mardi 27 octobre 2015

Fessées croisées2 (11)

11 août


Dix fois je l’ai reposé le téléphone… Dix fois je l’ai repris… Ça a sonné… Cinq fois… Six fois… Ça a décroché…
–Allô… Oui…
– Bonjour… Monsieur Joubert ?
– Ah, non ! C’est pas monsieur Joubert, non…
– Excusez-moi ! J’ai dû me tromper… J’ai vérifié pourtant… Chiffre à chiffre… Je comprends pas…
– Attendez ! Raccrochez pas ! Elle me dit quelque chose votre voix… N’importe comment si vous avez mon numéro, c’est forcément qu’on se connait…
– Je vois pas…
– Je suis dans votre répertoire ?
– Non… Sur un petit bout de papier…
– Ah, ça y est ! J’y suis… Vous êtes la fille du café… Vous allez bien ?
– Du café ? Quel café ? Ah, oui ! Désolée… Joubert aussi m’avait laissé son numéro sur un papier… Je me suis emmêlé les pinceaux…
– Pas grave… Ça fait plaisir de vous entendre… Alors ! Qu’est-ce que vous devenez ?
– Oh, rien de spécial…
– En attendant, vous me faites faux bond… Tous les après-midis je suis fidèle au poste… Et tous les après-midis j’attends pour rien…
– S’il y a que ça pour vous faire plaisir, je finirai bien par revenir faire un bout de causette avec vous…
– Quand ?
– J’en sais rien quand… Quand je pourrai…
– Cet après-midi ?
– Vous êtes bien pressé…
– Oh, oui… Oui… C’est un tel bonheur de passer un moment avec vous…
– En faites pas trop…
– Vous viendrez ?
– J’essaierai…
– Oh, si, vous viendrez… Si ! Dites oui…
– Vous verrez bien…



11 heures


– Gilles…
– Oui…
– Tu comptais qu’on fasse quoi cet après-midi ?
– Pourquoi tu me demandes ça ?
– Parce que je l’ai eu au téléphone le type du café, tu sais…
– Ce qui veut dire que tu l’as appelé… Il te manquait tant que ça ?
– Non… Enfin, si ! Un peu…
– Et alors ?
– Ben, je vais y aller…
– Tu fais bien ce que tu veux…
– Mais si tu préfères qu’on soit tous les deux, je reste là, c’est pas un souci…
– Il n’en est pas question… Non, non… Tu y vas…



14 heures


– Bon, ben à tout-à-l’heure alors…
– Attends ! Une petite seconde… Viens voir là…
– Qu’est-ce qu’il y a ?
– Elles y sont plus les marques ?
– Pratiquement plus… Faut vraiment le savoir…
– Faut remédier à ça alors… Non ?
– Gilles…
– Oui ?
– Non… Rien…
– On va te faire toute belle, tu vas voir… Quelque chose de soigné… Qu’il soit content… Qu’il apprécie… Si d’aventure elle se termine au lit votre après-midi… Allez ! Mets-moi ce petit derrière à l’air…

vendredi 23 octobre 2015

Escobarines: BTS (3)

On joue au chat et à la souris… Je suis irréprochable… Mon travail lui donne entière satisfaction… Ça ne durera pas… Il le sait… On le sait… Ce sera quand je voudrai… Quand je l’aurai décidé… Et ce jour-là…

Je ne veux pas… Pas encore… J’aime trop sentir son attente… Je la savoure… Je m’en délecte… Chaque matin il est là, derrière moi… Il se penche… Il lit… Il supervise…
– Vous faites d’immenses progrès, Gaëtane… Je m’en réjouis… Mais en même temps, je le regrette… Profondément…

Il va falloir… Bientôt… Parce que son attente est en train de devenir impatience…
– C’est parfait… Presque trop…
Si je ne la comble pas, elle va se faire aigreur… Puis rancœur…

Alors une première erreur… Un détail… Une broutille… Mais il la relève… Avec jubilation… Les yeux brillants… L’heure est proche…

