jeudi 7 mai 2009

Aux délices d'Adeline ( 2ème jour )

- T’as vu ?… Il a dormi dans le box à côté de nous le type de la patronne…

- Félicien ?… Il y dormira tous les soirs… Avec ceux des cuisines puisqu’il va travailler avec eux…

Elle a étalé une hallucinante quantité de beurre sur sa tartine…

- Même qu’il soit le patron ?… Ils sont vraiment bizarres là-dedans… Je cherche plus à comprendre… En tout cas, je sais pas si c’est vrai, mais paraît que c’est un sacré cochon et qu’il est sans arrêt en train de tourner autour des douches pour voir ce qui s’y passe…

- Les douches, tu sais, on va pas arrêter de s’y croiser et recroiser les uns les autres, mais qui c’est qui t’a raconté ça ?

- Je sais plus… Remarque, moi, j’m’en fous un peu qu’on le voie mon cul… Complètement même… Si ça peut leur faire du bien, moi, ça me fait pas de mal… Et puis de toute façon, avec les fessées, tout le monde va pas arrêter de le voir alors !…

Elle a longuement contemplé le fond de sa tasse…

- T’en as vachement reçu, toi, hein, à ce qu’on m’a dit !… Même que quand ça faisait encore école ici t’as gagné le premier prix… Qu’est-ce t’as de la chance !… Moi aussi j’en ai eu, mais pas tant que ça finalement… Parce que mon copain ça lui plaisait pas vraiment de me la donner… Il disait le contraire, mais je voyais bien que non… Et ça lui plaisait pas parce qu’à moi ça me plaisait trop… Sans arrêt il me faisait des réflexions là-dessus… C’est pour ça que quand j’ai vu l’annonce j’ai pas hésité une seule seconde, tu parles !… Surtout qu’il y avait marqué qu’il faudrait l’avoir devant tout le monde… Et ça c’est un truc rien que d’y penser ça m’a toujours rendue folle… Il y a même eu une période où je dessinais que ça, en cachette, tout le temps : moi en train de la recevoir… Sur une grande place avec plein de gens autour qui regardaient, qui rigolaient et qui se moquaient de moi… Ou bien sur un terrain de foot avec tous les spectateurs dans les gradins… Ou encore à la caisse, dans une grande surface… Dans tout un tas d’endroits… Une centaine j’en ai…

- Et t’en as fait quoi ?

- Je les ai vendus à la kermesse du curé… Non, je déconne… Ils sont là-haut dans mes affaires… Jamais je m’en sépare… J’aurais bien trop peur que quelqu’un tombe dessus et me les pique… Je te les montrerai si tu veux…




Tout un remue-ménage du côté des cuisines. Et la voix d’Adeline furieuse…

- Répète-le que c’est pas vrai… Répète-le pour voir… Ca fait dix minutes que je t’observe… Dix minutes que je te regarde faire et tu as le culot de nier !…

J’ai discrètement entrebaîllé la porte. Coralie s’est penchée par dessus mon épaule…

- Je nie pas… Je nie pas, mais…

C’était Basile…

- Encore heureux !… Manquerait plus que ça !… Bon, mais t’étais prévenu… Je te l’avais dit : Que je te surprenne une fois, une seule fois, à laisser traîner tes regards vicelards sur les femmes qui sont amenées à travailler avec toi, comme tu n’arrêtais pas de le faire l’année dernière, et tu n’y coupes pas… Je te l’avais pas dit ?…

- Si !…

L’une des deux aides-cuisinières a balbutié quelque chose d’incompréhensible…

- Toi, le jour où je voudrai connaître ton avis, je te le demanderai…

La fille s’est empourprée, a baissé piteusement la tête…

- Oui ?… Vous aussi, vous aviez quelque chose à dire, monsieur Fournier ?

- Non… Rien… Rien… Absolument rien…

- Il m’avait pourtant semblé… Mais c’est préférable… Les conditions ont radicalement changé… Vous en avez bien conscience, n’est-ce pas ?… Pardon ?… Je n’ai pas entendu votre réponse…

- Je disais que… oui, bien sûr, les conditions ont changé…

- Parfait… Eh bien puisque tout le monde en est tombé d’accord je vais donc ouvrir le bal avec Basile… Ou plutôt non… J’aurai bien d’autres occasions de le faire danser… Non… C’est vous, monsieur Fournier, qui allez vous en charger… Ca vous donnera l’occasion de tenir enfin votre promesse…

De la main il a esquissé un geste de protestation…

- Pardon ?… Vous auriez déjà oublié nos conventions ?… Si vous ne voulez pas que j’en révèle publiquement la teneur je vous conseille de vous montrer beaucoup plus conciliant…

Un autre de résignation accablée. Elle a fait signe à Basile qui s’est docilement approché…

- Déculotte-toi !

Il a aussitôt obéi et elle l’a poussé résolument vers lui…

- Et vous faites pas semblant, hein, Fournier !… Vous pourriez le regretter amèrement…

Il n’a pas fait semblant. Basile a gigoté. Entre ses fesses les boules ont ballotté. Les deux filles, pétrifiées, ne les ont pas quittées des yeux… Le petit jeune, lui, frémissait à chaque coup qui tombait en fermant les yeux… Rouge écarlate… Violacé…

- Ce sera bon pour cette fois, Fournier, merci… Et toi, dorénavant, tu tâcheras de laisser tes collègues tranquilles…




- Et moi, c’est Clémence…

- Entre!… Installe-toi!… Où tu veux… Elle est pas encore arrivée la quatrième…

Elle a posé son sac sur l’un des deux lits restants près de la porte, a étouffé un baîllement…

- Quel voyage !… Je suis morte de fatigue…

- Couche-toi !… On aura tout le temps de discuter demain…

- Oui… Oui… Je crois que c’est ce que j’ai de mieux à faire…

Et elle nous a tourné le dos pour se déshabiller…

- Eh ben dis donc !… T’as pris de l’avance on dirait… Qui c’est qui te l’a mis dans un état pareil ?

- Benjamin… C’est mon mari, Benjamin…

- Il y va pas avec le dos de la cuillère Benjamin…

- C’est comme ça que j’aime… Que comme ça… Même qu’elle l’a marqué dans mon dossier la patronne… « Préférence marquée pour les châtiments appuyés »

Et elle s’est retournée vers nous avec un sourire ravi…

- Oh, ils te soigneront !… Te fais pas de souci pour ça…

- J’espère… Parce qu’il serait drôlement déçu Benjamin… Et moi avec…

- Tu vas lui raconter ?

- Mais pas seulement… Il va venir… Comme client… Incognito… Alors si je m’en prends pas des bonnes… Oh, mais j’en aurai… Je ferai ce qu’il faut pour…

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