jeudi 29 mars 2012

Escobarines: Escob' fan club ( 4 )


– T’es chiée quand même !
– Non, mais attends ! Ce qu’était convenu, c’était qu’elles nous en collent une dehors… Dans leur jardin… Ça comporte des risques, okay, on sait… Mais de là à rameuter tout le pays pour voir ça…
– Oh, tu parles ! Trois copines à elles… À qui elles en avaient parlé du fan club… Qu’étaient intéressées…
– Et trois mecs…
– Oui, mais ça, les trois mecs, elles savaient pas qu’elles allaient les amener…
– Qu’elles disent !
– Roule doucement… On va finir dans le fossé…
– Ça m’agace… Tu peux pas savoir ce que ça m’agace qu’on me mette comme ça devant le fait accompli…
– Ça s’est vu… La dégazée que tu leur as mise…
– Tant que ça ?
– Non, mais tu te rends pas compte… Une vraie furie, oui… Les trois filles elles avaient vraiment l’air de se demander dans quoi elles avaient mis les pieds… Ça m’étonnerait que le fan club maintenant elles …
– Oh, tu crois ? Ça ce serait con par contre…
– Et même nous… Parce qu’à la prochaine réunion tu peux être tranquille qu’elles vont se faire qu’un plaisir de le raconter les deux autres… Ça va bien rigoler derrière notre dos… Et grillées on sera… Plus personne voudra faire quoi que ce soit avec nous…
– Avoue quand même qu’elles auraient pu nous tenir au courant, non ?
– Elles auront cru bien faire… Rajouter un peu de piquant…
– C’est pas une raison…

– Tu parles plus ? Tu fais la gueule ?
– Non… Je réfléchis…
– À quoi ?
– À tout ça… Tu crois vraiment qu’elles vont mal le prendre là-bas ? Faudrait pas qu’on nous vire…
– Quand même pas, non… Mais qu’on nous laisse plus ou moins de côté, ça, oui, sûrement…
– Ça m’emmerderait vraiment…
– Et moi donc ! Et tout ça parce que tu nous as fait un caca nerveux… Parce que franchement il y avait vraiment pas de quoi monter comme ça sur tes grands chevaux…
– Et évidemment c’est de ma faute…
– J’ai pas dit ça, non… Mais enfin je vois pas ce qu’il y avait de si dramatique là-dedans… Il allait se passer quoi ? Elles allaient nous mettre au coin les fesses à l’air… Un truc dans ce genre… Et alors ? Ça nous arrivera d’autres fois… Fallait pas s’inscrire à son fan club à Escobar si on voulait pas…
– C’est bien ce que je dis… C’est de ma faute…

– Qu’est-ce tu fais ?
– Ça se voit pas ? Demi-tour… Je tiens pas à ce que tu me reproches ça jusqu’à la fin de mes jours…

– Tiens, tiens, des revenantes !
– On parlait de vous justement…
– Oui… On se demandait pas si vous alliez revenir… Non… Ça on était sûres que oui… On se demandait juste quand… Ça a pas trop tardé finalement… Bon, mais vous savez ce qui vous attend, je suppose… Parce que inqualifiable votre attitude de tout-à-l’heure… Absolument inqualifiable… On va régler ça… Et tout de suite… Allez ! Tout le monde au jardin…

– Déculottez-vous vous deux ! Et installez-vous là… Sur les troncs… Qu’est-ce qu’il y a, Amina ? T’en fais une tête !
– Non… Rien… C’est que… Comment elles l’ont rouge !
– Et c’est pas fini ! Parce que quand on va en avoir remis une couche, je te dis pas… Vous qui vouliez voir comment ça se passe vous allez être servies… Mais d’ailleurs, tiens, ce serait l’occasion de faire vos premières armes… Excellente idée, oui… C’est vous qui allez opérer…
– On osera jamais…
– Mais si ! Le tout, c’est de s’y mettre…

– Eh ben voilà ! Vous voyez que c’était pas si compliqué…
– Et même… ça paraissait pas vraiment vous déplaire…
– Oui, mais… peut-être qu’on a tapé trop fort… Elles ont crié…
– Ça, c’est parce qu’elles sont douillettes… Non… Non… Il y avait de la marge… Beaucoup de marge… En attendant non, mais regardez-les les mecs ! C’est pas tout ça de vous rincer l’œil tant et plus… Faudrait peut-être voir à allumer le barbecue…
– Et elles ?
– Elles ? Elles vont gentiment venir nous tenir compagnie… Dans la tenue où elles sont… Et puis, tout à l’heure, on reprendra les choses là où on les avait laissées…

lundi 26 mars 2012

Souvenirs d'avant ( 39 )

