mecs… Et sur les quatre il y en a qu’un de baisable… Alors !…




Monsieur Ménisson s’est éclairci la voix…

- Bien… Alors si je vous ai tous réunis ici ce matin c’est pour régler quelques derniers petits détails avant l’ouverture de ce soir… D’abord qu’il soit bien clair que je serai votre seul interlocuteur… Sous aucun prétexte, à moins qu’elle ne vous ait expressément convoqués, vous ne devez déranger Mademoiselle Ternat…Est-ce bien clair ?

Quelques-uns ont bruyamment approuvé…

- Ensuite – mais cela devrait aller sans dire – je ne veux recevoir aucune plainte, entendre aucune doléance, de quelque nature qu’elles soient, de la part de la clientèle au sujet de n’importe lequel d’entre vous… La sanction serait immédiate… Aucune explication, aucune tentative de justification ne seront recevables… Et en cas de récidive ce serait le licenciement immédiat pur et simple… C’est bien compris ?

C’était compris, oui…

- Et enfin vous aurez à cœur d’entretenir les uns avec les autres les meilleures relations qui soient… Si nous avons délibérément choisi de vous faire vivre en étroite promiscuité c’est pour vous offrir la possibilité de former un groupe solidaire et homogène… J’espère que vous ne nous donnerez pas l’occasion de le regretter… Voilà… C’est tout… Et maintenant au travail !… Ah si !… Encore un dernier mot… N’oubliez pas d’avoir constamment présents à l’esprit les termes du contrat que vous avez signé… Ca vous évitera sans doute bien des déconvenues…




Les premiers clients ont commencé à arriver en tout début d’après-midi… Ils se sont approprié les chambres, ont investi le parc, les escaliers, les couloirs… A cinq heures l’hôtel était complet…

- Et l’autre qu’est toujours pas arrivée…

- Elle a peut-être changé d’avis…

- On va jamais assurer le service en salle à trois…

- Faudra bien…




Il a bien fallu… A sept heures tapantes la salle de restaurant était pleine. Monsieur Ménisson prenait cérémonieusement les commandes. Ouvrait les bouteilles. Faisait goûter le vin. Multipliait les courbettes. Et exerçait sur nous trois une surveillance de tous les instants qui mettait Clémence dans tous ses états…

- Il me stresse… Non, mais comment il me stresse !…

On courait. De la salle aux cuisines…

- Ben alors, Basile, qu’est-ce vous foutez ?… Ca fait dix minutes que je les attends les Saint-Jacques pour la 7…

- J’ai pas douze mains, moi !…

Et des cuisines à la salle…

- On peut avoir du pain ?

- Tout de suite, Monsieur !

- Je l’avais demandé saignant mon steak… Vous appelez ça saignant, vous ?

- Je le signale aux cuisines… Ils vont vous en refaire un…

- Mademoiselle, s’il vous plaît !…

- J’arrive…




Il l’a fait exprès. Délibérément exprès. Un grand type d’une trentaine d’années au sourire fat, puant à cent kilomètres à la ronde le contentement de lui-même… Juste au moment où je passais à sa hauteur avec trois assiettes sur les bras il a brusquement lancé sa jambe dans l’allée et je me suis étalée de tout mon long dans un grand fracas de vaisselle cassée. De la sauce a giclé sur la robe de sa femme qui a poussé un hurlement strident…

- Une robe toute neuve !… Où c’est qu’ils sont allés la chercher cette bonne à rien ?

Je me suis relevée aussi vite que j’ai pu. Clémence et Coralie se sont précipitées pour m’aider à réparer les dégâts. On n’a pas eu le temps. Monsieur Ménisson m’a fermement empoignée par le bras, tirée en arrière…

- Toi !… Evidemment, toi !… Tu n’en loupes pas une, hein !

Tout s’est tu. Plus un bruit. Plus le moindre cliquetis de couvert...

- Déculotte-toi !

D’un ton qui ne souffrait pas la moindre réplique. Et j’ai obéi. Dans le fond, près de la baie vitrée, des gens se sont levés pour mieux voir. Du regard j’ai cherché, tout autour de moi, où poser ma culotte. Le type au croche-pied a tendu la main. Je la lui ai machinalement donnée. Et voulu aussitôt précipitamment la reprendre en rougissant. Il ne me l’a pas rendue. En me fixant droit dans les yeux il l’a enfouie sous sa chemise. Monsieur Ménisson m’a obligée à me tourner vers lui. Il a posément dégrafé ma petite jupe noire, enfermé dans l’une de ses mains les deux miennes derrière lesquelles je m’efforçais maladroitement de dissimuler ma nudité. De l’autre il a tiré une chaise, posé le pied dessus. Il a pris tout son temps. Il m’a soulevée, couchée en travers de sa jambe et il a tapé. Ils étaient là eux aussi. Sortis tous les quatre des cuisines ils regardaient. Monsieur Ménisson ne m’a pas ménagée. Fort. Longtemps. Incroyablement brûlant. J’ai hoqueté. J’ai fini par crier. Il m’a reposée…

