jeudi 29 juillet 2010

Escobarines: Tout est perdu fors l'honneur...





- Les nouvelles ne sont pas bonnes, Madame…
- C’est-à-dire ?… Parle, Guillaume, je te l’ordonne !…
- Elles sont même très mauvaises…
- Monseigneur ?…
- Capturé…
- Notre fils ?…
- Egalement…
- Dieu soit loué : ils sont néanmoins sains et saufs… Nos troupes ?…
- Défaites… Avant ce soir l’ennemi sera ici… Si j’ai un conseil à donner à Madame…
- Fuir ?… Jamais…

- La ville est entre leurs mains, Madame…
- J’y vais… Ma place est là-bas…
- Vous n’y songez pas… On tue… On pille… On saccage… On viole…
- Je m’interposerai… Je supplierai… Je convaincrai…
- Ce serait pure folie… Vous exposeriez inconsidérément votre vie…
- Peu m’importe désormais…
- Vous ne sortiriez de toute façon pas du château… Il est cerné de toute part…

- Faites entrer…
- Mon maître prie Madame d’accepter ses plus fervents hommages…
- Laissons cela… Sont-ils bien traités ?…
- Le prince est gentilhomme…
- Quelles sont ses intentions ?…
- Malgré le serment qu’il avait prêté Monseigneur s’est une nouvelle fois dressé contre lui…
- Les engagements que le prince avait pris de son côté n’ont pas été tenus… Il était légitime que Monseigneur se sentît dès lors délié des siens…
- Décision à laquelle Madame, à ce qu’il paraît, n’est pas tout à fait étrangère…
- En effet… Il y allait également de l’intérêt de ma lignée…
- Le courroux du prince est à la mesure des espoirs qu’il avait placés en lui… Et en vous…
- Que va-t-il advenir d’eux ?
- Il n’a pas encore été statué sur leur sort… Quant à vous, Madame…
- Quant à moi ?…
- Le rôle que vous avez cru bon de jouer auprès de Monseigneur a considérablement desservi les intérêts du prince… Il estime donc nécessaire que vous soit réservé un châtiment de la nature duquel vous serez informée au moment opportun…
- Je ne suis pas en état de m’opposer, de quelque façon que ce soit, aux décisions de votre maître…

- Tu as pu les voir, Guillaume ?…
- Hélas non, Madame… On les a emmenés…
- Où ?…
- Je l’ignore… Tout le monde l’ignore…

- Où sont-ils, Monsieur ?… Dites-le moi !… Je vous en conjure…
- Que Madame me pardonne, mais c’est impossible… Que Madame sache seulement qu’ils vont bien et que leur vie n’est pas – et ne sera pas – mise en danger…
- Grâces en soient rendues à votre maître…
- Qui m’a chargé de faire savoir à Madame que, dans sa grande mansuétude, il se contenterait, pour cette fois, de lui faire appliquer les verges…

- Je sais, Guillaume, je sais… Et je sais qu’il n’est pas homme à se laisser fléchir… Avec l’aide de Dieu je supporterai courageusement cette épreuve…
- Vous ne savez pas tout…
- Qu’y a-t-il que je ne sache pas ?… Parle !…
- La sentence sera exécutée demain…
- Demain ou un autre jour qu’importe…
- Elle le sera… sur les remparts du château… Au vu et au su de tous…
- Le monstre…
- On viendra vous chercher pendant votre toilette et on vous mènera par les rues dans la tenue où vous y procédez…
- Rien, décidément, ne m’aura été épargné…

- Madame…
- Oui, Fanchon…
- On monte, Madame…
- Je l’entends… Tout comme toi…
- Ce sont des hommes en armes…
- Qui ont des ordres… Ils viennent me chercher… Laisse-les entrer…

lundi 26 juillet 2010

Colocataires3 ( 5 )

- Alors ?!… Elle t’a déplu tant que ça Amandine ?…
- Oh non !… Non !…
- Tu me dirais le contraire… Parce que t’en étais !… Et elle aussi… Fallait pas vous en promettre… Autant à l’un qu’à l’autre… Avoue que t’as quand même été sacrément surpris, non ?…
- Un peu, oui…
- Un peu ?… Beaucoup, tu veux dire !… Rien qu’à voir ta tête !… Je te connais quand même depuis le temps…
- C’est vrai… C’est vrai que quand on la voit comme ça jamais on n’irait imaginer que de corps elle est aussi bien foutue… Elle a des seins, mais des seins…
- Que bien des femmes lui envieraient… Et il y a pas que les seins… Tu t’en es rendu compte quand même, je suppose ?…
- Ca !…
Si au lieu de passer son temps à se dévisager dans la glace et à répéter, sur tous les tons, qu’elle a une tronche à faire peur elle consentait à mettre tout le reste un minimum en valeur Amandine elle serait pas là à pleurer sans arrêt qu’elle n’intéresse personne… Seulement ça !… Mille fois je lui ai dit… Et je suis pas la seule… Mais il y a rien à faire… Pas moyen de la faire s’habiller de façon un minimum coquette… Ca te la met d’un mal à l’aise il paraît que c’en est de la folie… Elle peut pas… Bon, mais ça va être ton boulot à toi ça maintenant d’essayer de la convaincre…
- Ah, parce que…
- Ben oui… Oui… T’imagines quand même pas qu’une nana qu’a eu personne depuis deux ans quand ça se passe comme ça s’est passé là hier avec toi le mec elle va le laisser filer… Faudrait vraiment être la dernière des dindes… Et comme, de mon côté, je me suis bien amusée à vous regarder faire et que j’ai des tas d’idées pour la suite il y a vraiment aucune espèce de raison que ça s’arrête en si bon chemin…