39-

Dans la lumière crue du projecteur une fille sort de la boîte en courant, d’autres filles – cinq ou six – à ses trousses… Qui la rattrapent sur le parking désert… Qui l’immobilisent contre le capot d’une voiture… Qui l’y renversent…
– Tu vas nous payer ça, salope !
– Oui… On va t’en coller une que je peux te dire que tu vas t’en souvenir un moment…
– Allez ! On déculotte ça…
– Lâchez-moi ! Vous avez pas le droit… Mais lâchez-moi ! Lâchez-moi, j’vous dis…

Elles lui tambourinent le derrière à qui mieux mieux… En se relayant… Deux par deux…
– Allez ! C’est bon… À notre tour… Vous nous la laissez maintenant…
À leur tour… Et puis les autres… Et à nouveau les premières… À grandes claques retentissantes…

– Elles sont parties ?
– Elles sont parties, oui… Allez, viens ! Reste pas là… Tu vas prendre froid…
– Elles sont où mes affaires ? Elles les ont emportées… C’est ça, hein ? Elles les ont emportées pour pas que j’y retourne là-bas dedans… Les garces ! Non, mais quelles garces ! Je suis à poil, moi, maintenant… De quoi j’ai l’air ! Et v’là du monde en plus ! Plein… Ça craint… Non, mais comment ça craint !
– Monte ! C’est ma voiture, là… Allez, monte !

– Le mieux, je suppose, c’est que je te ramène chez toi…
– Ah, non ! Pas chez moi, non… Parce que si mon mec il me voit revenir dans cet état-là des tas de questions il va me poser… Forcément… Et je peux quand même pas lui expliquer…
– Lui expliquer quoi ?
– Qu’il baise comme un pied… Et que, du coup, je suis bien obligée d’aller voir ailleurs…
– Chez tes parents alors ?
– Il me démonte la tête mon père s’il sait que je découche…
– T’as bien une copine qui pourrait…
– Vous les avez vues mes copines…
– Bon, mais on va pas y passer la nuit… Alors tu sais pas ? Je te ramène chez moi… Il y a un clic-clac dans le séjour… Et demain on verra…

– Si vous aviez… Une robe de chambre… Quelque chose… Parce que comme ça…
– Je vais te chercher ça… Et un café… Bien chaud… Ça te fera le plus grand bien…

– Bon… Et si maintenant tu m’expliquais ce qui s’est passé au juste…
– Oh, ben rien ! Enfin… ce que je vous ai dit… Je voulais me trouver un type pour la nuit parce que Phil c’est vraiment pas le top… Il a d’autres qualités, oui, ça c’est sûr, mais de ce côté-là il est vraiment minable…
– Et ?
– Et… ben il y en a un ça a commencé à le faire… C’est pas trop difficile pour une fille quand elle est bien décidée et pas trop mal foutue… Seulement ce que je savais pas – je le jure – c’est qu’il était avec Héline… Elles, elles ont cru que si… Et voilà ! Déchaînées ça les a… Surtout que c’était déjà arrivé… Et qu’elles m’avaient prévenue… Si jamais je recommençais…
– Je vois… En attendant t’es restée sur ta faim…
– C’est bien ça le pire…

J’avance doucement la main… La pose sur son genou… Elle ne la repousse pas…

jeudi 22 mars 2012

Escobarines: Escob' fan club ( 3 )


– Elle est trop Célia !
– Quelle petite merdeuse, oui !
– Non, mais comment elle se la pète !
– Et tout ça parce qu’elle s’est ramassé une fessée en extérieur… Tu parles ! Il y a vraiment pas de quoi en faire toute une comédie…
– Ouais ? Ben je voudrais vous y voir, moi, toutes les deux !
– Parce que tu crois qu’on en serait pas capables ?
– Ce sont des mots, ça !
– Non, ce sont pas des mots, non !
– Ah, oui ? Eh ben on va voir… Eh, les filles, écoutez ! Vous savez pas ce qu’elles proposent Marine et Laurianne ? C’est que ce soit elles les deux prochaines…

– T’es conne ! T’es complètement conne ! Non, mais alors qu’est-ce que tu peux être conne ! On est dans de beaux draps maintenant… Et tout ça pour rien nous rapporter du tout… Parce que c’est quand même Célia qui va y monter chez Jean-Philippe… Et toute seule…
– De toute façon on y serait passées… Un jour ou l’autre on y serait passées… T’as bien entendu ce qu’elles ont dit… Toutes on va le faire… Toutes… À tour de rôle…
– Si ça dure leur fan club… Si tout le monde finit pas par s’engueuler…
– Non, mais je vois vraiment pas où il est ton problème… Parce que si tu voulais pas que ça risque de t’arriver fallait pas t’inscrire… Ni te mettre du côté de celles qui aiment la recevoir…
– Je savais pas que ce serait dehors…
– Oui, oh ! Tu l’as vu le dessin qu’on a tiré au sort… C’est dans un jardin… Un truc comme ça… A priori il risque pas d’y avoir grand monde autour…
– Ça, t’en sais rien du tout… Et puis on les connaît pas plus que ça les deux nanas qu’elles ont choisies pour nous la donner… Si ça tombe elles sont tordues que le diable…
– Des passionnées d’Escobar qu’elles soient tordues alors là c’est pas possible… Et puis arrête de te poser tant de questions… T’adores ça en prendre… Alors profite de l’occasion… Et boude pas ton plaisir…

