samedi 14 avril 2018

Preuves à l'appui

Dessin de Kal "Ce petit bout de tissu"

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Ma vieille copine Bénédicte trouvait que j’avais beaucoup de chance.
– T’as ton appart. T’es indépendant. Tandis que moi, chez les parents… C’est pas l’enfer non plus, non, faut rien exagérer, mais quand même, t’es pas à ta main. Bon gré mal gré, faut que tu t’adaptes à leur rythme à eux. Que tu fasses tout un tas de concessions. Et puis ce qu’il y a surtout, c’est que, les rares fois où Baptiste peut venir passer la nuit, ben, on en profite pas. On est complètement bloqués. Parce que les savoir là, de l’autre côté de la cloison…
– Je vous proposerais bien de venir vous réfugier ici, mais moi aussi je serais de l’autre côté de la cloison.
– Ça n’a rien à voir, attends ! Rien du tout ! Les parents, c’est une chose et les amis, c’en est une autre. Sans compter que ce serait même pas une première pour toi, en plus ! Parce que, rappelle-toi, quand on campait, à Étretat, il y a deux ans, on entendait tout d’une tente à l’autre. J’étais avec Sylvain, à l’époque, et avec Sylvain, ça donnait !
– Ah, ça, c’est le moins qu’on puisse dire… Bon, mais tu fais comme tu veux. Moi, si je te propose, c’est de bon cœur. Après, c’est toi qui vois…

C’était tout vu. Ils sont venus le vendredi suivant. Le lendemain aussi. Et puis le week-end d’après. D’autres encore.
– C’est drôlement sympa de ta part. Et on te doit une fière chandelle. Parce qu’on était en train de se perdre tous les deux, là-bas. Quand on peut pas s’éclater niveau cul, petit à petit, il y a plus rien qui va…
Pour s’éclater, ils s’éclataient, c’était clair. Et pas qu’un peu…
– J’espère quand même qu’on perturbe pas trop ton sommeil ?
– Moi, tu sais, quand je dors, je dors.
C’était à la fois vrai et pas vrai. Ses gémissements de plaisir ne me parvenaient parfois qu’en arrière-fond, ne me réveillaient pas vraiment. Et je me rendormais avant même qu’elle ait jeté ses derniers feux. Mais il arrivait aussi qu’ils m’extirpent résolument des bras de Morphée. Les yeux grand ouverts, je suivais alors le déroulé des opérations d’une oreille attentive. Jusqu’à l’emballement final. Et il m’était ensuite extrêmement difficile de retrouver le sommeil.

Et puis il y a eu ce vendredi-là. Où le ton est monté. Où il s’est mis à lui faire des reproches. Des reproches auxquels elle ne répondait que par des « oui » et des « non » contrits. D’une toute petite voix. « Oh, mais je vais t’en faire passer l’envie, moi, tu vas voir » Et… une fessée. Retentissante. Indéfiniment prolongée. Une fessée qui lui a arraché cris et supplications. S’en sont suivis des mots murmurés doux. Des reniflements. Et elle a eu un plaisir comme jamais.

Le lendemain matin, au petit déjeuner – que nous étions en train de prendre seuls, elle et moi, en tête à tête – je n’ai pas pu résister…
– Je comprends mieux pourquoi tu préfères rencontrer Baptiste ici plutôt que chez tes parents. Ils en feraient une attaque, les pauvres…
Elle a légèrement rougi. Souri.
– Tu nous gardes le secret, hein ?
– Ben, évidemment, ça coule de source. Pour qui tu me prends ?

Ils ont recommencé. Souvent. De plus en plus souvent.
Au matin, je l’interrogeais.
– C’est si agréable que ça ?
– Tu peux pas savoir…
– Mais qu’est-ce qu’on ressent au juste ?
– Ça s’explique pas. Ça se sent.
Je l’assaillais de questions. Auxquelles elle répondait. Ou pas. C’était selon… Je m’interrogeais – et je l’interrogeais – surtout sur les marques que les fessées pouvaient laisser. Ça restait longtemps ? C’était très rouge ? Rouge comment ? Plutôt vermillon ou plutôt fuchsia ? Et elles changeaient les couleurs, non ? Ça donnait quoi le lendemain ? Et le surlendemain ? Je revenais sans cesse là-dessus. Obstinément. Tant et si bien qu’un beau matin…
– Écoute, tu sais pas ? Le plus simple…
Elle s’est levée, elle m’a tourné le dos, elle a laissé tomber la chemise de nuit, baissé la culotte.
– Que tu puisses juger sur pièces.
Ce que j’ai fait. Ce que je ne me suis pas privé de faire.
– Là ! Satisfait ?
Oh, oui, oui, satisfait. Et même comblé.
– Bon, mais tu dis rien à Baptiste, hein ? Il m’en mettrait une autre.
– Ah, ben justement, raison de plus !
Elle s’est retournée – la tête, juste la tête –, elle m’a tiré la langue et elle s’est éclipsée.

4 commentaires:

  1. Dites-moi qu'il y aura une suite !!!! siouplé !!!!

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    1. A priori, ce n'est pas prévu, mais on ne sait jamais… ;)

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  2. Mais c’est le moins qu’elle pouvait faire pour leur hôte!
    N’importe qui aurait exigé plus xD

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    1. Ça doit quand même être très agréable d'être l'hôte en question…

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