Dessin
de Jean-Jacques Henner
Il y
avait un de ces beaux petits poulets chez mon voisin ! C’est
sûr que quand t’as ça dans ton lit, tu vas pas dormir dans la
baignoire. D’où il pouvait bien sortir ? Je me suis arrangée,
en passant et en repassant, l’air affairé, dans mon jardin, pour
qu’il finisse par y avoir présentation. Eh bien, c’est son
neveu ! Un étudiant en architecture qu’est venu passer
quelques jours de vacances chez son oncle. Intérieurement, je
jubilais. J’allais pouvoir me régaler les yeux tout mon saoul. Et
j’en ai eu l’occasion sans tarder. Bien plus encore que je ne
l’espérais. Parce qu’il a passé l’après-midi affalé en
maillot de bain dans un transat, au soleil, les yeux mi-clos. En
plein dans mon champ de vision, depuis la chambre d’amis, là-haut.
Non, mais qu’il était beau ! C’en était presque indécent
d’être beau comme ça. J’ai pas pu résister : je suis
allée chercher mes jumelles. Je me suis longuement attardée sur son
visage. Un visage régulier. Aux traits absolument parfaits.
Émouvant. Tellement ! Son torse puissant contre lequel il
devait être si bon de venir se réfugier. Ses bras… Comment tu
devais avoir envie d’y rester dans ses bras ! Son ventre plat,
musclé. Y poser la tête, tiens ! Et en-dessous… En-dessous ?
Mais c’est qu’il bandait, ce salaud ! Et qu’il y avait
l’air d’y avoir un sacré morceau là-dedans ! Il bandait !
À quoi il pensait ? Ou à qui ? À moi ? Oh, oui,
oui, à moi ! J’avais trop envie que ce soit à moi !
À
moi ! Je descends. Je reste à ma fenêtre, mais, en même
temps, je descends. Je franchis mon portail. Celui d’à côté. Le
voisin n’est pas là. Ou alors, s’il est là, il est occupé à
l’intérieur. Je m’approche à pas de loup du transat, le cœur
battant. Il ne m’entend pas. Ou il fait semblant de ne pas
m’entendre. Je suis tout près. Je m’accroupis à ses côtés. Je
lui pose une main sur la cuisse. Il ne sursaute pas. Il ne frémit
pas. Ses yeux restent clos. Je le caresse doucement. Du dos de la
main. Je remonte. Je remonte encore. Je la lui effleure très vite.
Elle palpite doucement, dressée toute droite dans son maillot. J’y
reviens. Je me fais un peu plus insistante. Un peu plus précise
encore. Je repars. J’y retourne. Je la lui extirpe d’un coup.
Sans prévenir. Elle est belle. Harmonieuse. Bien épaisse, comme je
les aime. Je la fais doucement coulisser. Je me penche. Je la prends
dans ma bouche. J’aime son goût salé acide. J’en enveloppe le
bout de ma langue.
Et
je me ramasse une grande claque sur les fesses.
– Non,
mais cette fois, on aura tout vu !
Le
voisin. Mais qu’est-ce qu’il vient fiche là, lui ? C’est
bien le moment.
Le
voisin qui me tire violemment en arrière.
– Vous
n’avez pas honte ?
Honte.
Non. Si ! Enfin, non. Pourquoi ?
– Un
gamin. Un gamin de vingt ans. Que vous dévergondez.
Oui,
oh ! Faut rien exagérer non plus !
– Vous
le dévergondez. Parfaitement ! Oh, mais ça va pas se passer
comme ça ! Sûrement pas !
Il
m’empoigne. Il m’arrache ma robe. Qu’il expédie dans la haie.
– Arrêtez !
Qu’est-ce que vous faites ? Arrêtez ! Mais vous êtes
fou !
– Ça
fait un moment que vous cherchez, mais, cette fois, vous allez
trouver, ma petite.
Il
tire sur ma culotte. Il me l’enlève, l’envoie rejoindre ma robe
dans la haie. Je suis nue. Entièrement nue. Je jette un rapide coup
d’œil, mine de rien, sur le neveu. Qui arbore un petit sourire
amusé. Qui n’a pas remonté son maillot. Elle est toute droite.
Conquérante.
Le
premier coup me surprend, m’arrache un cri, me jette à plat
ventre.
D’autres
s’ensuivent aussitôt. Il cingle. Sans tenir aucun compte de mes
supplications. Il me cingle. Le dos. Les épaules. Les fesses. Dix
coups. Quinze coups. Vingt.
– Et
tiens-le-toi pour dit !
Il
s’éloigne.
Je
me redresse. Je m’assieds sur mes talons. Il est là, à côté, le
neveu. Il n’a pas bougé. J’ai honte. J’ai tellement honte.
J’enfouis mon visage dans mes mains. Il se repaît de ma honte. Je
le sais. Je le sens. J’ai honte. Et c’est insupportable. Mais
c’est tellement bon.
En
bas, dans son transat, il n’a pas bougé. Et mon plaisir me
surprend là, à la fenêtre, les yeux rivés à lui.
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