– C’est là, tu crois ?
– Ben oui ! Une maison en pleine pampa après un carrefour avec une grande croix de mission… Ça peut être que ça… Tu vois que t’avais tort de t’inquiéter… Il y a pas àme qui vive à des kilomètres à la ronde…

– Par laquelle on commence ? Marine… Elle a un petit air effronté qui ne me plaît pas du tout… Ou qui me plaît trop bien… C’est comme on veut… Et je suis sûre qu’elle a une foule de choses à se reprocher… C’est pas vrai peut-être ?
– Un peu…
– Et menteuse avec ça ! Beaucoup tu veux dire, je suis sûre ! Bon, mais on va te ramener à de bien meilleures dispositions… Allez ! Fais voir ton gentil petit derrière… Qu’on le fasse tressauter en cadence…

– Ben qu’est-ce t’attends, toi ? Ça va être notre tour après… Allez ! Dépêche-toi de descendre tout ça… Là… Voilà…
– Il y a quelqu’un…
– Qu’est-ce tu racontes ? Il y a personne…
– Si ! Derrière la haie… Ça a rigolé…
– T’hallucines complètement…
– Non, j’hallucine pas, non ! Même qu’ils sont plusieurs… Je les entends... Marine, on nous regarde… Je suis sûre qu’on nous regarde…
– Fous-lui la paix à ta copine… Tu vois pas qu’elle est occupée ?
– Oui… Mais il y a quelqu’un… Ils sont plein même…
– Oh, c’est bon ! Ferme-la un peu ! Et amène-toi… C’est notre tour…

– Il y avait quelqu’un, hein ?
– Et quand bien même il y aurait eu quelqu’un… Vous vous en fichez… Personne vous connaît ici…
– Oui, mais quand même… Ça craint… Vous pouvez bien nous dire… Il y avait ou il y avait pas ?
– Peut-être qu’il y avait… Et puis peut-être qu’il y avait pas… Que vous vous l’êtes imaginé…
– Vous êtes chiantes…
– Toi, je sens que tu vas t’en reprendre une autre… Tu veux vraiment savoir ?
– Ben oui… Oui…
– Il y avait…
– Ah, vous voyez ! C’était qui ?
– Peut-être des promeneurs qui passaient par là… Par hasard… Qu’on connaît ni d’Eve ni d’Adam…
– Ou bien peut-être des copains à nous… Qu’on avait prévenus qu’il y aurait du spectacle aujourd’hui…
– Et qui vont venir nous rendre une petite visite… Qui seront là d’un moment à l’autre… Tiens, les v’là justement…

lundi 19 mars 2012

Souvenirs d'avant ( 38 )

38-

– Je vous attendais…
– Épargnez-moi vos sarcasmes, je vous prie…
– Vous voilà donc enfin devenue raisonnable ?
– Finissons-en ! Que faut-il que je fasse ?
– Comme si vous l’ignoriez…
– Dites ! Dites, et pour l’amour du ciel, dépêchons ! Ne faites pas de cette épreuve, déjà si difficilement supportable pour moi, un calvaire…
– À qui la faute s’il vous la faut subir ? Et croyez-vous vraiment être en situation d’imposer vos conditions ?
– Certes non, mais…
– Alors assez palabré… Dénudez-vous ! Totalement… Et en prenant tout votre temps… Rien ne nous presse… Nous avons l’après-midi entière devant nous…

– Parfait ! Vous avez un corps parfait… Tournez-vous ! Et venez ici ! Approchez ! Mettez-vous bien dans la lumière… Tournez encore… Encore… Décidément non, je ne regrette pas de m’être finalement résolu à vous apporter mon aide… J’en suis très largement dédommagé… Restez ainsi… Ne bougez plus…

– De grâce, Monsieur…
– Il vous tarde donc tant d’être punie ?
– Je suis déjà au supplice…
– Vous l’allez être bien davantage… Et sur le champ… Venez ! On va vous installer… Là… En travers de mes genoux… Le plus confortablement possible… Parce que ce sera long… Très long…

– Que faites-vous donc ? Qui vous a autorisée à vous rhabiller ? Laissez de côté, je vous prie, ces voiles importuns…
– N’en avons-nous pas terminé ?
– Certes non… Espériez-vous vous en tirer à si bon compte ? Non… Il me faut parfaire mon œuvre… Laissez-moi voir… Oui… De ce côté quelque rajout de rouge profond… Cela s’impose… Avec une touche de violet ardent… Et même de grenat mystique… Oui… Venez ! Reprenons…

