lundi 23 avril 2018

La demoiselle du château

Dessin de Louis Malteste


– Qu’est-ce vous faites là, Mademoiselle Lise ?
– Je regarde. Comment elles sont rouges, ses fesses à Honorine.
– Et elles vont l’être davantage encore.
– Pourquoi ? Qu’est-ce qu’elle a fait ?
– Ce qu’elle a fait ? Elle s’est comportée d’une façon absolument ignominieuse. Voilà ce qu’elle a fait…
– Elle a volé ?
– Si c’était que ça !
– C’est quoi alors ?
– C’est ça ! Gigote, toi ! Gigote !
– Ah, je sais ! Elle a couché avec ton fiancé. C’est ça, hein ? Tu veux pas le dire ? Pourquoi tu veux pas le dire ?
– Et pleurniche bien ! Si tu crois que c’est comme ça que tu vas m’amadouer.
– Tu me le feras après, Léonie ?
– Certainement non, Mademoiselle Lise…
– Ben, pourquoi ?
– Parce que ça se donne pas pour rien, une fessée. Il faut qu’il y ait une raison.
– Mais il y en a, des raisons ! Des quantités et des quantités. Si tu savais…
– Quand même ! Ce n’est pas possible.
– Pourquoi ? Parce que je suis la fille des châtelains, la fille des maîtres, c’est ça, hein ? Mais je fais ce que je veux. Je suis majeure.
– N’insistez pas ! C’est non.
– Bon, tant pis. Je vais me débrouiller autrement.
– C’est-à-dire ?
– Je trouverai quelqu’un d’autre.
– Et qui donc ?
– Basile, le jardinier. Je vais lui demander. Il me refusera pas, lui !
– Ne faites pas ça !
– Et pourquoi donc ?
– Parce que c’est un homme. Et parce que c’est Basile. Et Basile…
– Qu’est-ce qu’il a, Basile ?
– Non, rien.
– J’y vais alors. Il doit être à la serre à cette heure-ci.
– Non ! Attendez !
– Tu vas me le faire ?
– Peut-être.
– Peut-être ou sûrement ?
– Sûrement. Pas question que je vous laisse aller trouver Basile.
– Mais alors aussi fort qu’à Honorine tu vas me le faire, hein ! Plus, même.
– Comme Mademoiselle voudra…
– Allez, vite ! Finis-la ! À mon tour maintenant. J’ai trop hâte.

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