samedi 10 novembre 2018

Les fantasmes de Lucie (25)


Dessin de Jean-Jacques Henner

Il y avait un de ces beaux petits poulets chez mon voisin ! C’est sûr que quand t’as ça dans ton lit, tu vas pas dormir dans la baignoire. D’où il pouvait bien sortir ? Je me suis arrangée, en passant et en repassant, l’air affairé, dans mon jardin, pour qu’il finisse par y avoir présentation. Eh bien, c’est son neveu ! Un étudiant en architecture qu’est venu passer quelques jours de vacances chez son oncle. Intérieurement, je jubilais. J’allais pouvoir me régaler les yeux tout mon saoul. Et j’en ai eu l’occasion sans tarder. Bien plus encore que je ne l’espérais. Parce qu’il a passé l’après-midi affalé en maillot de bain dans un transat, au soleil, les yeux mi-clos. En plein dans mon champ de vision, depuis la chambre d’amis, là-haut. Non, mais qu’il était beau ! C’en était presque indécent d’être beau comme ça. J’ai pas pu résister : je suis allée chercher mes jumelles. Je me suis longuement attardée sur son visage. Un visage régulier. Aux traits absolument parfaits. Émouvant. Tellement ! Son torse puissant contre lequel il devait être si bon de venir se réfugier. Ses bras… Comment tu devais avoir envie d’y rester dans ses bras ! Son ventre plat, musclé. Y poser la tête, tiens ! Et en-dessous… En-dessous ? Mais c’est qu’il bandait, ce salaud ! Et qu’il y avait l’air d’y avoir un sacré morceau là-dedans ! Il bandait ! À quoi il pensait ? Ou à qui ? À moi ? Oh, oui, oui, à moi ! J’avais trop envie que ce soit à moi !

À moi ! Je descends. Je reste à ma fenêtre, mais, en même temps, je descends. Je franchis mon portail. Celui d’à côté. Le voisin n’est pas là. Ou alors, s’il est là, il est occupé à l’intérieur. Je m’approche à pas de loup du transat, le cœur battant. Il ne m’entend pas. Ou il fait semblant de ne pas m’entendre. Je suis tout près. Je m’accroupis à ses côtés. Je lui pose une main sur la cuisse. Il ne sursaute pas. Il ne frémit pas. Ses yeux restent clos. Je le caresse doucement. Du dos de la main. Je remonte. Je remonte encore. Je la lui effleure très vite. Elle palpite doucement, dressée toute droite dans son maillot. J’y reviens. Je me fais un peu plus insistante. Un peu plus précise encore. Je repars. J’y retourne. Je la lui extirpe d’un coup. Sans prévenir. Elle est belle. Harmonieuse. Bien épaisse, comme je les aime. Je la fais doucement coulisser. Je me penche. Je la prends dans ma bouche. J’aime son goût salé acide. J’en enveloppe le bout de ma langue.
Et je me ramasse une grande claque sur les fesses.
– Non, mais cette fois, on aura tout vu !
Le voisin. Mais qu’est-ce qu’il vient fiche là, lui ? C’est bien le moment.
Le voisin qui me tire violemment en arrière.
– Vous n’avez pas honte ?
Honte. Non. Si ! Enfin, non. Pourquoi ?
– Un gamin. Un gamin de vingt ans. Que vous dévergondez.
Oui, oh ! Faut rien exagérer non plus !
– Vous le dévergondez. Parfaitement ! Oh, mais ça va pas se passer comme ça ! Sûrement pas !
Il m’empoigne. Il m’arrache ma robe. Qu’il expédie dans la haie.
– Arrêtez ! Qu’est-ce que vous faites ? Arrêtez ! Mais vous êtes fou !
– Ça fait un moment que vous cherchez, mais, cette fois, vous allez trouver, ma petite.
Il tire sur ma culotte. Il me l’enlève, l’envoie rejoindre ma robe dans la haie. Je suis nue. Entièrement nue. Je jette un rapide coup d’œil, mine de rien, sur le neveu. Qui arbore un petit sourire amusé. Qui n’a pas remonté son maillot. Elle est toute droite. Conquérante.
Le premier coup me surprend, m’arrache un cri, me jette à plat ventre.
D’autres s’ensuivent aussitôt. Il cingle. Sans tenir aucun compte de mes supplications. Il me cingle. Le dos. Les épaules. Les fesses. Dix coups. Quinze coups. Vingt.
– Et tiens-le-toi pour dit !
Il s’éloigne.
Je me redresse. Je m’assieds sur mes talons. Il est là, à côté, le neveu. Il n’a pas bougé. J’ai honte. J’ai tellement honte. J’enfouis mon visage dans mes mains. Il se repaît de ma honte. Je le sais. Je le sens. J’ai honte. Et c’est insupportable. Mais c’est tellement bon.

En bas, dans son transat, il n’a pas bougé. Et mon plaisir me surprend là, à la fenêtre, les yeux rivés à lui.

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