samedi 31 mars 2018

Heures supplémentaires


Dessin de Kal

http://kalidwen.wordpress.com


– Si je vous ai convoquées dans mon bureau, Mesdames, c’est que je voulais vous remercier. Vous faites vraiment preuve, toutes les deux, d’une conscience professionnelle rare. Être restées, comme vous l’avez fait hier soir, après votre journée de travail, pour mettre une dernière main aux dossiers les plus urgents, c’est une attitude qui vous honore. Je saurai m’en souvenir.
– Nous sommes très attachées, l’une comme l’autre, aux intérêts de notre entreprise.
– C’est ce que je vois. Soyez-en félicitées. Vous n’êtes tout de même pas parties trop tard, j’espère ?
– Oh, non. Non. Vers huit heures. Huit heures et demi. Quelque chose comme ça.
– Ah, oui ? C’est étrange. À ce qu’on m’a dit, à onze heures il y avait encore de la lumière.
– Onze heures ! Oh, non. Non. On se sera trompé.
– C’est d’ailleurs l’heure à laquelle on vous a vues sortir en compagnie de deux personnes étrangères à l’entreprise.
– Nos maris…
– Oui. Nos maris. Qui sont venus nous chercher. Parce qu’ils n’étaient pas trop rassurés de nous savoir toutes seules dehors, la nuit, par les temps qui courent…
– Vos maris, vraiment ? Ce n’est pas ce qu’on m’a dit.
– Mais qui vous a raconté quoi à la fin ? On peut savoir ?
– Peu importe. C’était qui, ces individus ?
Elles se sont troublées, regardées l’une l’autre en silence.
– Vous ne voulez rien dire ? Très bien. Les gendarmes, eux, sauront vous faire parler.
– Les gendarmes !
– Les gendarmes, oui. Parce que… Vous mentez. Pourquoi ? Le plus vraisemblable, c’est que vous avez introduit dans les locaux des personnes désireuses d’avoir accès à nos données les plus sensibles. En échange, très vraisemblablement, de compensations financières substantielles.
– Mais pas du tout enfin !
– Jamais de la vie !
– Alors j’attends de vous des explications crédibles et cohérentes.
Elles se sont encore regardées. Ont hésité. C’est Eugénie qui s’est finalement lancée.
– C’est-à-dire que… voilà : on a rencontré quelqu’un. Deux quelqu’uns. Chacune le sien. Et en parlant, comme ça, un jour, ils ont trouvé que ce serait sympa de faire ça sur notre lieu de travail. On n’a pas voulu d’abord, mais à force qu’ils insistent…
– Et c’était bien ? Vous y avez trouvé votre compte ? Oui, hein ? Vous envoyer en l’air ici, à l’endroit même où vous passez vos journées, avec, en toile de fond, tout autour de vous, la présence diffuse de vos collègues. Un moment inoubliable, j’imagine… Tout l’étage a dû résonner de vos plaintes, gémissements et hoquètements de plaisir. Non ?
Elles n’ont pas répondu. Elles gardaient la tête obstinément baissée.
– Bien, mais il s’agit là, vous en conviendrez, d’une faute grave. Vous êtes donc remerciées. Ça prend effet sur-le-champ. La lettre de licenciement que je vous adresserai dans la journée en exposera les motifs de manière circonstanciée. À vous, ensuite, de vous expliquer avec vos maris.
Elles se sont regardées, consternées.
– Il y aurait pas moyen de…
– De quoi ? De passer l’éponge ? De faire comme s’il ne s’était rien passé ? Ben, voyons !
– On n’a pas dit ça.
– Ah, non ? Et vous proposez quoi, alors ?
– On sait pas.
– Que je vous flanque une bonne fessée ? À l’une comme à l’autre. Pour solde de tout compte. Quand on se comporte en gamines écervelées…
Elles se sont encore regardées, penchées l’une vers l’autre, se sont chuchoté quelque chose à l’oreille.
– On aimerait encore mieux ça.
– Oui, enfin non. C’est pas qu’on aimerait, mais c’est qu’à tout prendre, ça vaudrait encore mieux que d’être virées.
– Et exposées aux demandes d’éclaircissements de vos maris, hein ? Eh bien, restez ce soir ! Une fois que vos collègues seront partis, on poursuivra cette passionnante conversation.

