mardi 29 septembre 2015

Fessées croisées2 (7)

9 août


– Enzo avait une copine… Ivan était marié… Ton soupirant actuel aussi… C’est une constante chez toi, dis donc…
– Ça se trouve comme ça… C’est un pur hasard…
– À moins que…
– Me dis pas ça, Gilles… S’il te plaît, me dis pas ça…
– Pourquoi ? Parce que tu sais que c’est vrai ?
– Mais jamais de la vie enfin !
– Tu la connais la femme d’Ivan ?
– Non… Bien sûr que non… Comment tu veux ?
– Elle a été au courant pour vous ?
– Je crois, oui… En tout cas, c’est ce qu’Ivan m’a laissé entendre…
– Et t’as pas cherché à savoir ?
– À savoir ? Mais à savoir quoi ?
– Comment elle l’avait vécu, elle, ta relation avec son mari…
– Je me suis pas posé la question…
– Tu t’en fichais…
– Mais non, mais…
– Bien sûr que si que tu t’en fichais ! Du moment que tu pouvais t’envoyer en l’air tant et plus avec Ivan… Le reste, pour toi, ça ne présentait pas le moindre intérêt…
– J’étais…
– Dans un état second… Je sais… Tu l’as déjà dit…
– Mais pourquoi tu me parles d’elle ?
– Tu sais ce qu’elle est devenue ? Ce qu’ils sont devenus ?
– Comment je pourrais ? Je l’ai complètement perdu de vue Ivan…
– Eh, bien, je vais te le dire, moi ! Quand tu as eu disparu de leur existence, ils ont essayé de reprendre cahin caha une vie de couple normale… Avec des hauts… Avec des bas… Ils n’y sont jamais parvenus… Elle n’a jamais réussi à lui pardonner… Si bien qu’ils ont fini par se séparer… Définitivement…
– Je suis désolée…
– Tu peux bien l’être tant que tu veux… Ça ne changera strictement rien à la situation… Ah, t’en auras fait du dégât, ça, on peut pas dire…
– C’est pas de ma faute…
– Pardon ?
– Non… Rien… Excuse-moi ! Tu vas me punir ?
– Uniquement si tu estimes, en conscience, l’avoir mérité…
– Évidemment que je l’ai mérité… Et puis…
– Et puis ?
– Maintenant que je sais… Que tu m’as dit… je vais culpabiliser comme une malade… Tandis que si tu me punis…
– T’auras payé… Et tu te sentiras mieux… Beaucoup mieux…
– Voilà, oui…
– Et ce qui serait encore plus efficace, ce serait que ce soit Emma elle-même, la femme d’Ivan, qui te la donne cette fessée… Non ? Tu crois pas ?
– Peut-être, oui… Sûrement même… Seulement c’est pas possible, ça…
– Bien sûr que si ! Dans une heure elle sera là…



11 heures


Une grande femme brune… Sèche… Hautaine… Qui m’a fixée, d’emblée, droit dans les yeux… J’ai baissé les miens…
– Alors comme ça c’est toi… Fais-toi voir…
Son doigt sous mon menton… Pour m’obliger à relever la tête…
– Ça m’étonne pas… T’as bien la gueule à ça… À foutre le bordel dans les couples des autres… C’est ton petit plaisir, ça, hein ?
– Mais non, mais…
– Déshabille-toi, va ! Ça vaudra mieux que de raconter n’importe quoi…
Je n’ai pas discuté… Je me suis exécutée… Lentement… De plus en plus lentement… Je me suis interrompue…
– Eh bien ? La culotte ! Elle mettait moins de temps à tomber quand il s’agissait de te faire troncher par Ivan, hein ?
Je l’ai retirée… En lui tournant le dos…
Elle a ri…
– C’est ça ! Mets-toi dans le bon sens…
Une brusque poussée au creux des reins… J’ai été projetée, à plat ventre, sur le canapé… Et ça a cinglé… Aussitôt… Un martinet… Qui s’est abattu et réabattu… Dix fois… Vingt fois… Trente fois… Inlassablement… À pleines fesses…
– Ah, t’en as pris du bon temps… T’en as pris… Eh bien chacun son tour…
Ça a été encore plus fort… Plus rapproché… J’ai gémi… J’ai crié…
Ça s’est arrêté d’un coup…