- Là… Pour cette fois ce sera tout… Retourne travailler…

jeudi 7 mai 2009

Aux délices d'Adeline ( 2ème jour )

- T’as vu ?… Il a dormi dans le box à côté de nous le type de la patronne…

- Félicien ?… Il y dormira tous les soirs… Avec ceux des cuisines puisqu’il va travailler avec eux…

Elle a étalé une hallucinante quantité de beurre sur sa tartine…

- Même qu’il soit le patron ?… Ils sont vraiment bizarres là-dedans… Je cherche plus à comprendre… En tout cas, je sais pas si c’est vrai, mais paraît que c’est un sacré cochon et qu’il est sans arrêt en train de tourner autour des douches pour voir ce qui s’y passe…

- Les douches, tu sais, on va pas arrêter de s’y croiser et recroiser les uns les autres, mais qui c’est qui t’a raconté ça ?

- Je sais plus… Remarque, moi, j’m’en fous un peu qu’on le voie mon cul… Complètement même… Si ça peut leur faire du bien, moi, ça me fait pas de mal… Et puis de toute façon, avec les fessées, tout le monde va pas arrêter de le voir alors !…

Elle a longuement contemplé le fond de sa tasse…

- T’en as vachement reçu, toi, hein, à ce qu’on m’a dit !… Même que quand ça faisait encore école ici t’as gagné le premier prix… Qu’est-ce t’as de la chance !… Moi aussi j’en ai eu, mais pas tant que ça finalement… Parce que mon copain ça lui plaisait pas vraiment de me la donner… Il disait le contraire, mais je voyais bien que non… Et ça lui plaisait pas parce qu’à moi ça me plaisait trop… Sans arrêt il me faisait des réflexions là-dessus… C’est pour ça que quand j’ai vu l’annonce j’ai pas hésité une seule seconde, tu parles !… Surtout qu’il y avait marqué qu’il faudrait l’avoir devant tout le monde… Et ça c’est un truc rien que d’y penser ça m’a toujours rendue folle… Il y a même eu une période où je dessinais que ça, en cachette, tout le temps : moi en train de la recevoir… Sur une grande place avec plein de gens autour qui regardaient, qui rigolaient et qui se moquaient de moi… Ou bien sur un terrain de foot avec tous les spectateurs dans les gradins… Ou encore à la caisse, dans une grande surface… Dans tout un tas d’endroits… Une centaine j’en ai…

- Et t’en as fait quoi ?

- Je les ai vendus à la kermesse du curé… Non, je déconne… Ils sont là-haut dans mes affaires… Jamais je m’en sépare… J’aurais bien trop peur que quelqu’un tombe dessus et me les pique… Je te les montrerai si tu veux…




Tout un remue-ménage du côté des cuisines. Et la voix d’Adeline furieuse…

- Répète-le que c’est pas vrai… Répète-le pour voir… Ca fait dix minutes que je t’observe… Dix minutes que je te regarde faire et tu as le culot de nier !…

J’ai discrètement entrebaîllé la porte. Coralie s’est penchée par dessus mon épaule…

- Je nie pas… Je nie pas, mais…

C’était Basile…

- Encore heureux !… Manquerait plus que ça !… Bon, mais t’étais prévenu… Je te l’avais dit : Que je te surprenne une fois, une seule fois, à laisser traîner tes regards vicelards sur les femmes qui sont amenées à travailler avec toi, comme tu n’arrêtais pas de le faire l’année dernière, et tu n’y coupes pas… Je te l’avais pas dit ?…

- Si !…

L’une des deux aides-cuisinières a balbutié quelque chose d’incompréhensible…

- Toi, le jour où je voudrai connaître ton avis, je te le demanderai…

La fille s’est empourprée, a baissé piteusement la tête…

- Oui ?… Vous aussi, vous aviez quelque chose à dire, monsieur Fournier ?

- Non… Rien… Rien… Absolument rien…

- Il m’avait pourtant semblé… Mais c’est préférable… Les conditions ont radicalement changé… Vous en avez bien conscience, n’est-ce pas ?… Pardon ?… Je n’ai pas entendu votre réponse…

- Je disais que… oui, bien sûr, les conditions ont changé…

- Parfait… Eh bien puisque tout le monde en est tombé d’accord je vais donc ouvrir le bal avec Basile… Ou plutôt non… J’aurai bien d’autres occasions de le faire danser… Non… C’est vous, monsieur Fournier, qui allez vous en charger… Ca vous donnera l’occasion de tenir enfin votre promesse…

De la main il a esquissé un geste de protestation…

- Pardon ?… Vous auriez déjà oublié nos conventions ?… Si vous ne voulez pas que j’en révèle publiquement la teneur je vous conseille de vous montrer beaucoup plus conciliant…

Un autre de résignation accablée. Elle a fait signe à Basile qui s’est docilement approché…

- Déculotte-toi !