Une seconde… Dès le lendemain… Une troisième… Une autre encore… Une pluie d’erreurs…
– Ce n’était qu’un feu de paille, il semblerait, Gaëtane…
J’ai la mine contrite… L’oreille basse…
– Je suis désolée… Je vais faire attention… Je vous promets…
Il hausse les épaules…
– Oui, oh, les promesses… On sait ce qu’elles valent vos promesses… Non… Par contre, on avait passé un petit accord tous les deux… Vous vous souvenez ?
Je me souviens, oui… Je rougis… Je balbutie…
– Peut-être que… Une dernière fois… Une dernière chance…
– Ah, non ! Non ! Rien du tout… J’ai été suffisamment patient, il me semble… Non… Vous resterez là ce soir… Qu’on règle nos comptes…

Je frappe à la porte de son bureau… Pas de réponse… Je recommence…
– Oui… Entrez ! Ah, c’est vous !
Comme s’il le savait pas !
Il écrit… Il m’ignore… Il fait durer… Relève enfin la tête…
– Eh bien, déshabillez-vous ! Qu’est-ce que vous attendez ?
Sur un ton, mais un ton ! Qui ne souffre pas de réplique… Et qui me fait fondre… Tellement…
Que je… Oui… Voilà… Voilà… Tout de suite… J’enlève… J’arrache… Tout… Il veut…
Il m’arrête…
– Pas la culotte ! Je m’en occuperai personnellement la culotte…
Et il se remet à écrire… Longtemps… Il lève les yeux sur moi… Il fixe mes seins… D’instinct, je les recouvre de mes mains…
– Tsss… Tsss… Allons ! Allons !
Je les lui laisse…

Il se lève enfin… Contourne son bureau… Me prend fermement par le bras…
– Venez !
Sur le pas de la porte, j’ai un mouvement de recul… Il rit…
– Mais il y a personne… Il y a belle lurette qu’elles sont parties vos collègues…
Elles sont là quand même… Leur ombre… Leur présence… Elles regardent… Narquoises… Moqueuses…
Il s’assied à ma place, dos tourné à l’ordinateur…
– Approchez ! Encore !
Tout près… Ses mains se posent sur mes reins… Il m’attire doucement vers lui… Genoux contre genoux… Ses yeux s’emparent des miens…
– Être obligé d’en arriver là ! Alors que si vous vouliez… Si vous y mettiez un peu de bonne volonté… Parce que vous avez des qualités… C’est incontestable… Seulement vous les gâchez… Par votre étourderie… Par votre négligence… Vous avez constamment la tête ailleurs, Gaëtane… Et s’il n’y a pas quelqu’un pour vous prendre sérieusement en mains, c’est votre avenir que vous allez compromettre… Vous allez retomber constamment dans les mêmes errements… Non ? Vous ne croyez pas ?
– Si !
D’une toute petite voix…
– Vous l’admettez… C’est déjà ça… C’est un début… Oh, mais on va pas vous laisser tomber… Vous êtes quelqu’un d’attachant… Très… Alors on va s’occuper de vous… Vous verrez… Ils vont aller vite les progrès… Dans trois mois vous ne vous reconnaîtrez pas…
Il passe les pouces sous l’élastique de ma culotte, de chaque côté, au niveau des hanches… Il les y laisse… Il les y promène tout doucement… Ça dure… Longtemps… Si longtemps…
– C’est pour votre bien… Vous le savez… Hein que vous le savez ?
Je le sais, oui… Bien sûr que je le sais…
Alors il fait descendre… Il descend… Jusqu’en bas… Je ne ramène pas mes mains… Je ne me cache pas… Je sors de ma culotte… Un pied… Puis l’autre…
– Venez !
Je viens… Je me penche… Je m’incline… Je suis en travers de ses genoux…
Ça tombe… Une première claque… Une seconde… Ça hésite… Une troisième… Ça s’élance… Ça s’abat…

(à suivre)

mardi 20 octobre 2015

Fessées croisées2 (10)

14 heures


– Tu fais voir ?
– Quoi ? Mon derrière ?
Il a fait signe que oui… Oui…
Je me suis déculottée… Tournée… Il y a longuement promené son doigt…
– Ça se voit encore… Et pas qu’un peu…
– Ben oui… Forcément… D’hier seulement ça date…
– Tu veux aller le retrouver quand même ?
– Non, Gilles, non… Vaut mieux pas… Pas encore… Plus tard… Parce que j’y ai repensé à ce que t’as dit… T’avais complètement raison… Je suis piégée si j’y vais… Dans tous les cas de figure…
– Finalement j’aurais un bon moyen de t’empêcher de le voir définitivement… Ce serait de te mettre fessée sur fessée… Que t’aies le derrière constamment rougi…
– Je sais pas…
– Tu sais pas quoi ?
– Si ça y ferait vraiment… Parce qu’au bout d’un moment je pourrais pas m’empêcher… J’aurais trop envie… J’irais quand même… Et tant pis s’il voyait… Il se passerait ce qui se passerait…
– Bon, mais on en est pas là… Ou pas encore…