C’est Gilles qui m’a fait relever…
– Remercie Emma… Elle t’a remise en paix avec toi-même…
– Oui… Merci, Emma… Merci…

vendredi 25 septembre 2015

Escobarines: BTS

Dès qu’il est là, derrière moi, à surveiller l’écran par-dessus mon épaule, je perds tous mes moyens… J’aligne des chiffres… Je me trompe… J’en suis sûre… Mais où ? Tout se brouille… Je me trouble… Je panique… Je ne sais plus ce que je fais…
Il me prend calmement la souris des mains… Il corrige…
– Là… Là… Là… Et encore là…
Il soupire… Et s’éloigne en haussant les épaules…

Dix minutes… Un quart d’heure… Il revient… Et ça recommence… En pire…
– Vous êtes vraiment sûre de vouloir passer un BTS, Gaëtane ?
Je balbutie… Je bégaie…
– Oui… Enfin je crois… J’aimerais bien… Si je pouvais…
– Ben, on peut pas dire que ce soit gagné…

Il est furieux…
– Qui c’est qui m’a pondu ce torchon ? C’est vous, Gaëtane, hein ? Évidemment ! Ça peut être que vous… Et personne n’a eu l’idée de repasser derrière elle ? Suffit que je m’absente trois jours pour que tout aille de travers dans cette boîte… Ah, il est content le client… Ça fait plaisir… Il est content… Pour des beaux rigolos on passe… Non, mais qui c’est qui m’a fichu des stagiaires pareils ? Une bonne fessée tu mériterais, tiens !
Je me liquéfie… Je suis écarlate…

Une bonne fessée je mériterais… Il l’a dit… Devant tout le monde… Il y en a une qui a ri… Je l’ai entendue… Une autre qui m’a regardée avec un air, mais un air ! J’y pense… J’ai honte… Je chasse… J’essaie… Ça revient… Ça n’arrête pas de revenir… Tout le temps…

Il se penche… Son souffle dans mon cou…
– C’est mieux… C’est beaucoup mieux… Mais ça, c’est depuis l’autre jour quand…
Je m’agite sur mon siège… Je tourne désespérément mon stylo entre mes doigts… J’en suis ridicule…
– Quand je t’ai menacée d’une fessée…
Il me donne le coup de grâce… À mi-voix…
– J’aurais peut-être dû te la flanquer vraiment… Il serait parfait ton travail…

Je me tourne et me retourne dans mon lit… Les idées se bousculent… Les images m’assiègent… M’envahissent… Elles s’installent… Il est là… Avec elles… Il se penche sur moi… Il exige, péremptoire… « Tourne-toi ! » Je ne bouge pas… Je me cramponne, des deux mains, aux barreaux du lit… « J’ai dit : tourne-toi ! » Non… Je suis inertie… Bloc d’inertie… Une grande claque, à toute volée, sur la cuisse… Une seconde… « Tu vas te retourner, oui ! » Je pousse un cri… J’obéis… « Ah, ben voilà… À quoi ça te sert de faire la mauvaise tête, tu peux me dire ? Puisque tu devras en passer de toute façon par ce que j’ai décidé… » Je ne réponds pas… Je m’enfouis dans l’oreiller… « Ta culotte de pyjama… Baisse-la! Plus bas! Allez! » Et ça claque… Ça dégringole… Je gémis… Je bats des jambes… Je bondis du derrière… Je hurle… Je supplie… Qu’il arrête… Par pitié… Tout ce qu’il voudra je ferai… Il n’arrête pas… Je n’arrête pas…

