Tableau d’Henri Lebasque
– Alors ?
Elles se sont
précipitées à ma rencontre.
– Alors ?
Il te l’a fait ?
Oui, il me l’avait
fait. Oui. Évidemment qu’il me l’avait fait.
– Pendant
tout ce temps-là ? Eh ben, raconte, quoi ! C’était
bien ?
– Bien ?
C’était grandiose, vous voulez dire !
– Mieux que
quand c’est nous ?
– Ça n’a
rien à voir.
– Il te l’a
fait, mais il te l’a fait… les fesses toutes nues ?
Éléonore s’est
agacée.
– Forcément
les fesses toutes nues. C’est pas une vraie fessée sinon. Oh, mais
laisse-la raconter. Tu l’interromps tout le temps.
Bon alors… il
avait voulu que je me déshabille.
– Tout
entière ?
Ben oui, tout
entière, oui. Et il m’avait regardée faire. Avec des yeux, mais
des yeux ! Vous auriez vu ses yeux ! Et puis après, il
m’avait attrapé les poignets. Les deux. Il m’avait couchée en
travers de ses genoux, bien calée contre lui. Et il avait tapé.
Tout doucement au début. Je sentais presque rien. Mais de plus en
plus fort. Une fesse après l’autre. Vraiment fort. Tellement fort
que j’avais pas pu m’empêcher de crier. Et de gigoter. De lancer
les jambes dans tous les sens. Même qu’il avait été obligé de
me dire de rester tranquille. Avec une voix en colère. Et que ça
lui avait fait de l’effet parce qu’il était devenu tout dur
contre ma cuisse d’un coup. Et à moi aussi ça en avait fait. De
le sentir. De me dire que c’était le valet de chambre d’oncle
Charles et qu’il était en train de me donner une fessée
carabinée. Elle s’étendait partout la chaleur. Elle me rentrait
dedans de tous les côtés. Et alors…
– T’as eu
envie…
– Et pas
qu’un peu.
– Et tu t’es
mis les doigts. Comme on le fait des fois quand c’est nous.
– Même pas,
non. C’est venu tout seul. Rien qu’à être contre sa cuisse.
– Il s’est
rendu compte ?
– Ah, ben
ça ! Vu comment ça m’a chavirée.
– Qu’est-ce
qu’il a dit ?
– Rien. Il a
rien dit. Il m’a juste laissé la main sur la fesse. Tout le temps
que ça m’a duré. Et même après. On est restés comme ça un bon
moment. J’étais bien. Si bien. Mais il a bien fallu que ça
finisse par finir.
– Peut-être
que vous recommencerez ?
– Si ça
tenait qu’à moi…
Le soir, après
dîner, elles m’ont rejointe dans ma chambre.
– Tu fais
voir ?
Elles se sont
penchées sur mon derrière, me l’ont examiné avec curiosité.
– C’est pas
plus rouge que quand on se le fait, nous, finalement.
– Oui. D’un
homme, moi, j’aurais pensé que ce le serait beaucoup plus.
– Non, mais
attendez ! Il allait pas me le démolir non plus.
Non. Évidemment.
Mais c’était vraiment si bien que ça ?
– Ça
s’explique pas. Faut l’avoir vécu.
Oui, ben justement !
Justement. À m’entendre raconter, elle se serait bien laissé
tenter, Éléonore.
Alice, elle, elle
savait pas.
– D’un
côté, ça me tente bien, mais de l’autre pas du tout.
Éléonore a
soupiré.
– Encore
faudrait-il qu’il nous le propose.
– Peut-être
qu’elle lui a suffi, Anne.
– Qu’avec
nous, ça lui dit rien.
– Oui, mais…
Je les ai laissé
discuter. Je me suis levée. Je suis allée jusqu’à la fenêtre,
dissimulée derrière les volets. Il allait passer. C’était son
heure. Il allait passer.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire