On
était, Coxan et moi, tranquillement installés à une terrasse de
café.
– Tiens,
regarde qui c’est qu’arrive ! Ben alors, Camille, on dit
plus bonjour !
Elle
s’est arrêtée net.
– Je
vous avais pas vus.
– Fais
la bise à Coxan au moins.
– Ah,
oui, pardon…
Elle
s’est penchée. Lui a tendu la joue.
– Qu’est-ce
tu fais dans le coin ? Tu travailles pas aujourd’hui ?
– C’est
mon jour de repos.
– Ben,
assieds-toi ! T’as bien deux minutes.
Elle
l’a fait. Du bout des fesses.
– C’est
pas vrai que ça te cuit encore !
– Ça
me cuit plus, non. Mais c’est sensible.
– Beaucoup ?
– Pas
mal.
– Tant
mieux. Parce que t’avais mérité, avoue !
– Oui.
– Et
s’il n’avait tenu qu’à moi, je peux te dire que tu t’en
serais pas tirée à si bon compte. Traiter les clients avec une
telle désinvolture ! Non, mais cette fois, on aura tout vu.
Elle
a baissé la tête.
Je
la lui ai fait relever. Du bout du doigt.
– D’ailleurs,
moi, je crois bien que tu lui dois encore une petite compensation à
Coxan. Vu la façon inqualifiable dont tu t’es comportée avec lui.
Non ? T’es pas de cet avis ?
– Si !
– Et
quoi comme compensation ?
– Je
sais pas.
– Eh
bien moi, je sais ! Il y a une caméra de surveillance dans le
bureau de Madame Gorsalier. Une caméra qui a tout filmé l’autre
jour quand t’as reçu ta fessée. Alors ce que tu vas faire… Tu
vas aller lui demander la bande à ta patronne. Et tu vas bien
gentiment venir l’offrir à Coxan.
– Oui.
– Eh
bien, vas-y ! Qu’est-ce t’attends ?
Elle
s’est levée.
– Et
n’oublie pas de faire faire un paquet cadeau.
Elle
le lui a tendu. À bout de bras.
– Ah,
non, pas comme ça, non ! À genoux tu vas te mettre.
Elle
a jeté un rapide coup d’œil autour d’elle.
– Ben
oui, il y a du monde, oui ! Mais ça fait rien ! Qu’est-ce
ça peut faire ?
Elle
s’est agenouillée.
Coxan
n’a pas pris tout de suite le paquet. Il l’a d’abord longuement
sermonnée. Il lui a fait promettre de faire des efforts – tous
les efforts qu’elle pourrait – pour mieux se comporter à
l’avenir.
– C’est
dans ton intérêt à toi. Tu en as bien conscience, j’espère ?
Oui.
Oui. De la tête.
Des
gens passaient. Ralentissaient. Arboraient parfois de petits sourires
moqueurs. Certains s’arrêtaient. Commentaient.
Il
s’est bien écoulé une bonne dizaine de minutes avant qu’il
consente enfin à accepter son présent.
– C’est
quoi ?
– Vous
savez bien.
– Pas
du tout, non.
– Ma
fessée.
– Ah,
oui ? C’est gentil. Ça me touche beaucoup. Ben, tu sais pas ?
On va aller regarder ça ensemble alors. Tous les trois. Ah, si, si,
j’y tiens…
LA situation que je n'aimerais vraiment pas. La pauvre, en public.
RépondreSupprimerSans doute! Mais peut-être qu'avec le recul cette situation, quand elle y repensera, finira-t-elle par avoir, pour elle, un charme troublant.
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