Je reste longtemps effondrée, en larmes, sur le lit… Il me passe doucement – très doucement – la main dans les cheveux… Il me fait relever… 
Asseoir sur ses genoux… Il me câline… Me parle tout bas à l’oreille… « Tu feras plus la vilaine fille ? Tu me promets ? Tu prendras ton travail à cœur ? Tu feras tous tes efforts ? » J’acquiesce à tout… Oui… Oui… Et ça vient… D’un coup… Ça me transperce… Ça me fulgure… Je sanglote mon plaisir, éperdue, suspendue à son cou… Ivre de reconnaissance…

« Au coin… Tu vas au coin maintenant… Et tu n’en bouges pas… Jusqu’à ce que je te le dise… » Il ne le dit pas… J’y reste… Je ne bouge pas… Il l’a voulu… Il le veut… Le jour se lève… J’y suis encore… Mon réveil sonne… Il me libère… « Va vite… Va vite te préparer… »

J’ai des cernes sous les yeux… Les fesses me cuisent… Il ne sait pas… Il ne sait pas que cette nuit… Personne ne sait… C’est mon secret… Je me mets au travail… Je suis bien… Je suis heureuse…

(à suivre)

mardi 22 septembre 2015

Fessées croisées2 (6)

13 heures 30


– Tu veux faire quoi cet après-midi ?
– Je sais pas…
– Même pas une petite idée ?
– Non… Pas vraiment, non…
– Pas vraiment… Donc, un peu quand même… Ce que tu te demandes en fait, c’est si ton soupirant d’hier sera encore là aujourd’hui… Et tu crèves d’envie d’aller vérifier… Non ? C’est pas ça ?
– Non… Enfin si… Mais c’est pas pour ce que tu crois…
– Ce que je crois surtout, c’est que si t’y vas pas, ça va t’encombrer la tête… Demain… Après-demain… Et tous les jours qui suivront… Et que, de toute façon, tu finiras par y aller… Alors autant que t’y ailles tout de suite… Ce sera fait…
– Oui, mais…
– Mais quoi ? Il y a un risque ? Évidemment qu’il y a un risque… Tu le sais et je le sais… Surtout après notre conversation de ce matin… Qui a dû te faire remonter plein de choses… Les réactiver… Mais, quelquefois, ne pas le prendre le risque, c’est, à terme, encore plus risqué que de le prendre… Non ? Tu crois pas ?

Gilles a garé la voiture dans une petite rue latérale…
– Je bouge pas d’ici… Je t’attends… Prends tout ton temps…

J’étais à peine assise qu’il a surgi…
– Je le savais que vous reviendriez… J’en étais sûr…
– Oui, ben rêvez pas ! Ça n’a rien à voir avec vous… C’est juste que l’endroit me plaît et que je m’y sens bien…
– En attendant, vous avez bien meilleure mine qu’hier…
– J’ai mieux dormi…
– À moins que…
– Que quoi ?
– Une femme, quand elle plaît, qu’elle sent qu’on la désire, tout de suite ça la change du tout au tout… Ça l’illumine de l’intérieur… Et là, vous resplendissez…
– Et vous seriez l’artisan de cette métamorphose ?
– Je pense y contribuer, oui…
– Petit prétentieux ! Et vous avez raconté ça à combien de femmes depuis hier ?
– Depuis hier ? Je ne pense qu’à vous…
– Mais bien sûr ! Je vais vous croire…
– C’est pourtant vrai… Et vous ? Vous avez pensé un peu à moi ?
– Non…
– Il est bien timide votre non… Je suis sûr que si… Que vous avez imaginé que je vous serrais dans mes bras… Au moins ça…
– Et puis quoi encore !
– Ça viendra peut-être…
– Oui, ben alors là… Sûrement pas…
– On ne sait jamais de quoi demain sera fait…
– Mais de quoi il ne sera pas fait, si !
– Oui, oh, alors ça !
– Je suis mariée…
– Moi aussi… Ça m’empêche pas de vous trouver à mon goût…
– Taisez-vous ! Il ne faut pas…
– Et vous de me trouver au vôtre…
– Vous vous l’imaginez…
– Il y a des signes qui ne trompent pas…
– Ah, oui ? Et lesquels selon vous ?
– Ça, c’est mon secret… Que je ne vous dévoilerai pas… Vous vous efforceriez de les dissimuler… Vous vous compliquez beaucoup trop la vie, petite madame… Laissez-vous aller… Laissez parler votre corps… Vos désirs…
Il m’a posé la main sur la cuisse… Je l’y ai laissée… Je ne l’ai pas repoussée… Quelques secondes… Quelques secondes de trop… Et puis je me suis levée…
– Faut que j’y aille…
Il m’a tendu un petit bout de papier…
– Mon 06… Si vous voulez… Quand vous voudrez…
Je l’ai pris… Et je me suis enfuie… Sans me retourner…

