Dessin
de P.Silex
– Tu
sors, sœurette ?
– Oui.
Enfin, non. Je sais pas. Je me demande. J’hésite. J’ai peur
d’être en train de faire une énorme connerie en fait.
– Parce
que ?
– Parce
que – c’est pas évident à dire – parce que je dois
voir quelqu’un.
– Un
amoureux ?
– Oh,
non ! Non ! Si c’était qu’un amoureux, ça irait…
Non, c’est quelqu’un avec qui je parle depuis un bon moment déjà.
De plein de choses. Mais là, on doit se voir pour faire un truc.
– Quel
truc ?
– Tu
vas te moquer.
– Je
te jure que non.
– Il
doit me donner une fessée. Dans un sens comment ça me tente de
savoir ce que ça fait, ce qu’on ressent, tout ça, mais dans un
autre ça me flanque une de ces trouilles !
– Fais
attention quand même ! Il y a pas mal de tordus.
– Je
sais, oui. Oh, mais lui, tu le connais. C’est monsieur Cormier.
– Monsieur
Cormier ? Le monsieur Cormier qu’habite la grande maison sur
la route de Châlons ? Qu’est prof en fac ?
– Lui-même,
oui.
– Oh,
ben alors là, tu peux y aller en toute confiance.
– T’es
sûre ?
– Certaine.
Et en plus tu vas sacrément y trouver ton compte, tu vas voir.
– Comment
tu le sais ?
– Je
le sais parce que… parce que… confidences pour confidences, j’y
suis passée avant toi.
– Tu
me l’avais jamais dit !
– Ça
s’est pas trouvé.
– Ben,
vas-y ! Raconte ! Ça fait quoi ? Qu’est-ce qu’on
sent ?
– C’est
pas facile à expliquer. Ce qu’il y a de sûr, c’est que ça fait
mal, alors là ! Ça pique. Ça chauffe. Ça brûle. Et plus ça
dure, plus c’est pire. T’as l’impression que ça te rentre
dedans de plus en plus profond. Mais, en même temps, c’est un mal,
comment il te fait du bien ! Et il y a pas que ça ! C’est
pas seulement que ça fait mal, c’est aussi que comment t’as
honte ! Te retrouver comme ça, les fesses à l’air, en
travers des genoux d’un monsieur qui te les claque comme si t’étais
une gamine infernale et désobéissante. Tu te sens toute petite.
Toute coupable. D’autant que Cormier, il s’y entend pour te
mortifier. Pour te dire les mots qui te donnent envie de rentrer dans
un trou de souris. Ah, ça, pour avoir honte, tu vas avoir honte !
Mais qu’est-ce que c’est bon, ça aussi ! C’est tellement
bon que t’en dégoulines comme c’est pas permis. T’en mets
partout. Et là-dessus non plus il te loupe pas. Il t’en remet
aussi sec une couche. Et rien que d’y penser, tiens !
– Tu
le vois plus ?
– Je
suis mariée maintenant. Et je veux pas courir le moindre risque.
Parce que s’il apprenait une chose pareille, Edgar, jamais je
pourrais rattraper le coup ! Jamais !
– Il
serait pas forcé de le savoir…
– Il
est chaud-bouillant, Edgar. Tous les jours, il lui faut sa dose.
Quand c’est pas plusieurs fois par jour. Alors il s’apercevrait
forcément…
– Et
ça t’ennuie pas que moi…
– Oh,
non, non ! Au contraire ! Tu me raconteras… Bon, mais
attends ! Je vais t’aider à choisir quoi te mettre. Je sais
ce qu’il aime, Cormier.
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