- Ce raffût que vous avez fait !… Enfin surtout elle !… C’était génial, avouez !… Juste au moment où moi je fais tout ce que je peux pour changer, pour plus aller coucher à droite et à gauche avec n’importe qui faut que je me tape toute une nuit à en entendre une brailler comme une possédée… Je suis pas une sainte, moi !… Ca donne envie… Ca donne forcément envie… A n’importe qui ça donnerait envie… Et si j’en avais eu un sous la main forcément que…
- Désolé, mais enfin c’est le genre de situation à laquelle il t’arrivera forcément d’être régulièrement confrontée… D’une façon ou d’une autre… Dans des endroits et aux moments les plus inattendus…
- Oui, mais ici !… Et avec vous en plus !… Ah, c’est sympa !… C’est drôlement sympa… Merci… C’est qui cette fille ?
- Une copine à Melianne…
- Qu’elle vous a jetée dans les bras… Et comme par hasard maintenant que je viens d’arriver… Elle l’a fait exprès… Je suis sûre qu’elle l’a fait exprès… J’aurais mieux fait de rien lui dire, tiens !…
- Ca !…
- Parce que maintenant elle va tout faire pour que je craque… Pour que j’aille y retoucher aux mecs… Pour que vous me colliez une fessée… Et vous savez ce qu’elle voudrait en réalité ?… C’est que ce soit devant elle que vous me la mettiez… Comment elle jubilerait !… Vous ferez pas ça au moins ?…
- Ca dépend…
- Ca dépend ?… Ca dépend de quoi ?…
- Ca pourrait être une solution si tu n’arrives pas à atteindre le but que tu t’es fixé… Non ?… Tu crois pas ?…
- Si… Ben si… Evidemment… Oh, mais j’y arriverai… J’y arriverai sans ça… Parce que rien qu’à l’idée… Quelle garce !… Si vous saviez quelle garce c’est…
- Tu crois pas que si vous essayiez de vous entendre toutes les deux… Une bonne fois pour toutes…
- C’est impossible… S’entendre avec elle ?… C’est complètement impossible…
- J’y arrive bien, moi…
- C’est pas pareil… Ca n’a rien à voir… Vous êtes un homme… Avec un homme une fille elle se comporte jamais pareil… Et puis c’est vous en plus…
- Et alors ?… Ca change quoi que ce soit moi ?…
- Tout !… Ca change tout… Vous pouvez pas comprendre…
- Non… Je suis trop con…
- Mais non, c’est pas ça, mais… Mais pour elle vous êtes un enjeu… Vous savez de quoi elle se vante partout ?… De vous faire faire tout ce qu’elle veut… Absolument tout ce qu’elle veut… Que vous lui mangez dans la main… Il y a qu’une chose à laquelle elle est pas encore arrivée, c’est à m’éliminer… Elle vous prend pas de front là-dessus… Elle s’y risque pas… Elle aurait sûrement pas gain de cause… Du moins pour le moment… Elle le sait… Alors elle manœuvre par en dessous… Comme elle a toujours fait pour tout… Elle attend son heure… Que ce soit mûr… Que vous soyez mûr… Comment elle triompherait, moi disparue, d’avoir complètement la mainmise sur vous… Sauf que si elle s’imagine que je vais me laisser faire eh ben elle a tout faux… Parce que je tiens à vous au moins autant qu’elle, moi… Plus… Autrement… Mieux…

jeudi 22 juillet 2010

Escobarines: Heures supplémentaires





Elle allait jouer son va-tout… Oui… Elle allait le jouer… Ce soir… C’était un excellent prétexte ce dossier… Le meilleur des prétextes… Il avait pris un tel retard…

Ce n’est qu’une longue demi-heure plus tard qu’il a enfin passé la tête par l’entrebaîllement de la porte…
- Vous êtes encore là, Chloé ?… Qu’est-ce que vous faites ?…
- J’en termine avec l’affaire Caron… Depuis le temps que ça traîne…
Il s’est approché, s’est penché par-dessus son épaule…
- Ca a déjà tellement attendu que ça peut bien attendre encore un peu… Vous avez certainement beaucoup mieux à faire…
- Oui, oh…
- Votre mari doit se languir de vous…
- Après vingt ans de vie commune, vous savez…
- Ne me dites pas qu’il s’est lassé… Une belle femme comme vous…
- Je sais pas si je suis belle… Mais ce que je sais en tout cas c’est qu’il me préfère – et de très loin – le tennis et les modèles réduits…
- Mais c’est un crime !… Un véritable crime…
Son souffle dans son cou… Tout près…
- Si j’avais une femme comme vous, moi !…
- Eh bien ?… Vous feriez quoi ?…
- Je ne lui laisserais pas un seul moment de répit…
- Que vous dites… Et au bout de huit jours…
- Certainement pas, non…
Ses lèvres ont effleuré ses cheveux. Elle n’a pas protesté. Elle n’a rien dit. Elle a frémi… Elles sont descendues se poser sur sa nuque… Y sont restées…

- Ces seins !… Non, mais ces seins !… A se mettre à genoux devant…
Et il l’a fait. Il a élevé les mains vers eux, les a délicatement posés sur ses paumes, les y a laissés…
- Vous devriez avoir honte…
- Honte ?!…
- Honte, oui !… De les garder aussi égoïstement pour vous… Alors que des décolletés profonds, des chemisiers transparents, des pulls savamment moulants ensoleilleraient les bureaux… Vous mériteriez d’être punie pour nous en avoir aussi longtemps privés…
- Punie ?… Comment ça « punie » ?…
- Devinez !…
- J’en sais rien, moi !…
- Menteuse !…