– Alors, par qui on commence ? Eugénie ? Alyssia ? Oui, Alyssia, tiens, plutôt ! On va garder Eugénie pour la bonne bouche. Eh bien, venez ici, petite Madame ! Qu’est-ce que vous attendez ? Là ! On dégrafe cette jolie ceinture… On descend ce pantalon… Plus bas… Encore… Comme ça, oui. Et on se met gentiment en position. Vous savez que vous avez un cul magnifique ? Du coup, on va prendre tout notre temps. Il y a rien qui presse. Vous êtes bien installée ? C’est vrai ? Tant mieux. C’est important, ça, de se sentir à l’aise. Qu’est-ce qu’on disait déjà ? Ah oui ! Je voudrais pas être indiscret, mais c’est où, au juste, qu’il vous a sautée hier soir, votre extra ? Attendez ! Dites rien ! Laissez-moi deviner ! Là, j’parie, juste en face, sur votre bureau où il vous avait fait pencher à l’équerre. Vous en avez de la chance. C’est les yeux rivés sur le théâtre de vos exploits que vous allez être fessée.
Et j’ai lancé une première claque, sèche, bien appuyée.Qui l’a fait sursauter. Lui a arraché un petit cri.
– Eh, oui, ça surprend, hein !
Suivie d’une multitude d’autres. En pluie. En rafale. En crépitements ininterrompus.
– Vous marquez remarquablement bien. C’est absolument délicieux.
Eugénie, fascinée, ne quittait pas la croupe de sa petite camarade des yeux.
– Ça vous plaît, Eugénie ? Ne vous impatientez pas. Votre tour viendra. Et je vous réserve un traitement de faveur. Parce que vous êtes pour moi, à n’en pas douter, l’instigatrice de tout ça. Non ? Je me trompe ?
Elle a fait mine de n’avoir rien entendu.
J’ai expédié sur le derrière d’Alyssia une autre salve qui l’a fait psalmodier :
– Ça fait mal… Ça fait mal… C’est affreux… Hou là là, que ça fait mal !
Gigoter tant et plus. Lancer des ruades. Se contorsionner dans tous les sens.
– Ouille ! Ouille ! Mais ouille !
Je me suis arrêté.
– On sera sage maintenant ? On ne viendra plus faire la polissonne sur son lieu de travail.
– Oui. Oh, oui !
Je l’ai aidée à se relever.
– Là ! C’est fini. Mais vous vous rhabillez pas ! Vous attendez que je vous le dise.
J’ai fait signe à Eugénie.
– Allez, à vous, maintenant !
Elle s’est approchée, d’un pas décidé, a baissé son pantalon, s’est étendue, sans un mot, en travers de mes genoux, a pris solidement appui par terre avec les mains.
J’ai laissé une main traîner sur ses fesses. J’en ai pris possession. J’en ai longuement apprécié le grain, la texture.
– On va leur donner de belles couleurs, vous allez voir ! Vous en serez enchantée. Et votre ami aussi… Mais d’abord, vous allez bien gentiment me demander de vous punir.
Elle a poussé un long soupir, marmonné quelque chose entre ses dents.
– Pardon ? J’ai rien entendu.
– Punissez-moi !
– Bien volontiers. Comment ?
– Une fessée.
– S’il y a que ça pour vous faire plaisir…
Et c’est tombé. À pleine fesses. Elles rebondissaient sous ma main. Elles en conservaient longuement l’empreinte. Elles rougissaient à qui mieux mieux.
Elle serrait les dents. Pour ne pas gémir. Pour ne pas crier. Pour ne pas me faire ce plaisir.
Je me suis penché vers son oreille.
– Je vous avais promis un traitement de faveur. Alors vous, je vais vous déculotter. Complètement. Ce ne serait pas une vraie fessée sinon.
Elle a encore soupiré, mais elle n’a pas protesté. Elle n’a rien dit. Elle s’est laissée docilement faire.
Et j’ai repris les choses là où je les avais laissées. Avec plus de détermination encore.
Elle a gémi cette fois. Elle n’a pas pu se retenir. Et elle a bondi du derrière. Haut. De plus en plus haut.
– Vous savez que vous m’offrez de charmants aperçus ? Je suis comblé.
Encore quelques claques, à plein régime, et j’ai mis fin à son supplice.
– À demain, Mesdames, à demain. Ce sera un véritable régal, pour moi, que de vous regarder vous asseoir.




jeudi 29 mars 2018

Mémoires d'une fesseuse (30)

