jeudi 28 juillet 2011

Escobarines: Chose promise...


- Il me gave, les filles, mais il me gave !… C’est rien de le dire…
- Pourquoi tu t’en débarrasses pas ?…
- Dix mille fois j’ai essayé… Si vous croyez que c’est facile quand le type il passe son temps à te supplier au téléphone…
- Raccroche-lui au nez !… Lui réponds pas…
- C’est encore pire… Il me tombe dessus à tous les coins de rue…
- Envoie-le sur les roses…
- C’est bien ce que je fais !…
- T’es pas assez ferme… Faut pas discuter…
- Je suis sortie avec quand même !… Et moi, quand je vois quelqu’un souffrir… à cause de moi en plus !…
- Ce qu’il faudrait, c’est qu’il couche avec une autre… Et que tu l’apprennes… Alors là !… Tu le vires comme un malpropre et c’est une affaire réglée…
- Oui, ben ça, qu’il aille voir ailleurs, c’est pas demain la veille…
- Oh, quand même !…
- Il m’a tellement dans la peau que…
- N’importe quel mec si tu lui fais du rentre-dedans correct il est obligé de craquer…
- Pas lui !…
- Je me le fais quand je veux… Tout ce que tu veux je te parie …
- Une fessée !…
- Ah, ça !… Fallait bien qu’Hécate saute sur l’occasion… C’était couru… C’est une obsession pour toi les fessées, hein ?… Eh ben si vous voulez, tiens !… Si j’arrive pas à me faire son mec à Romane tu m’en mets une Hécate… Par contre si j’y arrive, c’est à elle que t’en mets une… Tu peux préparer tes fesses, Romane !… Il y a pas photo… Bon, mais il va toujours en boîte le vendredi soir ?…
- Ben oui… Oui… C’est là qu’on s’est connus… Alors… Des fois que j’y revienne…
- Parfait !… Demain matin j’aurai couché avec… Je vais me préparer… Au grand jeu il va avoir droit…

- Quelle prétentieuse !…
- Elle est imbuvable, oui !…
- Irrésistible elle se croit…
- Je peux vous dire que si elle se le fait pas je vais pas la louper… Alors là !… Depuis le temps que j’en rêve de lui en coller une…
- Elle y arrivera pas… C’est pas du tout son genre de fille à Damien…
- Ce qu’il faudrait pas, par contre, c’est qu’elle essaie de nous faire croire qu’elle a réussi alors que…
- Ca, j’m’en occupe… J’ai bien le droit d’aller en boîte, moi aussi…

- Alors, Aurore ?…
- Alors… Ben alors c’est gagné les filles… Elle s’est cassé les dents…
- Wouahhh !… Super… Elle est où ?…
- Elle va arriver…
- Bon, mais raconte, quoi !…
- Il y a pas grand chose à raconter… Elle s’est pointée sapée vous auriez dû voir comme… Que tous les mecs plongeaient dans son décolleté à qui mieux mieux… Qu’ils lui mataient tant et plus la foune et les fesses vu qu’elle s’était moulé tout ça du plus près qu’elle avait pu… Bon… Bref… Mais l’autre, ça avait pas l’air de l’émouvoir plus que ça… Il était scotché au bar à regarder la porte… Du coup elle a fini par venir s’installer à côté à lui tailler la causette… Elle l’emmerdait… C’était clair qu’elle l’emmerdait… Et pire encore quand elle a voulu l’emmener danser… Quasiment de force… Et qu’elle l’a pas lâché… Et que je te lui passe les bras autour du cou et que je me frotte tant que je te peux contre lui… Elle a même cherché sa bouche à un moment… Finalement elle l’a tellement gonflé qu’il s’est cassé…
- Oh la la !… Ben elle a dû apprécier… La connaissant… Et alors ?… Qu’est-ce qu’elle a fait ?…
- A votre avis ?… Elle s’en est tapé un autre, tiens !… C’était pas bien sorcier, vu qu’il y en avait une bonne douzaine à baver après…
- Ah, oui ?!… Qui ça ?…
- J’en sais rien qui ça… Je le connaissais pas ce type… Elle s’est tirée dehors avec… Et puis voilà…

- Quel con, ce type !… Quel con !… Non, mais ma pauvre Romane, où c’est que t’étais allée chercher ça franchement ?!…
- Oui, mais en attendant, t’as pas réussi à te le faire…
- J’ai jamais prétendu le contraire, mais quel con !…
- Et t’avais parié que…
- Je sais… Je sais… Vous croyez quoi ?… Que je vais me défiler ?… C’est pas mon genre… Allez !… On y va… Mais grouillez-vous !… Qu’on en finisse…

lundi 25 juillet 2011

Souvenirs d'avant ( 4 )