– C’est mieux… Beaucoup mieux… Tenez… Venez voir… Là… Dans la psyché… Que vous en semble ?
– Ne m’imposez pas, s’il vous plaît…
– Oui… Vous avez raison… Ce n’est pas encore tout-à-fait satisfaisant… Quelques petites retouches, de ci de là, seront du plus bel effet… Qu’à cela ne tienne… Nous allons y retourner…

– Savez-vous que vous avez une très jolie voix ? Qui, si vous consentiez à la travailler un tant soit peu, donnerait très vite sa pleine mesure… Aussi bien dans les graves que dans les aigus… Voulez-vous que nous nous en occupions dès à présent ? À moins que vous ne préfériez revenir ? Demain peut-être…
– Faites comme bon vous semble, Monsieur, mais, pour l’amour du ciel, finissons-en ! Une bonne fois pour toutes…

– Vous y avez mis du vôtre… Infiniment… Je vous en sais gré… Et vous n’avez pas manqué de courage… Vous pouvez vous rhabiller… Attendez ! Juste un instant… Que je contemple une dernière fois vos fesses si joliment carminées… Voilà… Oui… Rhabillez-vous… Je garderai pour ma part un excellent souvenir de ces moments que nous venons de passer ensemble… Pas vous ?
– Je souhaite les oublier au plus tôt…
– À moins qu’au contraire vous ne puissiez vous empêcher de les évoquer avec beaucoup de nostalgie…
– Dieu m’en garde !
– Sachez que si tel était le cas – ce qui est on ne peut plus vraisemblable si j’en crois certains mouvements qui vous ont échappé – ma porte vous est grande ouverte et que je ne me ferai qu’un plaisir de vous…
– Adieu, Monsieur…
– Au revoir, Madame… À bientôt...

jeudi 15 mars 2012

Escobarines: Escob' fan club ( 2 )



– Bon, alors aujourd’hui… Oh, vous m’écoutez, les filles ? Aujourd’hui je propose qu’on tire au sort un de ses dessins à Jean-Philippe et qu’on voie s’il y a des volontaires pour le mettre en scène…
– Et on gagne quoi ?
– Le droit d’aller lui annoncer là-haut, chez lui, qu’on lui a monté son fan club…
– Ça me plairait bien, moi, ça !
– Et moi donc !
– Allez… Vous y êtes ? Il me faut une main innocente… Oui… Ludivine, tiens !
– Ludivine… innocente ? On aura tout vu…
– Mélange bien ! Là… Oui… Et vas-y maintenant ! Sors-en un ! Donne ! Merci… C’est le 3048949650…
– Ça nous dit rien du tout ça…
– C’est l’un des derniers… Celui où la fille elle s’est fait une pancarte en anglais, posée à côté d’elle, dans la rue, qui dit qu’elle a besoin d’une fessée cul nu…
– Très peu pour moi…
– Sur ce coup-là moi non plus je suis pas joueuse…
– Ni moi… Faudrait être folle…
– Moi… je veux bien…
– Toi, Célia ? T’es complètement ravagée…
– Ben pourquoi ? Non… Ça me tente bien… Surtout qu’en plus, du coup, si je le fais, je vais être toute seule à monter le voir Jean-Philippe pour lui annoncer…
– Non, mais tu te rends pas compte ! Et si ça tourne mal ?! Avec tous les cinglés qui traînent un peu partout…
– Oh, tout de suite !
– Déjà faut choisir un endroit pas trop passant… Et s’éparpiller toutes dans le coin… Comme ça si elle a le moindre problème on peut tout de suite rappliquer… Et on est quand même près de quarante…

– Au bar du Carrousel elles ont dit qu’il fallait qu’on s’installe…
– C’est là…
– Oh, la tronche des mecs là-dedans ! Ça promet !
– Mesdemoiselles ?
– Trois cocas, s’il vous plaît…

– Eh, Roger, vise voir un peu ce qui s’installe sur le trottoir en face de chez toi !
– Encore une qui vient faire la manche ! Mais qu’est-ce qu’elle fout ? Elle va pas se dépoiler là quand même ?
– Ben si ! Oh, dommage ! Elle la tombe pas la culotte…
– Encore une pub pour une connerie quelconque…
– Qu’est-ce qu’il y a d’écrit sur le panneau ? T’arrives à lire, toi ? C’est de l’anglais, non ? Lulu, toi qu’as travaillé à Londres ?
– Ça dit qu’elle veut se ramasser une fessée…
– J’y vais ! Et elle va pas être déçue du voyage… Je vais te lui foutre le cul dans un état !
– Moi, à ta place, je bougerais pas de là… Ça sent l’embrouille à plein nez ce truc…
– Oh, tu parles ! Qu’est-ce tu veux qu’il y ait ?
– On sait pas… Et c’est justement quand on sait pas que ça craint… Parce que si ça te retombe sur le coin de la figure t’as tout gagné…