- Venez !…
- Où ça ?…
- Vous verrez bien… Venez…
Dans le petit renfoncement près de la photocopieuse…
Il y a eu sa respiration dans son cou. Il y a eu son désir pressé contre elle…
- Dites-moi, Chloé… Pourquoi vous êtes restée ce soir ?…
- Pour finir le dossier Caron…
- La vérité… Dites-moi la vérité… Sinon…
- Non, mais c’est ça, hein !…
- Vous allez être punie… Vous tenez vraiment à être punie ?…
- Oui…
Dans un souffle…
- Alors…
Ses mains se sont posées, de chaque côté, sur ses hanches. S’y sont attardées. Il a lentement – très lentement – fait glisser. Descendu jusqu’à mi-cuisses…
- Dites-moi, Chloé, pourquoi vous êtes restée ce soir ?…
- Pour finir le dossier Caron…
Une claque sèche. Sonore. A laquelle elle ne s’attendait pas…
- Aïe !…
Sa main sur sa fesse. Là où elle avait tapé. En caresse lente…
- Pourquoi ?
Elle n’a pas répondu. Une dizaine, vigoureusement lancées à toute allure les unes derrière les autres.
- Alors ?…
Quatre ou cinq. Encore plus fort…
- Vous me faites mal…
- Je sais… Je veux la vérité…
- Le dossier…
Une avalanche. Une grêle. Un tsunami de claques…
- Pourquoi ?
- Parce que j’avais envie… Envie de vous…
Il a insinué un doigt dans le sillon entre les fesses. C’est descendu. Descendu encore. Ca a marqué un temps d’arrêt. Semblé vouloir séjourner là. Ca a hésité. C’est reparti. Remonté de l’autre côté. Remonté encore…

lundi 19 juillet 2010

Colocataires3 ( 4 )

- Ouche !… Hou, la vache !… Ca, c’était de la fessée…
- Si on veut que ce soit efficace…
- Oui, oh, je me plains pas… C’est moi qu’ai demandé… Et qu’ai demandé que ce soit fort… Vraiment très fort… Mais je vais pas pouvoir m’asseoir d’un moment…
- Tu te rappelles la première que je t’ai donnée ?…
- Elle était moins forte… Il y a pas à comparer…
- Et pourquoi tu l’avais eue ?…
- C’était plutôt du jeu ce jour-là… On avait trouvé un prétexte… Je sais plus quoi… Ah oui, si, un mec… Parce que j’avais couché avec un mec…
- Et c’était qui, ce mec ?…
- Je me souviens pas…
- Baptiste… Le petit copain de Mélianne à l’époque…
- Elle l’a jamais su… Vous lui avez pas dit au moins ?…
- Bien sûr que non… Mais c’est une maladie, hein, chez toi, de t’intéresser qu’à ceux qui sont déjà en mains…
- Je le fais pas exprès… C’est que ça tombe comme ça…
- Le hasard en quelque sorte… Il a bon dos le hasard…
- Mais non, mais si c’est vrai, hein !…
- Eh bien c’est du hasard qu’il faut qu’on s’occupe alors !… Parce que c’est lui qui te met dans des situations impossibles…
- Je le sais bien… Et que j’ai une chance sur mille qu’un type qu’est déjà pris il soit un jour vraiment à moi…
- Eh bien alors !… Tu sais ce qui te reste à faire…
- Vous, plutôt !… Parce que moi… Je sais bien que j’aurai beau prendre toutes les bonnes résolutions du monde… Vous !… Oui, c’est ça qu’il faut qu’on fasse… Que j’aie droit qu’à un à la fois… Et un qui soit libre… Sinon…
- Sinon… Tu sais ce qui t’attend…
- Je vais quand même pouvoir le voir Rémi ?… S’il se passe rien ?… Si c’est juste qu’on cause ?…
- C’est à toi de voir… Tu sais ce que tu risques…

- Tu te rappelles Amandine ?…
- Non… C’est qui ?…
- Tu te rappelles pas Amandine !… Trois ou quatre fois déjà elle est venue me voir… T’as même discuté avec elle… Mais tu te rappelles pas Amandine !… Vous êtes trop, vous, les mecs, dans votre genre !… Pour vous faire impression faut qu’on soit foutues comme des gravures de mode… Sinon vous nous voyez pas… On vous intéresse pas… Il y a vraiment que les apparences qui comptent, hein, pour vous !… C’est une fille super Amandine… Attachante… Ouverte… Et tout et tout… Eh bien tu sais depuis combien de temps elle a pas baisé ?… Deux ans !… Deux ans sans qu’il y en ait aucun qu’ait envie avec elle… Deux ans qu’elle a rien eu à se mettre sous la dent… Et tout ça pourquoi ?… Parce qu’elle a pas le genre de physique à la con sur quoi vous flashez… Bon… Alors tu sais pas ?… Tu vas t’en occuper d’Amandine… Et comme il faut… T’as pas intérêt à te louper… Parce que je serai là… Je lui ai dit… Elle est d’accord…
- Tu lui as dit… Tu lui as dit quoi au juste ?…
- Que je faisais tout ce que je voulais de toi… Absolument tout… Et que j’avais envie de vous voir ensemble tous les deux…
- Et elle a accepté ça comme ça ?…
- Non, mais t’es trop drôle, toi, dans ton genre, quand tu t’y mets !… T’imagines quoi ?… Qu’on sait pas se dire carrément les choses entre filles ?… Tu te souviens pas d’elle, mais elle tu l’as marquée… Et pas qu’un peu… Alors qu’il se passe quelque chose avec toi elle voit plutôt ça d’un bon œil…
- Et après ?…
- Quoi « et après » ?
- C’est juste une fois comme ça en passant… Ou bien vous comptez que ça s’installe dans la durée ?…
- Tu verras bien… Ca va dépendre… De plein de choses…

