Dessin de Georges Topfer
Il a voulu faire la
connaissance de Cordelia.
– Que je voie
à quoi elle ressemble cette fameuse copine.
Et il a attaqué
d’emblée. À peine le temps de dire bonjour. De s’asseoir.
– Alors comme
ça, c’est vous ! C’est vous qui flanquez des fessées à
Lucie quand elle n’est pas sage ?
C’était elle,
oui !
– Je n’en
crois pas un mot.
– Pardon ?
– Vous êtes
de mèche, toutes les deux. Ça saute aux yeux. Vous couvrez qui ?
C’est qui le charmant jeune homme qui lui tambourine allègrement
le popotin derrière mon dos ?
Elle a levé sur lui
des yeux stupéfaits.
– Hein ?
Mais personne !
– Prenez-moi
bien pour un imbécile ! Vous croyez que je vois pas clair dans
votre petit jeu ?
Et moi c’était
dans le sien que je voyais clair. Je discernais parfaitement où il
voulait en venir…
Il a enfoncé le
clou.
– Vous feriez
beaucoup mieux d’avouer…
J’ai adressé un
discret signe d’intelligence à Cordelia.
Qui a tout aussitôt
adopté un petit air contrit.
– C’est pas
ma faute…
– Ben
voyons !
– Si, c’est
vrai, hein !
– Je veux pas
le savoir. Je veux pas savoir qui a demandé quoi à qui. Qui a
proposé quoi à qui. À mes yeux vous êtes aussi coupables l’une
que l’autre.
Elle a baissé la
tête.
– Et ce que
vous mériteriez, toutes les deux, c’est une bonne fessée, tiens !
Il a marqué un
court temps d’arrêt.
– Que je vais
d’ailleurs vous donner.
Elle a supplié.
– Oh, non,
non ! Pas la fessée !
– Parce que
vous ne la méritez pas peut-être ?
Elle l’a fait
venir de loin. De très très loin.
– Si !
– Eh bien
alors !
Il s’est levé.
– On se
déshabille. Toutes les deux. Et on ne discute pas.
Sur un ton qui ne
souffrait pas la moindre réplique. Ce ton que j’aime tant. Qui me
fait naître des frissons dans le bas du dos. Battre le cœur plus
vite.
C’est moi qui ai
commencé. En prenant tout mon temps. En repliant un à un mes
vêtements. En les déposant, l’un après l’autre, sur le grand
fauteuil, près de l’entrée. Il m’a regardée faire. Il a
regardé faire Cordelia. Il nous a laissées nues, tête basse, un
long moment devant lui. Et puis…
– C’est
ensemble que vous faites vos petits coups en douce, alors c’est
ensemble que vous allez être corrigées. Venez !
Il nous a emmenées
dans la chambre voisine. Nous a poussées devant la grande glace en
pied, tout au fond.
– Vous serez
bien là ! Vous allez pouvoir vous regarder recevoir votre
punition.
Avec un petit rire.
D’instinct, on
s’est enlacées, Cordelia et moi. On s’est pressées l’une
contre l’autre, flanc contre flanc.
C’est aussitôt
tombé. Au martinet. À pleines fesses. Une fois l’une. Une fois
l’autre. Ou les deux ensemble. Ça nous a fait sautiller dans la
glace. D’un pied sur l’autre. De plus en plus haut. On n’a pas
pu s’empêcher. Ça nous a fait ballotter les seins. Ça nous a
fait grimacer. On a gémi. On a crié. Cordelia a enfoncé ses ongles
dans ma hanche, a laissé tomber sa tête sur mon épaule. C’est
tombé plus vite. C’est tombé plus fort. Et elle a joui, ses yeux
dans les miens. Moi aussi. Juste comme elle finissait. Dans de grands
râles.
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