4-

Puisque le dieu Mutinus ne veut décidément rien entendre, la seule solution, selon Flavius Ricinius, c’est qu’elle s’offre, de son plein gré, à la morsure des lanières en peau de bouc qui ont servi lors des dernières Lupercales… Il est catégorique : toutes les femmes en vouloir d’enfant qui s’y sont volontairement exposées au cours de ces trois jours de fêtes, ont vu leur attente comblée… Et comme ces lanières se trouvent depuis lors en sa possession…
Elle accepte… Oui, elle accepte… Sans l’ombre d’une hésitation…

Elle laisse tomber sa tunique… S’agenouille aux pieds du dieu… Flavius Ricinius lui pèse sur la nuque, la fait pencher en avant… Elle enfouit sa tête entre ses mains… On fouette… Un coup chacun… En alternance… Méthodiquement… Interminablement… Pas un cri… Pas une larme… Pas même un gémissement…

On s’arrête, hors d’haleine… Elle ne bouge pas… Elle attend… L’ordre de se relever… Ou que les lanières s’abattent à nouveau… Elle attend… Flavius Ricinius s’approche… Tout près… Elle ne bouge pas… Encore plus près… A la toucher… Il la touche… Il lui touche le dos… Il lui touche les fesses… Elles sont striées de longues balafres rougeâtres… Elle lui tend sa croupe… Elle ondule… Alors Flavius Ricinius…

Il s’est retiré… Elle attend… Elle attend toujours… Il me fait signe…
- Vas-y !… Mais vas-y !…
Il me pousse vers elle…
- Mais vas-y, idiot !…
Je suis contre elle… Malhabile… Maladroit… Elle me guide, impatiente… Son souffle se fait court… Elle ahane… Elle geint… Elle retombe… Elle s’enfuit…

Elle ne revient pas… Elle ne revient plus… Je la guette… Chaque fois qu’un pas agrippe le chemin bordé d’oliviers qui mène à la chapelle mon cœur s’élance dans ma poitrine… Ce n’est pas elle… Ce n’est jamais elle…

Il y en a d’autres… Qui vont… Qui viennent… Qui restent seules avec le dieu… Qu’on observe, Flavius Ricinius et moi, à travers les rideaux mal joints… Elles m’indiffèrent… Ce n’est pas elle…

Et puis un jour enfin elle est là… Il fait immensément beau… Elle est là… Son ventre s’est spectaculairement arrondi… Sans un regard pour moi au passage, sans un regard pour nous, elle va tout droit retrouver Mutinus… Flavius Ricinius soupire…
- L’ingrate !… Après tout ce qu’on a fait pour elle… Jamais, sans nous, le dieu ne l’aurait exaucée…
Elle le dépose à ses pieds… Un ex-voto en cire… Un phallus double qui prend racine sur une seule et même base… Elle invoque le dieu… Elle le remercie de l’avoir rendue grosse… Elle le prie… Elle le supplie… Que ce soit un garçon !… Elle l’en conjure… C’est important pour elle… Et que tout se passe bien… Qu’elle parvienne à terme sans problème majeur…
Elle s’approche du dieu… Elle lui tourne le dos… Se recule contre lui… Mutinus la comble… Mutinus l’apaise…

- Qu’est-ce que tu as ?… Tu pleures ?…
- Mais non !… Non… Pas du tout… Je ne pleure pas, non… C’est la poussière…
Flavius Ricinius éclate de rire…
- Elle s’appelle Tullia ta poussière…
- Non… Livia… Elle s’appelle Livia…
- Livia ?!… Quelle Livia ?… Tu connais une Livia ?…
Il hausse les épaules… Tourne les talons…

Plus tard… Beaucoup plus tard… Elle est encore là… Avec son mari cette fois… Et un nouveau-né qu’elle serre précieusement contre elle… Deux esclaves les accompagnent, chargés d’un monceau de présents – figues, dattes, fruits confits, douceurs en tout genre – destinés au dieu… Ils restent un long moment avec lui… S’éloignent par le petit chemin… Elle ne se retourne pas… Pas une seule fois…

- Cette fois elle ne reviendra pas, c’est sûr…
Et Flavius Ricinius pioche allègrement dans les corbeilles de fruits abandonnées aux pieds du dieu… Il m’en tend une… Je m’assieds à ses côtés… Je l’imite…