 – Tu n’as pas honte, Marie-Clémence ?
– De quoi donc ? Qu’on ait vu mes fesses ? Oh, ben si ! Si ! Tu sais bien. Ça lui a plu, en tout cas, au vieux. T’as entendu ce qu’il a dit ? Et puis rien que ses yeux ! Ah, il a pas fini d’y repenser. J’adore l’idée qu’un type il va pas arrêter de penser à moi. Que ça va le mettre dans tous ses états. Les trois autres, par contre, ils en avaient strictement rien à battre.
– En es-tu si sûre ?
– Je suis pas allée les regarder sous le nez non plus, mais ils ont pas cherché à s’approcher. Rien.
– Il y en avait un, c’est clair qu’il était coincé, mais les deux autres, je peux t’assurer qu’ils en perdaient pas une miette. Même de loin.
– J’aime trop ça. On recommencera, hein ? En mieux, même, si on peut.
– En mieux ? C’est-à-dire ?
– Ailleurs. Avec plus de monde. Plein de gens. Qui regardent. Qui font des tas de réflexions. Qui se moquent. J’y pense, souvent. Par exemple, que je suis sur la plage en mini-maillot. Tout le monde voit que j’en ai pris une. Ils passent les gens. Ils repassent. Exprès pour regarder. Et pour commenter. De plus en plus fort. Exprès pour que j’entende. Il y a surtout des hommes, mais il y a aussi des femmes. Et puis alors elles, je peux te dire qu’elles me ménagent pas. D’autres fois, c’est à l’hôpital que ça se passe. J’ai fait un malaise. On m’a gardée en observation. Et, évidemment, tout le monde s’est rendu compte. Les infirmières, les médecins. Ils disent rien, mais ça se voit ce qu’ils pensent. Et c’est encore pire. Il y a plein d’autres trucs. La fois où je descends, avec un copain, dans les gorges de Galamus. On est tout seuls. Il y a personne. On en profite: On se met à poil. Et, de fil en aiguille, il me donne une grosse fessée. Sauf qu’au moment de repartir, on s’aperçoit qu’on nous a piqué nos vêtements. Tous nos vêtements. Pas d’autre solution que de remonter comme ça jusqu’à notre voiture. Dont on nous a évidemment volé les clefs avec le reste. On s’abrite comme on peut derrière tout en faisant, avec les bras, de grands gestes désespérés. Un automobiliste compatissant, accompagné de sa femme, finit par s’arrêter et accepte de nous ramener chez nous. Je vous dis pas tout ce qu’on entend tout au long du trajet.
– T’es bien en verve, toi, aujourd’hui, dis donc !
– Il y a aussi les fois où c’est devant tout un tas de gens que je la reçois la fessée.
– Gauvain et ses petits camarades n’attendent que ça.
– Oui, oh, mais eux !
– Ça te tente plus ?
– Pas vraiment, non. Je les connais trop, finalement. Et puis on a déjà fait des trucs ensemble. Alors ce serait pas pareil. J’aimerais mille fois mieux devant des inconnus.
– Ils vont être déçus. Depuis le temps qu’on leur promet.
– Oui, oh, on peut bien quand même. S’il y a que ça pour leur faire plaisir.
– Et toi, Ernesta ? C’est quoi, ton truc ?
– Oh, moi, vous savez bien. C’est qu’on me voit les fesses, mais qu’on se rende pas compte.
Marie-Clémence s’est plantée devant elle.
– Qu’on se rende pas compte de quoi ? C’est quoi tous ces mystères que vous faites toutes les deux ?
– Montre-lui, Ernesta !
Elle a baissé son pantalon.
– Ben, quoi ? C’est ses fesses. Comme tout-à-l’heure.
S’est retournée.
– Oh, la vache ! Elle a une bite ! Non, mais j’y crois pas ! Elle a une bite. Jamais, au grand jamais, à la voir, on irait s’imaginer un truc pareil. Quand on voit comment elle fait fille. Elle peut pas rester un peu à poil ? Le temps que je m’habitue ?
À la fin de la soirée, elle n’était toujours pas vraiment habituée.
– Non, mais j’hallucine, là. J’hallucine complètement. Oh, mais je vais voir tout ça d’un autre œil, moi, maintenant, quand on ira ensemble toutes les trois au sex shop. Ou ailleurs.

