31 juillet 2012
– Christine ?
– Hein ?
Quoi ?
– Ça
va pas ? Depuis dix minutes qu’on est là t’as pas desserré
une seule fois les dents… Et tu contemples ton bol de café au lait
comme si t’en attendais la révélation…
– Oui…
Non… Il y a un truc qui me tracasse… Un truc qu’il m’a dit
Charles hier soir…
– Ah…
– Tu
sais ce qu’il m’a sorti ? « Recevoir des fessées,
c’est une chose… S’arranger pour qu’on voie qu’on en a
reçu, c’en est une autre… » Et c’est tout… Il s’est
tourné de l’autre côté et il s’est endormi… T’en penses
quoi, toi ?
– Que
c’est quand même bizarre…
– Je
te le fais pas dire…
– Faudrait
pas que…
– Que
des trucs lui soient revenus aux oreilles ? J’ai bien peur que
si ! Parce qu’il y a bien trop de monde qu’est au courant…
Déjà il y a Ludo… Et cette histoire de paris avec Mélanie… Et
puis cet Alexandre… Qu’on a tout le temps par les pieds… Qui me
plaît pas vraiment…
– Et
qui se contente pas d’être au courant… Qui se prive pas d’aller
jeter un œil à l’occasion…
– Oui,
ben ça ! Évidemment… Et il est sans doute pas le seul…
Parce qu’ils parlent ces garçons… Ils racontent… Et il y en
aurait d’autres à l’affût dans les fourrés que ça
m’étonnerait même pas… Je suis peut-être particulièrement
conne, mais ça m’a seulement pas effleuré l’esprit tout ça…
Ou plutôt, si ! Mais c’est resté en arrière-fond… Parce
que je voulais pas le savoir… J’étais sur mon petit nuage avec
Jaufret… Il y avait plus rien d’autre qui comptait… Et pendant
ce temps-là ça se répandait comme une traînée de poudre par tout
le pays notre histoire… Tu m’étonnes que ça ait fini par lui
revenir aux oreilles à Charles…
– Oui…
Enfin… D’un autre côté le pire n’est jamais sûr… Si ça
tombe, on est en train de se lancer dans toute une interprétation,
là, et c’est tout-à-fait autre chose qu’il a voulu dire
Charles…
– Je
vois pas quoi…
– Parce
que ça te vient pas à l’esprit… Moi, à ta place, je me
prendrais pas la tête à l’avance… Tant que je sais pas au
juste… D’autant que si Charles apprenait que tu le trompes, ça
m’étonnerait qu’il se contente juste d’une réflexion comme ça
avant de se tourner de l’autre côté et de dormir… Ça lui
ressemble pas du tout, moi, j’trouve…
– T’as
peut-être raison… Oui… T’as sûrement raison même…
10 heures
Mélanie
nous a arrêtées sous la glycine…
– C’est
où que vous allez ? Non, parce que si c’est à la grange,
c’est pas la peine… Ils sont pas là Charles et Gilles… Ils
sont partis…
– Partis ?
Comment ça partis ? Partis où ?
– À
Nice…
– À
Nice ! Mais qu’est-ce qu’ils sont allés foutre à Nice ?
– Je
sais pas… J’ai juste entendu ça… Que le mieux, c’était
d’aller voir sur place… Et que c’était à Nice…
– Je
préfère qu’ils soient partis par là…
– Ah,
ça, oui… Moi aussi…
– Parce
qu’on connaît rien ni personne là-bas, nous…
– Ce
qui veut dire que ça n’a sûrement rien à voir avec nous…
– N’empêche
que j’aimerais quand même bien savoir de quoi il retourne…
– Sûrement
encore une de leurs histoires de notaires… Depuis le temps qu’il
traîne cet héritage du cousin machin-chose…
Bon,
mais qu’est-ce qu’on faisait ? On y montait quand même à
la grange ?
– T’as
envie, toi ?
C’était
pas qu’elle avait pas envie Christine…
– Ah,
non… Non… Au contraire… Mais j’ai déjà le derrière dans un
de ces états…
– Ben,
justement ! T’es plus à quelques claquées près…
Elle
a soupiré… Souri…
– Faudrait
pas que t’insistes… Non… Parce qu’avec Jaufret, c’est une
chose… Avec Charles c’en est une autre… Mais avec toi ça me
rend complètement folle ce truc… Sans arrêt j’y pense… J’ai
qu’une envie, c’est que ça recommence…
Je
l’ai prise par le bras…
– Bon,
ben allez alors !
Mélanie
nous a suivies…
– Je
voudrais louper ça pour rien au monde…
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