Il a blêmi… Il veut dire quelque chose…
- Les fruits… Les fruits… N’en mange pas…
Et il s’écroule, foudroyé…
Je repousse la corbeille d’un coup de pied… Trop tard… Il est trop tard… Une douleur atroce… Fulgurante… Plus rien…

jeudi 21 juillet 2011

Escobarines: Débutantes


- Moi, il arrête pas de m’en parler… Ca devient d’un lourd à force…
- Pareil pour moi… Seulement s’il croit que je vais le laisser me tambouriner le derrière… Il peut toujours courir…
- Ils sont vraiment pas bien ces pauvres mecs…
- Faites gaffe, les filles, faites gaffe !… Vous jouez avec le feu…
- Comment ça ?…
- Il y en a plein d’autres – et de plus en plus – qui sont pas si réticentes que vous là-dessus… Alors si ça leur tient vraiment tant que ça à cœur ils iront voir ailleurs…
- S’il y a des cinglées grand bien leur fasse…
- Moi, je crois quand même pas que ce soit si important pour lui…
- S’il remet ça sans arrêt sur le tapis, c’est bien qu’il y a une raison…
- Oui, mais attends !… Je vais quand même pas me laisser faire ça rien que pour lui faire plaisir !…
- Surtout que comment ça doit faire mal !…
- Il y en a, c’est pas ce qu’elles disent…
- T’en connais, toi ?…
- Oui, moi !…
- C’est pas vrai !…
- Ben, si !…
- Et qui c’est qui te le fait ?… T’en as pas de mec…
- On n’est pas obligée d’avoir un mec pour ça… Il y en a qui demandent pas mieux… Et puis on peut aussi se rendre service entre filles…
- Eh ben dis donc !…

- On a parlé toutes les deux…
- Oui… Et alors ?…
- Et alors on voudrait te demander quelque chose… Tu vas te le faire refaire ?…
- Oh, ça, sûrement !… Pourquoi ?…
- Quand ?…
- J’en sais rien quand… Quand j’aurai envie… Mais pourquoi vous me demandez tout ça ?…
- Ben parce que… On pourrait pas assister, nous, le jour où tu te le feras faire ?… Qu’on se rende compte… Mais faudrait qu’on nous voie pas, ce serait mieux…
- Ah… Ca commence à faire son chemin, hein ?!…
- Mais non, non, c’est pas ça !…
- Ben voyons !…

- On la connaissait pas cette fille… Elle est d’où ?…
- Ca n’a pas d’importance, ça, d’où elle est…
- C’est ta copine ?…
- Dans un sens on peut dire ça comme ça, oui…
- En tout cas, t’avais l’air d’apprécier…
- Quand je vous le disais !…
- Mais qu’est-ce qu’on sent au juste ?…
- Ca s’explique pas… Comment vous voulez expliquer un truc pareil ?…
- Et par des types ?… T’en as déjà eu par des types ?…
- Evidemment, oui !…
- Et ça fait quoi ?… Comme avec une fille ?…
- Ca dépend du type… De sa façon de faire… Et de l’envie qu’il en a… Parce que plus tu sens qu’il a envie et plus ça te donne envie… Et plus il sent que t’as envie et plus ça lui donne envie… Alors ça arrête pas de s’enrouler les unes aux autres les envies des fois…

- Tu crois qu’elle voudrait ?…
- Qui ça ?… Quoi ?…
- La fille, là… Ta copine… Nous le faire à nous…
- Je vois pas pourquoi elle refuserait…
- Oui, mais alors tu seras là, hein ?!… Tu nous laisses pas…
- Bien sûr que non !… Et même… A toutes les trois ensemble elle nous le fera si on veut…

- Moi, oui !…
- Oh, oui, oui… Moi aussi !… Et pas qu’un peu… Surtout avec c’t’air sévère qu’elle avait…
- Et tout ce qu’elle a dit en même temps…
- Tu crois qu’elle voudra nous le refaire ?…
- Il y a pas de raison…
- Mais une par une cette fois…
- Et… Je pourrais pas te demander ?… C’est vraiment ta copine ?… Parce que si ça l’est pas…

lundi 18 juillet 2011

Souvenirs d'avant ( 3 )

3-

C’est plus tard… Ailleurs… Le souvenir tarde à se mettre en place… Il hésite… Tâtonne… Mutinus… S’égare… Revient… Priape… Se précise… Le dieu Mutinus… Le dieu Priape… Ils se confondent… Un temple… Non… Une chapelle, plutôt… Elle lui est consacrée…

J’en suis le jeune desservant… Le desservant-apprenti… Sous les ordres du sacerdos Flavius Ricinius qui règne sur son domaine sans partage… La statue du dieu qu’il est dans mes attributions d’épousseter soigneusement chaque matin occupe la place d’honneur… Elle est pourvue d’un membre d’une longueur phénoménale au bout rouge et luisant… De chaque côté se trouvent des tentures qu’on peut faire glisser et ramener à loisir… Les murs sont tapissés, sur toute leur surface, d’ex-voto – phallus taillés dans le bois, la pierre ou la cire – que les femmes reconnaissantes offrent au dieu, entre autres cadeaux, en remerciement des bienfaits qu’il leur accorde…

