lundi 1 octobre 2018

Chez Madame la Directrice


Dessin de Georges Topfer

– Vous m’avez fait appeler, Madame la Directrice ?
– Oui. Approchez ! Plus près ! Vous avez encore fait des vôtres, à ce qu’il paraît. Eh bien ? Répondez !
– Je suis désolée.
– Vous êtes désolée… C’est tout ce que vous trouvez à dire ?
– Je me suis emportée.
– C’est le moins qu’on puisse dire. Vous vous êtes comportée d’une façon absolument inqualifiable. Au point que Madame Dutertre a dû sévir à votre égard et vous infliger une correction des plus sévères. Non ?
– Si !
– Venez me montrer !
– Madame la Directrice…
– Venez, j’ai dit ! Ah, oui ! Oui ! Elle ne vous a pas ménagée. Et elle a eu raison. C’est, de toute façon, la seule chose que vous compreniez. Je vous rappellerai toutefois, à toutes fins utiles, que les malversations dont vous vous êtes rendue coupable l’an dernier étaient passibles de la prison et qu’elle ne vous a été évitée que parce que nous avons eu la bonté de vous accueillir ici.
– Je vous en suis infiniment reconnaissante.
– Ce ne sont là que des mots. Avec lesquels il faudrait que vous songiez, de temps à autre, à mettre vos actes en accord.
– Je vous en donne ma parole.
– Et vous avez tout intérêt à la tenir. Parce qu’il suffirait que j’adresse un rapport circonstancié à monsieur le juge pour que vous soyez aussitôt tenue d’aller purger votre peine.
– N’en faites rien, je vous en conjure, n’en faites rien !
– Il ne tient qu’à vous.
– Vous n’aurez plus à vous plaindre de moi. Je vous le promets.
– Nous mettrons en tout cas, de notre côté, tout en œuvre pour que vous y parveniez.
– Merci, Madame la Directrice. Merci. Puis-je ?
– Quoi donc ?
– Me relever.
– Certainement pas, non. Je n’en ai pas terminé avec vous.
– Mais…
– Votre petite pudeur en souffre ? Tant mieux ! Tant mieux ! Cela ne peut que vous inciter à vous amender. D’ailleurs, si vous mettez à nouveau Madame Dutertre dans l’obligation de vous corriger, c’est au su et au vu de toutes vos petites camarades que cela aura lieu. Et même, pour faire bonne mesure, vous resterez les fesses exposées devant elles pendant toute la durée du repas qui s’ensuivra. Est-ce compris ?
– Oui.
– Parfait. À vous alors de faire en sorte que cela n’ait pas lieu d’être.

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