lundi 31 août 2009

Colocataires ( 2 )

Quand je suis rentré ce soir-là il y avait un garçon avec elle dans sa chambre. Qui s’est discrètement éclipsé au moment de passer à table. Qu’elle a raccompagné jusqu’en haut de l’escalier…

- Il peut rester si tu veux…

- Oh non, non !… C’est pas la peine…

- C’est ton petit copain ?

- Lui ?… Il y a pas de risque…

- T’en as pas de petit copain ?

- En ce moment ?… Si !…

- Pourquoi tu le ramènes jamais ?

- Que je le ramène ?… Ici ?… Pour dormir ?… Oui, ben alors là vous prenez des risques… C’est vous qui dormiriez pas… Et les voisins non plus… Parce que qu’est-ce que je peux brailler quand je le fais… Moi, je me rends pas compte… Je m’entends pas… Mais c’est hallucinant il paraît… Tout le monde le dit…




- Et vous ?

- Quoi, moi ?

- Vous avez quelqu’un ?

- Pourquoi tu me demandes ça ?

- Parce que… Où c’est que vous disparaissez comme ça tous les dimanches ?… Vous vous mettez sur votre tente-et-un et souvent quand je reviens de chez mes parents vous êtes pas encore rentré… Vous allez loin en plus… Quatre-vingts kilomètres… J’ai vérifié au compteur…

Alors comme ça tu m’espionnes ?…

- Non, mais faut bien que je sache… Parce que si vous en avez rencontré une elle va faire des pieds et des mains pour venir s’installer ici… Forcément !… Avec la maison que vous avez… Et elle voudra me virer… Parce que la façon dont on s’entend tous les deux c’est obligé que ça va pas lui plaire… En plus moi avec les bonnes femmes ça passe pas… C’est jamais passé…

- En somme, si je te comprends bien, il faudrait que je renonce à toute vie sexuelle pour tes beaux yeux…

- J’ai jamais dit ça…

- Mais ça revient à ça…

- De toute façon à votre âge on n’a plus beaucoup d’envies… C’est presque fini…

- Ben voyons !…

- On peut s’en passer en tout cas…

- D’autres peut-être… Moi, pas !… Et comme je suppose que, quelle que soit l’envie que j’en aie, je peux pas compter sur toi pour ça…

- Ah non, non !… Quelqu’un de votre âge je pourrais jamais alors là !… Ca me dégoûterait trop…

- Donc je n’ai pas d’autre solution que de mettre mes dimanches à profit pour…

- Jusqu’au jour où il y en a une qui vous mettra le grappin dessus… C’est couru d’avance… Et où je serai bonne pour dégager…

- A moins que…

- A moins que quoi ?

- Pour autant que je puisse en juger – je n’ai malheureusement pas eu l’occasion de tout voir – mais pour autant que je puisse en juger tu es une très belle jeune femme, Victorine, et le plaisir des yeux peut quelquefois remplacer très avantageusement l’autre… Ou, à tout le moins, lui servir de support…

- C’est quoi la traduction de ce charabia ?

- Que si tu consentais à déambuler quelquefois dans la maison sans voiles…

- Ah !… Vous voulez que je me promène à poil, c’est ça ?… Ben fallait le dire !… Parce que si vous saviez ce que je m’en fous !… Chez moi c’est tout le temps que j’y suis… Bon, mais alors si je le fais vous irez plus courir je sais pas trop où le dimanche… c’est juré ?…

- Je resterai ici…

- Bon… Bon… Marché conclu…




Ce ne devait pas être, pour elle, aussi naturel qu’elle le prétendait parce qu’elle ne s’y est pas résolue tout de suite…

- Oh, mais vous êtes bien pressé… On a tout notre temps…

Parce qu’elle a même semblé vouloir renoncer…

- Quand !… Quand !… Vous verrez bien quand !… Si je le fais… Parce que jusqu’à preuve du contraire c’est encore moi qui décide !…




Ca a été un soir. Un soir que je venais d’évoquer, en dînant, à mots couverts, la possibilité de reprendre mes escapades du dimanche après-midi. Quand je l’ai rejointe au salon, après avoir remis la cuisine en ordre, je l’y ai trouvée allongée sur le canapé, entièrement nue. Elle n’a pas relevé la tête. Elle a juste un peu replié les jambes, sans quitter l’écran des yeux, pour me laisser m’asseoir… Et elle a regardé – on a regardé – le film jusqu’au bout… Jusqu’à ce qu’elle se penche pour attraper la télécommande… Jusqu’à ce qu’elle se relève…

- D’habitude jamais vous seriez resté aussi longtemps devant un navet pareil…




Elle n’a pas recommencé. Pas tout de suite. Il s’est passé près d’une semaine avant qu’elle s’offre à nouveau, un soir, à mes regards. Dans les mêmes conditions. Après le repas devant la télé. Mais seulement, à mon grand désappointement, quelques brèves et précieuses minutes…

- Je suis complètement vannée ce soir… Je tiens plus debout… Je vais me coucher…




Encore une longue – très longue, trop longue, interminable – attente. Et puis un dimanche. Tout entier. Du matin au soir. Elle a déjeuné nue. Elle a passé l’aspirateur. Nue. Etendu le linge dehors. Nue. Elle m’a fait la causette pendant que je cuisinais. Nue. Elle a bronzé dans le jardin. Nue. Elle a dîné nue… Nue. Nue. Toute nue…

- Vous voyez que je peux être très gentille quand je veux…

Et elle est allée s’installer sur le canapé, une jambe repliée, à angle droit, vers l’extérieur…




- Vous savez quoi ?… Eh bien demain c’est mon anniversaire… 23 ans ça va me faire…

- Ca se fête… Je t’emmène au restaurant…

- Chouette !… J’adore... Où on ira ?

- Ca, c’est une surprise…

- Faut que je m’habille comment ?

- Faut que tu te fasses belle… Aussi belle que quand tu sors en boîte… Et tu sais ce qui me ferait plaisir ?… Mais alors là vraiment plaisir…

- Non… Dites…

- C’est que t’oublies de mettre une culotte dessous…

- A quoi ça servirait ?… Personne le verrait…

- Oui, mais moi je le saurais…

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