Des femmes il en vient beaucoup… Souvent… Pas un mariage qui ne se fasse sans un détour par la chapelle de Mutinus… C’est la condition sine qua non pour qu’une union se révèle féconde… On amène la jeune épousée en grande pompe jusqu’aux pieds du dieu… On l’en approche… Un bref contact – furtif et rougissant – de ses parties intimes avec le gigantesque appendice du dieu et elle enfantera… Elle enfantera à coup sûr…

Pas toujours… Pas toutes… Il y en a auxquelles le dieu n’accorde pas la grossesse tant désirée… Ou pas tout de suite… C’est qu’elles ne font pas montre, prétend Flavius Ricinius, de suffisamment de piété à l’égard de Mutinus… Qui fait rarement preuve d’inflexibilité… Qu’elles aient avec lui un nouvel entretien, plus long et plus approfondi, et nul doute qu’il se laissera fléchir… Que leurs vœux les plus chers se verront exaucés… Elles y consentent bien volontiers… On les conduit auprès de lui… On tire les rideaux…

- Tu la connais ?…
- Non…
- On aurait dit pourtant…
On aurait dit, oui… A la façon dont elle m’a regardé… Dont elle a hésité, à ma hauteur, comme si elle voulait me dire quelque chose, avant de pousuivre sa route vers la chapelle…
- Elle n’est jamais venue en tout cas… C’est la première fois…
Je la connais… Quelque chose en moi en est convaincu… Est persuadé de l’avoir déjà croisée… Côtoyée… Mais où ?… Quand ?…

Elle a voulu être seule avec Mutinus… On l’a menée jusqu’à lui… On s’est bruyamment éloignés… On est discrètement revenus… Et on écoute… Elle adresse humblement sa requête au dieu… Le supplie de la rendre enfin grosse… Flavius Ricinius maîtrise parfaitement l’art de disposer stratégiquement les rideaux… On peut donc aussi regarder… Elle fait un pas vers lui… Un autre… Elle hésite… Elle l’effleure en bas une première fois… Recommence… S’enhardit… S’en empare… L’enserre… L’apprend… Longuement… Dans un sens… Dans l’autre… Elle se décide d’un coup… Vient résolument le chevaucher… Le dieu accomplit consciencieusement son devoir… Elle ferme les yeux… Se mord les lèvres… Rejette la tête en arrière… Un cri… Un seul… Elle s’enfuit…

Elle s’est enfuie, mais elle restée… Sur le dieu… Sur Mutinus… C’est salé acide doux… Je la savoure… Longtemps…

Elle est revenue… Le dieu ne l’a pas exaucée… Il faut pourtant… Il faut…
Flavius Ricinius se veut rassurant… Pas d’impatience… Cela se fera, il en est convaincu… Le moment venu…
- Quand ?…
C’est difficile à savoir quand… Impossible à prévoir… Peut-être a-t-elle, d’une façon ou d’une autre, à un moment ou à un autre, mécontenté le dieu…
Elle ne voit pas, non… Elle ne croit pas…
Sans doute ne s’en souvient-elle pas… Qu’elle garde confiance… Sa colère finira bien par s’apaiser… Et qu’elle lui rende visite… Le plus souvent qu’elle peut… Il lui en saura gré…

Elle peut souvent… Tous les jours… Presque tous les jours… Pour notre plus grand plaisir… Et pour le sien… Qu’elle ne boude pas… Qu’elle prolonge de plus en plus… Qu’elle hésite de moins en moins à proclamer haut et fort…

Le dieu reste pourtant obstinément sourd… Ce qui n’inquiète pas outre mesure Flavius Ricinius… Qui reste sûr de son fait…
- Oui, mais quand ?… Quand ?…

Dans sa hâte à gravir les marches elle a trébuché… Est lourdement tombée… Je hurle…
- Livia !…
Elle porte sa main à sa tête… Tarde à se relever… Je me précipite… Elle plonge ses yeux dans les miens…
- Je m’appelle Tullia…
Non… Je fais signe que non… Doucement… Non… Je me penche sur elle… Tout près…
- Tu mens…Tu seras fouettée…
Des mots que je n’ai pas voulus… Venus de très loin… Des mots qui ne sont pas à moi, mais qui le sont pourtant… Des mots auxquels elle ne réagit pas… Je la relève…
- Merci…
Elle court rejoindre le dieu…
Je ne souffle mot de cet incident… A personne…

jeudi 14 juillet 2011

Escobarines: A l'affût


- Tiens, regarde qui c’est qui file là-bas…
- Tristane !… Qu’est-ce qu’elle fabrique par ici ?…
- A ton avis ?… A part venir nous épier elle a rien à faire dans le coin…
- Oh, tu crois ?… Ben elle a pas dû être déçue du voyage !… Parce que ça donnait aujourd’hui… T’en étais… Et pas qu’un peu…
- Tu peux parler, toi !…