- Avant quand vous m’emmeniez au restaurant c’était toujours le soir…
- Ca change… C’est pas plus mal, non ?…
- Ce qu’il y a surtout c’est que toutes vos soirées maintenant vous les consacrez à Mélianne… Et vos nuits aussi… Oh, mais c’est pas un reproche, hein !… Vous faites bien ce que vous voulez… Et puis nous – nous deux – de toute façon c’est autre chose… On peut pas comparer…
- Tu l’as revu Rémi ?…
- Oui… Hier soir… Et il s’est rien passé… Rien du tout… On a discuté… Point barre… Et vous savez quoi finalement ?… Eh bien Rémi c’est plutôt une bonne chose pour moi… Parce que tant que je suis à parler avec lui je suis pas ailleurs… Où il y aurait plein de tentations… Où je finirais forcément par craquer…

jeudi 15 juillet 2010

Escobarines: Petites culottes






- Pour trois pommes à moitié pourries faut pas exagérer !…
- Oui, mais n’empêche qu’on était chez elle… On n’avait pas le droit…
- C’était pas une raison… C’était quand même pas une raison pour nous mettre une fessée…
- Et pour nous obliger à aller accrocher nos culottes dans l’arbre avant…
- T’as bien entendu ce qu’elle a dit… C’est pour faire un exemple… Que les autres aussi ça leur en fasse passer l’envie…
- Faut reconnaître qu’elle doit en avoir marre à force qu’on vienne sans arrêt lui piquer quelque chose… Une fois c’est les cerises… Une fois c’est les pêches… Une fois c’est les poires… Une fois c’est les pommes… Après ce sera les noix… Et puis les châtaignes…
- Qu’est-ce qu’on va faire maintenant ?… On peut pas rentrer comme ça…
- Jusqu’au château d’eau encore ça irait… C’est rare qu’il y ait quelqu’un… Mais c’est après… Dans les rues… C’est presque sûr qu’il y en a qui vont s’en apercevoir qu’on est à poil sous nos robes et qu’on s’en est ramassé une…
- Si on en avait pas mis d’aussi courtes aussi !… Et comme par un fait exprès aujourd’hui…
- Il fait tellement beau…
- Peut-être qu’en tirant bien dessus…
- C’est le meilleur moyen d’attirer l’attention…
- Non… Faut qu’on aille les récupérer nos culottes… Il y a pas d’autre solution…
- Oui, mais elle doit attendre que ça l’autre !… Qu’est-ce que vous pariez qu’elle rôde dans les alentours en se disant qu’on va forcément revenir les chercher ?… Et qu’elle va nous retomber dessus…
- On n’est pas obligées d’y aller tout de suite non plus… On n’a qu’à rester cachées là pour le moment… Dans une heure ou deux elle se sera lassée… On retournera là-bas…

- C’est quoi ça, là, dans l’arbre ?…
- Des culottes on dirait !… Oui… Des culottes de nanas…
- Qu’est-ce qu’elles font là ?…
- Peut-être que c’est pour faire fuir les petits oiseaux ?…
- Ou pour les attirer plutôt…
- Non, sans déconner… Qu’est-ce que ça peut bien fabriquer là ?…
- Sûrement des filles qui sont allées se baigner avec dans l’étang là-bas derrière et qui les ont mises à sécher là…
- Elles le sont sèches…
- Alors elles vont sûrement pas tarder à venir les reprendre…
- On leur pique ?…
- Chiche !…
- Oui… Et si elles veulent les ravoir va falloir qu’elles négocient…
- Et ça va leur coûter cher… Très cher…
- Bon, allez !… On se planque en attendant…

- Elles sont plus là !… Nos culottes !… Elles sont plus là…
- Ben nous v’là bien !… Comment on va faire ?…
- C’est elle !… Je suis sûre que c’est elle… Quand elle a vu qu’on revenait pas elle les a embarquées… Pour qu’on soit obligées de rentrer comme ça et qu’on ait la honte…

- C’est ça que vous cherchez ?…
En faisant de grands moulinets avec…
- Oh non !… C’est pas vrai… Manquait plus que ça…
- Hein ?… C’est ça ?…
A grandes enjambées vers elles…
- C’est qui ces types ?… Vous les connaissez ?…
- Moi, de vue… C’est des vacanciers… Ils louent un gîte par là-haut…
- Ben alors !… C’est à vous ou c’est pas à vous ?…
C’était, oui…
- Et vous voulez qu’on vous les rende ?…
Evidemment qu’elles voulaient !… Cette question !…
- Et vous nous donnez quoi en échange ?…
- Hein ?!… Mais rien du tout !… Ca va pas, non !…
- Bon, ben on les garde alors… Ca nous fera un souvenir… Et tant pis pour vous !… Parce que, entre nous, vous êtes pas vraiment présentables comme ça et vous avez beau essayer de le cacher comme vous pouvez on voit quand même ce qui vous est arrivé…
- Et il y a pas longtemps en plus… C’est tout le monde qui va s’en apercevoir si on vous les rend pas vos culottes…
- Bon, mais c’est quoi que vous voulez ?…
- Rien… Juste discuter…
- C’est tout ?…
- C’est tout, oui… Mais alors assises… Toutes les trois… Bien en face de nous… Avec défense d’allonger les jambes…
- Oui, ben alors là sûrement pas !…
- Bon, ben tant pis !… Salut !…
- Attendez !… Attendez !… Faut d'abord qu’on parle toutes les trois... Qu'on décide ensemble…