– Ils sont trop les gens ! Parce qu’attends ! T’as une nana en petite culotte sur le trottoir… Et il y en a pas un qui s’arrête…
– Ils sont blasés… On en voit tellement au jour d’aujourd’hui…
– Oui… Et puis comme je disais il y a deux minutes ils veulent pas d’histoires…

– Ah, les deux vieilles, là, par contre !
– Oh, vieilles… Pas tant que ça !
– Elles l’engueulent on dirait…
– Et pas qu’un peu… Qu’est-ce qu’elles lui disent ? À votre avis ?
– Qu’elle devrait avoir honte… Sûrement… Ce qu’est pas faux d’ailleurs…
– Elle dit rien… Elle répond pas…
– Manquerait plus que ça…
– Holà ! Pas contente, la mamie ! Ça dépote…
– Tu vas voir qu’elles vont lui en mettre une…
– Oh, quand même pas !
– Tiens… Regardez ! Regardez ! Elles lui baissent la culotte…
– Oh, la vache !
– Elle a un beau petit cul en tout cas…
– Ça y est ! Elles attaquent…
– Une fesse chacune…
– Et elles font pas semblant…
– Allez, les mamies, allez ! On tient le rythme, hein ! Et on baisse pas les bras… Elles y vont… Non, mais comment elles y vont…

– Ça y est ! Elles arrêtent… Dommage…
– Les meilleures choses ont une fin…
– Comment elle l’a rouge ! C’est de la folie…
– Oui, elle va le sentir un moment…
– Elle se rhabille… Elle se casse… Bon, allez, Roger, sers-moi un demi… Ça m’a donné soif tout ça…

– Eh ben nous, maintenant, on n’a plus qu’à rejoindre les autres…
– Vous avez vu, les filles ?
– Quoi ? Le type, là, derrière, à la table tout seul… Il a tout filmé en douce…
– Il va en faire quoi ?
– Alors ça !

lundi 12 mars 2012

Souvenirs d'avant ( 37 )

37-

– Si je me suis résolue à venir vous trouver, Monsieur…
– C’est que ?
– C’est que je suis dans une situation inextricable… Et qu’un ami m’a affirmé que vous pourriez sans doute, me venir en aide…
– Tout dépend… De quoi s’agit-il ?
– Je peux compter sur votre entière discrétion ?
– Il va de soi...
– Mon mari est un personnage très en vue… Un proche du ministre Achille Fould… Il nourrit de grandes ambitions politiques…
– C’est tout à son honneur…
– En effet… Mais… mais j’ai commis un acte qui pourrait nuire gravement à son avenir… Et provoquer un épouvantable scandale…
– De quel ordre ?
– Monsieur…
– Si vous voulez que je puisse vous aider…
– Il me faut impérativement restituer, avant mercredi, un importante somme d’argent…
– Qu’entendez-vous par importante ?
– Tenez… J’ai tout ici… Les papiers… Voyez…
– Fichtre ! Vous n’y êtes pas allée de main morte… C’est énorme…
– Et vous ne pouvez rien pour moi…
– Si… Peut-être… Mais que proposez-vous en contrepartie ?
– En contrepartie ?
– En contrepartie des centaines de milliers de francs qui vous sont nécessaires, oui… Vous n’espérez tout de même pas que je vous en fasse simplement don ?
– Je rembourserai… Je vous rembourserai… Tout… Jusqu’au dernier centime…
– Comment ? Vous n’avez pas de revenus propres…
– Je trouverai des solutions… J’économiserai… Je…
– Vagues promesses dont vous savez parfaitement que vous ne les tiendrez pas… Que vous ne serez pas en mesure de les tenir… Qu’avez-vous d’autre à proposer ?
– Je suis une femme d’honneur, Monsieur… Et vertueuse… Et je ne souffrirai pas que vous insinuiiez…
– Je n’insinue rien du tout, Madame… Je me contente de vous demander quels gages vous avez à m’offrir autres que quelques chimériques engagements…
– Si vous ne m’aidez pas, je suis une femme perdue… Je vous en conjure… Je vous en supplie à genoux… Aidez-moi !
– Je ne demande pas mieux… À condition que, de votre côté, vous y mettiez aussi du vôtre…
– Mais comment ? Que puis-je ? Que voulez-vous ?
– Commencez par me dire à quoi vous avez utilisé au juste cet argent…
– Je ne puis…
– Dans ces conditions, brisons là, Madame… Je ne veux rien avoir à faire, ni de près ni de loin, avec des agissements que je suis en droit de supposer contraires aux intérêts de l’Etat ou, en tout cas, hautement répréhensibles…
– Je vous jure qu’il n’en est rien…
– Pourquoi dès lors vous refuser à révéler à quoi a servi cet argent ?
– Une femme…
– Se prend parfois de passion irrationnelle… Au point de tout sacrifier à celui qu’elle aime… Au point de tout oublier de ce qu’elle se doit à elle-même… De ce qu’elle doit à son mari et à ses enfants… Vous ne dites rien ?
– Que pourrais-je dire ?
– Qu’un jeune bellâtre vous a séduite… Avant de vous abandonner… Et que vous êtes prête à tout pour éviter un scandale qui éclabousserait votre mari, mais qui vous éclabousserait, vous, bien davantage…
– Je suis entre vos mains…
– En effet… Vous vous êtes comportée – convenez-en – de façon tout à fait irresponsable… Particulièrement immature… Et bien immorale… Non ?
– Monsieur…
– Et avouez que ce serait sans doute vous rendre le plus grand des services que de vous punir comme vous le méritez…
– Me punir ? Qu’entendez-vous par là ?
– Ce qu’on entend généralement…
– Vous n’y pensez pas !
– Ah, si ! Et très sérieusement… C’est même la condition sine qua non que je mets à vous rendre le service que vous êtes venue me demander…
– Il ne saurait en être question…
– Je gage que vous ne sauriez tarder à changer d’avis… Et que vous reviendrez très vite à de bien meilleurs sentiments…
– Certainement non… je vous salue, Monsieur…
– Moi aussi, Madame…

