Dessin
de Luc Lafnet
– Ce
petit baron de Villemomble semble vous trouver très à son goût, ma
chère…
– Me
le reprocheriez-vous ?
– Certes
non.
– Il
se dit que c’est un excellent amant.
– Ce
que vous êtes fort tentée d’aller vérifier par vous-même.
– On
ne peut rien vous cacher.
– Eh
bien faites, chère amie, faites !
– Vous
viendrez nous surprendre ?
– Si
tel est votre désir.
– Assurément !
– Dans
ces conditions…
J’ai
la chance inouïe d’avoir un mari compréhensif. Très
compréhensif. Un mari dont je n’ai pas à redouter qu’il vienne
se mettre en travers de mes penchants les plus secrets. Bien au
contraire. Il s’en fait le complice et les sert chaque fois qu’il
le peut. Avec délectation.
Je
laisse donc, le soir même, pendant le bal, le marquis de Villemomble
s’avancer à découvert. Je me montre froide, lointaine,
indifférente. Sans vraiment le décourager tout-à-fait non plus.
Il
insiste. Il cherche à briller de tous ses feux. Il fait la roue. Je
garde mes distances. Il se fait pressant. De plus en plus pressant.
Je me laisse un peu fléchir. Un peu plus.
Il
s’engouffre dans la brèche. Il me chuchote son désir à
l’oreille. Je feins de résister encore, mais je faiblis. Il
s’enhardit. Il me désire. Il me veut. Comme jamais encore il n’a
voulu personne, prétend-il.
Je
m’abandonne. Je vais être à lui.
On
gagne séparément, discrètement, un petit salon isolé, à l’étage.
Il m’y presse contre lui, il prend mes lèvres. Son désir est
tendu, vibrant, contre mon ventre. Il fait glisser ma robe. Il m’en
dépouille. Je suis nue. Je passe un bras autour de son cou. Ses
doigts se font conquérants. Pénétrants. Et puis sa queue. Qui
m’emplit toute. Qui va et vient en moi. Qui s’y active. Qui s’y
déverse. Qui me fait gémir, agrippée à lui.
– Vous
ne nierez plus, cette fois, Madame !
Mon
mari. Qui feint d’être furieux. Qui se jette sur moi.
Éberlué,
tétanisé, le baron reste coi. Mon mari le repousse. Et l’ignore.
– Cocu !
Vous me faites cocu, Madame ! Vous me l’allez payer. Et sur le
champ !
Il
m’empoigne. Il me fait basculer sur son genou tendu. Et il me
fesse. Vigoureusement. À toute volée. Les coups pleuvent.
Crépitent. Sous les yeux ébahis de mon amant d’un soir. Je hurle.
Je me débats. Je supplie. Il n’en tient pas le moindre compte.
Il
me lâche enfin. Se tourne vers le baron.
– Sortez,
Monsieur ! Sortez ! Hors de ma vue !
Il
détale sans demander son reste.
Je
me jette dans ses bras.
– Merci,
mon ami, c’était parfait. Absolument parfait.
– Vous
m’en voyez ravi.
– Et
merci également d’avoir eu l’obligeance d’attendre, pour
intervenir, que mon plaisir ait surgi.
– Vous
allez me dédommager, je l’espère, de cette délicate attention.
– Sur-le-champ.
Ici même. En vous donnant votre plaisir. Et en repartant, en votre
compagnie, à la conquête du mien.
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