Andrea
m’a sauté au cou.
– Il
m’arrive plein de trucs.
– Quels
trucs ?
– Oh
là là, attends ! Je vais te raconter tout ça. En détail.
C’est rapport à Martial.
– J’en
étais sûre… Eh bien, vas-y ! Je suis tout ouïe.
– J’ai
eu envie de le voir. À cause des mails de fou qu’il envoie à
Coxan à mon sujet. Mais toute seule. Que lui et moi. Et je me suis
dit que, si ça tombe, il y était tout le temps fourré, maintenant,
au café où on s’était rencontrés tous les quatre. Que c’était
là qu’il venait penser à moi. Et lui écrire à Coxan. Je m’y
suis pointée. Eh, ben bingo ! Il était là. Oh, mais alors sa
tête quand j’ai passé la porte ! Sa tête !
– J’imagine…
– Il
s’est précipité à ma rencontre. « Vous me reconnaissez
pas ? Martial ! De l’autre jour, vous savez… »
J’ai fait mine de chercher, sourcils froncés. « Ah, oui,
oui… Bonjour ! Vous allez bien ? »
– Et,
évidemment, il a voulu t’offrir un verre.
– Ah,
ben ça ! Près de deux heures on a discuté du coup. Comment ça
me faisait trop drôle de me retrouver là, en face de lui, et de me
dire que tous les soirs il me regardait, en boucle, me prendre ma
fessée. Et qu’il savait pas que je savais. Que tous les mails
qu’il adressait à Coxan, je les lisais. Que, quelquefois, c’était
même moi qui les dictais, les réponses.
– Et
vous allez vous revoir, je suppose…
– C’est
déjà fait, ça. Le lendemain. Et encore hier. Et puis ce matin.
Mais qu’est-ce qu’il est intéressant à parler en attendant.
– Seulement
à parler ?
– Oui.
Non. Tu te doutes bien qu’à force de passer du temps ensemble
comme ça…
– Vous
ne vous êtes pas contentés de vous regarder dans le blanc des yeux.
– Voilà,
oui. Comment il est doux ! Et câlin. C’est la première fois,
moi, un type avec qui je me sens aussi bien. Je lui ai dit alors, du
coup.
– Tu
lui as dit quoi ?
– Ben,
pour les fessées, tout ça ! Je me sentais vraiment trop mal.
Fausse.
– Il
l’était autant que toi, si tu vas par là.
– Oui,
enfin bref, il valait mieux repartir sur de bonnes bases.
– Et
il a réagi comment ?
– Il
s’est senti soulagé parce que lui aussi, de son côté, ça
commençait à lui peser tous ces mensonges. Et du coup, dans la
foulée, je lui ai montré la vidéo de la fessée où, en même
temps, je me regarde en train de la recevoir.
– Il
a dû apprécier…
– Tu
parles ! Il m’a carrément sauté dessus, oui ! Jamais
j’avais vu un mec dans un état pareil. Quatre fois on a remis ça.
Quatre fois ! Dont deux avec la vidéo qui tournait. Le bruit
des cinglées du martinet en arrière-fond. Mes gémissements. Tout,
quoi ! Il m’a mise complètement sur les rotules.
– Et
maintenant ?
– Ce
qu’il aimerait, c’est te voir me donner une fessée en vrai.
– Oui,
oh ben ça, c’est pas bien compliqué. Non, mais ce que je voulais
dire, c’est : ça va aller où, vous deux ?
– C’est
bien là toute la question. Si je l’écoute, il est fou amoureux de
moi. Il me promet monts et merveilles. Mais ça…
– T’as
peur qu’il soit pas sincère ?
– Oh,
non ! Non. Il l’est sincère. J’ai pas le moindre doute
là-dessus. Non. Mais le jour où il va me désirer moins, ce qui va
forcément arriver, il va se passer quoi ?
– Est-ce
qu’il est absolument nécessaire de se poser ce genre de questions
à l’avance ? Profite ! Tu verras bien…
– Oui.
Je suis idiote. Tu as raison.
– Évidemment
que j’ai raison.
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