jeudi 8 mars 2012

Escobarines: Escob' fan club
























– Domitille ? C’est moi, Marjo… Tu te souviens ? J’étais là aux peintures chez Escobar…(1)
– Si je me souviens ! Cette fessée que tu t’es ramassée le dernier soir !… Ça s’oublie pas un truc comme ça !… Un grand moment… Un très grand moment…
– Je t’appelle parce qu’on est plusieurs à avoir pensé à un truc… Si on montait un fan club ? Un fan club Escobar…
– V’là une idée qu’elle est bonne ! J’en suis… Si ça se fait, j’en suis…

– Bon… Oh, les filles ! Si on parle toutes à la fois on n’y arrivera jamais…
– C’est qu’on est tout excitées…
– Mais alors finalement il va venir Escobar aujourd’hui ou il va pas venir ?
– Il a intérêt ! Parce que c’est pas la peine qu’on se crève à lui faire un fan club s’il se pointe même pas…
– Il va pas venir, non… Il est pas au courant… C’est bien mieux de tout mettre en place et qu’il ait la surprise…
– Oui, mais alors ça va consister en quoi exactement ce club ?
– C’est justement pour y réfléchir qu’on est là… Et pour décider…
– La première chose, ce serait peut-être de se débrouiller pour les faire connaître le plus possible ses dessins…
– Mais ils le sont déjà !
– Pas par tout le monde…
– Et tu veux t’y prendre comment ? Moi, je me vois franchement pas débarquer au boulot avec tout ça sous le bras… « – Les filles, je veux vous montrer un truc… Vous allez voir, c’est génial ! » Qu’est-ce que j’entendrais pas !
– Tu te prendrais une fessée…
– Ça doit être super une fessée au boulot… Comment j’aimerais ça, moi !
– Moi aussi ! Et je sais déjà qui j’aurais envie qui me la donne…
– Bon, les filles ! On n’avance pas, là…

– Ce qu’on pourrait peut-être, c’est lui donner des idées…
– Ça va le vexer… Ça a l’air de dire qu’il en a pas…
– Mais non ! C’est pas ça… Mais si on lui raconte des trucs qui nous sont arrivés ça peut lui donner envie de faire des dessins dessus…
– Ça me plairait bien, ça, à moi aussi ! Mais alors faudrait pas qu’on me reconnaisse… Qu’il change ma figure…
– Un autre truc aussi qu’on pourrait faire, ce serait de les mettre en scène ses dessins… Pas tous, mais certains… D’imaginer une histoire dessus et de se distribuer les rôles…
– À quoi ça l’avancerait, lui ?
– On irait lui jouer… Il aimerait bien… Je suis sûre qu’il aimerait bien…
– Et en plus ça nous donnerait un prétexte pour aller le voir…
– Oui, mais alors pour ça, pour se partager les rôles, faudrait d’abord qu’on sache qui aime quoi…
– C’est facile… Celles qui préfèrent la donner la fessée, à droite… Celles qui préfèrent la recevoir, à gauche…
– Et celles qu’aiment les deux ?
– Au milieu… Bougez plus, je note…

