lundi 8 juin 2020

Qui paie ses dettes (5)


Source de l’illustration Jerzy Gorecky sur Pixabay


Elle était là, fidèle au rendez-vous. Elle nous tournait le dos. Entièrement nue. Comme on le lui avait demandé.

Il a constaté.

‒ Ah, ben on a apparemment affaire à quelqu’un de très très docile.

Elle s’est rebiffée.

‒ J’avais pas vraiment le choix.

‒ On l’a toujours quand on veut.

On s’est approchés. Tout près.

‒ Vous retournez pas !

Elle n’en avait manifestement pas l’intention.

‒ Bon, comme vous vous êtes très gentiment mise en tenue, il ne nous reste plus qu’à entrer, sans tarder, dans le vif du sujet. Vous comptez ?

‒ Que je compte ?

‒ Oui. Les coups de martinet. Un, deux, trois, etc. Vous saurez ?

Elle a haussé les épaules sans répondre.

Et il a lancé la première cinglée. À pleines fesses. Elle s’est cabrée. A esquissé, sous l’effet de la douleur, un pas en avant.

‒ J’ai rien entendu.

‒ Un !

‒ Ah, ben voilà ! C’est mieux.

Et il a enchaîné. Une série de coups qui lui ont zébré le derrière de longues balafres horizontales rougeâtres. Des coups qu’elle a scrupuleusement comptés, d’une voix entrecoupée de gémissements, tout en sautillant d’un pied sur l’autre.

‒ Dix !

‒ Dix ? Alors on va marquer une petite pause. Que vous repreniez un peu votre souffle. Et vos esprits. Et puis qu’on discute un peu

Elle s’est vigoureusement frotté les fesses.

‒ Ah, oui, ça fait mal, hein ! Mais bon, vaut quand même mieux ça que de perdre son emploi, se retrouver au tribunal et devoir expliquer à ses parents quelle vilaine fille on a, une fois de plus, été.

‒ Hein ? Mais non ! Mais pas du tout.

‒ Bien sûr que si ! Regardez-moi quand je vous parle ! Allez ! Vous entendez ce que je vous dis ? Regardez-moi !

Elle a hésité. A fini par se retourner. Lentement. Elle a rapidement croisé nos regards et s’est dissimulée de ses bras et de ses mains ramenés devant elle.

‒ Allons ! Ne faites pas l’enfant ! Vous nous coûtez cinq mille euros. Ce n’est pas rien. Alors il est bien un peu normal qu’en échange… Non ?

Elle a soupiré, mais elle les a retirés et elle les a abandonnés, ballants, le long de ses flancs.

On a laissé nos yeux traîner sur elle. Sur ses seins aux larges aréoles rosées. Aux pointes légèrement dressées. Sur sa fente complètement à nu.

‒ C’est pour nous que vous vous l’êtes ébarbée comme ça ? C’est gentil.

Elle n’a pas répondu. Elle a eu mouvement instinctif pour retourner se la cacher. A finalement renoncé. Baissé la tête.

‒ Bon, mais alors dites-nous ! C’est souvent que vous vous mettez dans des situations financières inextricables comme celle-là ?

‒ Non. Je

‒ Plus souvent qu’à votre tour, évidemment ! Vous êtes incapable de résister à la tentation. Quand quelque chose vous plaît, il vous le faut. Absolument. Et immédiatement. Vous êtes prête à tout pour ça. Plus rien d’autre ne compte que ce qui vous fait envie, là, dans l’instant. Quitte à vous en mordre ensuite les doigts. C’est pas vrai ce que je dis là ?

Elle n’a pas répondu.

‒ Jusque-là vous aviez recours à vos parents. Mille et mille fois ils vous ont tirée d’affaire. Mille et mille fois vous leur avez juré que c’était la dernière fois. Seulement ce n’est plus possible. Parce que vous les avez saignés à blanc. Parce qu’ils ont désormais tout juste de quoi vivoter. Qu’à cause de vous il leur faut se priver d’à peu près tout. Et vous n’avez pas eu d’autre solution que de vous tourner vers nous.

Elle s’est mise à pleurer. À chaudes larmes.

‒ Je suis nulle. Je suis complètement nulle.

‒ Vous avez mis vos parents en grande difficulté. De cela aussi il faut que vous soyez punie. À genoux ! Mettez-vous à genoux.

Elle a obéi.

Et le martinet s’est une nouvelle fois abattu.

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