– Le
prêt que nous vous avons consenti, ma chère Geneviève…
– Devait
être remboursé le premier mars. Je sais, oui, je sais.
– Et
nous sommes le premier novembre.
– Je
vous paierai… Je vous paierai, je vous le promets. Laissez-moi
seulement un peu de temps.
– Nous
vous en avons déjà accordé beaucoup. Beaucoup trop.
– Encore
un mois. Juste un mois.
– Ce
n’est malheureusement pas possible.
– Je
vous en conjure.
– Ce
ne serait pas vous rendre service. Et nous allons malheureusement
devoir prendre des dispositions.
– Comment
cela ?
– Nous
allons être dans l’obligation de demander à votre mari de bien
vouloir honorer les dettes que vous avez contractées.
– Mon
mari ? Oh, non, pas mon mari ! Je vous en supplie !
Pas mon mari…
– Sans
doute y-a-t-il des choses que vous redoutez qu’il apprenne ?
Et notamment que vous éprouvez, pour les jeunes gens, un attrait
immodéré.
– Taisez-vous !
S’il vous plaît…
– Et
que cette passion vous revient cher.
– Ne
le lui dites pas ! Ne lui dites rien ! Je vous le demande à
genoux.
– Eu
égard au fait que nous avons toujours entretenu d’excellentes
relations, que nous sommes fréquemment amenés, vous, lui et nous, à
dîner aux mêmes tables, à partager les mêmes parties de bridge,
nous voulons bien consentir à faire preuve à votre endroit d’une
certaine mansuétude. Et à vous accorder de nouveaux délais.
– Merci.
Oh, merci.
– À
une condition toutefois…
– Qui
est ?
– Que
vous acceptiez d’être sanctionnée pour votre inqualifiable
comportement et d’offrir, de bonne grâce, la partie la plus
charnue de votre individu à une fessée dont vous reconnaîtrez avec
nous qu’elle est on ne peut plus méritée.
– Une
fessée ! Non, mais vous n’y pensez pas ! C’est hors de
question ! Absolument hors de question…
– Dans
ces conditions… Nous dînerons tout-à-l’heure, mon frère et
moi, avec ce cher Léopold…
– Écoutez !
– On
n’écoute rien du tout. Cette conversation n’a qu’assez duré.
Et nous ne reviendrons de toute façon pas sur notre décision.
– Mais
c’est affreux ! Épouvantable. Non, vous ne pouvez pas me
demander ça. Une femme de mon âge… De ma condition…
– Vous
avez deux minutes pour vous dévêtir. Pas une de plus…
– Vous
êtes…
– Pensez
ce que vous voulez, mais dévêtez-vous !
* *
*
Dessin de Georges Topfer
– Eh
bien voilà ! Vous voyez que vous pouvez vous montrer
raisonnable quand vous voulez.
– Finissons-en,
je vous en prie…
– Oh,
mais rien ne presse. Nous avons tout notre temps. Nous l’avons même
d’autant plus que la nature s’est montrée extrêmement généreuse
à votre égard. Et c’est un pur délice que de pouvoir contempler
vos charmes tout à loisir. Qu’en penses-tu, mon cher Victor ?
– Que
ce serait plus délectable encore si notre amie consentait à retirer
ses bras de là où ils se trouvent.
– Mais
oui ! Allons, un bon mouvement, Geneviève ! Vous n’êtes
de toute façon pas en position de nous refuser quoi que ce soit.
Là ! Eh bien, voilà ! Parfait ! Absolument parfait !
Vous êtes vraiment bénie des dieux, vous !
– Si
vous devez…
– Vous
rougir le derrière ? Oh, mais nous y comptons bien. Nous tenons
toujours nos promesses. Par contre, je ne sais pas ce que tu en
penses, mon cher Victor, mais maintenant que nous avons pu nous faire
une idée précise du théâtre des opérations, nous pourrions
peut-être laisser une dernière chance à notre amie et différer la
sanction de quelques semaines. Qu’elle ait éventuellement le temps
de rassembler la somme qu’elle nous doit.
– Je
n’y crois guère.
– Moi
non plus ! Mais elle pourra toujours mettre ce délai à profit
pour songer encore et encore à ce qui l’attend.
(à
suivre)
Fessée au comptant ou à terme, c’est la question...
RépondreSupprimerPour le moment à terme. Mais quelque chose me dit que ça va pas durer et que ça va bientôt être au comptant. Au content?
RépondreSupprimer... s’enrichit...
RépondreSupprimerHum j'ai comme qui dirait un doute quant au remboursement pécuniaire... sais pas, je crois qu'ils vont en être pour leur frais... ^^ et que va y avoir de sacrés intérêts. Un côté se payer sur le dos de la bête... oh vous croyez que l'expression vient de là ? ^^
Et j'aime beaucoup l'idée de l'image au milieu du texte... ça colle si bien !
En effet… La pauvre femme va désespérément chercher, en vain, des subsides pour se soustraire à la sanction annoncée. À moins qu'elle n'en ait déjà pris son parti?
RépondreSupprimer