15 heures


– J’en étais sûre que t’allais me ramener là… Certaine…
On s’est déshabillés… On a tout enlevé… On s’est installés… Exactement au même endroit…
– Oh, ben oui… Oui… C’est tellement excitant pour toi de faire ça avec ton mari là où tu le faisais avant avec ton amant…
– Mais non, Gilles…
– Non ? On a vu ce que ça donnait hier… Et je suis bien tranquille que c’est la même chose aujourd’hui… T’es déjà toute trempée, je suis sûr… Rien que d’être là… Rien qu’à l’idée…
Il m’a parcourue… Du bout des doigts… Je l’ai laissé faire… Descendre… S’aventurer…
– Ah, tu vois ! À quoi ça t’avance de nier l’évidence comme ça, hein, tu peux me dire ? À te faire du mal et puis c’est tout… Accepte les choses telle qu’elles sont… Accepte-toi telle que tu es… Et tout ira beaucoup mieux, tu verras…
– Oui, mais…
– Il n’y a pas de mais qui tienne…
Et il m’a prise contre lui… S’est fait tout doux… Très amoureux… Ça a été un plaisir plein… Intense… Que j’ai psalmodié, nouée à lui…

Il est resté en moi…
– Tu m’as pas dit pour Rémi…
– Je t’ai pas dit quoi ?
– Si tu l’as revu… Si vous avez remis ça…
– Non… Je te jure, Gilles… Non…
– Mais tu y as pensé…
– Quelquefois, oui…
– Et t’as essayé de le revoir…
– Non… Mais c’est vrai que j’ai espéré… Que j’ai attendu… J’étais sûre qu’il allait se manifester…
– Ce qu’il n’a pas fait… Il avait eu ce qu’il voulait… Tu l’intéressais plus…
– Je crois pas que ce soit ça, non…
– C’est quoi alors ?
– Je sais pas… Il y en a plein des explications possibles… Mais pas celle-là…
– Parce qu’elle te ferait trop mal ?
– Non… Parce que ça lui ressemble pas… C’est pas lui, ça… Ça peut pas être lui…
– Tu y crois toujours, hein ?
– Pas vraiment, non…
– Mais quand même un peu…
– Ce qui me fait mal, c’est de pas savoir… De pas arrêter de me demander…
– Tu y es retournée ? Au château ? Sur le banc du jour du mariage… Tu y es retournée ? Oui… Évidemment que tu y es retournée… Des après-midis entières tu y as passé… À attendre… Des fois qu’il finisse par y venir lui aussi… Qu’il ait la nostalgie de ce qui s’est passé là entre vous deux…
– Tu me fais peur… Tu sais tout… Tu devines tout…
– Et si ?
– Quoi ?
– Si on y allait ensemble un jour là-bas ? Tous les deux ?
– Tu comprends tout… Tu comprends vraiment tout…
– Peut-être que ça le ferait venir…
– Tais-toi, Gilles ! S’il te plaît, tais-toi ! Dis rien !

mardi 13 octobre 2015

Fessées croisées2 (9)