Il a aussitôt obéi et elle l’a poussé résolument vers lui…

- Et vous faites pas semblant, hein, Fournier !… Vous pourriez le regretter amèrement…

Il n’a pas fait semblant. Basile a gigoté. Entre ses fesses les boules ont ballotté. Les deux filles, pétrifiées, ne les ont pas quittées des yeux… Le petit jeune, lui, frémissait à chaque coup qui tombait en fermant les yeux… Rouge écarlate… Violacé…

- Ce sera bon pour cette fois, Fournier, merci… Et toi, dorénavant, tu tâcheras de laisser tes collègues tranquilles…




- Et moi, c’est Clémence…

- Entre!… Installe-toi!… Où tu veux… Elle est pas encore arrivée la quatrième…

Elle a posé son sac sur l’un des deux lits restants près de la porte, a étouffé un baîllement…

- Quel voyage !… Je suis morte de fatigue…

- Couche-toi !… On aura tout le temps de discuter demain…

- Oui… Oui… Je crois que c’est ce que j’ai de mieux à faire…

Et elle nous a tourné le dos pour se déshabiller…

- Eh ben dis donc !… T’as pris de l’avance on dirait… Qui c’est qui te l’a mis dans un état pareil ?

- Benjamin… C’est mon mari, Benjamin…

- Il y va pas avec le dos de la cuillère Benjamin…

- C’est comme ça que j’aime… Que comme ça… Même qu’elle l’a marqué dans mon dossier la patronne… « Préférence marquée pour les châtiments appuyés »

Et elle s’est retournée vers nous avec un sourire ravi…

- Oh, ils te soigneront !… Te fais pas de souci pour ça…

- J’espère… Parce qu’il serait drôlement déçu Benjamin… Et moi avec…

- Tu vas lui raconter ?

- Mais pas seulement… Il va venir… Comme client… Incognito… Alors si je m’en prends pas des bonnes… Oh, mais j’en aurai… Je ferai ce qu’il faut pour…

lundi 4 mai 2009

Aux délices d'Adeline ( 1er jour )

C’est une jeune fille inconnue qui est venue m’ouvrir…

- Bonjour… Elle est là Adeline ?… Je voudrais la voir…

- Mademoiselle Ternat ?… Elle est là, oui !… Mais elle veut pas qu’on la dérange… C’est pour quoi ?

- Je suis Raphaëlle et…

- Ah, c’est toi Raphaëlle !… Ce que j’ai entendu parler de toi !… Moi, c’est Coralie… On va bosser ensemble… Tiens, viens !… Viens, je vais te montrer… Il y a que nous encore pour le moment… Tout le monde arrive demain… Là, c’est la salle de restaurant…

Le réfectoire… Qui avait été repeint dans des tons roses et gris souris. Dont tout un pan de mur avait été abattu pour laisser place à une grande baie vitrée donnant sur la cour de récréation transformée en terrasse…

- Et là-bas il y a un grand parc… C’est magnifique, tu verrais ça !

- Je connais un peu, tu sais !

- Ah oui, c’est vrai, que je suis bête !… T’as envie de visiter les chambres ?

Luxueusement aménagées dans les anciennes salles de classe et une partie des dortoirs…

- Nous, le personnel c’est là-haut qu’on nous a mis… Tout là-haut… Tu veux que je t’aide à monter tes affaires ?

Les box, eux, par contre, étaient restés rigoureusement identiques à ce qu’ils étaient…

- C’est celui-là, le nôtre… Le box des serveuses…

- Je l’aurais parié !

- Oui… Il l’a fait exprès Monsieur Ménisson… « Ca lui rappellera des souvenirs à Raphaëlle…» il a dit…

- Monsieur Ménisson ?!… Il est là ?… Mais qu’est-ce qu’il fait là ?

- Elle a voulu le garder Mademoiselle Ternat… Il est maître d’hôtel et chef de rang… Les deux… Et même un peu plus… Il s’occupe de tout en fait… En tout cas il a pas l’air commode… Faut pas s’y frotter, il paraît…

- C’est pas trop conseillé, non… C’est qui les autres filles avec nous ?

- Je sais pas… Il y en a une qui va venir de Belgique et l’autre d’Alsace, il paraît… Dans le box juste à côté, là, ce sera les mecs qui travaillent aux cuisines… Monsieur Ménisson a encore dit en rigolant que ça t’éviterait de courir jusqu’à l’infirmerie en cas de besoin… Pourquoi il a dit ça ?

- Oh, une vieille histoire… C’est sans intérêt… Et en face ?

