jeudi 18 juillet 2019

Fessées punitives (12)


Bérengère en était encore toute retournée.
– Comment elle a pris cher, Émilie ! Elle avait les fesses dans un état à la fin, mais dans un état ! Vous avez vu ça ? Un vrai brasier. Elle va pas pouvoir s’asseoir d’un moment, ce qu’il y a de sûr. Non, une comme ça, comment j’aurais pas aimé me la ramasser, moi ! Qu’est-ce qu’elle a braillé, en plus, en attendant ! Du bout de la rue, on devait l’entendre. Et l’autre, là, son Étienne, vraiment aucune pitié, hein ! Au contraire. Plus elle s’époumonait et plus il la martelait fort, on aurait dit.
– C’était pas qu’une impression…
– Je me disais bien aussi… Et puis alors qu’est-ce qu’elle a gigoté ! Oh, mais je l’incrimine pas, hein ! Sûrement qu’à sa place j’aurais fait pareil. Mais n’empêche qu’à battre des jambes et à tressauter du derrière à tout-va, comme elle faisait, t’ignorais plus rien du tout de comment elle était faite. S’il y avait eu des mecs…
– Il y en avait pas.
Mais le pire, ce qu’elle avait trouvé de pire…
– C’est quand il l’a envoyée au coin, les mains sur la tête. Rester comme ça, toute nue, les fesses cramoisies devant tout le monde, j’aurais pas pu, moi ! Je serais morte de honte. Et c’est que ça a duré en plus ! Au moins une heure, non ?
– Presque.
– Pendant qu’il discutait avec nous, tranquille, l’autre. Et après ! Quand il l’a obligée à réciter ce truc en anglais, là, tournée vers nous ! Qu’elle en savait pas la moitié. Qu’elle trébuchait sur tous les mots. Qu’elle pataugeait lamentablement. Et qu’il lui a dit qu’il lui laissait jusqu’à demain pour savoir tout ça sur le bout des doigts. Que, sinon, il lui en remettrait une couche. Là aussi…
Elle a longuement farfouillé dans son sac, en a sorti un petit miroir, a vérifié l’état de son rouge à lèvres.
– J’espère en tout cas que personne n’aura la lumineuse idée d’aller raconter cette petite séance à Clément.
– Qui tu veux ? Sûrement pas elle.
– Et pas nous non plus.
– Non, parce que je le connais. D’ici à ce que ça aille lui donner des idées.
À propos, tiens, d’ailleurs, elle lui avait parlé ? Elle lui avait dit pour ce type ?
Elle a poussé un profond soupir.
– Pas encore, non. C’est pas facile.
– Tarde pas trop ! Parce que si c’est lui qui découvre…
– Je sais bien, oui.

On l’a regardée s’éloigner sur le trottoir.
– Elle le fera pas.
C’était bien aussi mon avis.
– Elle va reculer les échéances au maximum. Quitte à prendre des risques insensés. Tant la fessée la terrifie.
Océane a souri.
– Moi, je crois que ce qui la terrifie surtout, c’est de devoir la recevoir devant nous. Parce qu’il va lui falloir admettre ce qu’elle soupçonne depuis un bon moment déjà. Sans vouloir vraiment se l’avouer. C’est qu’elle aime ça.
– Oh, tu crois ?
– Pas vraiment la fessée en elle-même, non, mais la honte qui va avec. Tu l’as bien entendue tout-à-l’heure. Ce qui la fascinait, c’était qu’il l’ait mise au coin, Émilie, qu’il l’y ait laissée, qu’il l’ait humiliée devant nous en lui faisant réciter ses leçons comme une gamine de sept ans. T’as pas fait attention, toi, là-bas, sur le moment, mais moi, si ! Je l’ai pas quittée des yeux. Et je peux te dire qu’elle était aux anges.
– Ce qui ne signifie pas forcément qu’elle aimerait être à sa place.
– Je suis bien convaincue que si. Même si elle ne le sait pas encore.

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