10 août


– Il y a longtemps que t’es réveillée ?
– J’ai pas fait attention… Une heure… Peut-être deux…
– Et tu pensais à quoi ? À tout ce que t’as encore à me raconter ?
– Oh, il y en a pas tant que ça…
– Question de point de vue… Allez, vas-y ! Vide ton sac ! Tu te sentiras mieux après, tu verras…
– C’est pas facile, Gilles… Aide-moi !
– Que je t’aide ? C’est-à-dire ? Que je te lance sur une piste… C’est ça que tu veux, hein ? Histoire d’être sûre que tu ne me révèles que ce que je sais déjà… Eh, non, ma chère… Non… C’est trop facile… Cette fois l’artiste travaille sans filet…
– Mais je sais pas, moi ! Comment tu veux ?
– C’est bien ce que je disais… Il y en a tellement que tu sais pas par quel bout commencer…
– Mais pas du tout, Gilles, enfin ! Pas du tout ! Bon… Mais ma copine Andrea… Tu te rappelles bien Andrea quand même ? On était à son mariage… Rémi il s’appelait lui…
– Peut-être… Ça remonte loin…
– Oh, oui… Un an après le nôtre de mariage c’était…
– Et alors ?
– Et alors il m’est tombé dessus la veille de la cérémonie… À la déclaration en règle j’ai eu droit… Qu’il m’aimait comme un fou… Qu’il n’avait jamais aimé que moi… Que s’il y avait eu quelque chose entre Andrea et lui, c’était parce qu’on était amies toutes les deux… Que ça lui permettait de me voir… De me parler… Mais qu’il suffirait d’un mot de moi pour qu’il annule tout…
– Ah ! Et t’as répondu quoi à ça ?
– Qu’il s’imaginait qu’il m’aimait, mais qu’en réalité… Il m’a juré que si… Il m’aimait… Il m’adorait… Il s’est jeté à mes genoux… Il me les a embrassés… Il m’a suppliée…
– Et t’es sortie comment de ce guêpier ?
– J’étais mariée… Je n’avais pas la moindre intention de te quitter… Et puis Andrea l’aimait… Est-ce qu’il imaginait une seule seconde que je pourrais faire un truc pareil à ma meilleure copine ?
– Je reconnais bien là ton haut sens moral…
– Fiche-toi bien de moi…
– Et donc ? Ce Rémi ?
– Il a fini par partir… Complètement effondré…
– Et s’est, au bout du compte, montré raisonnable… Le lendemain, il était marié…
– Raisonnable… Si on veut…
– Parce que ?
– Tu te rappelles où il avait lieu le mariage ?
– Vaguement… Un château avec un parc immense…
– Plein de recoins… De bosquets… De labyrinthes… Oui… Dans l’après-midi la tête s’est mise à me tourner… L’alcool… Le bruit… J’ai voulu m’isoler un peu… Il y avait un écrin de verdure… Avec un banc… Je m’y suis réfugiée… Je n’y étais pas depuis cinq minutes qu’il a surgi… Qu’il s’est assis à mes côtés… Et qu’il a fondu en larmes… Il faisait pitié… Vraiment…
– Si bien que tu t’es dévouée pour lui offrir un peu de réconfort… C’était vraiment très généreux de ta part… Et toi ?
– Quoi, moi ?
– J’espère que toi aussi t’y as trouvé ton compte…
– Écoute, Gilles…
– Ben, oui… Forcément… Se taper le mec de sa meilleure amie le jour où elle se marie comment ça doit être excitant… Non ?
– C’était pas ça… Tu comprends pas…
– Sans compter qu’elle était pas loin… Qu’elle aurait pu se mettre à le chercher… Vous tomber dessus… Ou bien moi… J’aurais pu me demander où tu étais passée… Tu imagines ? Mais tu adores ça jouer avec le feu… T’y prends un pied pas possible… Donc tu dis que c’était bien… Que tu t’es éclatée…
– Hein ? Mais j’ai jamais dit ça…
– Ah, oui ? C’était sans plus, quoi, alors ! Décevant en somme… C’était pourtant pas l’impression que ça donnait de là où j’étais… Deux fois t’as joui… Une fois tout en retenue… Du bout des lèvres… Et l’autre à fond… T’as tout lâché… Mais peut-être que tu faisais semblant…
– T’étais là ? C’est pas vrai que t’étais là… T’étais où ?
– Tu n’as pas répondu à ma question…
– Non, je faisais pas semblant… Non… Tu le sais bien… Mais t’étais où ?
– Ça n’a aucune espèce d’importance où j’étais… L’essentiel, c’est que tu l’aies enfin dit… Que ce soit enfin sorti… Depuis le temps que je l’attendais ça cet aveu-là… Il en aura fallu des tours et des détours pour qu’enfin tu t’y résolves…
– T’es fâché ?
Il m’a attirée contre lui… Serrée dans ses bras…

vendredi 9 octobre 2015

Escobarines: BTS (2)