– Alors ?
– Oh, ben alors, rien…
– Tout ce temps-là pour rien ?
– On a parlé…
– Et ?
– Il a envie de coucher avec moi, ça, c’est sûr…
– Et toi aussi…
– Peut-être un peu, oui…
– Un peu ? T’en crèves d’envie…
J’ai posé ma tête sur son épaule…
– Il me trouble… Si, c’est vrai… Comment il me trouble…

mardi 15 septembre 2015

Fessées croisées2 (5)

8 Août


– Elle s’estompe… Cette fois elle s’estompe vraiment cette fessée… Demain… Après-demain au plus tard il faudra la réactiver…
– À cause de ce type, hier, au café ?
– Ou d’un autre type… Dans un autre café…
– Qu’est-ce que tu veux dire ?
– Ivan aussi, c’est dans un café que tu l’as rencontré, non ?
– Ivan ?
– Ivan, oui…
– Alors comme ça, tu sais… Pour lui aussi, tu sais…
– Il y a beaucoup de choses que je sais et que tu ignores que je sais… Bon, mais Ivan…
– Comment t’as su ?
– Ça n’a aucune importance comment j’ai su… Parle-moi de lui plutôt…
– C’est pas facile…
– Je vais t’aider alors… Le café s’appelait « Le Marigny »… Tu y étais attablée devant une limonade… Ivan a fait son apparition… Dix minutes après il te sautait dans les chiottes…
– Pas dix minutes, non !
– Vingt ? Trente ? On n’est pas à quelques minutes près… Et ça change quoi au fait qu’il t’a tirée dans les chiottes ?
– J’étais dans un état second… Je savais plus ce que je faisais… Si, je t’assure, Gilles…
– Le lendemain aussi ? Et les jours suivants ? Ça dure, chez toi, dis donc, les états seconds…
– Non, mais c’est vrai, hein ! C’était complètement fou ce truc… Quelque chose hors du temps… Hors de tout… Je sais pas comment expliquer…
– Essaie quand même…
– Du désir pur c’était… Brut… Que c’est même pas la peine d’essayer de résister… Que t’y arriveras pas de toute façon…
– C’est un peu facile, non ?
– Mais c’est vrai ! Je te jure que c’est vrai… Dès que je l’ai vu, j’ai su que ça allait se passer comme ça… Qu’il allait pouvoir me demander tout ce qu’il voulait… Et que ce qu’il voulait, j’en crevais moi aussi d’envie… On s’est pas dérobés… On s’est regardés… J’ai pas baissé les yeux… Pas une seule fois… Même quand il s’est levé… Qu’il s’est approché… Il m’a prise par la main… Sans un mot… Et il m’a emmenée en bas… Il nous y a enfermés… Et ça a été là, comme ça, contre la porte… Tout de suite… Sans même me déshabiller… Avec juste la culotte ramenée sur le côté… À toute allure c’est venu… Pour lui… Mais aussi pour moi… Et alors là d’une façon ! Jamais j’avais connu ça, moi ! Je pensais même pas que ça pouvait exister…
