jeudi 1 août 2019

Fessées punitives (14)


Ça n’a pas été tout de suite.
– Le temps de trouver un créneau qui leur convienne à tous les trois. Et…
Il m’a posé une main sur l’épaule. M’a souri.
– Et aussi le temps que tu réfléchisses. Que tu appréhendes. Beaucoup. Longtemps. Dans ton cas c’est encore ce qui sera le plus efficace.
Pour appréhender, j’appréhendais, ça ! Être déculottée et fessée devant trois hommes dont deux avaient à peine la moitié de mon âge. J’appréhendais mais, en même temps, je me sentais soulagée. Il m’arrêtait. Il m’arrêtait à temps. Je savais trop bien sur quelle pente savonneuse je m’étais une nouvelle fois engagée. Je savais trop bien qu’une fois lancée, seule, j’aurais été incapable de m’arrêter. Et que je nous aurais mis financièrement gravement en danger.

Les filles me plaignaient.
– Tu vis ça comment ?
Je haussais les épaules.
– Comme vous toutes, j’imagine.
Océane s’en voulait.
– C’est ma faute, tout ça ! C’est ma faute.
Je la rassurais. Comme je pouvais.
– J’aurais replongé de toute façon. J’essayais de me le faire croire mais je savais bien, tout au fond de moi, que je n’étais pas complètement guérie.
En attendant, il y en avait un qui l’agaçait. Qu’est-ce qu’il pouvait l’agacer !
– Ton Valentin ?
– Valentin, oui. Parce qu’il joue les indifférents. « C’est jamais qu’une fessée. », mais en réalité comment il a hâte de te voir la recevoir. Ça l’excite. Ça l’excite d’une force ! Deux fois hier il a fallu que je passe à la casserole. Et déjà une fois ce matin. Il peut pas s’empêcher d’en parler. À tout bout de champ. Il essaie bien, mais il y arrive pas. Il parle plus que de ça. Et sa grande hantise, c’est que ça n’ait finalement pas lieu. Que tu réussisses à convaincre Julien de renoncer à te la donner devant eux. « On sait jamais ! Les femmes, c’est jamais à bout d’arguments. » Tu peux être sûre en tout cas qu’il va ouvrir tout grand les yeux et qu’il en perdra pas une miette. Quant à moi, faudra que j’assure quand il va rentrer. Ça, je m’y attends.

Le Clément de Bérengère, c’était le seul que je ne connaissais pas, que je n’avais jamais vu.
– Oui, ben justement ! Justement ! Il trouve la situation des plus cocasses, lui. Et des plus improbables. « T’imagines ? Je sais même pas à quoi elle ressemble et j’aurai à peine le temps de lui dire bonjour qu’elle va se retrouver les fesses à l’air devant moi. Et gigoter du croupion. Avoue quand même que c’est pas banal. » Et il arrête pas de me harceler de questions. T’es comment ? Brune ? Blonde ? Et tes yeux ? Ils sont de quelle couleur, tes yeux ? T’es plutôt enveloppée ou longiligne ? Et ta poitrine ? Elle déborde de partout ou bien elle est toute menue ? Mais dès que j’esquisse le moindre début de commencement de réponse, il me fait taire. « Non, non, dis rien ! Dis rien ! Je préfère avoir la surprise. »

Celui que j’appréhendais le plus, c’était, et de loin, l’Étienne d’Émilie. Vu la sortie qu’il m’avait faite, chez lui, le jour où il l’avait fessée…
– Il réagit comment ? Il dit quoi ?
Elle a haussé les épaules.
– Pas grand-chose. Rien. Il a pas fait vraiment de commentaires. Juste qu’il espérait que Julien te ménagerait pas. « Parce qu’il y a des choses qu’on peut vraiment pas laisser passer. »

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire