lundi 4 mars 2019

Entre voisines.


Dessin de Louis Malteste.

Louise a bien fait un peu semblant d’hésiter. Pour la forme.
– On peut pas faire une chose pareille, enfin, Lionel !
Mais elle a tout de même fini par se laisser fléchir.
– Bon, mais alors tu ne sors pas de ta cachette, hein, tu me promets ! Tu me jures qu’elles se rendront pas compte que t’es là…
– Mais oui !
– Sûr ?
– Mais oui, j’te dis !

Et elle est allée les appeler, dans la cage d’escalier.
– Marthe ! Alice !
Elles ont presque aussitôt surgi et sont allées, d’emblée, s’accouder à la fenêtre.
– Un logement qui donne sur la rue ! Quelle chance tu as ! Tu peux te distraire au moins…
– Oui, parce que nous, derrière, c’est vue sur la cour. Et, au-delà, sur des terrains vagues. C’est d’un ennui !
Elles se sont absorbées dans leur contemplation.
Et moi dans la mienne. Avec ravissement. Parce que la mode des jupes-culottes… Surtout quand elles sont en tissu léger, qu’elles épousent les formes au plus près et que celles qui les portent n’ont pas pris la peine – ou le temps – de revêtir quelque chose dessous… Une aubaine… Un véritable régal…

– Pas mal, celui-là !
– Où donc ?
– À droite, là-bas !
– Ah, oui, oui !
– Et le petit jeune, là !
– Je suis sûre qu’il est monté comme un taureau…
– Marthe !
– Ben, quoi !
– Faudrait pouvoir aller vérifier.
– Ne rêvons pas !
– Ben si, justement, rêvons !
– En tout cas, moi, si un jour je devais tromper Albert…
– Tromper Albert ! Mais tu n’y penses pas, Marthe, enfin !
– Non. Enfin, si ! Quelquefois. Ça vous arrive jamais à vous ?
– Jamais ! Et toi, Louise ?
– Moi non plus.
– Tu sais que c’est très vilain d’avoir des pensées comme ça ?
– Elle a raison. Tu mériterais…
– Quoi ?
– Une bonne fessée.
– Qu’on va te donner.
Et elles se sont mises à lui lancer, comme par jeu, de petites claques sur les fesses.
Elle a tenté de leur échapper en riant. Elles l’ont rattrapée. Alice l’a maintenue. Et Louise a continué à taper. De bon cœur. Avec conviction. De plus en plus de conviction. De grandes claques sonores qui tombaient de haut, qui tombaient dru. De plus en plus rapprochées.
Marthe ne disait rien, ne protestait pas. Elle n’a pas crié. Pas une seule fois. Même pas gémi.

* *
*

Louise les a raccompagnées sur le pas de la porte.
– À bientôt !
Je suis sorti de ma cachette.
– Eh ben dis donc ! C’était prémédité ?
– Pas du tout, non.
– Elle aime être corrigée ?
– Je sais pas. J’ai pas réussi à savoir. Peut-être que oui. Et puis peut-être que non. Qu’elle estimait qu’elle méritait d’être punie. Parce qu’elle rêve très fort de tromper son mari justement. Ou parce qu’elle l’a vraiment fait.
– Toi, en tout cas, tu as apprécié de la fesser. Comment ils brillent tes yeux !
J’ai glissé une main dans sa jupe-culotte.
– Et t’es trempée.
Elle a jeté ses bras autour de mon cou, pressé ses seins contre moi, chuchoté…
– La prochaine fois, je la déculotterai.
Et elle s’est abandonnée.

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