– Et t’as plus eu qu’une idée en tête… Recommencer…
– Ben oui… Mets-toi à ma place… Sauf qu’il était parti comme un voleur… Et que j’avais beau venir y passer mes journées au Marigny… Du matin au soir… Pas d’Ivan… Personne le connaissait là-bas… Personne pour me mettre sur une piste quelconque… J’étais dans un état !
– Et c’est moi qui trinquais… Tu étais d’une agressivité à mon égard…
– Je suis désolée… Je…
– On verra ça plus tard… Continue !
– Et juste comme j’allais désespérer… Que j’étais en train d’en prendre mon parti… Je ne le reverrais plus…
– Il a ressurgi…
– Comme la première fois… Exactement pareil… Sauf que là il s’est pas assis… Il est venu droit sur moi et il m’a emmenée… À l’hôtel en face… On y a passé l’après-midi… Et toute la nuit… Plus rien d’autre ne comptait… Que nous deux… Que notre désir l’un de l’autre… Sa femme n’existait plus… Tu n’existais plus… Tout juste si j’ai pris le temps de te prévenir que je ne rentrerais pas… Je sais même plus ce que je t’ai donné comme prétexte d’ailleurs…
– Que ta copine Amanda était au trente-sixième dessous… Que tu pouvais pas la laisser toute seule… Que t’avais peur qu’elle fasse une bêtise…
– Ah, oui, c’est vrai… Je me rappelle maintenant…
– Trois mois vous êtes restés sur votre petit nuage… Et puis, du jour au lendemain…
– Ça nous est passé, oui… Comme ça nous était venu…
– Le désir, une fois qu’il est assouvi, s’il y a rien d’autre à côté…
– T’as toujours su alors ? Tout du long…
– Pour pas se rendre compte… Ça te transpirait de partout…
– Oui, mais que c’était Ivan ? Et les détails… Le Marigny… Tout ça…
– Tu prenais si peu de précautions que c’était un jeu d’enfant que de te suivre à la trace… Quant aux clients du Marigny, ils sont très bavards… Même quand on leur demande rien…
– Je vois… Et tu n’as rien dit ? Tu m’as pas volé dans les plumes ?
– Ça aurait avancé à quoi ? Tu te serais braquée… Ça aurait dégénéré… On se serait peut-être séparés… Sûrement même… Tandis que là… Tu as vécu ce que tu avais à vivre… Que tu ne pouvais pas ne pas vivre…
– Et c’est maintenant que tu me présentes la note… Cinq après…
– C’est le bon moment… Tu es décidée à la payer… Tu sais qu’il faut que tu la paies…
– Ce sera quand ?
– Bientôt… Très bientôt…

vendredi 11 septembre 2015

Escobarines: Le voisin (3)

