vendredi 5 juin 2015

Escobarines: Duos (2)



– Ça te brûle ?
– T’as de ces questions ! Parce que ça te brûle pas, toi, peut-être ?
– Ben si ! Oui… Ils ont tapé fort, hein !
– Ça ! C’est le moins qu’on puisse dire…
– Surtout le brun, là… Comment il y allait ce salaud !
– Oui, oh ! Le frisé, c’était pas mal non plus…
– Parce que tu l’as eu en dernier… Alors forcément par-dessus l’autre… N’empêche que je sais pas toi, mais moi…
– Eh bien ?
– Ça brûle, oui… Mais c’est pas si désagréable que ça finalement tout compte fait…
– Tu trouves ?
– Oui… Je sais pas vraiment comment expliquer… C’est la façon dont ça irradie un peu dans tous les sens… Des sensations bizarres ça donne… Et pas déplaisantes du tout… Ça te fait pas ça à toi ?
– Non… Enfin, si… Peut-être… Je sais pas… Moi, c’était pendant plutôt… De me dire qu’on était en train de me donner une fessée… Comme à une gamine de huit ans… Et que j’étais obligée de me laisser faire… Que j’avais pas le choix… C’était hyper vexant… Mais en même temps que ce soit vexant, ça me plaisait dans un sens… C’est bizarre, non ?
– Oh, pas tant que ça, non… Parce que tu sais à quoi j’ai pensé, moi, à un moment, pendant… Aux trois types qui sont sous mes ordres, là-bas, au boulot… Qu’ils étaient là… Que devant eux ça se passait… Ils rigolaient, mais ils rigolaient ! Comment j’avais honte !
– Et ça te plaisait…
– Ben !

– Tu crois qu’ils sont là ? Derrière nous ?
– Ah, ben ça ! Forcément… Où veux-tu qu’ils soient ?
– On les entend pas…
– C’est pas une raison, ça, qu’on les entende pas…
– Je commence à m’ankyloser, moi ! Ils vont nous laisser longtemps au coin comme ça ?
– Qu’est-ce tu veux que j’en sache ! Le temps qu’ils voudront… Ils sont maîtres du jeu…
– Si on leur avait pas tendu les cordes pour se faire battre aussi !
– Faut reconnaître qu’on a fait fort… Non, mais franchement ! Qu’est-ce qui nous est passé par la tête ?
– On avait des tas d’autres solutions pour régler le problème… Mais non ! Il a fallu qu’on aille se mettre dans notre tort…
– C’était quand même pas une raison pour nous flanquer une fessée…
– Ah, ça ! Quoique, dans un sens, je les comprends quand même… Mets-toi à leur place…
– En attendant, on sait même pas qui c’est ces types…
– L’un des deux, c’est le propriétaire de la maison… Sûrement… Il y a toutes les chances…
– Faudrait pas qu’ils aillent le chanter sur tous les toits qu’ils nous en ont mis une…
– Normalement, non… T’as bien entendu ce qu’ils ont dit… « Pour solde de tout compte » C’était on ne peut plus clair… Cela étant, on sait pas ce dont ils sont capables… On les connaît pas plus que ça…
– Et probable qu’on les reverra jamais… Ce qu’est peut-être dommage d’ailleurs…
– Comment ça ?
– Ils sont peut-être très bien ces types, va savoir…
– Qu’est-ce t’es en train de me dire, là ? Que ça te tenterait de faire plus ample connaissance avec eux, c’est ça ?
– Non… Bien sûr que non… Mais quand même… Peut-être qu’ils sont vachement intéressants finalement comme mecs… Et qu’on loupe quelque chose…
– Des fessées, ça, c’est sûr…
– Oh, tout de suite ! C’est pas parce qu’ils nous en ont collé une une fois – qu’on avait bien cherchée, avoue ! – que c’est pour autant des acharnés du truc…
– Oui, oh, alors ça ! J’en mettrais pas ma main au feu…
– Et quand bien même… C’est pas non plus la mer à boire… On en est pas mortes…
– En clair, tu détesterais pas qu’ils t’en remettent une autre, quoi !
– J’ai pas dit ça… Mais je me demande… Franchement je me demande… Pas toi ?
– Un peu, si ! Mais le meilleur moyen de savoir… Je les appelle…
– Non ! Attends !
– S’il vous plaît ! Vous pouvez venir voir là ?

(à suivre)

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