Elles sont revenues vers eux...
- Bon, d'accord!... Mais alors pas longtemps, hein !… Juste un peu...
- Ca on verra… Installez-vous !… On va causer fessée…

lundi 12 juillet 2010

Colocataires3 ( 3 )

- Evidemment, maintenant que je suis revenue, on me tombe dessus de partout… Des ex avec qui j’avais fait un bout de chemin… Des types avec qui il s’était passé quelque chose comme ça vite fait… Des qu’avaient eu envie, mais avec qui, pour une raison ou pour une autre, ça avait pas abouti. Ils sont tous sur les rangs. A croire qu’ils se sont donné le mot… Ils se le sont peut-être donné d’ailleurs… Sûrement même… Faut voir leurs têtes quand je leur fais gentiment comprendre qu’il vaut mieux qu’ils aillent voir ailleurs… Qu’avec moi maintenant ils perdent leur temps… Eh oui !… Le bon coup n’en est plus un… Mais c’est qu’il y en a… pas question qu’ils l’admettent… Ils m’avaient mise dans une petite case… Faut que j’y reste… Que je sois pour toujours celle qu’ils se sont imaginé que j’étais… Celle qui les arrange… J’ai quand même encore bien le droit de décider de ce que j’ai envie d’être, non ?… Mais c’est que ça les mettrait presque en colère certains !… Bon… Mais ça n’a pas d’importance… Ils n’ont pas d’importance… Ils me servent juste à me tester… A savoir si mes bonnes résolutions je suis capable de m’y tenir ou pas… Et pour le moment… Je touche du bois, mais pour le moment…

- Et tu vois, ce qu’il y a de bien à ce que tu m’accompagnes systématiquement comme ça quand je sors c’est que, quand il se passe rien, au moins je me fais pas chier… Je t’ai pour discuter…
- S’il se passe rien, c’est peut-être justement parce que je suis là…
- Si c’est pour ça eh bien tant mieux !… Parce que ça veut dire que le type il t’aurait pas voulu pendant nos ébats… Que ce soit pour assister ou pour participer… Ce qui – comme je te disais - ne m’intéresse plus… Mais alors là plus du tout… Et puis pour toi aussi c’est pas mal… C’est même l’idéal… Tu ferais quoi sinon de tes soirées ?… A part m’attendre ?… Et bavarder avec Victorine ?… Et ça… Je veux pas être méchante, mais pour trouver un sujet de conversation qui tienne la route avec elle… Alors autant que tu sois avec moi… Et que tu profites de mes occasions quand il y en a… Non, tu crois pas ?…
- J’ai toujours infiniment de plaisir à être avec toi…
- Ah, tu vois !… Mais ce qu’il y a quand même maintenant, maintenant que t’es plus avec Mélissa, c’est que t’es pas près de recoucher avec une femme… Ne serait-ce que parce que si je te garde sans arrêt à portée de main comme ça t’auras pas vraiment le temps d’aller t’occuper d’en trouver… Faudra que tu te contentes de mes mecs… Du moins ceux qui voudront… Ce qu’est pas pour te déplaire finalement… Mais quand même… Quand même… Ca risque de te manquer les nanas au bout d’un moment… Et puis moi je me dis qu’au bout du compte ça me déplairait peut-être pas de te voir avec… Oui… Sûrement même… Faudra qu’on essaie… C’est le seul moyen de savoir…

- Ca aura pas duré longtemps… Je suis nulle… Je suis complètement nulle…
- Qu’est-ce qui s’est passé ?…
- Rien… Enfin si !… Non… Rien… Mais ça va pas tarder… Parce que le seul sur qui il aurait pas fallu que je tombe c’est Rémi… Et comme par hasard…
- C’est qui Rémi ?…
- Rémi, c’est un type dont j’étais tombée folle amoureuse au lycée… Seulement il sortait avec une autre… Je m’en foutais… Je voulais l’avoir… C’était devenu une idée fixe… J’ai tout fait pour ça… Tout… Je me suis comportée comme la dernière des garces… Pour rien… Parce qu’il était désespérément fidèle cet imbécile… Et pourtant je peux vous dire que j’avais sorti le grand jeu…
- Et il vient de resurgir…
- Oui… Sauf que cette fois il est plus avec cette fille…
- Il est seul ?…
- Oui… Enfin non… C’est plus la même… Mais tout le monde dit qu’il en a strictement rien à foutre de celle-là…
- Et donc tu l’as revu…
- Ben oui… Dans un café… Et on a parlé… Presque tout l’après-midi… Mais il y a rien eu… On s’est même pas embrassés…
- Il y a rien eu… Mais va y avoir…
- Sûrement… Parce que comment le courant est passé !… C’est de la folie… On aurait dit qu’on s’était quittés hier…
- Quant à tes bonnes résolutions…
- Justement… Justement… C’est ce que je voulais vous dire… Vous demander… Parce que c’est un peu idiot finalement la façon dont on a décidé… De me priver complètement de tout comme ça…
- Si tu commences déjà à reculer…
- Je recule pas, non… Je recule pas… Mais c’est passer d’un extrême à l’autre… Ca n’a pas de sens… Est-ce qu’il vaudrait pas mieux plutôt que je me contente d’un et d’un seul et que dès que je regarde ailleurs vers un autre…
- Un seul ?… Peut-être, oui… Mais pas dans n’importe quelles conditions non plus… Parce que tu vas où là ?… Voilà quelqu’un que tu as fait des pieds et des mains, quand tu étais lycéenne, pour brouiller avec sa copine… Et tu recommences…
- Mais c’est pas la même chose !… Ca n’a rien à voir… Ils s’entendent pas…
- Ca, t’en sais rien du tout !… C’est ce qu’on t’a dit… Ce qu’on a voulu te faire croire… Ou ce dont tu as voulu te persuader…
- Ils arrêtent pas de s’engueuler…
- Possible… Possible qu’ils traversent une crise… Comme beaucoup de couples… Est-ce que c’est une raison pour venir leur mettre un peu plus encore la pagaille ?… Alors si ça ça mérite pas une bonne fessée je sais pas ce qui la méritera…
- Oui… Je suis nulle… Je suis complètement nulle… Heureusement que vous êtes là…

jeudi 8 juillet 2010

Escobarines: Enfin seuls...