– Qu’est-ce t’as fait de beau aujourd’hui ?
– Rien… Rien de spécial…
– Ça, ça veut dire que t’as passé ton après-midi à mater le voisin… Comme d’habitude…
– Non… Il était pas là le voisin aujourd’hui… Il y avait pas sa voiture…
– Qu’est-ce t’as dû t’ennuyer !
– Oh, non… Non… J’avais plein de trucs à faire…
– Quoi, par exemple ?
– Plein de trucs…
– Monter longuement contempler ton derrière dans la grande glace de la salle de bains ?
– Mais non, mais…
– Mais si ! Tu peux pas t’en empêcher après une bonne fessée… Et celle de ce matin était particulièrement incisive… T’as dû passer un temps fou à mesurer l’étendue des dégâts… T’adores ça… Non ? Je me trompe ?
– C’est vrai que…
– Ah, tu vois ! Et ça t’a donné des idées…
– Des idées ?
– Tu sais très bien de quoi je veux parler… Et alors ? C’était bon ? Oui, hein ? T’avais baissé le store, j’espère ?
– Oui…
– Menteuse ! C’était bien plus excitant de pas le descendre… Et de t’imaginer qu’il était là, au-dessus, à te regarder faire… Il y était peut-être vraiment d’ailleurs…
– Mais non ! J’t’ai dit… Il y avait pas sa voiture…
– Sa voiture, non… Il l’avait laissée au garage… Mais lui, il était à la maison…
– Hein ? C’est vrai ? Mais pas là-haut ? Dis-moi pas qu’il était là-haut…
– Peut-être que non… Et puis peut-être que oui… Va savoir… Il a peut-être eu envie d’aller faire un petit tour dans son grenier… C’est son droit… Il est chez lui après tout…
– Non, mais pour quoi je vais passer, moi, s’il croit que je l’ai fait exprès ? Que je savais qu’il était là…
– Ce qu’est peut-être le cas… Bel alibi la voiture pour jouer les innocentes…
– Non, Rémi, non… J’te jure… Je savais pas…

– Quand bien même il t’aurait vue à l’œuvre tout-à-l’heure, ce serait pas un drame… Parce que ce serait pas la première fois…
– Qu’est-ce que c’est que cette histoire ?
– On vient de discuter un bon moment tous les deux, là, en bas… Et, pendant que tu te régales à l’observer pendant des après-midis entières, lui, il se régale à t’observer en train de l’observer… Et à constater, avec délectation, que tu ne te contentes pas de l’observer…
– J’en crois pas un mot… On peut pas me voir derrière le rideau…
– Oh, que si ! Si ! Parce qu’il y a la fenêtre… Qui, dans certaines conditions de luminosité, constitue un véritable miroir…
– Mais je savais pas… C’est dégueulasse…
– Oui, hein ! Lui offrir comme ça, de façon éhontée, le spectacle de tes turpitudes… Tu l’as dit : c’est vraiment dégueulasse… Là-dessus on est tombés parfaitement d’accord tous les deux… Une sanction s’impose… Qui te fasse passer à tout jamais l’envie de recommencer… Non ? Tu crois pas ?
– Je sais pas… Je…
– Mais si, tu sais ! Tu sais même très bien…
– Il sera là ? Il va assister ?
– C’est lui le premier concerné… La première victime de tes agissements… Alors il va assister… Oui, bien sûr… C’est la moindre des choses… Tiens, le v’là justement…

– Comment elle était bonne cette fessée, hein ? Bien meilleure encore que d’habitude… Non ? Pourquoi tu veux pas le dire ? Parce que Jérémie est là ? Oh, mais il a vu… Il s’est rendu compte… Il aurait fallu qu’il soit aveugle – et sourd – pour pas s’en apercevoir…
– J’ai honte…
– T’étais même à deux doigts de jouir vers la fin… Il s’en est vraiment fallu d’un rien…
– Rémi…
– Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a, ma chérie ? C’est frustrant, pour toi, de pas être arrivée au bout ? C’est ça ? Oh, mais pour nous aussi, tu sais… On aurait aimé… Beaucoup… Cela étant, il n’est jamais trop tard pour bien faire…
– Me dis pas ça, Rémi ! Me dis pas ça ! S’il te plaît… J’ai trop envie… Je vais pas pouvoir m’empêcher…
– Eh, bien t’empêche pas ! Personne te le demande… Au contraire…
– Je suis folle… Mais je peux pas… Je peux pas… Je vais jouir, Rémi ! Ça vient… Je vais jouir…

mardi 8 septembre 2015

Fessées croisées2 (4)

14 heures


– Le jour où tu l’as rencontré Enzo, t’étais habillée comment ?
– Pourquoi tu me demandes ça ?
– Parce que… T’étais habillée comment ?
– Comment tu veux que je me rappelle…
– Mais bien sûr que si que tu te rappelles…
– Peut-être ma robe rouge… Oui, c’est ça… Ça me revient… Ma petite robe rouge…
– Pas étonnant qu’il ait craqué Enzo… Passe-la !
– Hein ? Mais pour quoi faire ?
– Tu verras bien… Vas-y ! Mets-la !

