lundi 10 août 2009

Abandons ( 1er jour )



- Viens !… Je vais te montrer ta chambre…

Une grande pièce aux murs clairs dont la fenêtre donnait sur un jardin laissé complètement à l’abandon…

- Tu devras toujours laisser la porte ouverte… De jour comme de nuit… Où que tu sois dans la maison tu devras toujours laisser toutes les portes ouvertes… A tout moment je veux pouvoir voir – et savoir – à quoi tu es occupée…

D’autorité elle s’est emparée de mon sac à main qu’elle a ouvert et retourné sur le lit…

- Quel fatras !…

Elle en a vidé le contenu dans un grand sac poubelle à l’exception de mes papiers d’identité, du carnet de chèques et du téléphone portable dont elle a aussitôt effacé le répertoire. Mes bagages aussi. Tout. Mes vêtements. Mes livres. Mes souvenirs. Dans le grand sac…

- Poubelle !… Poubelle !… Poubelle !… Quand on commence une vie résolument nouvelle on n’a pas besoin de s’encombrer de celle d’avant… Qu’est-ce que c’est que ça ?…

- Ca, c’est mon journal… De l’année dernière à l’école… Et puis du restaurant cette année…

- Confisqué…

Elle m’a fait déshabiller…

- Tout !… T’enlèves tout… Absolument tout… Tu jettes tout… Là… Ferme-le le sac… Et descends-le… A droite, en sortant de la maison, au fond de la cour, il y a un petit appentis… C’est là que je les entrepose les poubelles…




Sans courir, mais le plus vite possible. Et sans lever la tête ni vers la façade de la maison ni vers le petit immeuble de l’autre côté de la rue. Vite. Beaucoup trop vite à son goût…

- Tu vas aller le rechercher le sac…

Aux fenêtres de l’immeuble, en face, il n’y avait apparemment personne…

- C’est mieux… Mais c’est pas encore ça… Remporte-le là-bas !… En prenant tout ton temps…

Une porte a claqué. Quelqu’un – une femme – a parlé. Une voix d’homme lui a répondu. Je n’ai pas accéléré le pas…

- Oui… Ca ira… Tu peux aller prendre une douche…



Ca a été d’instinct… Par habitude… J’ai fermé la porte… Qui s’est presque aussitôt rouverte…

- Qu’est-ce que j’avais dit ?…

Et elle a cinglé. A coups de martinet. Une dizaine. Qui m’ont jetée en avant contre la paroi de la douche. J’ai serré les dents. Je n’ai pas crié…

- Ne recommence plus jamais ça !… Jamais !…





- Qu’est-ce que tu fabriques ?… T’as pas fini ?…

- Si !…

- Eh bien alors !…

Je suis redescendue, nue…

- Tu seras toujours nue dans la maison… Quelles que soient les circonstances…

Elle m’a fait signe de la suivre dans son bureau…

- Non… Reste debout…

Elle a croisé les mains devant elle…

- Je ne sais pas si tu as bien conscience de la chance que tu as… Parce que tu es quelqu’un dont on peut faire ce qu’on veut… Absolument tout ce qu’on veut… Sans que tu sois en mesure d’opposer quelque résistance que ce soit… Tu aurais parfaitement pu tomber entre les pattes de quelqu’un qui ne se serait pas fait faute de profiter tant et plus de la situation… Qui en aurait tiré tout le parti possible… A son seul avantage… Pour assouvir ses plus bas instincts… Moi, au contraire, c’est dans ton intérêt à toi que j’ai décidé de m’emparer de toi… Pour ton bien… Pour te corriger de défauts qui te causent préjudice… Pour t’obliger à être celle que tu veux si éperdument être, mais que tu ne parviens pas à être de toi-même… Celle que tu voudrais tant enfin devenir… Approche !…

Elle m’a fait asseoir au pied de sa chaise, attiré la tête contre sa cuisse où elle m’a doucement caressé le front, la nuque, les lèvres…

- On y arrivera, tu verras… On y arrivera… A condition que tu abandonnes toute résistance… Que tu t’en remettes totalement à moi… Pour tout… Sans la moindre réserve… Tu veux bien ?…

- Oui…




Elle s’est levée d’un bond…

- Faut que j’y aille… On m’attend… Tu as tout ce qu’il faut dans le frigo… Mange et couche-toi !… Tu as eu une journée fatigante…

Elle est revenue sur ses pas…

- Ah oui… Une dernière chose… Pour le moment tu n’as droit à aucune activité sexuelle… Aucune… De quelque nature qu’elle soit…




La porte a claqué. Ses pas ont crissé sur le gravier. Se sont éloignés.

Il y avait encore la chaleur de sa cuisse contre ma joue. Je l’ai posée sur sa chaise. Que j’ai enserrée de mes deux bras. Par la fenêtre les branches d’un grand sapin se balançaient mollement. Sous mon ventre la moquette était veloutée et chaude. J’ai doucement rampé dessus, voluptueusement chevauché un coussin dérobé au canapé… Ca a été un plaisir lourd et capiteux. Qui s’est indéfiniment prolongé en échos interminablement renouvelés…




« Pardon, Pernelle, pardon… Je t’ai désobéi. C’était plus fort que moi. Je n’ai pas pu m’empêcher. Pardon… Raphaëlle »…

J’ai déposé la feuille bien en vue sur son bureau.




Le faisceau des phares à travers les volets. Je me suis relevée d’un bond. Je l’ai reprise, enfouie sous mon matelas. Juste à temps. Elle s’est penchée sur moi, m’a déposé un baiser sur le front…

- Tout va bien ?… Tu as été sage ?

- Ah, c’est toi ?… Je dormais…

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