Retour au calme

Dessin de Doz

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Elle est venue se blottir contre moi. A enfoui sa tête contre ma poitrine. S’est mise à doucement sangloter.

– Oh, Julien !

– Là… Là… C’est tout.

– Tu m’as fait mal.

– C’était pour ton bien.

– Je sais, oui. Tu m’en veux plus, hein ?

– Bien sûr que non.

– Mais pourquoi je suis comme ça ? Pourquoi ?

– Ça finira par te passer, à la longue, tu verras.

– Je sais pas. Je suis pas sûre. Parce qu’attends ! Ça fait des mois et des mois qu’on économise, sou par sou, pour se payer ce voyage dont on rêve depuis des années et moi, en un après-midi, je claque pas loin de six cents euros. Et pour rien en plus. Pour des conneries. Des sapes que je mettrai à peine deux jours, si ça tombe. Et des godasses que, déjà, il y a une paire qui me plaît plus. Mais le pire… Tu sais pas le pire ? C’est que je le savais que je partais complètement en vrille. Je le savais et j’en avais rien à foutre. Et même, pire que ça, tiens, j’en ressentais une espèce de jubilation. Qui me faisait en rajouter une couche. « Achète aussi ça ! Et puis ça ! Et puis ça ! » Je suis nulle.

– Mais non !

– Oh, si ! Et toujours j’ai été comme ça. Toujours. Les choses auxquelles je tiens le plus au monde, je me débrouille pour les saboter. Je fais tout pour pas être heureuse en fait. Et même nous, un jour, si ça tombe, je m’arrangerai pour nous saccager. Tu me laisseras pas faire, hein ? Tu me promets ? Promets-moi, Julien !

– J’te promets.

– Faut que tu m’empêches d’être comme ça. Bousilleuse. Même quand c’est pour des tout petits trucs qu’ont l’air sans importance. Faut plus que je sois comme ça. Pour quoi que ce soit. C’est trop dangereux.

– On fera ce qu’il faut pour.

– Et puis alors hésite pas à taper, hein ! Fort. Même si je te crie d’arrêter. Même si je te supplie.

– J’ai pas l’impression de t’avoir vraiment ménagée ce soir.

– Ça aurait pu être plus. Beaucoup plus. J’ai besoin que ce soit plus pour que ce soit efficace. Pour pas te perdre. Tu comprends ?