– Mais où tu m’emmènes ?
– Tu commences pas à t’en douter un peu ?
– Ben… Dans la mesure où on est à Toulon…
– Où tu as d’excellents souvenirs, non ?
– Tu vas pas…
– Te remmener boire un coup là-bas ? Si ! Que tu poses ton petit derrière si joliment puni par Nathalie sur la chaise même où tu as fait la connaissance de son petit ami… La boucle sera bouclée… Et on pourra passer définitivement à autre chose… C’est pas une bonne idée ?
– Je sais pas… Peut-être… J’en sais rien…

– C’était cette chaise-là ?
– Oui… L’autre, c’était Christine…
– T’as de la chance… Elle est libre… Bon, ben je te laisse…
– Comment ça, tu me laisses ? Tu vas où ?
– Un peu plus loin là-bas… Je te laisse méditer sur tout ça… En toute tranquillité… Ça devrait te faire le plus grand bien…

Dès que je l’ai vu s’approcher le type, l’air faussement distrait, j’ai su qu’il allait le faire… Qu’il allait s’installer à la table d’à côté… Ce qui n’a pas loupé…
– Il y a quelqu’un là ?
– Vous voyez bien que non…
– Vous pourriez attendre des amis… Et avoir besoin de la table… Des chaises…
– Ce n’est pas le cas…
– Oui, hein ! Moi, c’est pareil… Pour se faire des amis aujourd’hui…
– En ce qui me concerne en tout cas j’en ai…
– Ben, on dirait pas… Vous êtes là, toute seule, avec la tête de quelqu’un qui vient d’enterrer toute sa famille…
– Vous inquiétez pas pour moi… Prenez pas cette peine… Tout va très bien…
– Ben, vous en avez de la chance ! Parce que moi… Oh, mais je vais pas vous prendre le chou avec mes problèmes… Vous vous en fichez n’importe comment…
– Elles ont toujours une fin les mauvaises passes…
– Vous vous rendez pas compte dans quelle situation je suis… Non… Vous pouvez pas… Parce que voilà cinq minutes que je discute avec une super nana… Une beauté à se mettre à genoux devant… Que je me dis que c’est peut-être la femme de ma vie… Et que si je ne trouve pas les mots pour la retenir, pour lui donner envie de me revoir, elle va disparaître à tout jamais…
– Pauvre malheureux que vous êtes…
– Si vous saviez ! C’est désespérant…
Je me suis levée…
– Vous vous en remettrez…
– On se reverra ? Laissez-moi au moins un espoir…
– Je crois pas, non…
Et je me suis éloignée… J’ai regagné la voiture…

– Ah, ben bravo !
– Mais enfin, Gilles ! Qu’est-ce que je peux y faire, moi, si un type il vient s’asseoir à la table d’à côté…
– T’étais pas obligée de discuter avec…
– Vu comment elle s’était engagée la conversation, c’était impossible de pas lui répondre…
– Ben, voyons !
– Si, c’est vrai, hein !
– Ça te déplaisait pas… Ça se voyait comme le nez au milieu de la figure… Et je suis bien tranquille que si tu m’avais pas su là, derrière, ça aurait duré beaucoup plus longtemps… T’y aurais passé l’après-midi… Et après…
– Tu te fais un film, Gilles, je t’assure…
– Regarde-moi ! Il te plaisait pas ce type ?
– Peut-être un peu…
– Un peu plus qu’un peu, non ?
– Il avait du charme… Et puis des yeux… C’est fou des yeux comme ça…
– Des yeux pleins de désir pour toi… Et ça, c’est quelque chose à quoi tu n’as jamais pu résister…
Je me suis blottie contre lui… Il m’a doucement caressé la joue…
– Qu’est-ce qu’il va y en avoir des fessées en attente…
– Tant que tu voudras, Gilles… Tout ce que tu voudras…

mardi 1 septembre 2015

Fessées croisées2 (3)