- A quoi tu penses ?…
- Qu’elle est peut-être derrière la porte…
- Oh, ça, sûrement… Ca t’excite ?…
- Chut !… Parle pas trop fort… Qu’elle entende pas !…
- Tu m’as pas répondu… Ca t’excite ?…
- Franchement… Un peu… Oui…
- Menteuse !… Je te connais… Ca t’excite BEAUCOUP…
- Oui…
- Alors elle va voir ce qu’elle va voir…

- Comment c’était bon !… Pour toi aussi ?…
- Oh, oui… Oui… Et même… C’est la première fois que c’était aussi bien… Tu t’es pas rendu compte ?…
- Si !… Si !… Bien sûr que si !…
- Tu sais ce que j’aimerais maintenant ?… C’est que tu me fasses ce qu’on avait fait une fois… Que tu me tapes sur le derrière… Pour me punir de ce que c’était trop bon…
- S’il y a que ça pour te faire plaisir…

- Ouche !… T’as pas fait semblant, dis donc !…
- C’est pas comme ça que tu aimes ?…
- Ben si !… Si !… Tu crois qu’elle était là ?…
- Sûrement !… Ca doit faire un bon moment qu’elle en rate pas un de nos petits rendez-vous du mardi… Tiens, te fais pas voir, mais regarde-la qui file là-bas entre les arbres…
- A ton avis, elle s’est touchée ?…
- T’aurais fait quoi, toi, à sa place ?…
- Oui… Oui… Je suis bête… Et si ?…
- Et si ?…
- Si on la prenait en flagrant délit la prochaine fois ?… Tu m’engueulerais… Comme aujourd’hui… Tu m’en mettrais une… Et paf !… On lui tomberait dessus…
- Il y a des moments je t’adore…

- Tu n’as pas honte ?…
- Mais non… Mais si… Mais…
- Braillé comme t’as braillé !… Une sale petite vicieuse voilà ce que tu es… Non, mais tu imagines s’il y avait eu des voisins ?…
- Il y en a pas…
- Et en plus tu fais ta raisonneuse… Je vais t’en faire passer l’envie, moi, tu vas voir…
- Oh, non, pas la fessée, hein !… Pas la fessée…
- C’est ce qu’on va voir !… Allez, amène-toi là !…
- Non, attends, attends… Je le ferai plus… Je te promets… Je jouirai plus…
- J’ai déjà entendu ça dix mille fois…
- Oui, mais cette fois, c’est vrai…
- Mais bien sûr !…
- Aïe !… Ca fait mal !…
- C’est le but…
- Attends… On va discuter… Et après si tu veux tu… Aïe !… Mais aïe !… Il y a quelqu’un…
- Comment ça il y a quelqu’un ?… Où ça ?… Ah oui, tiens !… Eh, mais c’est Tristane… Qu’est-ce tu fais là, toi ?… Tu te rinces l’œil ?…
- Hein ?… Ah, mais non… Non… Pas du tout… Non… Je passais en bas et je me demandais ce qu’il pouvait bien y avoir ici… Alors je suis montée voir… Bon, mais j’y vais… On m’attend…
- Il y a ton jean qu’est ouvert…
- Ah, oui, pardon… Oui… Merci…
- Mardi dernier aussi t’étais là…
- Ah non, non…
- Bien sûr que si !… Et celui d’avant aussi… Depuis quand tu nous espionnes comme ça ?…
- Je vous espionne pas…
- Ah non ?… T’appelles ça comment alors ?…
- Fais voir ta main…
- Hein ?… Pourquoi ?… Qu’est-ce qu’elle a ma main ?…
- Fais voir, j’te dis !… Il y a ton odeur dessus… Si !… Qu’est-ce t’étais en train de faire dans ton jean ?… Laisse-la moi… Hum !!!… T’as bon goût… T’as très bon goût… Tu devrais arrêter de nier l’évidence, tu sais… Tout le monde y trouverait son compte… Non ?… Tu crois pas ?…
- Si… Oui…
- C’est mieux… Beaucoup mieux… Rouvre ton jean !… Ou plutôt non… Attends !… Laisse-moi faire… Laisse-nous faire…

lundi 11 juillet 2011

Souvenirs d'avant ( 2 )