– Ce qu’il nous faudrait aussi, c’est un signe de ralliement… Un insigne… Quelque chose…
– Pour que tout le monde nous reconnaisse dans la rue ? Merci bien…
– Non, mais de discret… Qui se voit pas comme ça… Mais que nous on sache…
– Là-dessus, moi, j’ai une idée… Vous allez voir…
– Qu’est-ce qu’elle fait ?
– Apparemment elle montre ses fesses…
– C’est quoi qu’elle se peint dessus ?
– La signature d’Escobar… Tu reconnais pas ?
– Ah, oui ! Si ! Même qu’elle l’imite drôlement bien…
– Oui, mais le problème, c’est que ça va s’effacer…
– Et vite fait…
– Pas si on se la fait tatouer…
– Tatouer ?! Non, mais alors là t’imagines ? Ça va rester…
– Justement ! Raison de plus !
– Oui, mais non… Parce que les mecs, quand tu seras avec, ils vont se demander ce que c’est… Ils vont te poser des questions…
– Les mecs ? Ben de deux choses l’une… Ou ils sauront pas ce que c’est et c’est facile de leur raconter n’importe quoi ou ils sauront et alors là pour toi ça peut avoir plein d’avantages… Mais vraiment plein… Faut pas que je te fasse un dessin quand même ?
– Ouais… C’est pas con, ça…
– Et puis même… Même… Sans parler de ça… Comment ça me plairait, moi, de me dire que j’ai la signature d’Escobar tatouée là… Et que quand j’en prendrai une de fessée c’est par-dessus qu’elle viendra s’imprimer…
– Et moi donc !
– Moi aussi ! Alors ça… moi aussi !
– Bon, ben déjà on pourrait décider qu’on peut en faire partie de son fan club que si on l’a le tatouage…
– Bonne idée… Allez, on vote… À main levée… Qui est pour ? Adopté… À l’unanimité…

( à suivre )

( 1 ) voir Escobarines : Peintures

lundi 5 mars 2012

Souvenirs d'avant ( 36 )

36-

Un type, juché sur un tonneau… Une cocarde tricolore fichée dans son tricorne…
– Eh bien, citoyens, qu’entends-je dire ? Paris se révolte contre le tyran… La France se dresse contre les nobles qui la saignent… Et vous ? Que faites-vous ? Rien… Vous ôtez votre chapeau devant les puissants… Vous ployez le dos sous les coups de vos maîtres… Qu’attendez-vous pour leur faire rendre gorge ? Leurs greniers sont pleins et ils vous affament… Combien de temps encore le supporterez-vous ?

– Il a raison…
– Là-haut ! Tout le monde là-haut !
Armée de fourches et de bâtons notre petite troupe s’ébranle…
De tous côtés on nous encourage… De tous côtés on se joint à nous…
La clameur enfle…
– Sus aux affameurs !

Les grilles cèdent sous la poussée…
– Par ici ! Par ici !
Les portes ont été verrouillées… Elles volent en éclats…
Deux valets – ceux-là mêmes qui m’ont fouetté – veulent nous barrer la route… On les repousse… On les immobilise…
– Elles sont où vos maîtresses ?
Ils ne savent pas… Prétendent ne pas savoir…
– Fouillez ! Fouillez partout !
C’est la ruée… Dans le salon d’apparat… Dans les cuisines… Dans les chambres… On abat des cloisons… On arrache des parquets…

– Les voilà ! On les a !
Les deux damoiselles… Apeurées et tremblantes…
– Ah, on fait moins les fières…
– Qu’on les pende ! Qu’on les pende haut et court…
Elles se jettent à genoux…
– Pitié ! Non… Pitié…
Une femme hurle…
– De la pitié ?! De la pitié, dites-vous ?! En avez-vous jamais éprouvé, vous, de la pitié, quand mes enfants tremblaient de faim et de froid ? Quand je suis venue vous supplier de ne pas les laisser mourir ? En avez-vous éprouvé quand, pour une brouette de bois, vous avez fait fouetter mon mari ?
– Ce n’est pas nous… Nous…
– Vous ? Vous vous réjouissiez tant et plus du spectacle…
– Qu’on les fouette ! À notre tour de nous amuser ! Qu’on les fouette !

Et elles se jettent sur elles… À dix… À douze… À quinze… Elles les dépouillent de leurs vêtements… Les leur arrachent…
Nues… Nues comme au premier jour…
– Pour danser vous allez danser, vous aussi !
– Et chanter…
Des ceintures se tendent…

– Là… C’est bien… Mais plus haut ! Encore plus haut ! Faites un effort quand même ! Tout le monde vous regarde… C’est mieux, oui ! Beaucoup mieux…

– Qu’est-ce qu’il y a ? Ça fait mal ? Rien de plus naturel… C’est fait pour ça…
– S’il vous plaît ! Par pitié…
– Quoi donc ? Arrêter ? Vous n’y pensez pas ! Juste quand ça commence à devenir réjouissant… Allons ! Allons ! Soyez sages… Sinon…