lundi 26 mars 2018

Rates d'hôtel

Dessin de Louis Malteste


Tout se passait bien. En général, à midi, tout se passe toujours bien. Les clients sont en bas. Ils déjeunent. Les chambres sont vides. On peut donc les visiter et s’y approvisionner tout à loisir. Tout se passait d’autant mieux que la récolte était d’importance. Montres, bijoux, liquidités. On en avait pour notre argent. Si on peut dire.
On allait en finir. On était dans la toute dernière chambre, au bout du couloir, quand la porte s’est brusquement ouverte et on s’est trouvées nez à nez avec un petit vieux à la mine stupéfaite.
– Mais… qu’est-ce que vous faites là ?
– Rien. Rien. On s’en va. On s’est trompées de chambre.
Il n’a pas été dupe. Il a jeté un coup d’œil à nos sacs gorgés de butin et il s’est mis à hurler à pleins poumons tandis qu’on détalait, à toutes jambes, dans le couloir.
– Au voleur ! Au voleur !
En haut de l’escalier, la patronne nous a barré la route, sa sœur sur les talons.
– Qu’est-ce qui se passe ici ?
Le vieux nous a rejointes, soufflant et vociférant.
– Elles m’ont volé ! Elles m’ont dépouillé. Gourgandines ! Canailles ! Les gendarmes ! Qu’on appelle les gendarmes !
Elles ont exigé.
– Vos sacs ! Faites voir vos sacs !
On n’avait pas le choix. On les leur a remis, la mort dans l’âme. Elles y ont plongé les mains.
– Oui. Bon. C’est clair. Effectivement, les gendarmes !
On a eu beau sortir le grand jeu : il était tuberculeux, mon père. Et la mère de Marthe, phtisique. Il y avait plein de frères et sœurs à la maison. Qu’avaient rien mangé depuis trois jours. Et tra la la… Et tra la la… Elles ont rien voulu savoir quand même.
– Vous les nourrissez avec des montres, ces marmots ? C’est ça ?
– Mais non, mais…
Derrière le vieux arrêtait pas de glapir.
– Les écoutez pas ! Ce sont des malfaisantes. Les gendarmes ! En prison ! En prison !
On était en mauvaise posture. En très mauvaise posture. Alors on a sorti notre arme fatale. Celle qui jusque là, dans ce genre de situation, nous avait toujours remarquablement bien réussi.
– Oh, s’il vous plaît, Madame, pas les gendarmes. Donnez-nous la fessée plutôt ! Et on recommencera pas. On vous promet.
Il y a eu un long moment de flottement. Les deux sœurs se sont regardées, indécises.
Quant au vieux grigou, il s’est bizarrement montré beaucoup plus conciliant tout à coup.
– C’est sûrement la première fois. Tout le monde peut commettre une erreur. Faut leur laisser une chance. Et sûrement qu’une bonne fessée, ce sera tout aussi efficace, au bout du compte, que les gendarmes, les juges et tout le saint-frusquin.
Elles se sont concertées à voix basse.
– Bon, ben allez, alors !
Nous ont poussées dans une chambre où le vieux cochon s’est empressé de se faufiler à notre suite.
Elles ont refermé la porte, se sont assises, nous ont attirées à elles.
– C’est par ici que ça se passe…
Elles nous ont troussées, déculottées… Et alors là… Ouille ! Ouille! Ouille ! On en avait déjà eu, des fessées, oui. Les deux fois qu’on s’était fait prendre. Mais jamais aussi fortes. Ni aussi longues. Elles riaient tout ce qu’elles savaient. En plus !
– Vous avez voulu une fessée ? Eh ben, vous plaignez pas, vous êtes servies.
Et elles y allaient de leurs commentaires.
– Le cul de la mienne, il rougit plus vite.
– Oui, mais la mienne, elle piaule davantage. T’entends cette jolie voix qu’elle a ?
Quant au gros pervers, derrière, il perdait rien du spectacle. Le visage violacé, suffocant, il transpirait à grosses gouttes.
Elles s’interrompaient de temps à autre.
– On s’en tient là ?
– T’es fatiguée ?
– Oh, non, non ! Pas du tout !
– Moi non plus !
– Alors…
Et elles reprenaient de plus belle.
Elles ont quand même fini par arrêter.
– Là ! Elles ont leur compte.
– Oui. M’étonnerait qu’elles reviennent s’y frotter.

Elles nous ont raccompagnées jusque sur le trottoir.
– Les garces ! Non, mais quelles garces ! T’as vu leurs têtes ? Ah, ça leur plaisait, il y a pas à dire, de nous tambouriner le popotin. Elles adoraient, oui !
– On leur a tendu le bâton pour se faire battre. Elles en ont profité. C’est de bonne guerre. Mais en attendant, on repart sans rien.
– Tu voudrais quand même pas… ?
– Qu’on essaie ailleurs ? Ben…
– Ah, non, pas tout de suite, attends ! J’ai le derrière dans un état !
– On se fera pas prendre ce coup-ci.
– Alors ça, t’en sais rien du tout !

samedi 24 mars 2018

Miroir, ô mon miroir

Dessin de Kal

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 – Miroir, ô mon miroir, qui c’est qu’a le plus beau cul du monde ?
– Nabila.
– Quand t’auras fini de dire des conneries. Non, sérieux !
– Mais toi, bien sûr, ma chérie ! Qui veux-tu d’autre ?
– Ah, tu vois ! Qu’est-ce qu’il est rouge, n’empêche, ce coup-ci ! Beaucoup plus que d’habitude. Et tu sais pourquoi ? Parce que c’est Doral, le véto qui s’en est occupé.
– Non, c’est pas lui.
– Faut toujours que tu pinailles sur tout. C’est d’un agaçant !
– Il est dans la nature d’un miroir de refléter la vérité. Et c’est pas lui…
– Oui, bon, d’acord ! C’est moi ! Mais en pensant que c’était lui. Ce qui revient au même, finalement !
– Pas tout-à-fait, non.
– T’as décidé d’être casse-pieds, ce matin, toi, hein ! En attendant, ce qu’est bizarre, quand même, c’est que lui, j’avais encore jamais imaginé qu’il me le faisait. Il y en a eu plein d’autres pourtant. Dutertre, le garagiste. Mérin, le voisin du dessus. Presque tous mes collègues de travail. Et même, le petit jeune de la station-service. Mais Doral, non. C’était celui avec qui j’avais le plus envie que ça se passe pourtant. Comment t’expliques ça ?
– T’as qu’à te creuser un peu la tête.
– Merci de ton aide. C’est sympa.
– De rien.
– Je me demande quand même si je sais pas en fin de compte. C’est que les autres, je me racontais pas d’histoires : ça n’arriverait jamais en vrai. Tandis que lui…
– Avec lui, tu préférais attendre le jour où ce serait pour de bon. Virginalement en quelque sorte.
– Voilà, oui.
– Et maintenant t’as pris définitivement ton parti qu’il viendra pas ce jour-là. Qu’il viendra jamais. Et tu le convoques dans tes rêves, ton veto. Comme les autres.
– Qu’est-ce t’es en train d’essayer de me dire, là ? Que je suis rien qu’une fantasmeuse, c’est ça ?
– Ben, faut reconnaître… Où tu vas ?
– M’habiller. Et faire vacciner mon chien. Tu vas voir si je suis qu’une fantasmeuse. Tu vas voir !