2 –

Ce sont les cris affolés des servantes, leurs courses éperdues qui m’ont réveillé…
Il fait étrangement nuit… La nuit est retombée…
Une voix tout près…
- Le Vésuve !… C’est le Vésuve !…
Je me précipite… Un épais nuage noir obscurcit le ciel… Une fine pellicule de cendres commence à tout recouvrir…

- Elle est où ?… La maîtresse ?… Elle est où ?…
Pulcheria ne sait pas… Fulvia non plus… Elles fuient… Elles s’enfuient… Au hasard… Sauve qui peut…

Elle dort. Nue. Epuisée de plaisir… Elle dort…
- Maîtresse…
Elle s’est redressée… Ses yeux lancent des éclairs…
- Que fais-tu là ?… Dans ma chambre ?… Tu seras mis à mort…
- Vite, maîtresse… Vite… Il faut partir…
- Où sont mes servantes ?…
- Vite, maîtresse, vite… Le Vésuve…
- Le Vésuve ?… Donne-moi mes vêtements… Suis-moi !…

Elle court… Elle court à perdre haleine… Sans se soucier de rien ni de personne, elle court…
- Vite !… Vite…
Tout le monde court… Dans tous les sens… Il y en a qui se sont couvert la tête d’épais oreillers pour se protéger des pierres qui tombent… De plus en plus dru… De plus en plus grosses… D’autres emportent d’énormes sacs qui les entravent dans leur fuite… Dans les boutiques des pillards se sont mis fébrilement à l’œuvre…
- Maîtresse…
- Tais-toi !… Cours !…

Il n’y a plus de gardes… Elle sait où elle va… Elle y va tout droit…

La cellule est vide… Celle d’à côté aussi…
- Tu es où ?… Réponds-moi !… Tu es où ?… Mais il est où ?…
Elle hurle…
Un colosse surgit de nulle part…
- Ah, tiens, mais c’est… S’il s’agit de t’en mettre un petit coup, je peux très bien faire l’affaire… Mieux que lui, même… Hein, qu’est-ce t’en dis ?…
Il pose les mains sur elle… Elle le repousse… Il tombe lourdement… Il est ivre…

Elle court… On court… Elle ouvre des portes… Dedans… Dehors… Elle interroge ceux qu’elle rencontre… Tous…
- Il est où ?… Il est où ?… Il est où ?…
Nulle part… Personne ne sait… Tout le monde fuit…
- Maîtresse…
Elle n’écoute pas…

Une pierre… Une pierre qui l’a frappée en pleine tête… Elle m’a jeté un regard stupéfait et elle s’est effondrée, inanimée…
- Maîtresse…
Je la soulève… Je la serre contre moi… Je l’emporte… Loin… Le plus loin possible… A l’opposé là-bas… Vite… Vite…

Suffocant… Irrespirable… Je cours… Je la serre contre moi… Je cours… Je tousse… Il y a le feu dans ma poitrine…

- Où tu m’emportes ?…
Elle a repris connaissance…
- Maîtresse…
- Retourne… Rebrousse chemin… Rebrousse immédiatement chemin… Retourne là-bas… C’est un ordre…
Un ordre que je n’écoute pas… Elle m’agrippe aux cheveux, tire de toutes ses forces… Je hurle… Je m’écroule avec elle… Elle veut se relever… M’échapper… S’enfuir… Elle n’en a pas la force… Elle retombe…
- Maîtresse…
- Tu seras fouetté…
Ce sont ses derniers mots… Elle ferme les yeux… Pour toujours…
Du sang dans les miens…Mes larmes ont un goût de cendre…
Tout chavire… Pour moi aussi c’est fini…

jeudi 7 juillet 2011

Escobarines: Au bureau ( 14 )


Mardi 17 Octobre

- Tu t’en es ramassé une bonne hier soir à ce qu’il paraît…
- Même qu’elle avait fait venir du monde Madame Lambert pour voir ça…
- Du monde qui s’est bien amusé…
- Et que pour pas faire ta fière tu faisais pas ta fière…
- Comment vous savez ?…
- C’est pas important ça comment on sait… Ce qu’est important, c’est qu’on sait…
- Bon, allez, tu montres ?… Parce qu’il est d’un rouge à ce qu’il paraît !…
- Allez, montre, quoi !…
- On s’en fiche n’importe comment… On verra…
- Oui… Et pas plus tard que bientôt…

- Il va évidemment de soi, Mademoiselle Dumas, qu’il n’est plus désormais question que vous administriez quelque fessée que ce soit à quelque collègue que ce soit… Pour quelque motif que ce soit… C’est bien compris ?…
- Oui, Madame…
- Quant à la charmante petite compagnie devant laquelle vous aviez l’intention avouée d’administrer une fessée à Mademoiselle Delcroix elle se réunira ce soir… En votre absence bien entendu… A moins que…
- A moins que ?…
- A moins que vous n’acceptiez d’y tenir un rôle différent de celui que vous vous étiez abusivement réservé…
- J’y tiendrai celui que vous déciderez que je dois tenir…
- Non… Vous y tiendrez celui que vous allez me supplier de tenir…

