lundi 5 novembre 2018

Qui paie ses dettes… (2)


Dessin de Georges Topfer

– Entrez, Geneviève, entrez ! Et, d’abord, je vous demanderai de bien vouloir m’excuser d’avoir été un aussi piètre partenaire samedi dernier, au bridge. J’avais, je l’avoue, la tête ailleurs. À vrai dire, les images de vous dans le plus simple appareil, telle que vous m’êtes apparue il y a déjà un mois de cela, me hantaient. Et la perspective d’avoir à nouveau sous les yeux, dans un avenir proche, vos charmes incomparables, celle de donner de superbes couleurs à votre adorable fessier me déconcentraient complètement. Mais nous y voici enfin ! Voici le moment tant attendu… Parce que je suppose que vous êtes dans l’incapacité de nous rembourser ce que vous nous devez. Non ? Je me trompe ?
– Il ne s’en faut que de quelques jours. Jeudi, si tout va bien, je devrais…
– Vous nous amusez, ma chère !
– Je vous assure que non.
– Trêve de balivernes. Vous savez pertinemment que vous ne disposez pas de cette somme. Que vous n’en disposerez jamais. Vous cherchez seulement à gagner du temps et, ce faisant, vous nous faites perdre le nôtre. Allons, déshabillez-vous !
– N’est-il pas possible de… ?
– Il n’est pas possible, non. Il n’est possible de rien. Et si vous ne voulez pas que votre mari soit mis au courant de tous vos vilains petits secrets, il vous faut à présent vous dévêtir. Et tout ! Vous enlevez tout. Nous vous voulons entièrement nue.

* *
*

Là ! Eh bien voilà ! Nous ne vous le répéterons jamais assez, ma chère, vous avez un corps de rêve. Tenez, installez-vous ici ! Face au miroir. Vous pourrez ainsi tout à loisir voir le fouet s’abattre sur votre croupe qui va si joyeusement s’animer et bondir sous les coups. Entre autres… Parce que votre gentil minois va également nous gratifier, lui aussi, pendant le déroulé des opérations, de toutes sortes de mimiques du plus bel effet. Il n’est donc que justice que vous puissiez, vous aussi, en profiter. Après tout, vous êtes la première concernée. Là ! On y est presque. Il ne nous reste plus qu’à vous attacher. Vous profiterez ainsi beaucoup mieux de la leçon que nous allons vous administrer, vous verrez. Donnez-moi vos poignets ! L’autre maintenant. Et nous voilà fin prêts ! Soit dit en passant, c’est une position qui vous va à ravir, ma chère. Encore un mot, juste un, avant de commencer. Une question plutôt. À quelle somme se monte votre dette à notre égard ?
– Vingt mille francs.
– Alors ce sera vingt coups. Pas un de plus, mais pas un de moins. Allez, prête ? On y va. Soyez courageuse. Serrez les dents. C’est pour la bonne cause. Vous ne voudriez tout de même pas que votre mari, à juste titre courroucé, ne vienne mettre un terme à vos rencontres – et à vos ébats – avec votre jeune amant ? Mais si, toutefois, c’est ce que vous préférez, il est encore temps de…
– Non.
– Alors, feu ! Eh, oui, ça surprend, hein ! Oh, mais vous allez vous y faire, vous verrez… Ne vous crispez pas ! Détendez-vous ! Vous vous en trouverez beaucoup mieux, je vous assure ! Là, c’est mieux, non ? À condition de s’y tenir… Non, mais détendez-vous, je vous dis ! À combien on en était ? Cinq. Oui, cinq. Vous voyez que, finalement, ce n’est pas la mer à boire. Vous marquez vite, en attendant. Et profondément. Ce qui va vous condamner à quelques jours d’abstinence. Deux ou trois. À moins que vous ne préfériez jouer cartes sur table avec votre ami. Ce qui peut aussi présenter un certain nombre d’avantages, mais cela, c’est vous qui voyez. Je ne veux pas me mêler de ce qui ne me regarde pas. Là ! Et de dix. On a fait la moitié du chemin. C’était une bonne idée, le miroir, non ? Ah, ben si, si ! Vous ne vous quittez pas des yeux. Treize ! Ah, enfin ! Enfin ! Vous criez. Il n’y a pas de honte à ça, vous savez ! Au contraire. d’autant que vous avez une très jolie voix. On va lui faire donner sa pleine mesure, vous allez voir ! Prête pour le bouquet final ?

* *
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– Là ! Vous pouvez vous rhabiller. Oh, mais prenez votre temps, hein ! Il n’y a rien qui presse. En tout cas, nous, pour notre part, nous sommes absolument enchantés de cet après-midi passé avec vous. Et nous sommes bien décidés à renouveler dès que possible l’expérience. Disons dans trois mois si vous n’avez pas été en mesure, d’ici là, de faire face à vos engagements. En attendant, c’est dès demain soir que nous allons nous retrouver. Au bridge. Et j’espère que la chance sera encore avec moi. Que ce sera vous ma partenaire. Vous m’en verriez ravi…

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