- Martial ?!… Tu sais quoi ?… Ils seront pas là samedi… Ils partent… Ils vont à un mariage… On aura toute la maison à nous… Toute la journée à nous… On va pouvoir faire ce qu’on voulait… Depuis le temps !…
- Alors là !… Là !… Je peux te dire que tu vas y attraper… Et quelque chose de bien…

Mes parents nous hébergeaient. Le temps qu’on retrouve du travail. Du travail et un toit. C’était très gentil de leur part, tout se passait le mieux possible, mais… mais il faut reconnaître que pour notre vie de couple ce n’était pas vraiment l’idéal : notre chambre jouxtait la leur et il nous fallait systématiquement « la mettre en sourdine »… A 23 ans c’était terriblement frustrant. Quant aux petits jeux dont nous rêvions nous devions, pour le moment, nous contenter d’en parler… Alors… Alors une véritable bénédiction ce mariage !…

J’ai investi le séjour… Le grand canapé en cuir du séjour…
- Qu’est-ce tu fais ?…
- Ca se voit pas ?… Je bouquine…
- Comme ça ?… A poil ?…
- Je suis pas à poil… J’ai des bas…
- Fiche-toi bien de moi en plus !…
- Oh, mais quoi ?!… Personne peut me voir… Il y a pas de vis-à-vis… Alors à moins que quelqu’un soit grimpé dans les arbres…
- Tu vas me faire le plaisir d’aller immédiatement passer une culotte… Au moins une culotte…
- T’es pas mon père que je sache…
- Je suis pas ton père, non… Mais tu vas quand même y aller…
- T’as qu’à y croire !… Sûrement pas !… Alors là !…
- C’est ce qu’on va voir !…
- C’est tout vu…
- Fais attention, Pascaline !… Fais bien attention !… Parce que tu pourrais bien t’en ramasser une…
- Et puis quoi encore ?!…
- Tu l’auras voulu…

- Comment t’as tapé fort !…
- C’est bien comme ça que tu aimes, non ?…
- Oui… Oh, oui… C’est très rouge ?…
- Impressionnant !…
- Je vais aller voir… Mais dis, t’as rien entendu ?…
- Entendu ?… Non… Entendu quoi ?…
- Comme quelqu’un qui respirait fort dans le couloir pendant que tu me la mettais la fessée…
- Tu te l’es imaginé… De toute façon c’est pas possible… J’ai fermé au verrou en bas… Pour qu’on soit tranquilles… Dis-moi plutôt… Ca t’a plu comme on a fait ?…
- Oh, oui !… T’avais tellement l’air de l’être vraiment en colère… Et puis être punie comme ça… pour ça… c’est exactement ce qui, moi, me… Mais tu le sais bien…
- Tu vas où ?…
- A la salle de bains… Me voir dans la glace…
- Attends !… Attends !… T’iras bien tout à l’heure… Parce que avant… Avant…

- Comment t’étais déchaîné !…
- Et toi donc !… Ah, ça t’avait mise en appétit on peut pas dire… Comment t’as crié !… C’est la première fois que je t’entends crier comme ça…
- On recommencera, hein !?…
- Dès que tes parents nous laisseront à nouveau le champ libre…
- Oh, mais bientôt on sera chez nous, tu verras… Et alors là !… Là… Bon… Mais je fais un saut jusque là-bas… J’ai trop envie de voir ce que ça donne…

- Ben qu’est-ce qu’il y a ?… T’en fais une tête !…
- Il y a qu’il y a le père Sellier, le voisin, dans la salle de bains… Et qu’il a tout entendu… Forcément… Et qu’il m’a vue… Qu’il a vu dans quel état j’avais le derrière…
- Hein ?… Mais qu’est-ce qu’il fabrique dans la salle de bains ?…
- J’en sais rien ce qu’il fabrique dans la salle de bains… Je me suis pas attardée à lui poser des questions…

- C’est votre beau-père qui m’a demandé de venir voir son chauffe-eau… « - Je vous laisse la clef, monsieur Sellier… On sera pas là… Et probablement les enfants non plus… » Ah, ces chauffe-eau !… Ils ont tous le même problème cette marque-là !… Tous !… C’est la résistance… Elle tient pas… Vous lui direz… Je la lui changerai si il veut… Mais pour le moment je peux pas y faire grand chose…

- Il est parti au moins ?…
- Il est parti, oui…
- J’avais raison… Il était dans le couloir… Comment ça craint !…
- D’autant qu’il est vitré le haut de la porte du séjour et qu’en se haussant sur la pointe des pieds…
- Ho la la…
- Tu savais qu’il allait venir, avoue !…
- Hein ?!… Mais ça va pas!... Jamais de la vie… Tu penses bien que si j’avais su…
- Si, tu savais !… Si !… Ca mériterait…
- Une fessée… Oui, mais alors… On attend qu’il revienne poser la résistance…
Et on a éclaté tous les deux d’un interminable fou rire…

lundi 5 juillet 2010

Colocataires3 ( 2 )

