lundi 22 octobre 2018

Au bord de la route


– Vous avez l’air surprise de me trouver ici, chère amie…
– Pas du tout, non.
– Oh, si ! Surprise et dépitée. Serait-ce que vous attendiez quelqu’un d’autre ? Mon mari, par exemple ?
– Votre mari ?
– Mon mari, oui. Avec qui vous aviez rendez-vous. Et qui ne viendra pas.
– Je vais tout vous expliquer.
– M’expliquer quoi ? Que c’est ici que vous vous donnez du bon temps tous les deux ? Dans cette voiture ? Ce qui ne doit pas être très confortable, avouez ! Mais enfin, quand ça vous tient d’écarter les cuisses, ça vous tient ! Et tout est bon. Vous y trouvez votre compte au moins ? Oh, sûrement, oui. Parce qu’il sait y faire, Rodolphe, quand il veut. Je suis bien placée pour le savoir. Ce qui ne doit pas être le cas de votre Gontran puisque vous éprouvez l’impérieux besoin d’aller voir ailleurs. Bon, mais si vous me racontiez ? Il s’y prend comment, mon mari, avec vous ? Ça m’intéresse. Allez, je vous écoute. Ou plutôt, non ! Laissez-moi deviner. Il vous gicle entre les seins, oui, hein ? Il adore. Surtout que… vous êtes bien lotie de ce côté-là. Ah, comment il doit bien se la coincer entre eux. Et se la couvrir avec. Un vrai régal pour lui ! Et quoi d’autre ? Oui, je sais ! Il vous prend à quatre pattes. C’est sa grande spécialité, ça. Sauf que, dans la voiture, ça ne doit pas être très facile. Pour ne pas dire impossible. Et donc, vous en sortez. Ben oui, forcément. Vous vous installez où pour faire vos cochonneries ? Faites-moi voir ! Là ? Non ? Là, plutôt, alors ! Oui, là. C’est pas très prudent, dites donc ! Au bord de la route comme ça ! Quoique… il y passe pas grand monde. Et puis on les entend arriver de loin, les voitures. On a le temps de réagir. Bon, mais assez causé. Surtout que vous n’êtes pas un interlocutrice très bavarde. Alors passons aux choses sérieuses. Il va prendre ça comment, votre mari ?
– Mon mari ?
– Votre mari, oui. Il va bien falloir le mettre au courant, le pauvre homme !
– Vous n’allez pas faire ça !
– Ben si, si ! Il est quand même en droit de savoir que, dès qu’il a le dos tourné, vous n’avez rien de plus pressé que de courir vous envoyer en l’air. Avec mon mari. Et sans doute avec d’autres.
– Jamais il ne me le pardonnera. Jamais.
– Il fallait y réfléchir avant.
– Je vous en supplie, ne le lui dites pas. Ne lui dites rien. Parce que ce qu’il adviendrait alors de moi…
– Quelle sorte d’accommodements proposez-vous ? Parce que vous conviendrez avec moi que votre comportement est inqualifiable et qu’il ne peut pas rester sans conséquences.
– Je ne sais pas. Je…
– Vraiment ? Pas la moindre petite idée ? C’est moi qui vais devoir décider alors ! Et ce qui me paraît le plus approprié, dans votre cas, c’est une bonne correction qui vous ôte à tout jamais l’envie de recommencer.
– Vous ne pouvez pas me demander une chose pareille !
– Bien sûr que si ! C’est même ce que je suis en train de faire. Et c’est non négociable. Ou bien vous m’offrez gentiment votre petit derrière pour une mémorable fouettée ou bien, dès ce soir, votre mari est au courant. Preuves à l’appui.
– C’est un odieux chantage.
– Appelez ça comme vous voudrez, mais mettez votre croupe à l’air. Elle en a de toute façon l’habitude.
– Vous êtes…
– Monstrueuse. Odieuse. Abjecte. Et pire encore. Peu m’importe ce que vous pensez. La seule chose que j’attends de vous, c’est que vous mettiez votre cul à ma disposition pour qu’il soit traité comme il le mérite. Vous avez cinq secondes. Passé ce délai… Ah, ben voilà ! Vous voyez que vous pouvez vous comportez comme une grande fille quand vous voulez. Tenez, mettez-vous là ! À quatre pattes. Comme quand vous êtes avec mon mari. Exactement au même endroit. Et serrez les dents ! Je ne vais pas vous ménager.

2 commentaires:

  1. Délicieux tous ces dessins anciens. Tant et si bien que je me demande souvent si les gens de la Belle Époque, voire ceux du Second Empire, étaient si pervers que ça xD

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  2. Il y a des intérêts qui sont, je crois, de toutes les époques. Et que certains, pleins de talent, savent faire chanter.

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