Elles arrivaient par petits groupes… De deux… De trois… Parfois seules… Parlant fort… Riant haut perché…
- Une excellente initiative, Alyssia… Vraiment excellente…
- D’autant qu’entre services on avait plutôt tendance, jusque là, à s’ignorer…
- La preuve… Je sais même pas laquelle c’est cette petite Sybille pour qui on est là…
- Elle ne devrait plus tarder maintenant…

- Ecoutez !… Ecoutez toutes !… Un peu de silence, s’il vous plaît… Et toi, Sybille, viens ici !… Voilà… Alors depuis plusieurs semaines notre collègue, ici présente, se comporte d’une façon parfaitement inqualifiable… J’ai estimé qu’il était plus que temps de la ramener à la raison… Et de lui donner, publiquement, une leçon amplement méritée…
Elles ont toutes bruyamment approuvé… Quelques-unes ont même applaudi…
- Sans doute cette leçon sera-t-elle plus profitable encore si c’est l’une d’entre vous – qu’elle ne connaît pas – qui officie… S’il y a des volontaires ?…
Des mains se sont levées… Toutes les mains se sont levées…
- Moi !…
- Non… Moi !… Moi !…
- On tire au sort alors !…
- Oui… A la courte paille…

Et ça a été la secrétaire de direction du service des expéditions… Qui s’est emparée d’une chaise… Qui s’y est assise… Qui a longtemps attendu… Qui a fait signe, du plat des deux mains sur ses genoux, à Sybille d’approcher… Elle a obéi… Elle s’est laissé docilement déculotter… Elle s’est, d’elle-même, penchée en avant… Courbée… Installée… Une première claque est tombée… D’autres… Beaucoup d’autres…

La porte s’est brusquement ouverte… Tout s’est figé… Elle est venue droit sur moi… Une femme que j’ai tout de suite reconnue… C’était la patronne du magasin de vêtements où Sybille m’avait emmenée… Tous les regards ont convergé vers nous…
- Vous la croyez irréprochable, hein, cette jeune fille qui joue les justicières ?… Qui prétend en remontrer à tout le monde… Eh bien non, elle l’est pas… Non… Et elle est loin de l’être… Pas plus tard qu’hier soir il a encore fallu la punir… Une fois de plus… Et vous savez pourquoi ?… Parce que c’est une petite voleuse… Parfaitement !… Une sale petite voleuse… Vous me croyez pas ?… Vous allez voir !… Et toi, tu vas me faire le plaisir de te laisser gentiment déculotter… Sinon… Là… Alors ?… Qu’est-ce que vous dites de ça ?…

Rien… Elles n’ont rien dit… Elles ont regardé…
- Oh, mais continuez, hein !… Vous étiez en train de punir cette jeune femme… Continuez !… Vous arrêtez pas en si bon chemin…
Et la secrétaire de direction s’est remise à l’ouvrage sur le postérieur de Sybille… De plus belle…
- Ce sera ton tour après…
En chuchotement à l’oreille…
- On va tout t’enlever… Ce sera mieux…

Sybille était ravie…
- Qu’est-ce qu’on s’est amusées, hein !… Tu trouves pas ?… Et tu sais quoi ?… Ben l’idée de la bonne femme des vêtements elle était de moi… Pas mal, hein !… Comment t’as apprécié !… Ca se voyait… J’ai bien fait d’insister… Parce que Sylvie elle était pas trop chaude au début…
- Sylvie ?… Quelle Sylvie ?…
- Madame Lambert, tiens !… On est de mèche toutes les deux… Depuis le début…

lundi 4 juillet 2011

Souvenirs d'avant ( 1 )

1-

Il fait une chaleur torride… J’essaie, tant bien que mal, de protéger ma maîtresse Livia, l’épouse du richissime banquier Lucius Cecilius Jocundus, des rayons d’un soleil accablant. Assise dans les gradins, elle a les yeux rivés sur l’entrée de l’arène, de l’autre côté là-bas… Un frémissement… Un murmure… Une clameur… On se lève… Elle se lève… Il est là… Il salue… Lui… Le rétiaire Nitimus… La coqueluche du tout Pompei… On crie… On se pâme… Elle tend les bras vers lui… Elle hurle avec les autres… Ses yeux brillent… Sa gorge palpite… Elle me broie l’épaule…