jeudi 22 mars 2018

Mémoires d'une fesseuse (29)

 – Bon, allez, les filles, vous êtes prêtes ? On y va…
– Où ça ?
– Au sex shop dont tu gardes un si agréable souvenir, Marie-Clémence. Y montrer au vendeur le gentil petit derrière d’Ernesta. Qu’il puisse déterminer quel est, dans son cas, le matériel le plus approprié.
– Et moi ?
– Oh, mais quant au tien, puisque tu tiens tant à le montrer, on trouvera une solution sur place.

Quand il nous a aperçues, son visage s’est éclairé.
– Je vous amène une nouvelle recrue.
– Je vois ça, oui.
– Vous avez été d’excellent conseil pour la première. Alors, pour celle-ci aussi, je vous fais entièrement confiance.
Il a souri, nous a entraînées toutes les trois…
– Venez !
Jusqu’au tourniquet à martinets.
– Est-ce qu’à première vue, comme ça, il y en a qui tente tout particulièrement la jeune fille ?
Il y en avait un, oui. Avec tout un tas d’incrustations et de fausses pierres précieuses.
– Si je puis me permettre, il est très tape-à-l’œil, mais finalement pas très fonctionnel.
Je suis intervenue.
– Mais montre au monsieur, Ernesta, qu’il puisse juger sur pièces.
Elle a jeté un rapide coup d’œil, derrière elle, sur les trois ou quatre clients, tous des hommes, qui déambulaient entre les rayons.
– Si la demoiselle se recule un peu, à l’abri de cet autre présentoir, là, personne ne pourra la voir.
Sauf lui. Qui ne s’en est pas privé. Qui l’a regardée baisser culotte et pantalon. Qui s’est penché. A poussé un sifflement admiratif.
– Hou là ! Ça, c’était de la correction ou je m’y connais pas.
Il s’est longuement attardé, sourcils froncés, à contempler l’état des lieux. A finalement rendu son verdict.
– Vu la texture de la peau, sa couleur, la forme du fessier, sa consistance – qu’il a éprouvée, du bout des doigts – le doute n’est pas permis. C’est celui-ci qu’il lui faut absolument. Il lui a laissé le temps de se reculotter, le lui a tendu.
– Merci.
– Et pour Marie-Clémence, ce serait possible d’avoir un suivi. Histoire qu’on soit sûres que tout est pour le mieux ?
– Oh, mais certainement !
Elle ne s’est pas fait prier. Elle s’est un peu reculée derrière le présentoir, mais pas vraiment. Pas complètement. Et elle a soulevé sa robe, descendu sa culotte à mi-fesses.
– La jeune fille a été punie bien après sa petite camarade.
– Monsieur est connaisseur.
– C’est mon métier. Vous permettez ?
Il a baissé plus franchement la culotte.
De l’air de qui est complètement absorbé par autre chose, l’un des clients, la cinquantaine, s’est approché, a cherché, mine de rien, le meilleur angle de vue.
Le vendeur a pris tout son temps, palpé ici, effleuré là, fini par se redresser.
– Non. Tout m’a l’air parfait. Vous utilisez à la perfection le matériel que je vous ai fourni.
On s’est tous les quatre dirigés vers la caisse. Le client s’est incliné au passage de Marie-Clémence.
– Vous avez un cul ravissant, Mademoiselle. Et qui arbore, de plus, de très jolies couleurs.
Elle a feint de l’ignorer.

