C’était Émilie au téléphone.
– Lucile ?
Ça va ? Je te dérange pas ?
– Pas
du tout, non. Qu’est-ce qu’il t’arrive ?
– Tu
pourrais te libérer ce soir ?
– Oh,
oui. Sans problème. Pourquoi ?
– Parce
que je vais y avoir droit. Devant vous trois. Comme convenu.
– Ah !
– Oui,
oh, ça faisait un moment que ça me pendait au nez. Il y avait
sacrément du laisser-aller depuis quelque temps. Et moi, quand c’est
comme ça, faut me recadrer vite fait si on veut pas que ça parte
complètement à la dérive. Il m’a pas prise en traître, je peux
pas dire. Ça faisait près d’une semaine qu’il multipliait tant
et plus les avertissements. « Attention, Émilie, attention !
Tu files un mauvais coton. » Je n’en ai tenu aucun compte.
C’est tant pis pour moi.
– T’appréhendes
pas trop ?
– Je
suis comme vous toutes. J’ai horreur de ça, les fessées. C’est
un très mauvais moment à passer. Pour plein de raisons. Mais je me
sens tellement mieux après. Apaisée. Sereine. À nouveau en
harmonie avec moi-même. Tout est rentré dans l’ordre. Et ils
remontent en flèche, mes résultats, du coup. Alors…
C’est
lui qui m’a ouvert. Un type à la soixantaine grisonnante. À la
stature imposante. Au regard clair.
– Étienne.
Vous êtes Lucile, j’imagine.
– En
effet.
– Eh
bien, entrez !
Il
m’a fait asseoir.
– Elles
sont là-haut. Elles vont descendre.
Il a
pris place en face de moi. Il m’a fixée. Droit dans les yeux.
– Qu’à
leur âge, elles se comportent en gamines écervelées, on peut
encore, à la rigueur, le concevoir, mais au vôtre !
J’ai
rougi. J’ai balbutié.
– Ça
n’arrive plus. Ça n’arrivera plus.
– Oui,
oh, alors ça !
Il
s’est levé.
– Vous
avez beaucoup de chance de ne pas avoir affaire à moi parce que je
peux vous assurer que je vous ferais passer, une bonne fois pour
toutes, l’envie de dilapider l’argent du ménage.
À
mon grand soulagement, Émilie a fait son apparition en haut de
l’escalier. Suivie d’Océane et de Bérengère.
Il
lui a brandi une feuille sous le nez.
– C’est
quoi, ça ?
– Mes
résultats.
– Et
ça ?
Elle
y a jeté un rapide coup d’œil.
– L’historique
de mon ordinateur.
– Qui
est vraiment très instructif. Tu n’as vraiment rien d’autre à
faire que de perdre ton temps, comme ça, en futilités ?
Elle
a baissé la tête.
– Si !
– Déshabille-toi !
Elle
a obéi. Elle a retiré ses vêtements, tous ses vêtements, un à
un. Elle les a soigneusement pliés et déposés sur la petite table,
près du radiateur.
Il
l’a laissée là, entièrement nue devant nous, un long moment.
Avant d’exiger d’un ton sec.
– Approche !
Il
l’a saisie par le poignet, attirée en travers de ses genoux.
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