Trois jours elles mettent les marques à disparaître complètement… Trois jours pendant lesquels je prends mon travail résolument à cœur… Je m’y absorbe… Je m’y engloutis…
Il reste longuement debout derrière moi…
– Vous êtes décidément quelqu’un de tout-à-fait imprévisible, Gaëtane… Capable du pire comme du meilleur…

Et puis, la semaine suivante, ça recommence… Je recommence… C’est d’abord insignifiant… Une étourderie par ci… Une erreur par là…
Il fronce les sourcils…
– Faites donc attention, Gaëtane… Vous retombez dans vos travers…

J’y retombe, oui… Je m’y vautre… Avec délectation…
Il hausse furieusement les épaules…
– Il y a vraiment des fessées qui se perdent…

Pas complètement… Parce que le soir même… Dans le secret de ma chambre… « Il y a vraiment des fessées qui se perdent… » Je le lui fais répéter… Dix fois… Vingt fois… Sur tous les tons… « Il y a vraiment des fessées qui se perdent… » Mais qu’à cela ne tienne ! Qu’il m’en donne ! Ça suffit les discours… Des actes !
Il n’ose pas… Il en crève d’envie, mais il n’ose pas… Je prends les choses en mains… Je me déculotte… Je viens m’allonger en travers de ses genoux… Je relève haut ma robe… Là ! Allez ! Ben, alors ? Qu’est-ce qu’il attend ? Il se dégonfle ? Il se dégonfle pas, non ! D’un seul coup ça tombe… En pluie… En grêle… Forcené… Acharné… Et ça s’arrête comme c’est venu… D’un coup… L’orage est passé…
Il contemple son œuvre… En épouse les contours du bout du doigt… En malaxe les rougeurs… À pleines fesses… Ça vient doucement… Tout doucement… De très loin… Ça m’inonde… Ça m’envahit… Ça me submerge…

Au bureau je suis moulue… Je suis brisée… M’asseoir est un supplice… Je le fais délicatement… Du bout des fesses… Je grimace… Il voit… Il a vu… Il me fait lever…
– Tenez, Gaëtane, vous pouvez aller me photocopier ça, s’il vous plaît ?
Je me rassieds…
– Et me porter ça au bureau 4…
Je suis à peine revenue que… Il y a une lettre urgente à aller poster… Un dossier à aller chercher… Un lot d’agrafes qui doit être resté en rade à l’accueil…
Debout… Assise… Debout… Assise… Toute la matinée… Ça l’amuse… Follement…

– Vous pouvez rester cinq minutes, Gaëtane ? Il faut que je vous parle…
Il m’entraîne dans son bureau… Me regarde m’asseoir avec un petit sourire d’arrière-fond…
– Oui… Si je vous ai demandé de venir, c’est que, malheureusement, je ne vais pas pouvoir vous garder…
– Hein ? Mais pourquoi ?
– Vous devez bien vous en douter un peu, non ? On ne peut pas compter sur vous… Votre travail ne donne satisfaction que de façon aléatoire… Je perds un temps fou à repasser derrière vous… Alors vous comprendrez bien que dans ces conditions…
– Mais c’est pas possible, ça ! Vous vous rendez pas compte ! Il faut qu’il soit validé, moi, mon stage… Sinon…
– J’ai été suffisamment patient… La coupe est pleine…
– Donnez-moi une chance… Une dernière chance… Je vous en supplie… Vous serez content de moi, vous verrez… Et si c’est pas le cas…
– Si c’est pas le cas ?
– Vous aurez qu’à me punir…
– Vous punir… Voyez-vous ça ! Et comment ?
– Comme vous voudrez… Vous choisirez…
– Si c’est comme je veux, alors c’est tout vu… Ce sera une bonne fessée… Et cul nu…
– Ce sera de ma faute… Je n’aurai qu’à m’en prendre qu’à moi-même…
– Tout-à-fait…
– Oh, mais vous aurez pas besoin, vous verrez… Vous allez être content de moi…
– C’est tout ce que je souhaite…

Je suis sur mon lit… Je ferme les yeux… Il a des mots durs… Tellement… Il me fait pleurer… Il me déculotte…

Il me fait attendre… Une éternité… Et puis il cingle… Je cingle… Par-dessus l’autre – celle d’hier – c’est insupportable… Et c’est délicieux…