- Là, les filles qui feront le ménage, les chambres, tout ça… Et là les deux lingères et les deux nanas qui aideront les types aux cuisines…




J’étais sûre de le trouver là Félicien. Sur notre banc. Je me suis assise à ses côtés sans un mot. On est restés un long moment silencieux…

- Alors ?

- Alors quoi ?

- Après-demain le grand jour ?

- Pas vraiment, non… Pour moi c’était avant le grand jour… Le jour où elle a accepté… Maintenant je n’ai plus rien à voir là-dedans… Je n’ai plus aucun pouvoir de décision… Aucun droit de regard… Pas plus que toi… Pas plus que n’importe lequel d’entre vous… Je suis un employé comme les autres… Ni plus ni moins…

- Pas tout-à-fait quand même !

- Si !… Ca fait partie des conditions qu’elle m’a imposées… Et que j’ai acceptées… Plus rien ici n’est à moi… Je travaillerai aux cuisines avec les autres… Je dormirai au dortoir avec vous… Je serai puni quand elle estimera que je l’ai mérité… Ou que quelqu’un à qui elle aura donné autorité sur moi estimera que je l’ai mérité…

- Elle a remarquablement su mener sa barque, dis donc !…

- A moins que ce soit moi… Pour obtenir ce dont j’avais toujours rêvé…

Il s’est levé…

- Tu devrais passer la voir… Sans trop tarder… Si elle sait que tu es là et que tu ne t’es pas précipitée chez elle…




- Entrez !… Ah, c’est toi ?!

Elle est venue à ma rencontre, m’a chaleureusement embrassée…

- T’as vu ?… T’as vu où je me suis installée ?

Dans le bureau du directeur dont elle avait fait repeindre les murs et changer la moquette…

- Avoue… Avoue que c’était quand même le lieu le plus approprié à mes nouvelles fonctions, non ?… Bon, mais sers-moi un whisky, tiens, en attendant !… Le bar est derrière toi… Le meuble dans l’angle à droite…

Elle s’est laissé tomber dans son fauteuil…

- Tu vois que ça sert de savoir ce qu’on veut dans la vie… Quand on est suffisamment déterminé on finit toujours par l’obtenir… Merci… Ah oui, et tu sais pas ?… Tu sais pas qui j’ai embauché comme cuisinier ?… Je te le donne en mille… Fournier…

- Fournier ?!…

Eh oui !… Juste retour des choses… A chacun son tour d’être le chef de l’autre… N’empêche : qu’est-ce que j’ai dû le lutter !… Il voulait pas signer… Enfin, si !… Il demandait que ça, mais il voulait absolument qu’en ce qui le concerne la clause-fessée soit supprimée… J’ai fini par céder… C’est un excellent cuisinier et j’avais vraiment trop envie de l’avoir sous mes ordres… Mais je n’ai pas dit mon dernier mot : l’an prochain quand il faudra renouveler le contrat… Je mettrai le temps qu’il faudra, mais il finira par y passer… Et ce jour-là je le louperai pas… Il s’en souviendra un moment… Un en attendant qui va pas y couper – et sans tarder – c’est Basile…

- Basile ?!… Il est là lui aussi ?

- Et je peux te dire qu’il s’est pas fait prier pour accepter… Et qu’il va être le premier à y attraper… Parce que je garde encore en travers de la gorge la façon dont Fournier me l’a arraché des mains – il y a pas d’autre mot – l’an dernier juste comme j’allais lui en coller une… Bon, mais les cuisines, c’est les cuisines et ce qui s’y passe ça n’intéresse pas vraiment la clientèle… Non… Ceux qui décideront de venir passer quelques jours ici le feront bien évidemment dans l’espoir de voir fesser le personnel féminin… Sans que cela leur soit pour autant garanti… Je suis chaque fois, que ce soit par téléphone ou par courriel, très claire avec eux là-dessus : il ne s’agit en aucun cas d’inventer n’importe quel prétexte plus ou moins crédible pour leur offrir le spectacle de derrières rougissants… Aucune de mes employées – je le leur précise systématiquement – ne sera jamais punie sans motif et il est évidemment impossible de prévoir quand sera commise la faute qui lui vaudra la sanction méritée… Personne n’a pour autant, jusqu’à présent, renoncé à sa réservation. Bien au contraire : la perspective d’assister à une vraie fessée, plutôt qu’à un médiocre simulacre, enchante à l’évidence ceux qui envisagent un séjour ici et ils semblent prêts, pour la plupart, à le prolonger jusqu’à ce que cela se soit enfin produit… Du coup c’est bien évidemment à vous, les serveuses, qu’il appartiendra de faire en sorte que leur attente ne soit pas trop souvent et trop longtemps déçue… Mais je sais que, de ce côté-là, je peux compter sur toi…