Au-dehors, sur le trottoir, Ernesta a sauté de joie.
– Il s’est pas rendu compte, vous avez vu ? J’adore ça quand ils se rendent pas compte.
Marie-Clémence lui a lancé un regard interloqué.
– Rendu compte de quoi ?
Je l’ai attrapée par le bras.
– Avance ! On verra ça à la maison.

mardi 20 mars 2018

Alyssia, ma femme (échantillon)


– Faut que je te parle, Alex. Faut vraiment que je te parle.
– Eh bien, je t’écoute…
Elle a éteint la télé, est venue s’asseoir, sur le canapé, à mes côtés, s’est éclairci la gorge.
– Tu sais que je t’aime. Que je tiens énormément à toi. Tu es quelqu’un avec qui il fait bon vivre. Partager le quotidien.
– Mais ?
– Mais… Oh, la la ! C’est vraiment pas facile.
– Jette-toi à l’eau !
– J’ai rien à te reprocher. Absolument rien. Sauf… que je m’éclate pas au lit avec toi. Que je me suis jamais vraiment éclatée.
– C’est pourtant pas l’impression que tu donnes.
– Je sais, oui. J’ai eu tort. J’aurais pas dû. Mais tu as tellement de qualités par ailleurs. Je voulais pas te faire de peine. Risquer de te perdre. Alors j’ai fait comme si. Et puis… ça avait pas tellement d’importance jusque là tout ça pour moi. C’était pas l’essentiel.
– Mais ça a fini par le devenir.
– Dans un sens, oui. Pas l’essentiel, non. Mais quelque chose d’important. Très.
– Et donc ?
– Ben, donc… Il y a eu quelqu’un.
– Il y a eu ou il y a ?
– Il y a… Il y a encore. Depuis quatre mois ça dure.
– Ah, quand même !
– J’ai cru que ce serait juste une passade comme ça. Mais non. Faut bien que je me rende à l’évidence. Non.
– Et tu veux qu’on se sépare…
– Oh, non. Non. J’ai pas dit ça. Je pourrais pas vivre sans toi.
– Et tu peux pas te passer de l’autre non plus. C’est bien ça ?
– Il y a des semaines et des semaines que je tourne en rond. Sans savoir ce que je peux faire. Ce que je dois faire. Plus ça va et moins j’y vois clair. Je suis complètement dans le brouillard.
– En somme, si je comprends bien, ce que tu attends de moi, c’est que je prenne une décision à ta place…
– C’est pas vraiment ça, non.
– Mais ça revient à ça.
– Je sais pas. Je sais plus. Je suis complètement perdue.

Celles et ceux d'entre vous que ce début de récit intéresse peuvent lire la suite de ce premier chapitre ici:

Un chapitre sera ensuite mis en ligne, là-bas, chaque mardi.

Bonne lecture à toutes et à tous.


lundi 19 mars 2018

Vingt ans après

Delphin Enjolras The boudoir

– Tu te souviens ?
– Je me souviens, oui, mais elles sont si loin, maintenant, ces années-là.
– Oh, pas tellement ! Quel âge avions-nous ? Vingt-et-un ans ? Vingt-deux ?
– Vingt. Tant d’événements sont survenus depuis. Ton mariage. La mort de Charles. Mon départ pour Bergerac.
– Tu n’y repenses jamais ?
– Rarement. Très rarement.
– Et moi, souvent. Très souvent. Je nous revois. Je te revois. Avec quel empressement tu venais m’offrir ton derrière à claquer, le soir, près de la volière ! Tu te troussais à une allure !
– Il fallait faire tellement vite. On ne pouvait pas s’éloigner longtemps. Et si on nous avait surprises… Alors là, si on nous avait surprises, je n’ose même pas imaginer ce qui se serait passé.
– Il s’en est pourtant fallu quelquefois de si peu. Prises par nos jeux, nous les prolongions plus que de raison. Ils s’inquiétaient et se mettaient à notre recherche.
– Heureusement que, ce faisant, ils nous appelaient et que le son de leurs voix…
– Te laissait largement le temps de remettre de l’ordre dans ta tenue.
– On avait un prétexte tout trouvé : les oiseaux. Au coucher desquels on prétendait vouloir assister.
– Tu étais insatiable. À peine les marques s’étaient-elles effacées que tu me réclamais, à cors et à cris, une nouvelle fessée.
– Qu’il ne m’était nul besoin de quémander longtemps. Tu prenais un tel plaisir à me l’infliger !
– Et toi, à la recevoir.
– J’aimais trop tes yeux quand on se relevait. Ils brillaient d’une telle excitation !
– Et moi, les tiens ! Qui n’étaient plus que volupté. Volupté pure.
– Tu tapais fort. Ça me brûlait pendant des heures.
– Ce qui n’était pas pour te déplaire, avoue !
– Oh, non ! Non. Plus c’était fort et plus… On était complètement folles.
– Et le reste du temps… Dès qu’on réussissait à être un peu seules, on en parlait. On ne pouvait pas s’empêcher d’en parler.
– Il fallait absolument que je te dise. Tout. À quoi je pensais quand tu me le faisais. Ce que je ressentais. Si j’avais honte. T’arrêtais pas de me poser des milliers de questions. Auxquelles il m’était impossible de répondre. On ne peut pas mettre de mots sur ces sensations-là.
– Et toutes ces promesses que tu me faisais. Que toujours je pourrais t’en donner des fessées. Toute notre vie. Même quand tu serais mariée. Que c’était quelque chose dont jamais tu ne pourrais te passer.
– On était bien un peu exaltées.
– Tu ne les as jamais tenues, tes promesses.
– Et pour cause. La vie nous a séparées. Éloignées l’une de l’autre.
– Et finalement rapprochées.
– Oui, mais…
– Mais ?
– Ce ne serait plus vraiment pareil aujourd’hui. On a changé. Mûri. On ne serait plus que la caricature de nous-mêmes. On serait déçues. Tellement déçues.
– Ou très agréablement surprises au contraire.
– Tu crois, toi ?
– J’en suis convaincue.
– Jamais on n’aurait dû raviver ces souvenirs. Jamais.
– Et pourquoi cela ?
– Parce que…
– Parce que la perspective de te retrouver, comme avant, les fesses à l’air…
– Tais-toi !
– Et de me les offrir pour une vigoureuse claquée.
– Tais-toi, je t’en supplie !
– Te tente au moins tout autant qu’avant.
– S’il te plaît, Alice…
– Que redoutes-tu ? On est seules. Que toutes les deux. Pour la journée. Regarde-moi, Marthe ! Ils sont pleins de cette envie-là, tes yeux. Ils en débordent. Allez, cesse donc de lutter contre toi-même ! Pose-moi ce tambour à broderie. Et trousse-toi ! Comme là-bas. Comme avant.