La prochaine fois, ce sera vraiment lui…


mardi 6 octobre 2015

Fessées croisées2 (8)

13 heures


– Elle est pas restée…
– Non… Elle avait à faire… Oh, mais elle va revenir… Très bientôt… C’est prévu… Avec son mari…
– Son mari ?
– Son mari, oui… Parce que tu lui as rendu un fier service finalement en couchant avec Ivan… Ils étaient dans une impasse tous les deux… Ils n’avaient plus de couple que le nom… Il lui fallait l’impulsion pour sauter le pas… Pour mettre un terme… Tu la lui as donnée… Elle a rencontré quelqu’un d’autre… Elle est heureuse…
– Mais alors… Tout-à-l’heure…
– Ça change rien… Tu méritais quand même, non ?
– Si… Oui… Oui…
– Ah, tu vois… Bon, mais tu vas faire quoi de ton après-midi ? Aller là-bas ? Te laisser conter fleurette par ce charmant jeune homme qui te met en émoi ?
– Je sais pas… Je crois pas, non…
– Parce que ?
– Comme ça… J’ai pas trop envie aujourd’hui…
– Je te comprends… Parce que s’il se montre très entreprenant – et, au point où vous en êtes, il y a toutes les chances qu’il le soit – tu ne pourras pas lui céder… T’en crèves d’envie, mais tu ne pourras pas… Vu l’état de ton derrière… Tu ne vas pas quand même pas lui exhiber ça sous le nez… Surtout pour une première fois… Alors ? Lui résister ? Lui dire non ? Tu n’aurais pas d’autre solution… Quoi qu’il doive t’en coûter… Et il t’en coûterait beaucoup… Il te faudrait pourtant en passer par là… Au risque qu’il prenne ce refus ponctuel lié aux circonstances pour un refus définitif… Qu’il s’en offusque… Ou qu’il se décourage… Non… Tu as raison… Mieux vaut éviter de le rencontrer tant que ton derrière ne sera pas redevenu présentable… Tant que tu n’auras pas les coudées franches… Allez, vas-y, va ! Appelle-le ! Dis-lui que t’es désolé, mais que t’as un empêchement… Invente quelque chose… Quelque chose de plausible… Mais ça tu sais très bien faire… Bon, eh bien je te laisse alors… Je vous laisse tous les deux… Vous allez certainement avoir des tas de choses à vous dire…



15 heures


– À quelque chose malheur est bon, tu vois… On va pouvoir passer l’après-midi ensemble… Tous les deux… Rien que nous deux… Génial, non ?
– Où tu m’emmènes comme ça ?
– Tu t’en doutes pas un peu ? Vu la direction qu’on a prise…
– C’est pas ?
– Là où tu t’envoyais en l’air avec Enzo ? Si ! Pourquoi ?
– Ben, parce que…
– Parce que quoi ? Après le café où tu as fait sa connaissance, la petite plage où vous vous ébattiez… Avoue qu’il y a une logique là-dedans…

– Alors ? Vous vous installiez où tous les deux ?
– Par là… Je sais plus trop au juste…
– Mais si, tu sais… Tu sais même très bien… C’était où ?
– Là-bas… Dans le petit renfoncement…
– Ah, ben tu vois quand tu veux…
Il m’a prise par le bras… Entraînée…
– Là ?
– À peu près, oui… Peut-être un tout petit peu plus à gauche…
– Là alors ? Parfait…
Et il s’est déshabillé… Tout… Complètement…
– Eh ben allez ! Toi aussi ! Il fait beau… Qu’on en profite ! Ça durera peut-être pas… Qu’est-ce tu regardes ? De quoi t’as peur ? Qu’il arrive quelqu’un ? Tu t’en fichais quand c’était lui… Ou plutôt non… C’est pas que tu t’en fichais… C’est que tu te posais même pas la question… Ah, ben voilà… Voilà…
Je me suis allongée à ses côtés… Il m’a posé une main sur le ventre… M’a lissé, du bout du pouce, le pourtour du nombril… Est remonté… A escaladé un sein… L’a empaumé… En a délicatement sollicité la pointe…
– Tu sais quoi ? Tu es de plus en plus désirable… Plus les années passent et plus…
Il n’a pas terminé… Il s’est dressé contre ma cuisse… A enfoui sa tête dans mon cou… Il a voulu… On s’est voulus…