- Ca fait déjà effet on dirait… Si, c’est vrai, hein !… Rien que d’avoir pris la décision… Que de vous avoir demandé… je suis déjà plus pareille… Avant, dès que je sortais dans la rue, j’étais aussitôt en alerte… J’avais pas l’air comme ça… On n’aurait jamais dit… Mais j’étais à l’affût de tout… Absolument tout… Et surtout des mecs… De comment ils réagissaient par rapport à moi… Et si il y en avait un de potable qu’avait l’air intéressé je faisais ce qu’il fallait pour qu’il le soit un peu plus encore… Et ça marchait… Evidemment que ça marchait… Enfin pas toujours, mais presque… Les types dès qu’il y a une occasion…Sauf que ça m’apportait quoi à moi ?… La plupart du temps pas grand chose… On faisait notre affaire à la va-vite et salut-bonsoir… Dès qu’il avait fini il avait plus qu’une idée en tête le mec, c’était de s’arracher le plus vite possible… Et franchement ça valait mieux parce que ceux qui tapaient l’incruste, qui insistaient pour te revoir t’étais bonne pour te les traîner pendant des semaines comme des boulets… Alors dans un cas comme dans l’autre… Le pire, c’est que tu le sais, mais que tu peux pas t’empêcher de replonger à chaque fois… Comme s’il allait finir par se passer tu sais pas trop quoi de magique ou de miraculeux… Que c’était comme ça qu’à supposer qu’elle existe t’allais dénicher la perle rare… Tu parles !… Non… Et puis ce qu’il y a aussi, c’est que t’as plein de filles aujourd’hui qu’arrêtent pas d’aller à droite et à gauche… Et qu’arrêtent pas d’en parler… Et si toi, t’as jamais rien à te mettre sous la dent pour quoi tu passes ?… Pour la fille qu’intéresse personne ou – pire encore – qu’est coincée comme les bonnes femmes d’il y a cinquante ans… Alors tu fais pareil… Et tu racontes – comme elles – que tu te prends chaque fois un pied d’enfer en te demandant si t’as pas quelque chose qui cloche finalement vu que c’est plutôt rare que t’atteignes vraiment l’extase… Mais tu vas pas le leur avouer… Tu vas pas leur faire ce plaisir… Manquerait plus que ça… Pour les entendre te donner des conseils avec leurs petits airs affligés et compatissants, merci bien !… Et ça roule comme ça… Tu dragues… Tu te fais draguer… Tu baises… Ca fait partie de ton quotidien… De tes habitudes… Il te vient même plus à l’idée que ça pourrait être autrement… Et il arrive toujours un moment où ça finit par te retomber sur le coin de la gueule… Oh, mais ça va changer !… Sûr que ça va changer maintenant !… Avec votre aide…

- Tu dors ?…
- Hein ?!… Non… Enfin si !… Juste un peu… Je somnolais…
- Alors comme ça t’attends plus que je sois rentrée maintenant ?… Que je te raconte ce que j’ai fait… Ca t’intéresse plus ?…
- Si !… Si !… Bien sûr que si !…
- Tu viens alors ?… Je vais à la salle de bains… Me démaquiller… Et me laver… Tiens, et puis tu sais pas quoi ?… C’est toi qui vas me le faire ce soir… Parce que me préparer pour aller voir un mec ou pour en chercher un tu me l’as déjà fait… Des dizaines de fois… Mais me nettoyer quand je reviens toute pleine de lui, jamais !… Ca manque à ta culture… Et puis ce sera une façon de te faire un peu participer… Même si ça cassait pas trois pattes à un canard ce soir… Qu’est-ce que je me suis fait chier !… Et tu sais pourquoi ?… Parce que j’étais toute seule avec lui le mec… Et ça j’ai complètement perdu l’habitude… Ben oui, forcément !… Maintenant on est tout le temps ensemble, toi et moi, quand je suis avec quelqu’un… Tu me regardes… Je te regarde… Tu sais que j’ai pas arrêté de te chercher les yeux ?… Il se demandait ce que je fabriquais l’autre… Il essayait de voir aussi tout autour ce qu’il pouvait bien y avoir… Il y avait rien… Il y avait que tu me manquais… Et pas qu’un peu !… Que j’aurais voulu que tu nous regardes faire… Ou vous voir faire tous les deux… Il y a que maintenant le truc basique à un plus un c’est fini pour moi… Ca m’emmerde…
- Faut pas dire ça… Ca s’est passé comme ça cette fois-ci… Une autre fois… Avec un autre partenaire…
- Ce sera exactement la même chose… Obligé… C’est trop intense ce qu’on vit tous les deux… Même qu’on se soit jamais touchés… Parce qu’on s’est jamais touchés justement… C’est ça qui fait tout… Et du coup le classique une nana-un mec ça n’a plus le moindre intérêt… C’est tout fade… Tout insignifiant… Mais qu’est-ce tu fais ?… Vas-y !… Lave !… Carrément !… Fais pas semblant !… On dirait que t’as peur d’y mettre les doigts… Et ben alors !… Le problème maintenant, c’est que ça va pas être simple… Parce que va falloir que je t’aie tout le temps sous le coude… Que tu traînes sans arrêt dans mes parages… Au cas où un mec me ferait envie… Et qu’il accepterait que tu sois là… Et ça c’est pas tous… C’est même plutôt rare… Alors si l’occasion se présente pas question pour moi de la laisser passer… Ce serait faisable, non ?… De toute façon c’est quasiment tout le temps qu’on l’est ensemble… Alors un peu plus un peu moins… Hein ?!… Qu’est-ce t’en dis ?…
- Que oui… Pourquoi pas… Oui…
- T’as pas l’air très enthousiaste…
- Si… Oh, si, mais…
- Mais Victorine est revenue… C’est ça, hein !… J’en étais sûre… J’étais sûre que si elle remettait les pieds ici elle allait tout faire pour nous séparer… Et ça y est !… Ca a pas perdu de temps… Ca commence…
- Mais jamais de la vie !… Qu’est-ce que tu vas chercher ?…
- Tu parles !… C’est cousu de fil blanc son histoire… Elle veut t’avoir à elle… Et rien qu’à elle… Seulement ça !… Si elle compte que je vais me laisser faire… Alors là…
- Tu la vois sous un jour…
- Réaliste… Totalement réaliste… Tu sais pas tout… Tous les coups qu’elle a pu me faire par derrière… Et toujours avec son air de pas y toucher… J’ai pas eu un seul mec… Pas un seul qu’elle ait pas essayé de me piquer…
- Je suis pas ton mec…
- Non… T’es pas mon mec, non !… T’es beaucoup plus que ça…