– Cessez ! Cessez immédiatement ! C’est un ordre…
Elle… La maîtresse… En haut de l’escalier…
– Un ordre, dis-tu ? Les ordres maintenant ici, c’est nous qui les donnons…
– Laissez-les !
– À une condition… Que tu te dénudes et que tu viennes prendre leur place…
Ce qu’elle fait… Aussitôt… Sans l’ombre d’une hésitation…
Le silence…
On s’écarte pour la laisser passer…
– À genoux ! À genoux, j’ai dit… Là… Et ce sont tes valets qui vont te fouetter… Approchez, vous deux ! Allez !

jeudi 1 mars 2012

Escobarines. Casting
























– Vous savez quoi, les filles ? Je vous le donne en mille… Daphné…
– Eh ben quoi « Daphné » ?
– Elle est en train de tourner dans un film…
– Daphné ? Un film ? Dans ses rêves, oui !
– Non, non… J’ai vu le contrat…
– C’est un film de cul alors…
– Pas vraiment…
– Ça veut rien dire « pas vraiment »… Ou c’en est un… Ou c’en est pas un…
– Il y a pas de sexe… C’est juste qu’elle y reçoit la fessée…
– Grand bien lui fasse !
– N’empêche que pour rapporter ça rapporte… Gras…
– Ça peut bien rapporter tant que ça veut… Faut vraiment pas être bien dans sa tête pour accepter des trucs pareils …

– On voulait te voir, Daphné…
– Paraît que tu tournerais dans un film à ce qui se dit…
– C’est vrai, oui…
– Même que ça te rapporterait gros… Sauf qu’il faut… Ça doit faire drôlement mal, non ?
– Ah, ça ! On te ménage pas… Mais faut pas exagérer non plus… C’est quand même très supportable…
– Et… tu sais pas s’ils en chercheraient pas d’autres des actrices des fois ?
– Il y a régulièrement des castings pour en recruter…
– Qui se passent comment ?
– Comme des castings… On te fait jouer un bout de quelque chose et puis après on vérifie que tu les supportes bien les coups de martinet… Parce que si c’est pour les planter en plein tournage ça les intéresse pas… Ce qu’on peut comprendre…

– Ça fait quand même une sacrée masse de pognon… D’un côté ça me tenterait bien…
– Moi aussi…
– Mais de l’autre j’ai pas franchement envie…
– Moi non plus…
– Ni moi…
– Si on était sûres qu’ils te tapent pas trop fort encore…
– Oui, mais ça !
– Elle a dit que c’était supportable Daphné…
– Pour elle ! Mais moi, j’en sais rien du tout… Jamais j’en ai reçu du martinet, moi ! Jamais…
– Vous me faites rire, les filles… Vous me faites vraiment rire toutes les trois à discuter dans le vide comme ça depuis huit jours… Parce que le seul moyen de savoir, c’est d’essayer…
– Peut-être, oui… À condition d’y aller doucement…
– C’est vrai que sinon on va continuer à tourner en rond comme ça pendant un bon moment…
– Seulement qui c’est qui nous le ferait ?
– Ben moi, si vous voulez…
– Oui, mais alors t’arrêterais dès qu’on te le demande, hein ?!
– Ça… Évidemment ! Ça coule de source…
– Et puis ce qu’il faudrait aussi, c’est qu’elle soit là Daphné… Qu’elle puisse nous dire ce qu’elle en pense… Si ça vaut le coup qu’on y aille au casting… Tout ça…

– Oh, quand même ! Elle a pas tapé bien fort…
– Ah, parce que tu trouves, toi ?!
– C’était rien ça… Vous verrez au casting…
– Oui, ben il y a pas de risque que je m’y pointe, moi, alors…
– Moi non plus ! Ça fait un mal de chien… Et si j’avais su que ce soit ça…
– Et toi, Cynthia ?
– Moi, j’ai pas trouvé que c’était si épouvantable finalement…
– Je sais pas ce qu’il lui faut…
– En tout cas il y a que toi qu’as pas demandé qu’on arrête…
– Les dix-quinze premiers coups, oui, c’est pas évident… Mais après… Ça s’engourdit… Ça t’arrive comme à travers un filtre… Et ça en devient presque agréable à la longue…
– Agréable ?! Elle est folle !… Elle est complètement folle…
– Si, c’est vrai, hein !

– Si elles savaient !
– Qu’il y a jamais eu de film…
– Ni de casting…
– Et qu’il y en aura jamais…
– Je t’avais dit… Je t’avais que j’y arriverais… Je te l’avais pas dit ?
– Je t’adore…
– Tu as aimé ?
– Je serais difficile…
– Tout ce que tu veux je ferai toujours pour toi, ma Daphné… Tout… Tout ce qui te fera plaisir… Tout ce que tu voudras… Demande… Demande et tu auras…