7 Août


Un doigt sur mes fesses… À en épouser interminablement les contours… À y dessiner courbes et arabesques… Il y a posé les lèvres…
– Qu’est-ce que c’est beau comme ça… Le lendemain… Le surlendemain… Quand ça a viré… Un chatoiement de couleurs… De noirs profonds… De violets subtils… De jaunes incandescents… De rouges miraculeux… C’est magnifique… C’est émouvant… Très… Mais pour arriver à ce résultat-là…
– Il faut qu’on ait mis le paquet…
– Et elle l’a mis…
– Elle m’en voulait à mort…
– Ce qu’on peut comprendre… T’avais couché avec son mec…
– Je sais, oui… Elle me le faisait payer… Et il y avait quelque chose en moi qui lui donnait complètement raison… Qui trouvait même qu’elle en faisait pas assez… Que les claques qu’elle m’assénait sur les fesses… Que les mots de rage qu’elle me disait en même temps, c’était rien… C’était pas suffisant… Ça méritait beaucoup plus que ça ce que j’avais fait…
– Et ça mérite encore…
– Ah, ça, c’est sûr…
– Il y a autre chose aussi qui mérite…
– Quoi donc ?
– Tu as beaucoup montré, à ce qu’il paraît, pendant cette fessée… En fait tu n’as rien laissé ignorer à l’assistance de ton anatomie… On s’est, semble-t-il, bien régalé…
– Oui, mais attends, Gilles ! Quand t’es dans cette position et qu’on te martèle à tout va le derrière, il arrive un moment où tu maîtrises plus rien… Où t’es obligée de battre des jambes dans tous les sens… Tu peux pas t’empêcher…
– Mouais…
– Si, c’est vrai, hein !
– Il y a une autre explication possible… Tu avais tout un parterre de mâles à ta disposition…L’occasion était trop belle… Tu en as profité pour les asticoter un peu… Pour leur laisser admirer, dans les moindres détails, tes trésors cachés…
– Non, Gilles… Non… Je t’assure…
– Même pas un peu ?
– Je sais pas… Je…
– Mais si, tu sais !
– Peut-être un peu quand même… Si ! Oui…
– Ah tu vois… Au point que ça mérite ?
– Je crois quand même, oui…
– On va se la mettre de côté alors cette fessée… Qu’on profite jusqu’au bout, en attendant, de celle que Nathalie t’a donnée… Tant qu’elle ne se sera pas complètement effacée…
Et son doigt a repris son cheminement… Son voyage… Inlassablement… S’est insensiblement rapproché de la raie entre les fesses… S’y est insinué… M’a ouverte…
– Viens, Gilles, viens ! S’il te plaît, viens !
Il est venu…



11 heures


– Wouah ! T’as vu l’heure ? On s’est rendormis…
– Quelle importance ? On est en vacances, non ?
Je me suis blottie contre lui…
– Comment c’était trop bon tout-à-l’heure… Pour toi aussi ?
– Ça s’est pas vu ?
– Si ! T’as grogné… C’est pas souvent… N’empêche que finalement…
– Finalement ?
– Non… Rien… J’allais dire une connerie…
– Qu’heureusement qu’il y a eu Enzo ?
– Ben oui… Oui, dans un sens… Parce qu’on était complètement en train de se perdre tous les deux… Tu me voyais plus…
– Ni toi non plus…
– Parce que tu me voyais plus… C’était la spirale infernale…
– Bon, mais c’est du passé tout ça…
– Oh, oui, hein ! Jamais plus on se laissera rattraper par la routine… Jamais… Tu me promets ?