samedi 3 mars 2018

La chandeleur

Dessin de Doz:

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– Qu’est-ce tu fais ?
– Des crêpes. C’est la chandeleur aujourd’hui.
– Tu m’as l’air bien énervée.
– Je suis pas énervée, non.
– Eh bien, on dirait pas. Tu martyrises ce pauvre batteur qui t’a rien fait.
– C’est les autres connes aussi, au boulot. Tu sais ce qu’elle m’a dit, la Duval, à la machine à café, devant tout le monde ? Que j’étais la feignante de base. Moi, une feignante ? Qui c’est qui reste le soir plus souvent qu’à son tour ? Qui c’est qui se prend la tête avec les dossiers dont personne ne veut ? Alors, merde ! Merde !
– Calme-toi, Alyssia !
– Alors, d’après toi, faudrait que je me laisse insulter sans réagir ?
– Il n’a jamais été question de ça. Et fais un peu attention. Tu mets de la pâte à crêpes partout.
– J’m’en fous !
– J’t’ai dit de te calmer, Alyssia !
– Évidemment, c’est facile pour toi. Tout seul toute la journée devant ton ordi. T’as personne pour te mettre les nerfs en pelote.
– Tu vas y vider la bouteille de rhum dans cette jatte ?
– Mais non, mais…
– Doucement, j’t’ai déjà dit ! Tu vas finir par en faire une !
– Je gère.
– T’as intérêt ! Parce que tu sais ce qu’on a dit. Et on était bien d’accord. La prochaine fois que tu casses quelque chose sous le coup de la colère ou de l’énervement, tu te prend une fessée. Il faut en finir avec ces espèces de crises qui t’attrapent de plus en plus souvent.
– Je sais, oui, mais je vais rien casser ! Oh, merde !
– C’était couru.
– Je suis désolée.
– Ce qui n’y change rien. Regarde-moi ça ! Non, mais regarde-moi ça ! Il y en a partout.
– Je vais nettoyer. Je vais ranger.
– Oui, ben après. Pour le moment on a beaucoup mieux à faire.
– Tu vas pas…
– Te mettre le feu aux fesses ? Si ! C’était bien ce qu’était convenu, non ?
– Laisse-moi une chance, Olivier ! Juste une !
– Je t’en ai laissé des dizaines de fois des chances. Alors cette fois, pas question que tu y coupes.
– Tu vas pas me taper avec ce truc ?
– Si, ce sera beaucoup plus efficace, tu verras. Allez, tu mets ton petit derrière à l’air et tu viens bien gentiment prendre place en travers de mes genoux. Là ! Prête ?
– Pas trop fort, hein !
– Mais non !

– C’était fort. Comment ça m’a fait crier !
– Je sais. J’ai entendu.
– Il doit être rouge, non ?
– Écarlate.
– C’est drôle, parce que tu sais quoi ? Ça me cuit, oui, mais en même temps je me sens toute calme maintenant, tout apaisée. Je me sens bien.
– C’était le but.
– Je vais ramasser les morceaux. Tout nettoyer. Et puis je vais en refaire des crêpes. Mais d’abord embrasse-moi ! Et puis, merci, Olivier, hein !

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