Il a vaincu… Sous leurs encouragements… Sous leurs clameurs… Sous leurs acclamations… Il n’a pas épargné son adversaire… Elles ne l’ont pas voulu, pouce baissé… Il l’a égorgé sous leurs yeux… On a aussitôt répandu du sable dans l’arène et les travées se sont lentement vidées dans l’odeur âcre de la sueur et du sang… Elle est rentrée sans un mot…

Je suis le seul de ses esclaves en qui elle ait vraiment confiance… Elle me l’a dit… Elle me l’a répété… Et elle m’a chargé d’un message à aller porter, là-bas, à la caserne des gladiateurs…
- En mains propres… Tu m’as bien compris ?… En mains propres… Et personne – absolument – personne ne doit être au courant…

Il ne me regarde pas… Il lit… Il hoche la tête…
- Je vois qui c’est, oui… J’ai eu affaire à son mari…
Il sourit…
- C’est quand elle veut… Ce soir si elle veut… Je l’attends…

- Ce soir ?…
Elle presse ses mains contre sa poitrine…
- Ce soir ?… Tu es sûr ?… Tu m’accompagneras… Envoie-moi mes servantes… Toutes… Tout de suite… Qu’elles viennent tout de suite…

Elle ramène sa palla sur son visage, se dissimule dans ses replis et on se fond tous les deux silencieusement dans la nuit, rasant les murs… Je la suis… Aux aguets… A l’affût du moindre danger qui pourrait surgir… Qu’elle pourrait courir…

- Ne bouge pas d’ici !… Attends-moi !…
Les gardes la laissent passer… S’engouffrer derrière les colonnes… Disparaître… Ils échangent à mi-voix des commentaires salaces… Rient grassement… Je l’attends… La nuit d’été est pleine d’odeurs subtiles et fortes… Une chouette pousse obstinément son cri… Je l’attends… Interminablement…

Quand elle ressurgit enfin, une première traînée de jour s’effiloche à l’horizon… Elle s’engage sur le chemin du retour… Sans rien dire… Sans un regard pour moi…

- Tu étais où cette nuit ?…
Ses servantes l’entourent… Elles sont en train de la coiffer…
- Je dormais, maîtresse…
- Tu dormais en effet… Ne l’oublie pas… Tu n’as pas quitté ta couche… Il faut que tu t’en souviennes… On va faire en sorte que tu t’en souviennes…
Un signe… Ils sont trois… Qui me dénudent, qui m’agenouillent… Et qui me fouettent… Ca mord… Ca brûle… Je crie… Je supplie… Elle les arrête…
- Approchez-le!…
On me traîne à ses pieds… Elle regarde… Elle fait la moue…
- Il braille pour pas grand chose… Continuez !…
Les servantes rient, ravies… Cherchent mes yeux…
On tape encore… Je n’ai plus de larmes… Je n’ai plus de cris…
- Tu t’en souviendras ?…
- Oui, maîtresse, oui…

Il y a encore d’autres nuits… Beaucoup d’autres nuits… Des nuits étouffantes d’Août… Où les Pompéiens s’attardent dans les rues… Restent longtemps à prendre le frais aux carrefours… S’accoudent aux fenêtres et s’interpellent d’une maison à l’autre… Il lui faut partir tard… Quand tout s’est endormi… De plus en plus tard… On emprunte des itinéraires compliqués… Qu’elle exige que je choisisse… Qu’elle me punit, le lendemain, d’avoir mal choisis si d’aventure on y a croisé un promeneur attardé…

On sait… Il s’en parle… Il s’en rit… Quand il entre dans l’arène, c’est elle qu’on regarde… C’est encore elle qu’on regarde quand il triomphe… C’est elle qu’il vient saluer, au pied des gradins, tout auréolé de victoire… On sait… Elle l’ignore… Elle feint de l’ignorer…

samedi 2 juillet 2011

De "Belle-soeur, beau-frère" à "Souvenirs d'avant"

Voilà… « Belle-sœur, beau-frère » c’est fini… Au moins temporairement…

Encore un grand merci à Emma d’avoir si gentiment accepé d’illustrer cette histoire… Et de l’avoir fait avec autant de talent…

http://emmapage.canalblog.com/

Pour ceux qui voudraient lire cette histoire, en version suivie, sans être contraints à d’incessants allers et retours c’est ici que ça se passe :

http://fesseesetautresdelices.blogspot.com/


Et maintenant, avec « Souvenirs d’avant », je vais vous raconter ma vie… Mes vies plutôt… Toutes celles que j’ai successivement vécues, avec plus ou moins de bonheur, au cours des siècles… Avec comme fil directeur fessées et autres gentillesses…

Personne n’est évidemment obligé de croire que je les ai réellement vécues… Personne n’est obligé d’en douter non plus…

Bonne journée à tous…

A lundi…