lundi 29 juillet 2019

Entre cousines (3)



Tableau d’Henri Lebasque

– Alors ?
Elles se sont précipitées à ma rencontre.
– Alors ? Il te l’a fait ?
Oui, il me l’avait fait. Oui. Évidemment qu’il me l’avait fait.
– Pendant tout ce temps-là ? Eh ben, raconte, quoi ! C’était bien ?
– Bien ? C’était grandiose, vous voulez dire !
– Mieux que quand c’est nous ?
– Ça n’a rien à voir.
– Il te l’a fait, mais il te l’a fait… les fesses toutes nues ?
Éléonore s’est agacée.
– Forcément les fesses toutes nues. C’est pas une vraie fessée sinon. Oh, mais laisse-la raconter. Tu l’interromps tout le temps.
Bon alors… il avait voulu que je me déshabille.
– Tout entière ?
Ben oui, tout entière, oui. Et il m’avait regardée faire. Avec des yeux, mais des yeux ! Vous auriez vu ses yeux ! Et puis après, il m’avait attrapé les poignets. Les deux. Il m’avait couchée en travers de ses genoux, bien calée contre lui. Et il avait tapé. Tout doucement au début. Je sentais presque rien. Mais de plus en plus fort. Une fesse après l’autre. Vraiment fort. Tellement fort que j’avais pas pu m’empêcher de crier. Et de gigoter. De lancer les jambes dans tous les sens. Même qu’il avait été obligé de me dire de rester tranquille. Avec une voix en colère. Et que ça lui avait fait de l’effet parce qu’il était devenu tout dur contre ma cuisse d’un coup. Et à moi aussi ça en avait fait. De le sentir. De me dire que c’était le valet de chambre d’oncle Charles et qu’il était en train de me donner une fessée carabinée. Elle s’étendait partout la chaleur. Elle me rentrait dedans de tous les côtés. Et alors…
– T’as eu envie…
– Et pas qu’un peu.
– Et tu t’es mis les doigts. Comme on le fait des fois quand c’est nous.
– Même pas, non. C’est venu tout seul. Rien qu’à être contre sa cuisse.
– Il s’est rendu compte ?
– Ah, ben ça ! Vu comment ça m’a chavirée.
– Qu’est-ce qu’il a dit ?
– Rien. Il a rien dit. Il m’a juste laissé la main sur la fesse. Tout le temps que ça m’a duré. Et même après. On est restés comme ça un bon moment. J’étais bien. Si bien. Mais il a bien fallu que ça finisse par finir.
– Peut-être que vous recommencerez ?
– Si ça tenait qu’à moi…

Le soir, après dîner, elles m’ont rejointe dans ma chambre.
– Tu fais voir ?
Elles se sont penchées sur mon derrière, me l’ont examiné avec curiosité.
– C’est pas plus rouge que quand on se le fait, nous, finalement.
– Oui. D’un homme, moi, j’aurais pensé que ce le serait beaucoup plus.
– Non, mais attendez ! Il allait pas me le démolir non plus.
Non. Évidemment. Mais c’était vraiment si bien que ça ?
– Ça s’explique pas. Faut l’avoir vécu.
Oui, ben justement ! Justement. À m’entendre raconter, elle se serait bien laissé tenter, Éléonore.
Alice, elle, elle savait pas.
– D’un côté, ça me tente bien, mais de l’autre pas du tout.
Éléonore a soupiré.
– Encore faudrait-il qu’il nous le propose.
– Peut-être qu’elle lui a suffi, Anne.
– Qu’avec nous, ça lui dit rien.
– Oui, mais…

Je les ai laissé discuter. Je me suis levée. Je suis allée jusqu’à la fenêtre, dissimulée derrière les volets. Il allait passer. C’était son heure. Il allait passer.

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