samedi 17 mars 2018

Arrêt-minute

Dessin de Kal:

http://kalidwen.wordpress.com

et:

http://fesseeo.net

– J’ai peur, Frédéric !
– Peur ! Mais c’est toi qu’as voulu. T’en crevais d’envie !
– Je sais bien, oui ! Mais maintenant j’ai peur.
– Tu veux qu’on rentre ?
– Non. Quand même pas, non. Mais alors tu choisis bien l’endroit. Pas trop fréquenté. Qu’on crée pas une émeute.
– Là ?
– Ça doit être passant. Avec les commerces là-bas tout au bout.
– Ben oui, mais enfin, si c’est pour aller se planquer dans un chemin complètement désert, ça n’a plus aucun sens. Allez, viens, je me gare et on passe derrière.
– Tu crois ?
– Mais oui, sinon on va tourner en rond comme ça pendant des heures.

– Juste le pantalon, hein ! Pas la culotte.
– Mais oui ! Promis. T’es prête ?
– Aïe ! Hou, la vache !
– Ben oui, mais si tu veux qu’il soit bien rouge, faut pas que je fasse semblant.
– Je sais. Vas-y, m’écoute pas ! Il y a des gens qui passent ?
– Un couple. Ils font pas attention.
– Elles sont rouges, mes fesses ?
– Ça commence, oui.
– J’entends rire. Il y a quelqu’un qui rit, non ?
– Deux femmes.
– Quel âge ?
– La trentaine. Peut-être un peu moins. Elles se sont arrêtées. Ça les amuse. Énormément. Ah, ça y est ! Elles repartent.
– Continue, hein, continue !
– C’est bien ce que je fais.
– Il y a plus personne ?
– Pour le moment, non. Ah, si, ça y est. Un type. La cinquantaine. Il s’arrête. Ah, ben d’accord ! Il colle carrément le nez au carreau. Pas gêné, le gars ! Et il a pas l’air du tout décidé à repartir.
– Tu crois que je peux ?
– Quoi donc ?
– Me retourner.
– Évidemment que tu peux. T’en crèves d’envie.

– Il est reparti ?
– Ça y est, oui.
– Comment il me bouffait le cul des yeux ! C’est de la folie. Et quand j’ai croisé son regard ! Si j’avais pu rentrer six pieds sous terre.
– T’étais morte de honte.
– Mets-toi à ma place !
– Et t’as adoré ça.
– On continue ? On va un peu plus loin et on continue ?
– Allez !
– Et tu pourras me descendre ma culotte, cette fois, si tu veux.


jeudi 15 mars 2018

Mémoires d'une fesseuse (28)

Marie-Clémence a ouvert de grands yeux stupéfaits.
– Une fille ? Qui va venir vivre ici, avec nous ?
– Oui. Ernesta.
– Quand ?
– Oh, elle va pas tarder.
– Elle sort d’où ?
– Si on te le demande…
– Elle va dormir avec toi ?
– Certainement pas, non. Elle s’installera sur le canapé du séjour. Dans un premier temps. Après, on avisera. Elle est très sympathique, tu verras. Je suis sûre que vous allez très bien vous entendre, toutes les deux.
– On pourra quand même, toi et moi ?
– Quoi donc ?
– Ben, nos trucs à nous. Les fessées. Tout ça…
– Elle y aura droit aussi.
– Elle en a déjà eu ? Tu lui en as déjà donné ?
– Pas plus tard qu’hier.
– Ici ?
– Ici, oui.
– Et avec mon martinet, j’parie ! Celui que tu te sers avec moi.
– C’est celui-là qui m’est tombé sous la main. Mais si ça te pose vraiment problème, cet après-midi je l’emmènerai en acheter un autre.
– Où ça ? Au sex shop de l’autre fois ?
– Ben oui. Oui. Comme tu as pu le constater par toi-même, le vendeur est très serviable. Et très compétent. Au vu du derrière d’Ernesta et de l’état dans lequel il se trouve, il saura me conseiller le matériel approprié.
– Ça devait être nous qu’on y retournerait, on avait dit.
– Tu pourras nous accompagner.
– Ce sera pas la même chose.
– Mais dis-moi, tu serais pas en train de me faire une bonne petite crise de jalousie, là ?
– Pas du tout. Oh, alors là, pas du tout.
– J’ai horreur de ça. Et tu le sais très bien. Déshabille-toi, Marie-Clémence ! Et installe-toi ! Au bord de la table. Comme d’habitude.
Et j’ai vaqué à mes occupations sans plus m’occuper d’elle.
– Tu me la donnes pas ?
– Tout-à-l’heure. Quand Ernesta sera là. Je suis sûre qu’elle sera ravie de faire la connaissance de ton derrière avant même celle de ta petite frimousse.
– Mais je vais mourir de honte !
– Pour ton plus grand plaisir.
Elle s’est tue.

– Entre, Ernesta, entre ! Je te présente Marie-Clémence.
Sur les fesses de laquelle son regard s’est posé. Longuement attardé.
– Enchanté !
Elle a vaguement bredouillé quelque chose.
– Marie-Clémence que je t’attendais pour punir.
Il a dégluti. S’est approché. Tout près.
– Tu es prête, toi ?
Ses fesses se sont crispées.
Le premier coup est tombé.

lundi 12 mars 2018

Emplettes



Jean Sala Street Scene (avant 1918)

– Vous venez, ma chère ?
– Un instant, je vous prie, mon ami. Il y a là, en devanture, des articles ravissants.
– N’avez-vous point suffisamment de fanfreluches ? Vos armoires en regorgent.
– Des articles qui, là-bas, à Angoulême, rendraient mes amies folles de jalousie.
– Nous avons, je vous le rappelle, passé un accord.
– Je sais, mon ami, je sais.
– Accord selon lequel vous disposez, chaque mois, pour vos menues emplettes, d’une somme, ma foi fort substantielle, que vous avez, cette fois-ci, atteinte. Toute dépense supplémentaire vous expose, dès lors, à des sanctions dont vous avez accepté le principe et qui sont applicables en fonction d’un barême que nous avons établi ensemble. Un coup de fouet par tranche de dix francs.
– Certes, mon ami, certes. Mais nous montons si rarement à Paris. Ne nous serait-il pas possible de mettre, exceptionnellement, notre accord entre parenthèses ?
– Assurément, non. Un contrat est un contrat.
– Et là ! Attendez, mon ami, attendez ! Laissez-moi au moins regarder. C’est magnifique ! Absolument magnifique. Pensez-vous qu’à l’intérieur ?
– Que voulez-vous que j’en sache ?
– Verriez-vous un inconvénient à ce que j’entre un instant contempler tout cela. Contempler uniquement.
– Faites comme bon vous semble, ma chère, mais ne tardez néanmoins point trop. Que nous puissions voir cette fameuse Tour Eiffel et l’Arc de Triomphe.
– Cinq minutes. Cinq minutes et je suis à vous.

* *
*

– Cinq minutes, disiez-vous, ma chère ? Nous en sommes à deux gros quarts d’heure.
– J’en suis désolée.
– Ah, vous pouvez l’être.
– Il faut dire aussi que c’est un enchantement ci-dedans. Une véritable caverne d’Ali Baba.
– Où vous êtes parvenue à vous abstenir de dépenser, à ce qu’il semble.
– C’est-à-dire…
– C’est-à-dire ?
– Que j’ai effectué quelques achats qui nous seront livrés, ce tantôt, à l’hôtel.
– Pour une facture d’un montant de ?
– Vous verrez ces petites merveilles. Je suis convaincue que vous aussi…
– D’un montant de ?
– Quatre-cents francs. À peine plus de quatre cents francs.
– Exactement ?
– Quatre cent vingt-deux francs.
– Ce sera donc quarante-deux coups. Vous le saviez, n’est-ce pas ?
– Laisser passer des occasions comme celles-là était au-dessus de mes forces. J’en aurais cultivé le regret des années durant.
– Venez !
– Où cela ?
– Venez, vous dis-je !

* *
*

– Entrez, ma chère…
– Là ? Mais…
– Il s’y vend de très jolis fouets, voyez ! Et assurément très efficaces.
– Cela ne peut-il attendre que nous soyons rentrés à Angoulême ?
– Certes, non ! Plus tôt on règle ses dettes et mieux on se porte.
– Le vendeur ne va-t-il pas se douter ?
– Que cet achat vous est destiné ? C’est fort probable en effet. Mais qu’importe ! Nous sommes loin de chez nous. Personne ne nous