jeudi 1 juillet 2010

Escobarines: Sortie nocturne





- Vous vous étonnerez pas, hein, les filles, si vous vous réveillez cette nuit, de pas me trouver dans le lit…
- Tu seras où ?…
- Vous direz rien ?… C’est vrai ?… C’est promis ?… Je vais… J’ai un rendez-vous…
- Un rendez-vous !… Avec qui ?… Un homme ?…
- Evidemment un homme !… Ca !…
- T’es folle !… T’es complètement folle !…
- Oh, mais non !… Je le connais… C’est quelqu’un de bien… De très bien… Et puis il a de ces yeux !…
- Tu le connais !… Et d’où ça tu le connais ?…
- On a voyagé ensemble l’autre jour… Quand je suis allée à Saint-Germain…
- Et t’appelles ça le connaître !…
- Oh ben oui !… Oui… Tout l’après-midi on a parlé… Et il veut qu’on continue… Tout à l’heure…
- En pleine nuit !… Et où ça, s’il te plaît ?…
- Derrière l’église… Là où il y a des bancs…
- Et tu vas y aller ?…
- Il vient exprès pour me voir… Pour qu’on parle… Je peux pas lui faire ça… C’est peut-être l’homme de ma vie en plus… Sûrement même… Oui… Je le sens que c’est lui…
- Non, mais est-ce que tu te rends compte ?…
- De quoi ?
- Qu’un homme, c’est un homme… Et que ça a qu’une seule chose en tête… Toujours… Et que c’est prêt à tout pour arriver à ses fins… Et qu’après, une fois qu’il a eu ce qu’il voulait…
- Pas lui !…
- Tu parles !… Non… Décidément tu te rends pas compte…
- Si, je me rends compte, si !… Je me rends compte que vous le connaissez pas… Et que vous en crevez de jalousie de pas être à ma place…
- Tu fais ce que tu veux… T’es assez grande… Mais après tu viendras pas te plaindre…

- Quelle heure il est ?
- Trois heures…
- Et l’autre qu’est pas rentrée… S’il lui était arrivé quelque chose…
- Qu’est-ce tu veux qu’il lui soit arrivé ?… A part ce qu’elle crevait d’envie qu’il lui arrive…
- On sait jamais…
- Mais non !… Elle y a pris goût, c’est tout !… Elle en redemande…

- Et maintenant ?
- Quoi ?… « Et maintenant ?… »
- Il est quelle heure ?
- Quatre… Oh, mais laisse-moi dormir, écoute !
- Oui, mais si…
- On verra ça demain…

- Vous dormez ?… C’est pas normal… Cinq heures il va être… Elle sait bien que les deux autres elles vont pas tarder à se lever et qu’une fois qu’elles seront levées pour réussir à rentrer sans se faire voir…
- C’est pas normal, c’est vrai !…
- J’ai un mauvais pressentiment…
- Moi aussi…
- Un type on sait jamais ce qui peut lui passer par la tête…
- T’imagines qu’il ait voulu se débarrasser d’elle après ?…
- Dis pas ça !… Rien que d’y penser !…
- Ou qu’il l’ait embarquée pour aller faire le trottoir quelque part !…
- Faut prévenir !… Avant qu’il soit trop tard… Avant qu’ils soient trop loin… Faut absolument prévenir… Qui c’est qui y va ?…
- Toi, Alice, t’expliques toujours mieux…

- Bon alors !… Ces demoiselles !… Ah, vous pouvez être fières de vous !… Vous pouvez !… Parce que… vous savez l’une de vos camarades prête à se laisser engloutir dans les abîmes du péché… Et qu’est-ce que vous faites ?… Rien… Vous la laissez accomplir son forfait… Pire : vous la couvrez… Vous faites mine de ne découvrir son absence qu’au petit matin quand tout est consommé. Ou que, du moins, vous supposez que tout l’est… Heureusement qu’il y a, dans ce pays, des âmes vertueuses prêtes à ramener, aussitôt que nécessaire, les brebis égarées dans le droit chemin… Votre camarade n’avait pas fait trente pas dehors qu’on nous avait prévenues et que le pire a ainsi pu être évité… Il va sans dire qu’avec l’accord de ses parents ont été prises à son égard les dispositions qui s’imposaient… Vous ne la reverrez pas… Et ne cherchez pas à savoir où elle a été envoyée… Ce serait inutile… Il reste que votre comportement à vous est inqualifiable… Et qu’il va sans dire que vous allez être sanctionnées… Sur le champ… De la façon que vous savez… Allons, Mesdemoiselles, mettez-vous en position…