Ça a commencé parce qu’Alice a voulu lire la lettre qu’Éléonore
avait reçue de son amoureux. Qu’elle a essayé de la lui prendre.
Elles se la sont disputée en riant. Et, pour finir, Alice est tombée
sur le lit et Éléonore lui a donné cinq ou six claques sur les
fesses. Toujours en riant. Et a repris sa lettre.
Et puis, quelques
jours après, ça a été moi. Sur les fesses d’Éléonore, cette
fois. Parce qu’elle s’était servie, sans me demander, de ma
bouteille de parfum. Toujours en riant.
Et c’est, très
vite, devenu un jeu entre nous. On saisissait n’importe quel
prétexte, on en inventait même, pour se mettre des claques sur les
fesses. De plus en plus fort. Et de plus en plus longtemps. On aimait
bien. Surtout Alice. C’était sans arrêt qu’elle voulait qu’on
lui en donne.
– Ça me fait
trop de drôles de choses.
On ne se faisait pas
prier. Nous aussi, ça nous en faisait. D’en donner comme d’en
recevoir.
Ce qu’elle se
demandait quand même, Éléonore, c’est ce qu’on pouvait bien
ressentir quand c’était sur les fesses toutes nues.
– Non, parce
que c’est toujours à travers les habits qu’on se le fait.
Le mieux, pour
savoir, elle trouvait que c’était encore d’essayer, Alice.
Oh, ben oui,
pourquoi pas ? Entre cousines, on pouvait bien. Et puis personne
le saurait n’importe comment.
Et on le lui a fait
à Éléonore. Pas trop longtemps. Parce que ça devenait tout rouge.
Mais elle a voulu qu’on continue quand même.
– Arrêtez
pas ! Arrêtez pas !
Et qu’on tape plus
fort. Bien plus fort.
– Allez-y !
Allez-y !
Elle en voulait,
elle en a eu. De bon cœur on y est allées. Même qu’on en avait
mal aux mains à force à la fin.
– Comment
c’était trop bien, les filles !
Elle en avait la
figure aussi rouge que le derrière.
– Vous
devriez essayer…
Essayer ? On
demandait pas mieux, nous.
Et Alice nous a
offert son derrière. Qu’on a tambouriné à qui mieux mieux. Elle
a gémi, elle a battu des jambes dans tous les sens, mais elle a pas
voulu qu’on arrête non plus.
Moi aussi. Leurs
mains se sont acharnées sur moi. Ça cuisait. Ça brûlait. De plus
en plus au fur et à mesure qu’elles tapaient. Elle irradiait
partout, la chaleur. Elle rentrait loin dedans. Elle s’étendait au
large. C’était pas désagréable du tout. C’était même
agréable. Très agréable. Très très agréable.
On a recommencé.
Souvent. Presque tous les jours. Quand il y avait personne. Parce
qu’on en faisait de plus en plus du bruit. En tapant, mais surtout
en criant. Ou bien alors on allait à la grange. On était sûres
d’être tranquilles là-bas. Sauf que ça s’est su quand même.
Le valet de chambre d’oncle Charles. Un jour qu’on venait de se
le faire. Qu’on était assises toutes les trois, les fesses
brûlantes, sur le canapé, près de la cheminée. Il nous a
capturées dans son regard. Et menacées du doigt.
– C’est
très vilain ce que vous faites là, Mesdemoiselles ! Des
grandes filles comme vous ! Vous n’avez pas honte ?
On est devenues
écarlates.
– Vous
mériteriez d’être punies pour ça.
Il s’est retourné
sur le pas de la porte.
– Vous le
serez d’ailleurs. À moins que vous ne préfériez que tout le
monde soit au courant ? À vous de voir…
(à suivre)
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