jeudi 4 juillet 2019

Fessées punitives (10)


Bérengère était aux anges.
– Ça marche, les filles ! Ça marche ! Ça en fait trois, coup sur coup, qui me draguent comme c’est pas possible. Et je donne pas suite. Et je résiste. Ils sont beaux pourtant ! Beaux comme c’est pas permis.
Elle avait besoin de nous voir. Souvent. Presque tous les jours.
– Ça me motive un max… Non, et puis rien qu’avoir Océane, là, à côté et repenser à la fessée qu’elle s’est prise l’autre jour, comment ça me calme, vous pouvez pas savoir.

Ça a duré trois semaines. Et puis, un soir, elle est arrivée catastrophée.
– Je suis nulle, mais nulle d’une force !
– Oh, toi, t’as replongé !
– Si ! Oui. Mais c’est pas ma faute. Enfin, pas vraiment. Pas complètement. Comment il était enjôleur ! Et puis alors, il a de ces yeux ! Tu peux pas ne pas craquer avec des yeux pareils. Vous aussi, les filles, vous lui seriez tombées dans les bras. C’est obligé ! Oh, mais rassurez-vous ! Pas question que je le revoie ! Parce qu’il a été très clair, Clément, la fois où on s’est pris la tête tous les deux. Très très clair. « Que tu tires un coup, comme ça, un soir, vite fait, parce que t’auras pas pu t’empêcher, à l’extrême rigueur je pourrais encore passer l’éponge. T’en serais quitte pour une bonne fessée devant tes copines. Mais si ça devait être une relation qui dure, alors là, non ! Non, non et non. Tout serait définitivement fini entre nous. » Et je veux pas le perdre, Clément, ah, non, alors ! Je pourrais pas vivre, moi, sans lui ! C’est même pas imaginable.

Elle a surgi en trombe deux jours plus tard, s’est affalée sur une chaise.
– Eh ben voilà ! Voilà. Ça y est ! Moi, de toute façon, dès qu’il y a une connerie à faire, vous pouvez être tranquilles que je la fais…
– C’est ce type, hein ?
– Évidemment que c’est lui ! Évidemment ! Il baise trop bien, aussi ! Ça devrait être interdit de baiser comme ça. Parce que j’oublie tout dans ses bras. Tout ce qui n’est pas lui. Et le plaisir qu’il me donne. Il y a plus rien d’autre qui compte. Seulement après…
– Tu culpabilises.
– Et pas qu’un peu. C’est dégueulasse ce que je fais. Il mérite pas ça, Clément. Surtout que je lui ai juré mille et mille fois mes grands dieux que je la trahirais plus jamais sa confiance. Seulement c’est plus fort que moi, j’y arrive pas. Et je vis plus. Parce que j’ose plus le regarder en face. Parce que j’arrête pas de me demander s’il va pas découvrir le pot-aux-roses. Et il le découvrira forcément. J’ai beau faire hyper attention, m’entourer de millions de précautions, c’est obligé qu’un jour ou l’autre ça finisse comme ça. Il arrive toujours un moment où on commet une erreur. Ou bien il y a le hasard qui s’en mêle. Et puis il est pas né de la dernière pluie non plus, Clément. Je suis bien tranquille qu’il reste en alerte. Qu’il me surveille en douce. Chat échaudé…
On était toutes les trois, Océane, Émilie et moi, du même avis. Il y avait effectivement de fortes probabilités pour qu’il se rende compte qu’elle le trompait. Et ce jour-là…
– Mais qu’est-ce que je peux faire alors ? Qu’est-ce que vous feriez, vous, à ma place ?
Nous ? On le quitterait, ce type. Et au plus vite.
– Non, mais alors ça, c’est juste pas possible. C’est au-dessus de mes forces.
– Dans ces conditions, il y a pas de solution.
Émilie, elle, elle pensait qu’il y en avait quand même peut-être une.
– Joue franc jeu !
– Comment ça ?
– Mets cartes sur table. Avoue tout ! Dis-lui les choses telles que tu viens de nous les dire, là. C’est ta seule chance.
– C’est quand même sacrément risqué.
– Pas tant que de le laisser découvrir, par lui-même, ce qui se trame derrière son dos.
– Peut-être… Je sais pas.
– Par contre, attends-toi à une fessée. Et carabinée.

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